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jeudi, 05 juillet 2012

Bernanos : Les fantômes de la liberté

« Il n'importe pas de condamner ce monde. Il vaudrait mieux le plaindre. Il a besoin de pitié. Seule la pitié pourrait blesser son orgueil. La psychologie actuelle démontre très bien que l'orgueil n'est qu'une des formes du redoutable complexe d'infériorité. Le monde moderne est un monde humilié, un monde déçu, c'est ce qui le rend furieux. Le sentiment de la ridicule disproportion entre ses réalisations et ses promesses donne à cette fureur un caractère de férocité. Tous les ratés sont cruels. Le monde moderne est un monde raté. Il risque aujourd'hui de se jeter dans le suicide pour échapper à l'intolérable aveu de son impuissance ».

Georges Bernanos (« Le monde moderne est un monde humilié » - interview publiée le 10 février 1939 dans O Journal, et repris dans La France contre les robots)

A quel moment, quelle occasion, ai-je compris que j'avais un besoin pressant, criant, urgent de lire Bernanos, de lire Béraud, de lire Galtier-Boissière, de lire Jean Giono, de lire Louis Guilloux - nés successivement en 1888, 1885, 1891, 1895, 1899 ? C'était il y a dix ans, à peu près, que j'ai ressenti le besoin du témoignage de cette génération, pour me laisser par eux expliquer ce qu'avait été le monde avant que leurs fils ne s'en emparent, et ne se mentent à eux-mêmes, et en fassent celui dans lequel j'étais né.

Je me souviens bien avoir, dans les années soixante-dix, commencé à étudier la littérature latine, la littérature française, dans un vieux bon lycée de province qu'avaient construit des chrétiens. L'héritage... Malheureusement, cet héritage venait toujours buter contre cette date de 45, qu'on nous présentait alors comme un renouveau, un commencement, une ère grandiose, une libération.

Moi, j'étais le témoin de cette modernité-là déjà déconfite quelque trente ans plus tard, vraiment dégradée, de Pascal ou Chateaubriand en Jacques Prévert ou Boris Vian, de Madame de La Fayette ou Juliette Récamier en Benoite Groult ou Juliette Gréco, de Vivaldi en Gainsbourg, et de La Tour en Dali...

Et lorsque je me suis alors franchement posé la question de l'héritage, et de ce que je pourrais, moi, faire - me venait toujours cette sensation que c'était vraiment pitié qu'être né dans ces années 50, à l'heure de Kerouac, d'Edith Piaf et du Coca cola. Pitié. Qu'il n'y avait plus rien à faire, de toute façon, car  quelque chose de diffus, d'inexpliqué, comme une malédiction, mais de bien réel, était .

Et je tournais les yeux vers mes copains, et je les saluais.

Pitié, vraiment, mes copains, ces petits frères des soixante-huitards déjà rangés du bon côté de la barricade, déjà cohn-benditisés à souhait, prêts à voter Mitterrand avant même d'être encartés, vraiment. Un de mes excellents potes à l'époque répétait : "ce qu'il faut garder, c'est la dignité, et le sens de l'humour..." Vite dit. Je l'aimais bien quand même.

Nous essayions donc, du haut de nos seize dix-sept ans, de conserver dignité et sens de l'humour, tout en se récitant des pages de Nerval (Ah, Sylvie), comme on se parlerait, sur un terrain vague, du temps d'avant l'explosion d'une raffinerie. En ces années-là, je vis les hommes et aussi les femmes de mon pays commencer à vraiment polluer toutes leurs rivières, se précipiter en hordes dans des centres commerciaux pour acheter des yaourts dans des petits pots en plastique, et chanter La pêche aux moules avec Jacques Martin. Mes copines, alors. Mes copines ?

Pitié, elles aussi. Tragiquement pitié, ces copines, avec leur crédulité de jeunes libérées en mini-jupes, à un point que c'en était ridicule. A dix-huit ans, déjà fatigué d'Arthur Rimbaud comme il dut l'être de  lui-même, je lisais donc Kabîr et Toukaram en me demandant où était passé l'Occident dans tout ça. Déconfiture de la Royauté Technique. Technologique.

