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mercredi, 28 janvier 2009

Soufflot, on se l'arrache

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Le dôme de l'Hôtel-Dieu est un repère si installé dans le paysage qu'il est l'un des préférés des Lyonnais. A l'origine de sa construction, au milieu du XVIIIème siècle, la nécessité d'évacuer l'air trop vicié des salles où reposaient les malades du vieil hôpital, dont Soufflot vient de restaurer la façade : "L'air est si infect dans les nouveaux bâtiments que, malgré toutes les précautions prises pour le purifier, beaucoup de malades y ont trouvé la mort; les gens de l'art jugent unanimement que l'élévation du dôme projeté peut seule rendre l'air salubre. L'humanité ne permet donc pas de différer ce moyen; mais les finances de l'Hôtel-Dieu ont été épuisées par les dernières constructions."  (Dagier, Mémoires de 1754).

Les recteurs de l'Institution vénérable obtiennent des prévôts et des échevins, par acte consulaire, le versement de 5000 livres par an pendant dix ans à l'Hôtel-Dieu, "à charge pour les recteurs de faire commencer les travaux et de ne pas les suspendre". Ils reçoivent en outre la promesse de 100 000 livres à titre d'encouragement. Le duc de Villeroy, gouverneur du Lyonnais, accorde également son aide en 1761, en réaffirmant son attachement pour les pauvres. Mais Soufflot, nommé par le marquis de Marigny contrôleur des bâtiments pour Paris, supervise les travaux du Louvre depuis le début de février 1755. Louis XV a approuvé par ailleurs son projet pour la montagne Sainte-Geneviève. On se l'arrache, dirait-on aujourd'hui…

 Aux réclamations des recteurs de Lyon, Marigny répond en février 1756 qu'il n'est pas dans son intention de priver la ville de Lyon des services de l'architecte, mais qu'il ne peut non plus lui permettre de s'y rendre. Il y a, dans le début de la Cantatrice Chauve de Ionesco, une réplique de M.Smith dans ce goût-là : « Elle a des traits réguliers et pourtant on ne peut pas dire qu’elle est belle. Elle est trop grande et trop forte. Ses traits ne sont pas réguliers et pourtant, on peut dire qu’elle est très belle. Elle est un peu trop petite et trop maigre. »

Soufflot se rend à Lyon malgré tout pour l'inauguration de son théâtre, le 30 août 1756, et accepte de s'occuper du dôme par personnes interposées. Les architectes Melchior Munet et Toussaint Loyer, désignés par lui, travailleront sur ses plans, chacun des deux architectes recevant la moitié des honoraires prévus pour Soufflot. Dès 1756, tailleurs de pierres et appareilleurs s'étaient déjà mis au travail. En 1758, le charpentier passe prix-fait pour la charpente qui sera achevée en 1761.Les sculpteurs G.Allegrain et P Mouchy sont chargés de l'éxécution de quatre statues (La Charité, La Douceur, et les fondateurs du premiers Hôtel-Dieu, le roi Childebert et la reine Ultrogothe). Cl. Jayet sculpte, lui, la figure qui représente la Religion sur la face du Dôme, tandis que Chabry s'occupe des anges en plomb portant le globe qui doit recevoir la croix chrétienne du Dôme. Le bâtiment est enfin inauguré le 16 decembre 1764. Les frais de construction du dôme lui-même se sont élevés à 555 556 livres de l'époque : l'ensemble a bien plus l'air, comme l'avait souhaité Soufflot, « du palais d'un prince que d'une maison des pauvres »

Le 4 septembre 1944, le dôme est incendié accidentellement, lors d'une fusillade liée à la Libération de la ville. L'embrasement est soudain et spectaculaire, détruisant totalement la charpente de 1761 ainsi que la large cheminée d'aération qui avait été à l'origine de son édification. Cette cheminée n'a pas été rétablie lors de la restauration (1956-1969), lorsqu'on a remplacé la charpente par du béton.

13:07 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : lyon, hôtel dieu, seconde guerre mondiale, libération, dôme, soufflot, histoire | | |

samedi, 03 janvier 2009

Les valses de Vaise

Vaise... A qui cela dit-il quelque chose ?  Cela commence comme Vienne, et on pourrait en effet imaginer quelques valses de Vaise, tourbillonnées ici jusqu'au vertige. Car au fil du temps, il y eut bien plusieurs Vaise, et la mémoire comme l'imaginaire peuvent longtemps virevolter ici, des cabanes de l'age de bronze aux cabarets du XIXème siècle, jusqu'aux résidences en béton d'aujourd'hui : le village en bordure de Saône, résidence d'archevêques et de rois de l'Ancien Régime ; le faubourg ouvrier où s'entassaient les marchands de vin et les petits hôtels durant le Second Empire et jusqu'à la Belle Epoque ; le quartier restructuré de l'ère Collomb, pour cadres endettés, avec rues piétonnes, boutiques bio & mobilier urbain.

