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samedi, 02 janvier 2010

Mes étrennes (1)

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Projet d’un grand pont suspendu sur la Saône (dit Pont d’Hercule), système Vergniais, entre Fourvière et les Chartreux (1852)

00:04 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : 2010, bonne année, lyon | | |

mardi, 08 décembre 2009

Le 8 décembre du temps des OTL

On ne me refera pas : je suis ainsi. J’ai besoin du recul et de la distance. Une sorte de presbytie intellectuelle fait que je ne comprends la qualité des choses que de loin, et que je ne n’accède à l’appréciation de leur juste valeur qu’à travers le souvenir. L’instantané, en trois mots, me casse les pieds. L'ici et maintenant, érigé en système, l'éphémère en figures, ou en langage, me glacent le sang. J’ai donc besoin du temps qui a passé et de sa valeur accomplie, comme un ivrogne de son alcool ou le funambule du fil sur lequel il chemine, en équilibre. Comme d'une véritable perspective. Les choses ne me paraissent magnifiques et belles que vues de loin. Il en va ainsi de ces 8 décembre anciens, sur lesquels le grand vent du tourisme mortifère et de la globalisation commerciale n’avait pas encore soufflé, comme du reste. Dame, la ville ne possédait alors même pas son métro ! Songe-t-on que, dans nombre de rues quasiment vides (de piétons comme d'automobiles), la véritable marche à pied était alors encore de mise ?

 

 

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Et cette espèce de disponibilité absolue que l’on demande à présent aux transports en commun eût semblé incongrue ; les lignes OTL (Office des tramways lyonnais) ne pratiquant l’abonnement que ligne par ligne, accordant à la limite un abonnement groupé pour deux, on était voyageur autorisé sur la ligne 13 ou sur la 28, et pour le reste, basta ! Le moyen de transport le plus efficace pour qui voulait arpenter les quartiers demeurait encore ses deux jambes. C'est comme ça que je les ai arpentées, les rues de Lyon, en même temps que, des deux yeux et de tout mon imaginaire, les pages de mes livres. Car Lyon tout autant devenait, au gré d'un détour, le Paris de Balzac, le Dublin de Joyce, le New York de Dos Passos. Le grain de la pierre ne figurait rien d'autre, en ces temps non dysneylandisés, que la rêverie que le promeneur projetait dessus.

 

 

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Quant aux Illuminations… Nulle fourmilière, nulle ruche, nulle rue ou place congestionnées. Je crois bien qu’une ou deux étoiles accrochées à une guirlande aux ampoules globuleuses suffisaient à notre enchantement de mioches. C’était un monde qui ne se représentait encore qu’en noir et blanc et se serait affolé d’une débauche de lumière aussi surnaturelle qu'inconsistante. Il se trouvait pourtant, ce monde là, déjà moderne et démesuré par rapport à un autre, perdu, & dont nous entretenaient de vieux peintres qui posaient au matin leurs chevalets, sur la pierre d'un quai pour s'y laisser raconter des histoires par les pierres des ponts, tout en captant de leurs pinceaux  la fugacité d'un rayon de lumière qu'ils gravaient sur la toile.

Cliché : La rue Edouard Herriot, Blanc & Demilly

 

07:33 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : fête des lumières, lyon, 8décembre | | |

lundi, 07 décembre 2009

Procedo, cessi, cessum, ere

Procedo, cessi, cessum, ere : aller en avant, s’avancer – faire des progrès réussir… Pour comprendre un phénomène, toujours revenir à l’étymologie. C’est une règle d’or. La notion de la procession, avant même d’imposer celle d’un regroupement collectif, insiste sur l’idée d’une progression, les deux termes possédant un étymon commun.

La manifestation, du latin manifesto, vise quant à elle à rendre palpable, à montrer (ou encore, dans un sens théologique à révéler). Dès lors, au contraire de la procession qui met l’accent sur un but, une direction, la manifestation vise au déploiement ostensible du nombre de la force.