L'Occident n'était plus qu'une force technologique, à l'image de ses deux monstruosités : Hiroshima et le premier homme sur la lune. Tout le monde était d'accord pour trouver que la première était monstrueuse. Peu s'aperçurent que la seconde était pire. Mais d'hommes, de spiritualité, point régnant au pays des grandes surfaces et des temples de la consommation. Et certes, ce n'est ni le néant Sartre, ni le néant Beauvoir qui, à l'époque, auraient pu m'expliquer où était passé l'Occident que j'avais appris à l'école. Ces deux là, qui en étaient les fossoyeurs acharnés, avaient déjà décidé de n'avoir aucun descendant. Nada ! Ces deux là, opportunistes sans talent mais roués, étaient fins de race à l'extrême, monstres d'égoïsme et le sachant jusqu'à la moelle, ils appelaient ça existentialisme, deuxième sexe, libération, modernité, littérature et autres conneries mortifères. L'Institution Universitaire faisait alors s'achever la littérature du dix-neuvième siècle grosso modo à Proust, et débuter celle du vingtième à peu près aux alentours de Nathalie Sarraute. Comme s'il n'y avait rien eu entre. Rien. Pas un homme. Que des maudits


Mon grand-père, lorsqu'il était revenu de Verdun les pieds gelés n'avait rien dit. S'était contenté de sombrer dans un quotidien alcoolisé, de faire trois gosses à ma grand-mère, puis de mourir d'un cancer à la gorge alors que je n'avais que quatre ans. Sa tombe, chaque Toussaint : je grandissais. Je changeais dans une société qui « évoluait ». Sa tombe restait la même. Henri Béraud, lorsqu'il était revenu en 18 avait écrit, lui aussi lapidaire : « La guerre n'est pas un sujet de littérature ». Moins radical que Jean Norton Cru à l'égard des Barbusse et autres Dorgelès dont il était l'ami, mais enfin : silence et respect à l’égard de Paul Lintier et de tous ceux qui n'étaient pas revenus.

On ne dit pas l'indicible. On ne fait pas un roman de cette tragique déconfiture.

Cette génération fut le chainon manquant à partir duquel se reconstruisit bien avant notre naissance le monde atrocement technique, atrocement bête et bêtement assisté, , atrocement inhumain, atrocement orgueilleux, et atrocement orphelin, dans lequel nous étouffons. Voila.

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Georges Bernanos, dont c'est aujourd'hui l'anniversaire de la mort, dit & raconte comment et dans quels buts les robots furent mis à la place des millions d'hommes morts dans les tranchées de 14-18, il dit ces fils qui ne reçurent pas l'héritage des pères et s'illusionnèrent dans leur monde nouveau à toute vitesse, il dit la machine partout mise à la place de l'homme, des hommes partout manquant, partout, partout, il dit la consternation, l'effroi, l'horreur, l'indicible à la place des autres et pour les millions qui ne peuvent plus rien dire ou qui n'auront jamais rien dit. Comme Béraud, il est l'auteur qui dit cette génération humiliée et capitale. Il dit tout ça après la seconde guerre mondiale, conscient même que c'est peut-être trop tard - comme il l'explique dans sa préface, il l'écrit pour « la conscience des futurs petits français ». Où sont-ils, les futurs petits français ?

Ils sont devenus très cools, vous ne trouvez pas, les futurs petits français... Tragiquement inexistants, non ? Henri Béraud, lui, dans celle de Qu'as tu fait de ta jeunesse, ne proclame rien d'autre, en juin 1940 :

« Ceux-là ne se tromperont point qui trouveront dans ces pages l'écho d'un chant de regret. Un chant mêlé de rires et de larmes. Ainsi va la vie. Ainsi parlent aux hommes les vrais livres, pétris de faiblesse humaine et d'espoirs perdus. J'écris pour ceux qui ne verront pas ce que j'ai vu. Si plus tard quelque adolescent au coeur simple ouvre mon livre, il saura que  je l'ai fait pour lui. C'est à lui que je penserai durant ces nuits où je vais chercher à tâtons mes fantômes. Et quand à mon tour, je ne serai qu'une ombre au pays des ombres, il me connaîtra mieux que mes compagnons de route, bien mieux que ces vivants aux trois quarts ensevelis qui sont mes contemporains ».