Pour tous les néophytes, il faut rappeler que Vaise fut longtemps un village, aussi charmant qu'autonome, en bordure de Saône, aux portes de Lyon. On en fait mention pour la première fois au douzième siècle dans les chartes de l'abbaye d'Ainay. Quelques maisons, groupées autour d'une humble église à présent disparue, faisaient alors de Vaise une dépendance agréable de la paroisse d'Ecully. Le vénérable Brun la Valette précise que la première église de Vaise fut sans doute élevée sur les débris d'un sanctuaire gallo-romain. Alors, comme disent les jeunes d'à présent, total respect ! Cette ancienne église de Vaise joua durant tout le Moyen-Age un rôle spécifique lorsque on fêtait la Fête des Merveilles, le mardi avant la Saint-Jean Baptiste : le clergé et les fidèles de toutes les autres paroisses lyonnaises se réunissaient devant elle, avant de descendre la Saône en cortège, jusqu'à Ainay.

Le reste du temps, la commune était un lieu de transit, où florissaient les auberges. De très beaux domaines, notamment les châteaux de La Claire, de Rochecardon et de La Duchère furent construits sur ces terres. Avant d'entrer dans leur bonne ville de Lyon, beaucoup de souverains s'arrêtèrent dans l'un ou l'autre de ces établissements : Vaise eut ainsi l'honneur de loger Charles VI, François Ier, Henri IV,  Louis XIV, Napoléon... Le village lui-même était assez penaud, misérable. Sous le premier Empire, s'y blottissaient 2400 âmes, tout au plus. A partir de la Restauration, cet ancien Vaise s'éteignit et céda la place au quartier de l'Industrie : corderie, docks, gare d'eau, tuiliers, tanneurs... Vaise devient un quartier ouvrier, comme on dit à l'époque, qui connut du 28 octobre au 19 novembre 1840 des inondations dramatiques de la Saône : plus de deux cents maisons en pisé disparurent, et sur les 5000 habitants, beaucoup gagnèrent la Croix-Rousse ou Saint-Just et ne revinrent jamais plus. Le marché à bestiaux de Saint-Just y fut transféré en 1855, et peu de temps après les abattoirs de la ville. Cette terre, qu'avait foulée des rois de France l'était désormais par les bêtes apeurées qu'on menait à la mort.  Une gare de chemin de fer fut bâtie.  

Avec celle de la Croix-Rousse et celle de la Guillotière, la commune de  Vaise fut rattachée à Lyon par Napoléon III en 1852, devenant ainsi le neuvième arrondissement de la grande ville autrefois mitoyenne. Au vingtième siècle, le percement du tunnel de la Croix-Rousse coupa littéralement l'endroit en deux, faisant de la rue Marietton une sorte de dégorgeoir pour tout le reste de la ville, l'un des lieux les plus pollués et embouteillés, cauchemar des piétons comme des automobilistes. Vaise souffrit, à la Libération, des bombardements alliés. Le 26 mai 1944, on célèbre un mariage dans l'église de l'Annonciation lorsque brusquement hurlent les sirènes. Les Américains larguent un tapis de bombes sur la voie ferrée et la gare de Vaise, ravageant au passage une partie du quartier et l'église de l'Annonciation. Parmi les nombreux morts, les mariés et le prêtre qui venait de les unir. L'autre église de Vaise (Saint-Pierre) est également touchée.

Valsait-on encore à Vaise ? Je ne sais. On y mangeait en tous cas pour pas cher dans les années soixante dix, lorsque Maurice Yendt y implanta son théâtre des Jeunes Années (à présent TNG). S'il est un roman que tous les Vaisois devraient connaïtre, c'est bien cet étonnant Roman d'un vieux Groléen de Georges Champeaux (Ed. de Guignol, 1919). Le petit livre raconte une histoire d'amour réaliste qui se déroule au début du vingtième siècle en ranimant à merveille toutes les senteurs et les couleurs de ce faubourg ouvrier du dix-neuvième siècle, à présent entièrement remodelé par la pelleteuse immobilière. L'ancienne zone est devenue un secteur urbain résidentiel, et comme d'autres secteurs urbains, il est investi par ce qu"on appelle non sans quelque fatuité les "bourgeois-bohèmes" (c'est bien souvent des bobos qui disent bobos, avez-vous remarqué ? Et bobo soit qui s'en dédie !). A la place des anciens entrepôts, ça pousse donc comme champignons, des fleurs de béton plus ou moins haïssables, comme le siècle spéculatif en redemande, bureaux, résidences, on ne sait trop, tant tout se ressemble. Restent quelques cours mal pavées, quelques chemins biscornus pour nourrir le rêve de qui veut encore valser à Vaise. Quelques plaques de rues, également, font vestige d'autrefois. J'en profite pour faire un clin d'œil au blog Rues de Lyon

Demeurent l'allée des Cavatines, la rue du Chapeau Rouge, le chemin des Contrebandiers, la rue des Deux Amants, la rue des Prés... Et puis ce nom étrange, beau et laid à la fois, qu'il pleuve sur Vaise, ou que le soleil y brille, ce vieux mot passé durant tant de siècles, par tant de bouches, Vaise...