S’il est aussi une marche organisée, le cortège (de l’italien corteggio, faire la cour) l’est autour de quelqu’un (une mariée, un leader…). On se forme en cortège autour d’un haut personnage, ainsi mis en valeur. Tout autre est le défilé, issu du latin filum, et du franc fil, lequel ne semble prendre en compte que l’aspect formel des choses, encore que devenu militaire, il soit capable de prendre un sens plus démonstratif..

Le mot marche signifie tout à la fois l' empreinte et le fait de marcher. C’est donc sur l’idée de mouvement collectif que le mot marche insiste, qu’elle soit militaire ou funèbre. La marche est, par ailleurs, volontiers identitaire. La déambulation, la promenade, l’errance, autres termes qui suggèrent une certaine nonchalance, un plaisir pris, seul ou en petits groupes. Le dernier terme suggérant, par ailleurs, l’idée d’une quête ou bien celle d'une aventure.

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Ces subtils distinguos sont d’actualité à Lyon, où quatre millions de marcheurs  aussi désoeuvrés que bon enfant emplissent jusqu’à saturation les rues de la ville et les chambres de ses hôtels : autre visionnaire, Philippe Muray (à lire, Désaccord parfait, Tel Gallimard n°305), créateur de « l’homo festivus » dont voici un extrait franchement savoureux :

« Le touriste cherche à voir les choses comme elles étaient avant le tourisme, autrement dit avant lui-même. Il souhaite qu’on lui offre à contempler ce qui n’existe plus du fait de sa présence. L’une des particularités d’Homo Festivus est de se nier en tant qu’Homo Festivus, de refuser de se concevoir dans son environnement disneylandisé, pour mieux s’imaginer vivant et évoluant dans un univers de toujours un décor pittoresque infantilement authentique. D’où lui-même serait absent, puisque c’est lui-même qui le voit. Cette négation est à elle seule un facteur de comique sans fin. »

 

Le soir du 8 décembre, à Lyon, il y aura probablement peu de manifestations, puisque l’heure n’est plus aux démonstrations de force pour ou contre la calotte. Peu, également de cortèges. Les défilés, les déambulations, les marches et les processions seront multiples, hasardeuses et improvisées. Dans certaines rues et places, il risque d’y avoir de véritables engorgements de moutons (de Panurge aurait dit Rabelais.)  Car de toutes les marches, celle des troupeaux de touristes, adeptes forcés du parcours fléché et de la signalétique municipale, est la plus étrange à regarder et, surtout, la plus facile à manipuler.

Pour réagir face au caractère mercantile de la fête, l’Association Les Petits Lyonnais – laquelle s’est donnée pour but de ne pas égarer l’histoire de la ville en chemin – organise le 8 décembre à 21 h, place Antoine Vollon (2ème arrondissement) une montée aux flambeaux traditionnelle de la colline de Fourvière, qu’elle a intitulée LUGDUNUM SUUM, suivie d’une dégustation de vin chaud devant la plus belle vue de Lyon. Tout comme les Lyonnais éclairant ce soir-là leurs lampions, il leur sera sans doute difficile à eux aussi d'échapper au spectacle collectif et à la grand-messe médiatisée et, comme il se doit, sous contrôle, puisque la plus grande partie du centre-ville est sous surveillance video.  Mais le coeur, dirons-nous, le coeur et la jeunesse y seront.

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De fait, tous les gens qui sont passés par ici le savent, avec ses deux collines et ses deux fleuves, ses raidillons, ses ponts, Lyon est une ville conçue pour la marche. L'on regrette qu’il faille l’arrivée juteuse de tant de touristes pour que la municipalité en interdise l’accès aux automobiles.  Que de merveilleuses  et nonchalantes promenades dois-je à ses quartiers et ses rues !  Devant les cartes postales anciennes, j’ai souvent rêvé aux errances qui s’accomplissaient jadis en ces rues vides d’automobiles, errances à deux ou promenades de solitaires dont on trouve encore trace dans ces romans ou récits qui ne s’achètent plus que chez les bouquinistes : Tancrède de Visan (Sous le Signe du Lion), Joseph Jolinon (Dame de Lyon), Gabriel Chevallier (Chemins de solitude)… Les marcheurs qui apprécient la fête en cours ont besoin d'une gouvernance. Aussi seront-ils plus sensibles à la poésie du guide touristique et à la dramaturgie du syndicat d'initiative qu'à celle de ces vieux livres Qu'ils trouvent, après tout, leur compte, dans cette débauche de technologie et de non-sens. Car nous pataugeons réellement dans du non-sens, et si quelqu'un n'est pas d'accord, qu'il parvienne à me prouver le contraire avec des arguments véritables, autres qu'économiques. Mais le technicien qu'on a implanté en nous est toujours satisfait, autant qu'un aveugle, d'être ainsi pris en charge. Le rêveur, le poète, qui logeait là avant l'atroce greffe, c'est une autre affaire.