Et pour finir les considérations fantasques de ce billet inattendu qui surgit de moi ce soir, je voudrais citer Guy Debord, le déshérité parmi tous, dont le regard perçant vit tout de suite et dénonça sans hésiter l'imposture de La société du spectacle née du désastre humain de Quatorze-Dix-Huit et de ses conséquences :

« Je suis né en 1931 à Paris. La fortune de ma famille était dès lors fort ébranlée par les conséquences de la crise économique mondiale qui était apparue d'abord en Amérique peu auparavant; et les débris ne paraissaient pas pouvoir aller beaucoup au-delà de ma majorité, ce qui arriva effectivement. Ainsi donc, je suis né virtuellement ruiné. Je n'ai pas à proprement parler ignoré que je ne devais pas attendre d'héritage, et finalement, je n'en ai pas eu» (Panégyrique, tome 1).

Et voilà donc pourquoi il faut les lire, ces Bernanos, ces Béraud, ces Giono. Parce qu'ils sont le chaînon manquant, qui nous relient vraiment à Nerval, à Baudelaire, à Racine, à Boileau, et par-delà eux, à Virgile, à Ovide. Ceux de cette génération silencieuse que la technique humilia jusqu'à les gazer, ceux qui virent apparaitre les sociétés totalitaires dans lesquelles nous sommes nés, les derniers hommes à avoir connu la liberté avant que Buñuel n'en commémore la disparition, dans un film que plus personne ne songerait même à tourner aujourd'hui, tant l'art cinématographique n'est plus qu'un moyen de propagande pour un public d'imbéciles. (2)

 

(1) Les Fantômes de la Liberté.

(2) Imbéciles : Maître-mot de Bernanos

 

18:17 Publié dans Des Auteurs | Lien permanent | Commentaires (69) | Tags : bernanos, littérature, politique, société, france, béraud, quatorze dix-huit | | |

Commentaires

Je n'aurais pas dû venir lire chez vous avant d'aller me coucher, c'est une lecture très douloureuse, votre billet. Ne le prenez pas comme un reproche, je me reproche plutôt de ne pas pouvoir comprendre (exprimer du moins) cette douleur que je ressens en le lisant.

Enfin je le relirai plus tard dans la semaine, si vous le laissez en ligne bien sûr.

Bon Dimanche Solko.

Écrit par : Tang | dimanche, 18 janvier 2009

Nous sommes les fossoyeurs de nos propres rêves, Solko. C'est tout ! Cette lucidité qui brusquement, à un moment de notre existence nous tombe dessus et que, forcément - nous devons oublier (ou faire semblant) afin de tenir jusqu'au bout. Or, la longévité allant croissant, vous venez théroriquement de dépasser la moitié du chemin. Il convient par conséquent d'inventer la suite quitte à se coller des oeillères pour ne plus voir ce qui dérange ... L'important, c'est ce que vous êtes, non ? Le reste n'est qu'incidents de parcours. Le monde idéal n'a jamais existé et n'existera jamais. A contrario, l'imagination serait morte alors à tout prendre ...