 

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mercredi, 24 décembre 2008

Intérieurs canuts

Voici Noël, un de plus. Un père Noël qui vous invite une fois de plus à bouffer du Lyon, grâce à ces deux gravures représentant des intérieurs de tisseurs. Ambiance.

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L’atelier est aussi un lieu d’habitation. Le métier à tisser tient le volume le plus important. La suspente est sous le plafond. Le poële, au centre de la pièce. On reconnait l'ancien carrelage, fort typique. Chats, souris, canaris cohabitent avec la famille. Une tradition locale veut que la vitalité de l’oiseau garantisse celle des humains. Image de prospérité, cinq personnes sont au travail et les enfants jouent. Deux femmes préparent les canettes, sur des mécaniques différentes. La tisseuse tire sur le cordon pour lancer la navette d’un métier d’unis. Le tisseur, lui, procède à quelques réparations sur sa pièce. Il est probable que cet atelier se trouve sous un toit de Saint-Georges, avant que les canuts n’émigrent à la Croix-Rousse.  Mobilier, gravures au mur, buste, plantes, bénitier, buis : l’estampe, qui date du XIXème siècle, montre une famille de tisseurs laborieux et religieux, sous l’Ancien Régime, avec le souci de célébrer l’âge d’or d’une période de prospérité perdue. Elle provient du musée Gadagne dont on espère la réouverture durant l’année 2009

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Toujours issu du musée Gadagne (fonds Justin Godart), ce dessin de Gérardin, d’après nature. La crise industrielle s’est installée. Le métier à tisser occupe toujours le volume le plus important, mais les chats, souris, canaris semblent bien plus maigres. Ils ne sont plus que deux, et seul l’enfant qui joue garde un peu d'insouciance. Assis au tabouret, il la regarde, inquiet, qui fait bouillir le linge. Elle aussi est soucieuse. Le linge déjà étendu en arrière plan, on sent la récupération. Au sol, le carrelage s’est abîmé. Une mécanique surmonte désormais le métier à tisser ; un progrès ? Pas pour tout le monde : Sur la table ne trône qu’une unique bouteille, qu’on devine vide. Comme sur la gravure du haut, un balai est placé au premier plan. On reconnait ce même type de fenêtres, à petits carreaux de papiers gras. Il est certain que cet atelier est à la Croix-Rousse.  Et que ce couple est locataire, de l'unique pièce comme du métier. Qui ne possède que sa seule force de travail est un prolétaire : le monde moderne et rugissant est en route.

 

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samedi, 06 décembre 2008

Les Illuminations (6)

La fête du 8 décembre a officiellement débuté hier à Lyon. Oui, je sais, on ne dit plus 8 décembre (d'ailleurs nous sommes le 6). On dit Fête des Lumières. Je n'ai pas encore mis le nez dehors, je veux dire dans la pesqu'île, là où tout est bariolé; j'en suis, à vrai dire, en 1922 (beaucoup de retard, je sais, sur mon époque) car mon époque, remarquez bien, me donne de moins en moins envie d'être son contemporain...  Et donc, en guise de nouvelles du jour, je livre à tous ceux que cette semaine huit-décembriste n'aura pas complètement saturé de bouffer du Lyon ce témoignage de Pétrus Sambardier, un extrait d'un article du Salut Public, le 9 décembre 1922. Alors que tout le monde, de la presqu'ile ou de la rive gauche du Rhône,  regarde la colline de Fourvière , il conseille, lui, le soir du huit décembre, de grimper sur la colline de Fourvière et, de son sommet, de regarder la ville. Le point de vue n'est plus politique, comme dans les textes de Grancher ou de Joannin, ni religieux comme chez Tancrède de Visan ; il n'est déjà plus qu'esthétique :

« Il faut, lorsque l'atmosphère est claire comme elle l'était hier soir, aller de la terrasse de Fourvière contempler toute la ville illuminée. Passez par la montée Saint-Barthélémy, d'où vous pouvez voir la masse des lumières des pentes croix-roussiennes. Tels groupes de grandes maisons des quartiers du Bon Pasteur et de l'Annonciade font, de loin, l'effet d'immenses dés à jouer solidement embrasés. De la brèche qui a été heureusement ouverte dans le mur du jardin de l'Antiquaille, on aperçoit déjà la plus grande partie de Lyon, et il semble que les illuminations aient étendu très loin les limites de la ville. C'est à perte de vue que les lignes de feu, les unes droites comme des routes sans fin, les autres en zigzag ou en courbes, vont au-delà du Rhône.