 

Photos : Le pont Bonaparte et le côteau de Fourvière, avant (cliché de Domini) et après (cliché de Dutey) le passage de la basilique, collections de la bibliothèque municipale de la Part-Dieu... Sur les deux photos, la primatiale, chapeautée de son vieux toit, heureusement disparu.

06:57 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : fête des lumières, illuminations, philippe muray, 8décembre | | |

samedi, 05 décembre 2009

La dé-fête des lumières

Pour comprendre en quoi cette dixième fête des lumières lyonnaise est tout sauf réjouissante, il faut relire ce passage lumineux de L'Enseignement de l'Ignorance  (Jean Claude Michéa, Climats - 1999) :

 

C’est ainsi par exemple qu’en septembre 1995, - sous l’égide de la fondation Gorbatchev – cinq cents hommes politiques, leaders économiques et scientifiques de premier plan constituant à leurs propres yeux l’élite du monde, durent se réunit à l’Hôtel Fairmont de San Francisco pour confronter leurs vues sur le destin de la nouvelle civilisation. Etant donné son objet, ce forum était naturellement placé sous le signe de l’efficacité la plus stricte. Des règles rigoureuses forcent tous les participants à oublier la rhétorique. Les conférenciers disposent tout juste de cinq minutes pour introduire un sujet : aucune intervention lors des débats ne doit durer plus de dix minutes.

Ces principes de travail une fois définis, l’assemblée commença par reconnaître – comme une évidence qui ne mérite pas d’être discutée – que dans le siècle à venir, deux-dixièmes de la population active suffiraient à maintenir l’activité de l’économie mondiale. Sur des bases aussi franches, le principal problème politique que le système capitaliste allait devoir affronter au cours des prochaines décennies put donc être formulé dans toute sa rigueur : comment serait-il possible, pour l’élite mondiale de maintenir la gouvernabilité des quatre-vingts pour cent d’humanité surnuméraire, dont l’inutilité a été programmée par la logique libérale ?

La solution qui, au terme du débat, s’imposa comme la plus raisonnable fut celle proposée par Zbigniew Brezinski sous le nom de tittytainment. Par ce mot valise, il s’agissait tout simplement de définir un cocktail de divertissement abrutissant et d’alimentation suffisante permettant de maintenir de bonne humeur la population frustrée de la planète .

 

Il convient ensuite de se souvenir qu'en septembre 1995, Raymond Barre vient d’être élu maire de Lyon. Il appartient, comme on peut le voir sur ce lien ou sur cet autre, à la commission Trilatérale fondé par Zbigniew Brzezinski en 1973 «club encore plus impénétrable que le Siècle, qui regroupait en 1992 environ 350 membres américains, européens et japonais, et qui constitue un des lieux où s’élaborent les idées et les stratégies de l’internationale capitaliste. »

Depuis 1989, Michel Noir avait déjà développé cette politique d’éclairage des ponts et de certains bâtiments, qui avait séduit les Lyonnais.