Écrit par : simone | dimanche, 18 janvier 2009

Je ne regrette pas d'être venue lire ce billet au lever du jour c'est à dire juste avant de commencer la nuit (la mienne;-) Cette chronique est fulgurante, bravo. Elle entre en collision avec ce que nous connaissons et ignorons, chacun la lisant de "son" époque (ou génération) cela instruit. ... De Bernanos à "la pêche aux moules" en passant par Debord, Virgile, Hiroshima et "Sylvie" (ah, nous, c'était "Aurélia") Enfin que de la haute voltige ! (vous avez oublié de nous citer Roger Lanzac mais tant pis, puis il s'agit toujours un peu de "cirque" n'est ce pas ?) et puis c'est que tout en nous recadrant sur une certaine époque, vous parvenez toujours à attérir sur vos pattes comme le chat ("qui s'en va tout seul"?). Giono chaînon manquant d'Ovide, Virgile c'est évidence! A une époque j'en ai beaucoup voulu aux gens qui étaient nés dans les années 50 's d'avoir réussi à aliéner cette libre pensée qui semblait la leur, à des tyrannies "libertaires" bien aussi tristes que celles, puritaines" de certains de nos "parents" du coup à cause d'eux on s'est retrouvés sans rêves ... J'en ai beaucoup aussi voulu à notre vieille grenouille de bénitiers,notre institutrice de nous avoir gavé de Bernanos jusqu'au dégoût en nous en faisant bêtement réciter par coeur des passages de Thérèse Desqueyroux que nous étions trop jeunes pour comprendre. J'en ai beaucoup voulu à jacques Martin et à sa "pêche aux moules" qui continuait à pourrir les cours de récréation alors que le petit rapporteur rendait son dernier souffle . J'en ai beaucoup voulu à Beaubourg de faire cette exposition géante sur les situationnistes. Et je n'en veux pas à Nathalie Sarraute d'avoir écrit "Les fruits d'or"... en vrac le post. Bref " plan sentimental de la ville de Paris" c'est très moderne comme titre. et toujours dans le désordre, merci de votre bel hommage à Guy Debord, "le déshérité", oui, dont les "panégyriques" restent bouleversants. J'aime aussi beaucoup l'idée de Simone (la votre!) "inventer la suite" Allez y ! beau défi... puisque vous ne pourrez pas compter sur les gens de ma génération. Ils sont nés sans illusions... Quant au cinéma, Maître mot de Bernanos , il y va fort tout de même. je vous conseille d'aller voir les films d'Alain Tanner par exemple qui a profité d'une industrie suisse du cinéma, absente, pour produire des films réellement libres, (donc des films qui ont souffert bien sûr...). Enfin quoi, merci pour ce billet arraché et vivant. Bon dimanche ;-)

Écrit par : frasby | dimanche, 18 janvier 2009

Merci Solko

Il est quand même très douloureux à lire.

Écrit par : La Zélie | dimanche, 18 janvier 2009

Je trouve qu'il est difficile de réagir à ce billet, ces hommes qui font transition, Bernanos, lecteur de Dostoïevski, de Gorki, homme qui refusait les discriminations, cherchait à promouvoir la littérature. Giono écrivait à deux pas de chez Char...

Je pense que je vais me contenter de vous remercier. Merci!

Écrit par : Léopold | dimanche, 18 janvier 2009

GHOSTS IN THE MACHINE

Des étendards blancs
Flottent au crépuscule
La liberté se fagote toujours
Dans l'air du temps
Selon les besoins
Du scénario du jour

Dans les remous du fleuve
Des brindilles voient l'avenir
En rose et noir
Suivant l'horoscope
Des lanceurs de dé
Aux visions rationnelles

De clocher en corde à linge
L'espoir meurt en beauté
Pour les oreilles qui tournent
En boucles spiralées
Autour de l'axe intangible
De toutes les modernités

Écrit par : gmc | dimanche, 18 janvier 2009

Connaissez-vous L'homme qui plantait des arbres de Jean Giono ?

Écrit par : Nénette | dimanche, 18 janvier 2009

@ Tang : Douleur ?

Écrit par : Solko | dimanche, 18 janvier 2009

"Le monde idéal n'a jamais existé" pas plus que "le spectacle parfait", comme vous le dites très bien chez vous. D'accord avec vous. Mais Bernanos et les autres ne parlent pas de cela. Ils constatent la manière dont on a remplacé les hommes morts par les machines, dont la factice modernité est sortie toute amnésique des tranchées, et nous qui ne comprenons pas toujours la tyrannie du monde moderne, leurs témoignages nous en expliquent en partie l'origine. Pour autant, ils ne parlent pas de "monde parfait", nous n'en sommes pas dupes. Un monde plus humain -vec ses défauts et ses qualités -, et moins automatisé, serait déjà pas si mal.

Écrit par : solko | dimanche, 18 janvier 2009

Eh bien voilà Solko, ma douleur c'est d'être nostalgique d'un temps que je n'ai pas connu, ou alors peut-être très différemment ailleurs. Et de n'avoir pas encore étreint les chainons qui me manquent pour me sentir héritier de quelque chose qui pour moi a un sens - mais que je n'honore pas vraiment, peut-être en raison de ces difficultés mêmes...