Cette impression de vaste est plus frappante lorsque, du pied de la basilique, vous pouvez étendre vos regards sur tout l'espace, de la plaine de Vaulx jusqu'aux multiples croisements des voies de la Guilotière. Les lumières habituelles de l'éclairage se confondent avec celles des illuminations et l'on a sous les yeux toute la carte de la ville, qu'avec un peu d'attention, on peut lire en suivant les lignes et les groupes de feux. Tout en bas, Bellecour, béant, les rues du centre éblouissantes, les quais, sans un coin sombre, les ponts, à l'éclairage net. Au fond, les milliers de très petites lumières de la gare de la Mouche qui s'enchevêtrent comme les lignes pâles et confuses d'une voie lactée. En redescendant, arrêtez-vous encore au sommet de la montée des Chazeaux. L'horizon est étroit : la cathédrale sombre, pesante, parait un bloc géant, prodigieusement agrandi. »

 

06:03 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : sambardier, littérature, lyon, le salut public, fête des lumières | | |

vendredi, 05 décembre 2008

Les Illuminations (5)

Suite du témoignage de Tancrède de Visan :

 

La rue de la République, domaine réservé aux banques et aux marchands de chaussures, flamboyait de tous ses cordons de gaz, de ses guirlandes d'ampoules électriques accrochées aux corniches des établissements de crédits, de ses étalages commerciaux illuminés dans un but publicitaire, mais concourant sans le vouloir à l'expression d'une tradition. Les belles maisons, propriétés de la Société de la rue Impériale, voyaient les visages de leurs rudes façades creusés de clartés blanches. Le long des fenêtres les lampions brûlaient dans une herse ardente avec, ça et là, des trous d'ombre qu'on remarquait tout de suite avec réprobation. Une foule silencieuse débordait les trottoirs, envahissait la chaussée des trams comme au temps de l'armistice, foule excessivement mélangée, composée de femmes de chambre et de cuisinières auxquelles un congé est accordé le soir des illuminations, de banlieusards, de paysans venus de leurs vallées proches, de patronages, de couvents d'orphelines, de bourgeois promenant leur progéniture, de vieilles filles curieuses, de canuts endimanchés, de familles entières "bien lyonnaises" venues, de génération en génération, juger de la rue l'effet produit par leur balcon incandescent.  (...)

Ce Huit décembre est le dernier flambeau élevé au-dessus de la barbarie. Trois mots : Lyon à Marie déchainent un gigantesque accord parfait, où vibrent toutes les harmoniques essentielles de nos âmes. Pour mieux imprégner son fils de cette atmosphère, Damien lui fit gravir les escaliers de cette montée des Chazeaux, jadis nommée Tire Cul dans le vert langage de nos pères. Puis, traversant la montée Saint-Barthélémy, ils se mirent en devoir d'escalader le jardin du  Rosaire. Le Huit décembre, ce dernier se pare de lanternes vénitiennes. Le site revêt la gaieté d'une guinguette pour orphelinat. Ces accordéons bariolés, de loin, semblaient déceler une bicyclette accrochée à chaque arbre. Damien et Albert escaladèrent ces marches en terre battue dont aucune n'avait la formule, heureux de plonger dans cet océan de verdure, de pénétrer à l'intérieur de ce décor pour marionnettes où l'amertume des fusains se marie à l'odeur de mousse tamponnée par le pilon d'étoupe des brouillards matineux.

Parvenus sur le roc de l'imposante terrasse, le panorama jusque-là caché déroula tous ses plans. En bas, c'était un étrange lac de feux follets. Plus de trous d'ombres, plus de solution de continuité entre les lampions alignés. Vue de cette hauteur, la ville recevait la visite du Saint Esprit un soir de Pentecôte. Ces langues de feu pendaient immobiles au-dessus des rues creusées en ruisseaux d'ombres. Dans toute la presqu'île, un buisson ardent s'opposait au désert lointain. Le cœur de Lyon, du grand, du vrai Lyon flambait. Vers les Brotteaux, vers la Guillotière, des lumières vacillaient encore, mais en désordre, faisaient songer à des charrettes lointaines guidées dans les ténèbres au moyen des falots en toiles. Au-delà, Montchat, Monplaisir, Villeurbanne plongeaient dans la nuit. La civilisation s'arrêtait à peu près où commençait l'esclavage. Puis c'était le néant informe des plaines baignées de la seule clarté lunaire, un chaos de lignes brouillées dans un horizon d'un bleu liquide.