 

Le 8 décembre 1999,  pour le 10° anniversaire du plan lumières, on testa un éclairage exceptionnel : Illumination de l'hôtel de ville, illumination du théâtre des Célestins. La fête fut étendue au week-end précédent ou suivant. Elle durerait désormais 4 jours et fut baptisée « Fête des Lumières ». Un battage médiatique en bonne et due forme sur les chaînes nationales assura le succès de cette première opération

Ainsi redéfinie, elle s’inscrit dans la stratégie commerciale de la ville de Lyon, au même titre que le foot-business qui assure à l'OL une série de sept championnats. Aujourd’hui cette fête à dix ans. Elle n’a, contrairement à tout le discours traditionnel qui la sous-tend (voir plus bas des récits littéraires de plusieurs écrivains du XXème siècle) plus grand-chose de lyonnais sinon qu’elle se déroule dans les rues de cette veille capitale des Gaules, dont la pierre et le pavé sont  pris en otages avec tous ses habitants.

Dans le numéro de Lyon citoyen de décembre 2009 (gratuit mensuel en papier glacé de 40 à 50 pages distribué dans toutes les boites aux lettres), le roué Gérard Collomb, successeur de Raymond Barre et 7 fois champion de France avec le non moins rusé Aulas, inclut sa présentation du programme de l’édition 2009 à un appel pour le moins ridicule à être tous « ensemble pour 2016 » (voir page 7 sur le lien plushaut) . Curieusement, deux manifestations caractéristiques du programme défini en 1995 s’y retrouvent instrumentalisées au profit d'un auto-sacramental dont nous commençons à être las  : le divertissement et le foot comme programme de gouvernance…

Dans le même numéro, on découvre un interview de Stéphane Bern venu faire la pub du maire de Lyon, et qui affirme tranquillement que la fête « devient de plus en plus culturel. » On y trouve un programme des « événements » qui du 5 au 8 vont transformer la ville en une gigantesque crèche, à l’intérieur de laquelle la déambulation silencieuse de millions de badauds s’effectue en rangs serrés, d’un show tournant en boucle à un autre show tournant en boucle.

« L’aliénation du spectateur au profit de l’objet contemplé s’exprime ainsi : plus il contemple, moins il vit. Plus il accepte de se reconnaître dans les images dominantes du besoin, moins il comprend sa propre existence et son propre désir. L’extrémité du spectacle par rapport à l’homme agissant apparaît en ce que ses propres gestes ne sont plus à lui, mais à un autre qui les lui représente. » écrit Guy Debord dans la 29ème remarque de sa Société du Spectacle : Dirait-on pas qu’il est venu se promener à Lyon ces dernières années ?

La promotion gratuite de l’événementiel sera assuré entre autres par de nombreux blogueurs qui se précipiteront dans les rues pour remplir d’images leurs pages et leurs colonnes. Dans tout cela ne percera jamais l’ombre d’une analyse ni l’ombre d’une critique du moins sur le fond et l’histoire de cette manifestation.

La lecture du programme est cependant éclairante, si l’on peut dire.

En pas moins de 23 pages, on détaille les manifestations inspirées par la municipalité avec la collaboration  des associations de quartier (bénévoles ou bien plus ou moins subventionnées) enrôlées dans la préparation de la fête, dans tous les quartiers et arrondissements de la ville : Presqu’île,  vieux Lyon, colline de Fourvière, Croix-Rousse, parcours au fil du Rhône, Montchat, Duchère, Gerland… Quelle belle et touchante unanimité...

Il faut attendre la 24ème page pour qu’on signale, sous un titre pour le moins ambiguë (Autour de la Fête) les événements religieux (veillée spirituelle et accueil, montée aux flambeaux  avec le cardinal Barbarin, et liste des messes à Notre Dame de Fourvière.)

La fête traditionnelle se trouve ainsi excentrée et satellisée  « autour » de la fête technologique, laquelle par ailleurs ne cesse de revendiquer sur les dépliants touristiques sa filiation avec elle, qui lui sert de caution. Paradoxe du spectacle, aurait dit Guy Debord. Magnifique illustration de l’entertainment, également,  tel qu’il fut définit à l’origine par ses concepteurs. La tradition, tout comme l’innovation technologique, se retrouvent récupérées et instrumentalisées à peu de frais dans une opération qui n’est plus que politico-commerciale, et qui ne manquera pas de servir de communication au staff électoral de la mairie .