En tout cas c'est certain, lire votre billet a été pour moi très éprouvant la première fois, une douleur assez fulgurante. Je viens de le relire, dans la quiétude du jour et il me semble plus apaisé. Mais comme Zabou j'ai vraiment souffert de ma première lecture.

Écrit par : Djack (le seul) | dimanche, 18 janvier 2009

(Pardon pour le pseudo confarf rescapé de chez Sophie.)

Écrit par : Tang | dimanche, 18 janvier 2009

@ Frasby : Content de vous ré-entendre, Frasby. J'aime beaucoup nos dialogues, toujours fructueux car nous nous comprenons autant quand il s'agit de causer plaisamment de Vaise que sérieusement de Debord. Il y a un très bel essai sur le narcissisme effrayant de la génération du baby boom, qui s'appelle "La génération lyrique" (Ed. Climats ,François Ricard, essai sur l'oeuvre et la vie des premiers nés du baby boom). Leurs successeurs peuvent en effet,les contester, eux qui auront tant contester pour finalement tomber dans un tel conformisme que c'en est à pleurer. Il est certain en tous cas que cette génération de consommateurs aura été beacoup moins généreuse que celles de leurs parents et grands parents, qu'elles ont auront par ailleurs si bien critiquées. Tout ceci, bien sûr, restant à nuancer en fonction des individus. Mais je redécouvre saisi d'admiration ces gens de la Troisième république, si décriés par leurs enfants. Et je suis touché par leur résistance à la technocratie, malgré deux guerres et une crise, tandis que nous autres ... Quant à Debord, il faudra que vous me disiez un jour d'où vous vient cette secrète admiration. Quand vous parlez d elui, j'ai l'impression que vous l'avez connu. Oui, Honte à Beaubourg pour cette expo récup', vous avez raison mille fois. Alain Tanner, je vais me renseigner. Bien sûr qu'il y a quelques bons films. C'est toujours le même argument. Mais pour quelques bons films généralement réservés à quelques initiés, doit-on supporter que cette industrie de propagande tourne à plein régime, et dans le monde ntier ?
Allez, je vous embrasse, chère Frasby, et à bientôt.

Écrit par : solko | dimanche, 18 janvier 2009

@ Tang : Je comprends cela, Tang. Je comprends fort bien "cette difficulté", pour l'avoir en partie vécue. Peut-être qu'elle s'agrave au fil des générations, je ne sais. En tous cas la littérature, et l'art aussi, bien mieux que le reste, garde trace des mémoires, et si vous êtes venu à elle, sans doute est-ce dans ce souci-là que très peu de vivants ont, à vrai dire. Cela dit la douleur n'a rien non plus de si effrayant. Elle est en tous cas préférable à l'insensibilité. Prenons garde à cette idéologie très moderne aussi, du refus de souffrir, qui me fait penser, toutes proportions gardées, aux difficultés qu'ont certains à prendre une douche froide, à passer une nuit dans une pièce non chauffée ou à vivre sans portables. Il a toujours été douloureux d'être lucide, c'est pourquoi existe cette boutade : "mieux vaut rester ignorant".
Mais il y a une joie vive et propre à être lucide.
Celle-ci est irremplaçable, vous le savez bien.

Écrit par : solko | dimanche, 18 janvier 2009

@ Zélie : Vous aussi, vous trouvez cela "douloureux" ?

Écrit par : solko | dimanche, 18 janvier 2009

@ Nénette. Oui. Et je suis en train de relire "Un roi sans divertissement." Il y est aussi beaucoup question d'arbres.

Écrit par : solko | dimanche, 18 janvier 2009

J'ai une petite-fille de cinq ans.
si nous assistons à un effondrement
je préfère garder le peu d'énergie qu'il me reste pour l'aider à se préparer : à vivre sans illusions mais à vivre malgré tout consciemment.

Écrit par : Rosa | dimanche, 18 janvier 2009

@Zélie: pardon je vous z'ai prize pour Zabou... Tous ces Z...

@Solko: Oui le refus de la douleur. Mais dans mon cas je redoute plus la complaisance que l'insensibilité. Car au fond ce dont on croit souffrir s'envole comme du sable quand arrivent les vraies douleurs.