Le père et l'enfant se taisaient, émerveillés. Ils contemplaient ce spectacle unique et cette joie de l'esprit. Toutes ces veilleuses symbolisaient une âme en instance d'ascension. La Vierge dorée de Fabisch, mains tendues du haut de son dôme, attirait vers elle ces messagères de son sourire, leur faisait signe, leur disait : « Venez, les élus de ma gloire, vos larmes de feu sont ma rosée. »

 

07:32 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : tancrède de visan, lyon, illuminations, fête des lumières | | |

jeudi, 04 décembre 2008

Les Illuminations (4)

Avec Grancher et Joannin, on s'est attardé un peu sur ce 8 décembre 1903, révélateur des tensions de l'époque. Un témoignage, à présent, d'une autre nature : Celui de Tancrède de Visan (Vincent Bietrix), auteur d'un petit joyau, Sous le signe du lion ( Paris - Denoel et Steel, 1935). Champion de la réaction flamboyante et de la mondanité désuète d'entre deux-guerres, féru d'histoire et d'archéologie, c'est un imitateur - ou continuateur - provincial de Huysmans et des dandys décadents fin de siècle.  A la lecture, on se régale de la syntaxe en  arabesque, du souci obstiné du terme rare, des circonvolutions du raisonnement où s'entremêlent - parfois au énième degré - le vocable scientifique, le terme mystique, le néologisme. Sous le signe du Lion se veut le bréviaire de ce que l'historien Bruno Benoit appelera plus tard, non sans une certaine cuistrerie post-moderne, la lyonnitude, de ce qu'on nommait (avec finalement moins d'emphase ridicule) l'âme lyonnaise dans les années trente. C'est le récit de l'éducation qu'un jeune père veuf (Damien Chabreuil, gynécologue à l'hôpital Edouard Herriot), soucieux de lui transmettre les valeurs locales, donne à son jeune fils. Tout y passe : la mélancolie des promenades dans les églises et les rues, le souci de la charité, la rêverie archéologique devant les tuiles et les pierres, l'exaltation religieuse, l'appréciation gourmande de la bonne nourriture comme de la belle langue, l'érudition locale et, plus que tout, le culte ironique de la grandeur perdue de la capitale des Gaules. Le huit décembre, point d'orgue de l'identité lyonnaise, constitue évidemment l'un des moments clés de cette initiation aussi méticuleuse que désenchantée : Il commence par une description minutieuse, dans le pur jus huysmansien, des lampions lyonnais d'alors :

"L'on voudra noter cette remarque : La plus belle de nos fêtes, celle qui passe toutes les autres en somptuosité a pour objet une commémoration religieuse. Même à l'occasion de notre foire annuelle du printemps, où Lyon revit deux semaines les chalandises et les lendits du XVIème siècle , la ville ne tréssaille pas de cet unanime transport. Le passage d'un souverain, la venue d'un président de la République, un cortège officiel de ministres flanqué de policiers, laissent nos concitoyens dans le marbre de leur indifférence : rien ne demeure plus éloigné des préoccupations lyonnaises que les batelages politiques. Une fois l'an, la nuit tombante, Lyon se réveille de son sommeil dogmatique. La ville, amie de l'obscurité, flambe d'un pucnh de lumières. Le long des hautes maisons, coincées dans l'étan cotonneux de leur habitat, voltigent des miettes de feux follets. Des hauteurs de la Croix-Rousse à la plaine de la Presqu'ïle, c'est un immense baiser de flammêches, petites langues intrépides  dardées vers le gouffre du ciel.

Des milliers de lampions épousent la forme de demi-bouteilles tronquées, étranglées en leur sommet, suspendues à une armature en fer blanc, où s'abrite le ver luisant d'une fine bougie. Enfilées, telle une brochette d'oiseaux d'or, ces fioles distillent une goutte de soleil. La forme de ces lampions, relégués le reste du temps dans des greniers familiaux, aide à nous singulariser. Leur vue remplit de stupeur un étranger non entraîné à nos coutumes. En vain chercherait-il l'usage médical de ces sortes de ventouses pour géants. On ne les fabrique que pour nous. Ils ne servent qu'un soir par an. Les générations se les repassent en héritage, et les petits-neveux remplacent les invalides, car la durée de ses bocaux s'avère éphémère. Conçus selon un principe absurde, dû à quelque inventeur dipsomane, ces carafons au verre mince de cornue éclatent au moindre vent, léchés par l'ardeur charbonneuse d'une bougie dont la tête affleure un goulot inutile. Dans chaque famille, même les plus portées à l'économie domestique, un budget spécial se prévoit pour ce mode d'illumination dont vivent encore les vieux fabricants de verres de lampes tombés en déshérence.