  
Aux Lyonnais qui sentent confusément qu’on leur a dérobé « leur fête », demeure la liberté d’allumer quelques lampions déposés sur le rebord d'une mélancolique fenêtre. Même ceux-là, hélas, n’auront d’autre alternative que d’être récupérés par le spectacle, puisque que comme le dit dans sa langue de coach simpliste et de mage inspiré le mégalo-maire de Lyon (qui s’apprête à vendre l’Hôtel-Dieu par ailleurs) dans son opuscule de propagande municipale : « Le soir du 8 décembre posons des lumignons sur le rebord de nos fenêtres ; tout en perpétuant notre tradition nous montrerons à quel point nous pouvons nous mobiliser et participer. L’avant-veille le 6 à 19 heures, nous avons rendez-vous avec le feu d’artifice reporté le 14 juillet en raison des intempéries ; il aura toute sa place lors de la Fête des Lumières. Ensemble, nous allons revivre cette fête, passion au cœur. La passion, celle qui engendre l’enthousiasme dont dons avons tant besoin… »

( On croirait entendre Zbigniew Brezinski – voir plus haut- troublant, non ?)

A partir de ce soir, tout le périmètre du centre ville sera fermé. Il n'y a bien que les commerçants qui se frottent les mains devant cette  grand messe du commerce. La piètre équipe municipale également, qui gère l'image de la ville comme si c'était une entreprise, et qui n'a plus à présenter à la population que ce genre d'événementiel pour redorer son blason.  Pour le reste, la plupart des gens que je connais me disent : "vivement le 9 !"

 

Si vous avez le temps, voici quelques témoignages d'écrivains du vingtième siècle  décrivant des impressions d'enfance sur les Illuminations du 8 décembre. Des descriptions plus politiques, également, sur les luttes qui opposèrent les laïcards et les cathos. Tout ceci ne manque pas de sel, et est à suivre au fil de ces différents liens :

 

- témoignage de Marcel E Grancher

- témoignage de Charles Joannin et suite

- témoignage de Tancrède de Visan et suite.

- témoignage de Pétrus Sambardier

- Contre les Lumières  (Solko, 2008)

- Procedo, cessi, cessum

- Le 8 décembre du temps de l'O.T.L.

 

19:13 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : politique, lyon, fête des lumières, noël | | |

vendredi, 27 novembre 2009

Pont de l'Université

Ce n’est qu’en 1896 (un 10 juillet) que Lyon songea à se doter d’une Université digne de ses ambitions. Une rumeur crédible prétend que la bourgeoisie locale avait craint jusqu’alors de détourner les vocations des jeunes gens du commerce et de l’industrie de la Soie. Il existait bien des Facultés de Science (1834), de Lettres (1838), de Droit (1875) et de Médecine (1977) mais elles étaient éparpillées en différents points de la ville. C’est sur un rapport d’Antoine Gailleton (qui sera maire de 1881 à 1900) que, le 23 avril 1875, le Conseil Municipal a voté l’achat d’un terrain en bordure du Rhône, le long du quai de la Vitriolerie. Un an plus tard, le 20 mars 1876, il confie à l’architecte en chef de la ville Abraham Hirsch la réalisation du Palais de l’Université, qui sera livré 10 ans plus tard.  Pour honorer la Médecine et son enseignement, le vieux quai de la Vitriolerie est rebaptisé Claude Bernard en 1878

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Construction du pont des Facultés (Fonds Sylvestre, 1901 -Collection BML)

Mais passer le pont était alors une aventure, en ce temps où la bonne bourgeoisie de Saint-Jean ne traversait le Rhône qu’à l’occasion de visites forcées à quelque parent pauvre. La Part-Dieu était un quartier de militaires (on devrait plutôt dire de soldats) et la Guillotière un quartier d’ouvriers : Cabarets, hôtels de passe, immeubles bas, jeux de boules : L’emplacement retenu donna donc lieu à de nombreuses polémiques au sein d’une bourgeoisie qui craignait pour la sécurité de ses filles après les cours du soir. Mais la faible valeur du terrain sur une lône marécageuse du Rhone qu’il fallut consolider emporta les ultimes et pudibondes réticences de ces descendants de soyeux économes.