"une joie vive et propre" dans la lucidité... C'est parfaitement formulé, encore faut-il - pour les âmes faibles, peut-être? - pouvoir partager cette lucidité, qui dans l'entourage peut se révéler encombrante.

La force d'âme, la patience... On y revient. Et la littérature, celle qu'on peut faire à force de patience. Celle qu'on se partage en parlant de nos lectures entre amis - et plus rarement collègues. Je ne crois pas l'avoir jamais complètement quittée en fait mais c'est un amour en moi qui manque certainement de patience, ce qui le rend douloureux.

Quoi qu'il en soit votre billet est très beau Solko. Et d'ailleurs la douleur que j'ai ressentie en le lisant était bien belle. Merci.

Écrit par : Tang | dimanche, 18 janvier 2009

@ Rosa : Les deux vont de pair ( sans illusion et consciemment), non ?

Écrit par : solko | dimanche, 18 janvier 2009

@ Solko. Je ne parlais pas des ouvrages en question mais de l'impact que j'ai cru discerner chez vous par voie de comparaison. Mais les impressions sont trompeuses parfois?

Écrit par : simone | dimanche, 18 janvier 2009

Tang : "je redoute plus la complaisance que l'insensibilité."
pas moi.
Je pense au contraire que c'est l'insensibilité qui nous a conduits où nous en sommes.

Quant à la critique de la modernité, mon cher Solko, je m'en méfie autant que de la complaisance.
Je l'ai bue au biberon dès mon enfance.
mon père lisait "Rivarol" et "Les Écrits de Paris", je ne suis même pas sûre que beaucoup connaissent.
La Droite la plus conservatrice, la plus violente.
Les thèses négationnistes ? Je les ai entendues dès l'enfance avant qu'elles fassent scandale dans les médias.
Pourtant mon père était doux et bon.
Sa critique de la modernité l'a conduit, ainsi que ma mère dans une impasse.
L'Église de Mgr Lefèbvre leur a mis la main dessus, une vraie secte.
Mon père est décédé mais ma mère a choisi de finir ses jours dans une maison de Mgr Lefèbvre, à des centaines de kilomètres de ses enfants après nous avoir déclaré :
"Je préfère finir mes jours avec des gens qui partagent mes idées qu'avec vous." Au passage, elle ne l'avouera jamais, mais elle regrette son choix car elle se trouve en fait avec des sourds et des Alzeimer et ne partage rien du tout.

Voilà où ça peut mener la critique de la modernité.

Moi je sais d'où je viens et pour rien au monde je n'y retournerai.

Écrit par : Rosa | dimanche, 18 janvier 2009

@Rosa: Il y a malentendu s'agissant de mes paroles (et aussi je pense celles de Solko...) Je redoute en moi davantage les dangers de la complaisance que de l'insensibilité... Pour d'évidentes raisons... Mais je ne parlais certes pas du monde.

S'agissant de la critique de la modernité, je me garderai de répondre pour Solko, mais je ferai remarquer que toute époque a droit à sa satire, et que moquaient-ils donc nos moralistes classiques sinon leur modernité? C'est le devoir de l'homme que de témoigner aussi contre son temps (pour l'éternité je pense mais là je n'engage que moi)

Écrit par : Tang | dimanche, 18 janvier 2009

Maudit raisonneur... Rosa je suis attristé pour votre mère et vous. La complaisance et l'insensibilité ont de toute façon beaucoup à voir, ma maladresse le prouve, tout comme votre histoire. Je vous prie de m'excuser.

Écrit par : Tang | dimanche, 18 janvier 2009

@ Simone : Impact très fort, vous avez raison. "La France contre les robots", (1945 /46) m'a paru d'une lucidité incroyable. Comme certains passages des "Ecrits de guerre" de Saint-Ex, au passage. Comme l'autobiographie de Béraud. Ces hommes là ont vu le monde orwellien qui allait se construire et connaissaient bien les hommes qui l'avaient médité, ils l'ont regardé naître et l'ont critiqué à partir de la culture humaniste et littéraire que nous avons reçue plus tard, nous, de l'intérieur de ce monde déjà automatisé, mais n'ayant pas encore renoncé à se sidéaux. Et maintenant, nous arrivons la fin du processus, avec toutes les réformes auxquelles il faut faire face.