Les plus avares, ceux dont la fierté se dissout avec l'âge, remplacent ce modèle vénérable par des godets dans lesquels nage un champignon de suif. Ces pots pour rillettes ont l'avantage de ne point "peter" à la chaleur. Le bloc de graisse dentelé, piqué d'une mèche de veilleuse, dure exactement trois heures réglementaires. Posés à même le rebord de pierre des croisées, ces lumignons ne s'aperçoivent que de loin, à moins qu'un promeneur, par un soir de mistral,  n'ait son chapeau buclé par cette stérine bouillante, qui rappelle en petit la poix versée par les Evêques du haut du mâchicoulis du château de Pierre-Scize, sur leurs ennemis héréditaires, les chanoines contes de Lyon.  Sublime hommage collectif ! Des myriades de confetti étincelants, jetés par des mains pieuses contre chaque demeure, font ruisseler les pierres de taille, scellent le créps des façades, comme autant de lettres de faire part, d'une infinité de pains à cacheter translucides...

 A suivre…

 

07:28 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : tancrède de visan, lyon, illuminations, fête des lumières | | |

mercredi, 03 décembre 2008

Les Illuminations (3)

Voici la suite du récit romancé du 8 décembre 1903 à Lyon, extrait de  Périssoud, militant lyonnais, roman de Charles Joannin.

Il est près de dix heures du soir lorsque les deux tronçons se réunissent. Une hésitation se manifeste : les plus jeunes, les plus enthousiastes, les moins nombreux aussi, s'engagent dans la montée du Chemin-Neuf pour gagner Fourvière où ils trouvent à leur arrivée les lumières éteintes, les grilles d'enceintes de la Basilique fermées; ils en sont réduits à invectiver, à travers les barreaux , les quelques gardiens qui se trouvent sur le terre-plein et marchent de long en large, indifférents aux cris. Peut-être songent-ils aux martyrs lyonnais des premiers âges, lorsque des pierres viennent s'abattre auprès d'eux.

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Le gros des manifestants n'a pas suivi la jeunesse; la montée, la longueur de la course a dû effrayer plus d'un homme d'âge mûr. Il rebrousse chemin vers l'Archevêché où se trouvent quelques agents de police. Afin de protéger la demeure épiscopale, des membres de la jeunesse dite antiministérielle et du Grand Occident de France sont rassemblés devant les grilles, au nombre d'une centaine. Beaucoup, parmi eux, sont munis d'une canne. Leurs adversaires, des libres penseurs, ministériels, adhérents du Grand Orient de France, les injurient copieusement. A un signal, levant les cannes, malgré leur insuffisance numérique, les catholiques foncent sur leurs antagonistes; alors c'est la mêlée où les corps enlacés prennent l'aspect de monstres aux multiples membres, où le nombre des mains paraît se multiplier tandis que les visages se dissimulent pour offrir le moins de surface possible aux choses rudes; et Périssoud n'est pas en retard pour cogner durement, hurlant...  Les catholiques doivent se replier et, peut-être seraient-ils traités par ceux qui les pourchassent dans l'enivrement du triomphe si un galop de cavaliers, l'arrivée au pas de gymnastique d'une troupe d'agents de police, ne venaient rappeler à la sagesse et au calme.

La contre-attaque est annihilée, car les gardiens de la paix besognent sans ménagements, de leurs poings massifs, procédant à quelques arrestations. Les deux groupes restent face à face, se bornant à recourir aux invectives, aux quolibets; la lassitude semble devoir venir à bout de l'opiniâtreté, à bref délai. Au cours de l'accalmie, un monsieur dont le visage est encadré d'une belle barbe blanche attirant sur lui l'attention, traverse sans méfiance l'avenue pour rejoindre des personnes de sa connaissance qu'il aperçoit rue du Doyenné, à l'opposé. On voit un homme s'approcher de lui, puis disparaître, tandis qu'il chancelle et s'abat. On s'empresse, les gardiens de la paix s'approchent et l'on doit transporter le malheureux à l'hôpital, où il mourra quelques jours plus tard. Ainsi, la lutte entre concitoyens fut-elle cause de la mort d'un homme, un soyeux, nommé Boisson.