 

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Le pont de l’université en 1907- Fernand Arloing - photographie positive noir et blanc, (Collection Bibliothèque municipale de Lyon)

 

Le pont de l’Université, avec ses balustres ouvragés, ses lampadaires signés et coiffés d’un coq, ses piles décorées aux initiales de la brave République et ses trottoirs dégagés de 2.m 50 de large, reçut donc pour mission de favoriser le confort de la traversée des têtes pensantes destinées à constituer bientôt l’élite municipale. C’est, de fait, un très beau spécimen de ces ponts métalliques qu’affectionna la Belle Epoque, ivre d’elle-même et de ses nouveaux matériaux. Le pont Morand, le pont de la Boucle, autres réalisations de ce XXème siècle balbutiant, n’ont pas eu le bonheur de le traverser de part en part : l’un dut céder devant l’avènement de l’automobile, l’autre devant celui du métro. S’il est quelque chose de magnifique à contempler du haut du pont de l’Université, tous les rêveurs le savent bien, c’est cette échappée lointaine du Rhône vers la Méditerranée, ouverture vers le Sud, et lorsque le vent d’automne finissant vous caresse et pique légèrement les joues, vers le Soir.

 

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Les fortunés « messieurs-dames » qui viennent faire leurs études sur le nouveau quai Claude Bernard ont aussi d'autres besoins.

18:08 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : pont de l'université, abraham hirsch, lyon, université de lyon | | |

lundi, 16 novembre 2009

Charles Clément, canut de Lyon

Les Dossiers de l’écran, vous vous souvenez ? L'émission passait le mercredi soir (de mémoire) et comprenait un film à thème, suivi d'un débat. Par l'intermédiaire du standard "SVP", les téléspectateurs posaient des questions que collectait le sieur Guy Darbois. Mercredi prochain, au CIFA, une occasion unique (parlons un peu comme la pub') se présente à vous de retrouver cette ambiance incomparable : tout d'abord le générique solennel à vous donner des sueurs froides, ensuite la balafre au menton d'Armand Jammot, les engueulades et les provos des invités sur le plateau. Avec en prime, sur cette video empruntée à You Tube, un long plan sur Michel Lancelot en train de fumer sa clope, narquois, et une engueulade Marchais/ Jospin sur le thème de lequel de nous deux est resté le plus proche des ouvriers ...

 

clip_image002.jpgAprès-demain mercredi, en effet, au CIFA Saint-Denis à 20h30, l'Association l'Esprit Canut vous invite à découvrir ou à revoir un téléfilm de Roger Kahane écrit il y a tout juste trente ans par Jean Dominique de la Rochefoucault et diffusé sur Antenne 2 en 1979 dans le cadre de cette émission. Il s'agit de Charles Clément, Canut de Lyon, avec Avec André Weber (Charles Clément), Jean Lanier (Bouvier Dumolard), Robert Etcheverry (Fulchiron), Jacques Monnond, Louis Lyonnet, Roger jacquet, André Sanfratello, Maurice Deschamps…

 Le film sera suivi, bien sûr, par la projection du débat servi dans son jus de l’époque. Occasion de retrouver un certain rythme et, peut-être aussi, une certaine complexité de pensée. 

 Parmi les participants au débat, on retrouvera avec plaisir, parmi d'autres,  deux personnalités récemment disparues, Georges Mattelon et Maurice Moisonnier. Le prix d'entrée est de 5 euros. Venez nombreux. Nombreuses. Avec vos copains. Copines. Il faut remplir la salle.