Écrit par : solko | dimanche, 18 janvier 2009

Bon : heureusement que la modernité possède au moins un bon côté : les blogs.

Écrit par : Porky | dimanche, 18 janvier 2009

@ Rosa : L'histoire de tes parents est douloureuse. Mais tu ne peux pas l'associer à "la critique de la modernité" en général. Bien sûr, une critique rigide, obséssionnelle, devient intolérante. Mais une apologie de la modernité tout autant (et on baigne dans ce discours en permanence, musique, pub, affiches séries, films en majorités, partout...) Le système chante son autosacramental comme le faisaient les curés, avec malice aussi. Quant au regard et à la réflexion que pose Bernanos sur l'abrutissement et les pertes de liberté engendrés par le développpement technologique, cela n'a rien à voir avec Mgr Lefèbvre. D'ailleurs ce n'est pas une critique, c'est une analyse extrêmement fine.
L'amalgamme que tu fais avec l'histoire de tes parents peut se comprendre, mais pas s'accepter.

Écrit par : solko | dimanche, 18 janvier 2009

@ Solko. Pourquoi ne pas citer Kafka ? ... Il a pourtant dénoncé le système dans lequel nous nous engluons chaque jour un peu plus. Ou bien pensez-vous que ses démonstrations visent autre chose ? Mais j'extrapole sans doute.

Écrit par : Simone | dimanche, 18 janvier 2009

Solko:: Hiroshima et l'homme sur la lune"? "les deux monstruosités? il me semble qu'il y en a une autre, même si je comprends ce que vous voulez dire, donc pardonnez-moi d'y revenir toujours. Mais c'est vrai que vous écrivez à la fin "cette génération silencieuse que la technique humilia jusqu'à les gazer"...mais enfin ce n'est pas la technique tombée du ciel comme ça. Et puis, je ne crois pas aux conneries "100% mortifères" de notre temps, je suis effrayée des fois Solko par vos visions si sombres, et effrayée aussi de ce que j'écris car je ne voudrais pas que vous soyiez irrité à mon égard,cela me ferait une peine réelle, mais je tiens à dire ce que j'écris et qui va vous sembler ridicule, hors de propos ou que sais-je:mais une certaine libération des moeurs et la contraception par exemple , constituent des améliorations réelles, j'insiste réelles. Sans le droit au divorce, je serais encore mariée et malheureuse à crever, pardon de le dire aussi crûment. Et je suis heureuse aussi d'avoir le droit de vote.Vous allez me dire: pour ce que ça sert le droit de vote. Mais enfin bon. Ah zut je vais encore avoir l'air niais, hein! et une fois de plus, ces petits carrés ne permettent pas de développer sa pensée, et caricaturent ce que nous disons, et ne permettent pas de réagir à chacun des commentaires, enfin bon , c'est la loi de ce genre. et puis vous dire que quand j'ai lu ce billet une première fois ce matin, personne n'avait encore commenté, je me suis dit admirative: "oh la vache, quel souffle! "

Écrit par : Sophie L.L | dimanche, 18 janvier 2009

@ Simone : Kafka est un romancier. On peut aussi penser à Orwell. Mais tous deux créent des univers fictifs, à partir de la situation qu'ils ont sous les yeux. Bien sur qu'on peut les citer aussi. Et Stefan Zweig ( le monde d'hier, quel document !) Avec Bernanos et les autres, j'étais plus centré sur la situation en Fraance. Le "mal" est planétaire. Et, par rapport au totalitarisme, la réflexion d'H.Arendt...

Écrit par : solko | dimanche, 18 janvier 2009

Zweig analyse merveilleusement les caractères mais n'a pas cette faculté de délire qu'avait Kafka. J'imagine mal Zweig écrivant la Métamorphose ... Bernanos, et forcément Claudel ou Péguy ne sont pas les écrivains vers lesquels je me dirige en priorité ... Je me dis constamment qu'il faut TOUT lire mais c'est bizarre, certaines oeuvres littéraires ont la fâcheuse manie de passer devant les autres !