 

02:25 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (31) | Tags : charles joannin, littérature, fête des lumières, lyon, 8décembre | | |

mardi, 02 décembre 2008

Les Illuminations (2)

 

Reprise  des évocations de cette fête des Illuminations, qui tient sa place dans l'image que la ville s'est donnée d'elle-même à travers sa littérature. Charles JOANNIN fait partie de ces auteurs lyonnais à présent parfaitement oubliés, parfaitement démonétisés, dont je me suis plu, il y a quelques années, à  collectionner les titres. Dans son roman PERISSOUD militant lyonnais  (paru au Mercure universel en 1932) il livre ce témoignage sur le climat politique qui entoure la fête du 8 décembre en 1903, à la veille de la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Marcel Grancher, dans le témoignage précédent, évoquait déjà ces tensions :

 

Le mardi 8 décembre 1903 marquera peut-être une date dans l'histoire de l'affranchissement des esprits. Le Nouvelliste, paru le matin, invite les catholiques à illuminer avec plus d'enthousiasme que de coutume et à traduire cet enthousiasme par un nombre de lampions plus important que jamais pour protester contre l'arrêté du Maire.  Les libres penseurs se préparent à venger leur honneur. Une réunion anticléricale  est annoncée pour le soir dans la salle des Folies Bergères. Une célébrité locale, le militant Francis de Pressensé, doit faire une conférence et il est fort probable qu'un cortège s'organisera dès la sortie pour manifester en ville.

L'importance du service d'ordre donne peut-être à réfléchir car, au dernier moment, on apprend que la conférence et la réunion sont renvoyées à une date ultérieure. Les décisions sont vite prises. Un mot d'ordre porté de bouche en bouche assigne alors un rendez-vous à tous les militants pour 8h30 du soir, autour du monument Carnot  (...)

Pour tromper l'attente, on entama l'Internationale, hymne vengeur aimé de  la classe ouvrière; et il faut entendre clamer ce début de couplet :

« Il n'est pas de sauveur suprême / Ni Dieu ni César ni tribun… »  pour sentir passer dans l'air un peu de cette haine accumulée dans les coeurs populaires à l'égard de tout ce qui est synonyme d'oppression aux regards simplistes de braves gens. Et la finale du refrain exprime l'immense espoir de libération : « Groupons-nous et demain : L'Internationale sera le genre humain... »

Le chant terminé, l'impatience n'est pas sans créer des mouvements d'indiscipline. Cela ne satisfait guère Périssoud qui voudrait voir ses compagnons manifester leur force dans une attitude digne, imposante, jusqu'au moment où l'on devra passer à l'action directe. Il prêche l'exemple, harangue, exhorte, sans grands résultats. Enfin neuf heures sonnent dans le voisinage. Un mouvement se dessine. Les manifestants se dirigent en masse vers la Rue de la République pour arriver vers la place de la Comédie. Ils avancent entre deux rangées de badauds, alternant L'Internationale et la Carmagnole avec de vigoureux « Conspuez la calotte... »

L'inquiétude s'empare des commerçants qui baissent en toute hâte les rideaux de fer, développent les volets, ferment les devantures, après avoir rentré précipitamment les étalages extérieurs. Quel dommage ! Ils avaient pris tant de soin pour allécher la clientèle, mis tant d'art dans la présentation de leurs produits ! Que peut compter devant cela l'emportement de la passion ?...  Le défilé poursuit sa route, il gagne la rue de l'Hôtel-de-Ville et, arrivé rue Grenette, il s'y engage, tourne à droite, se dirige vers le quai pour remonter vers le pont du Change où l'on a négligé de disposer des forces de police. Deux cortèges se forment alors, enveloppant le Palais de Justice, l'un gagnant la rue Saint-Jean directement, l'autre suivant le quai : la jonction s'opérera place Sant-Jean. Le quartier est désert car les habitants se sont rendus dans la presqu'île pour mieux jouir du spectacle des illuminations et des étalages : de Bellecour, de Perrache, on voit mieux l'ensemble du panorama offert par la Colline et la Basilique embrasées. Aussi, l'ardeur des manifestants peut-elle s'exercer impunément à l'encontre des lampions de verre, des lanternes, des vitres mêmes ; les choses sont presque toujours les victimes de la haine et de la colère des humains.  (A suivre)

 

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lundi, 01 décembre 2008

Les Illuminations (1)

Nous pénétrons à petits pas dans ce mois de décembre, tout empli d'ambiguïtés, lequel voit à Lyon sa première quinzaine occupée à fêter Les lumières. C'est sous le mandat de Raymond Barre, c'est à dire assez récemment, que la vieille fête des Illuminations s'est mutée en fête des Lumières. Occasion, grâce au témoignage de plusieurs auteurs et romanciers, de (re) découvrir plusieurs témoignages de ce que cette fête fut, de 1852 (date de sa création) jusqu'à nos jours. Premier souvenir littéraire de la fête des Illuminations à Lyon, celui de l'écrivain Marcel E Grancher (1888-1976), romancier, journaliste et éditeur, qui repose à présent à Loyasse. Le célèbre San Antonio (Frédéric Dard) fut, il y a longtemps, son secrétaire et fit ses classes ainsi que ses débuts à ses côtés :  

 

- Cead793f2a4aa7f1da25ec85b8551d449f.jpg soir nous sortons, dit mon père. Nous allons voir les Illuminations.