 

 

 

 

07:41 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : armand jammot, esprit canut, charles clément, cifa saint-denis | | |

jeudi, 12 novembre 2009

Insurrections lyonnaises

 

On trouvera ici un résumé des événements de novembre 1831

rédigé à partir des textes de Fernand Rude

 

insurrectiondelyon.jpg

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mardi, 10 novembre 2009

Novembre des Canuts

Du 16 au 29 novembre, un ensemble de manifestations (conférences, théâtre, musique, cinéma…) se dérouleront autour de la mémoire des canuts et des insurrections de Novembre 1831. Le collectif organisateur, dans lequel se retrouvent plusieurs associations, compagnies, syndicats, librairies, bibliothèques… (La Compagnie théâtrale Le Chien Jaune, les associations L’Esprit Canut, La République des Canuts, Soieries Vivantes ; les librairies A plus d’un Titre, Coquillettes, Le bal des Ardents, Vivement Dimanche, l’Institut d’histoire sociale CGT, F0, CFDT,  ) a baptisé  l’opération Novembre des Canuts. Le thème fédérateur de cette année est les prudhommes

 

Le point d’orgue de ces événements sera sans doute les deux représentations du projet des Chorales Populaires de Lyon autour de l’oratorio de Joseph Kosma les 20 et 21 novembre, ainsi que la projection au CIFA Saint-Denis du téléfilm diffusé dans le cadre des Dossiers de l’écran le 20 novembre 1979, Charles Clément Canut de Lyon  le mercredi 18 novembre à 20h30.

 

Nous suivrons avec intérêt la représentation de De gré à gré (Compagnie du Chien Jaune, vendredi 20 novembre à la salle Paul Garcin) ainsi que les diverses conférences, dont celle que Michel Evieux assurera sur Marceline Desbordes Valmore, le lundi 23 novembre à 19 heures.

 

Le programme complet des événements avec les dates, horaires et les lieux  est consultable et téléchargeable ICI.

 

Ceux qui souhaitent s'informer plus précisément sur les révoltes des canuts de 1831 trouveront leur bonheur en suivant  ce lien .

09:36 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : novembre des canuts, joseph kosma, prudhommes | | |

dimanche, 01 novembre 2009

Lugdunneries

·          Un motif littéraire : les deux fleuves

http://solko.hautetfort.com/archive/2008/09/11/les-deux-f...

 

·         Un type littéraire lyonnais : le marchand-fabricant

http://solko.hautetfort.com/archive/2008/12/26/le-marchan...

 

·         Histoires de gones

http://solko.hautetfort.com/archive/2008/07/01/histoires-...

 

·         Sagesse de nos pères

http://solko.hautetfort.com/archive/2007/07/04/plaisante-...

 

·         Le dico de nos pères

http://solko.hautetfort.com/archive/2008/07/06/le-dico-de...

 

·         Guignol, le déménagement

http://solko.hautetfort.com/archive/2008/10/05/du-demenag...

 

·         Quais de Lyon

http://solko.hautetfort.com/archive/2007/10/08/quais-de-l...

 

·         Lyon, vu de Fourvière

http://solko.hautetfort.com/archive/2008/12/29/vu-de-four...

 

·         Brouillards de Lyon

http://solko.hautetfort.com/archive/2009/02/17/brumerives...

 

·         Vue

http://solko.hautetfort.com/archive/2008/11/28/vue.html

 

·         Ateliers canuts

http://solko.hautetfort.com/archive/2008/12/24/interieurs...

 

·         A ma Lisette, deux chants canuts

http://solko.hautetfort.com/archive/2007/11/16/le-mois-de...

 

·         Notre grand 7

http://solko.hautetfort.com/archive/2009/02/02/la-ligne-7...

 

·         Nom d'une vogue !

http://solko.hautetfort.com/archive/2008/09/30/nom-de-vog...

 

·         La colline s'écroule

http://solko.hautetfort.com/archive/2008/11/14/la-colline...

 

·         Lyon, par Mathieu Mérian

http://solko.hautetfort.com/archive/2009/02/12/vers-1638....

 

·         Les valses de Vaise

http://solko.hautetfort.com/archive/2009/01/03/les-valses...

 

·         Saint-Bonaventure et le magasin Zilli

http://solko.hautetfort.com/archive/2009/02/08/saint-bona...

·         Chez tante Zize

http://solko.hautetfort.com/archive/2009/02/21/le-crime-e...

 

 

 

 

 

 

 

20:53 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature lyonnaise | | |