 - Les Illuminations ?

- Oui, expliqua ma mère. En l'honneur de la Vierge, toutes les fenêtres seront, ce soir, garnies de petits verres de couleurs dans lesquels brûleront des bougies.

 Je battis des mains.

-Pas toutes les fenêtres, grogna mon père. Certaines fenêtres...

- Comment fis-je, soudain inquiet ? Pas toutes ? Et les nôtres ?

 - Pas les nôtres, dit ma mère.

- Pourquoi ? 

- Parce que ton papa est un mécréant. 

- Parce que ton papa aime la logique, rectifia mon père. Peut-il importer à la Vierge que' le commerce de la chandelle soit particulièrement florissant ?

Nous n'en partîmes pas moins. Peu d'illuminations dans les rues populaires, mais, en revanche, une véritable débauche sur les voies les plus aristocratiques : cours Morand, avenue de Noailles, place Morand.  « Ce n'est encore rien, apprécia mon père. Vous verrez les quartiers riches, Bellecour et Perrache. Et c'est très bien ainsi. Je comprends assez que l'on remercie Dieu quand il vous a donné quelque chose. Mais, quand on n'a pas un sou... »  Le spectacle était ailleurs, admirable, de toutes ces façades sévères, éclairées de bas en haut par les lumières multicolores, que faisait danser le vent. Extasié, je m'en emplissais les yeux. Les magasins n'avaient pas voulu être en reste, et la plupart d'entre eux exhibaient des étalages amoureusement fignolés. Place des Jacobins, à l'angle de la rue de l'Ancienne-Préfecture, un marchand de beurres et œufs battait tous les records : dans une énorme molette dorée, il avait sculpté une réplique exacte de la basilique. Rien n'y manquait, même pas la ridicule tour métallique qui déshonore ce très beau paysage. On ne s'en battait pas moins pour approcher. Ayant piétiné maintes chaussures, je pus parvenir tout contre la vitrine. Je faillis y être aplati et mon père dut jouer de ses bras de géant pour m'arracher de là, d'autant qu'afin de partir, je me débattais de toute ma jeune énergie.

Pour me consoler, on me conduisit sur la quai de la Saône, d'où l'on voyait flamboyer, en haut des jardins de l'Antiquaille, les traditionnelles inscriptions : Lyon à Marie  et Dieu protège la France. Cela ne m'amusa pas. Je préférais le marchand de beurre. Pourtant, le clocher de l'ancienne chapelle était bordé d'une dentelle de feu. Pourtant des flammes de bengale embrasaient par instant la Vierge de Fabisch. Pourtant, au flanc de la colline, le Grand Séminaire, le pensionnat des Lazaristes et, plus bas, l'Archevêché et la cathédrale rivalisaient de guirlandes étincelantes. Cependant, un cortège de gens qui ne prisaient sans doute pas les   Illuminations, parcourait le quai en chantant l'Internationale et en conspuant la calotte. 

- Ils ont tort, dit mon père, qui savait tout. On ne doit jamais protester contre une tradition.

Or, celle-ci remontait à 1852...  Depuis, et en des sentiments différents, j'ai revu bien des fois la bénédiction de la ville et la fête du 8 décembre. Que l'on pense ce que l'on voudra, l'une et l'autre constituent, à tout le moins, de bien curieux spectacles. Et uniques au monde, que je sache ! Ailleurs, on ne manquerait pas de battre monnaie en de semblables occasions. On ferait de la publicité. On organiserait des trains spéciaux. Chez nous, rien de tout cela. Nous avons la pudeur de ne pas attirer l'étranger à nos manifestations locales. Après tout, c'est bien mieux comme cela. 

 

Lyon de mon cœur, de Marcel E Grancher, fut publié en octobre 1940. C'est davantage un recueil de souvenirs qu'une autobiographie. Marcel E. Grancher fut un auteur mineur mais prolixe, à la fois de reportages, de romans policiers et de romans à la veine réaliste. Un peu plus loin, dans ce même récit, il rappelle les échauffourées qui, au début du vingtième siècle, ont parfois opposé catholiques et laïcards.

 

« A Lyon, le 8 décembre 1903, au cours d'une bagarre entre manifestants et contre-manifestants, un soyeux, nommé Boisson, venait d'être tué. On n'arrêta l'assassin que trois mois après. C'était un coiffeur de la rue Robert qui, entre deux coups de tondeuse, professait des opinions anarchistes. Il s'était servi, pour frapper, du bec de cane de sa porte... »

 

 

07:44 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : lyon, illuminations, fête des lumières, littérature, marcel grancher | | |