Écrit par : Simone | dimanche, 18 janvier 2009

Simone: j'aime intensément Kafka. Je ne parle jamais de lui ni dans ma "vraie" vie, ni sur internet, car il m'a quasiment sauvé la vie, et ça fait bête de dire ça comme ça. Mais bon, je le fais là ce soir, enfin, je le dis!

Écrit par : Sophie L.L | dimanche, 18 janvier 2009

@ Sophie : Bien sûr qu'il y a eu aussi des progrès. Je ne pense pas les choses en terme de pour et contre. Je ne suis pas "pour" ni "contre" la technique. Je dis que sur le terrain de la liberté, elle a été clairement liberticide. Et cette génération de la guerre de quatorze, partie la fleur au fusil comme leurs grands pères de la Grande Armée, en a fait l'expérience plus que nous autres. Quel rapport avec le droit de vote, le divorce ou la contraception ? Ces droits auraient pu être développés sans que l'aspect liberticide, et même criminel, de la technologie ne se développe, vous ne croyez pas ? De toute façon le pour et le contre n'est pas un bon débat, vous le savez bien. En terme de confort, le gain est indéniable. En terme de libertés, nous ne savons même plus ce que nous avons perdu, lorsque nous nous baladons avec tous nos codes dans la rue, habillés en prêt à porter, sous le regard débonnaires de nos caméras, de nos écrans, errant dans des grandes surfaces avec notre musique à la con dans les oreilles, l'esprit gavé des images que nous avons vues, etc, etc... Et bien sûr, on peut toujours y échappé, soi.. Est-ce une raison pour se réjouir de voir le monde dans cet état ? Pour ma part, je suis effrayé par ce que je vois quand je sors dans la rue, plus que par ce que je dis ou lis, vous savez. Je ne suis pas irrité par la controverse avec des gens que j'apprécie. Et vous en faites partie, il n'y a pas de problème avec cela. Et puis vous avez raison, il y a des parallèles, dans ce billet que j'ai écrit d'un seul jet, qui mériteraient d'être développés, expliqués, mais je n'en retire rien, car c'est ainsi que je vois ce monde en effet sombre dans lequel le siècle nous fait vivre.

Écrit par : solko | dimanche, 18 janvier 2009

" L'évolution humaine : une croissance de la puissance de mort". Kafka dans son Journal.
D'où le progrès.

Écrit par : Pascal Adam | dimanche, 18 janvier 2009

Bien sûr, ce n'est pas une histoire de "pour" ou "contre".Mais sur le terrain de la liberté, oui, la contraception, le divorce, le droit de vote, il y a un rapport avec la liberté, oui, oui, oui. Je sais que vous allez trouver ça bête mais je préfère vivre avec des grands magasins à la con, des codes, des caméras, du moins telles qu'en ce moment, que sans le droit de divorcer, sans le droit d'avoir un chéquier sauf autorisation du mari, sans liberté syndicale dans l'entreprise, sans contraception. Bien sûr que je ne me réjouis pas de voir le monde dans cet état, mais dans quel état était le monde avant? Bien dégueulasse aussi. Vraiment.
Bon. Je vous embrasse. On n'est pas obligés d'être toujours d'accord n'est-ce-pas! vous pouvez même me traiter de Benoite Groult, tiens, ça me fera même pas mal!!!!

Écrit par : Sophie L.L | dimanche, 18 janvier 2009

@ Simone : Mais Kafka est un romancier (j'insiste sur ce point) avec cette capacité de délire, justement, qui, dans la question qui m'intéressait ce matin, est moins pertinent que Bernanos. Lisez "La France contre les robots". Essai saisissant.

Écrit par : solko | dimanche, 18 janvier 2009

PS très important: Kabir je vois qui c'est (enfin, sans en avoir lu une ligne hein) mais Toukaram je ne connaissais pas. Donc merci, merci!

Écrit par : Benoite G. | dimanche, 18 janvier 2009

@ Sophie : Puisque vous revoilà, je vous rends votre éventail : vous étiez partie sans !

Écrit par : solko | dimanche, 18 janvier 2009

@ Pascal : Merci de cette citation. KafkaIenne

Écrit par : solko | dimanche, 18 janvier 2009

Solko je n'ai jamais dit que je faisais l'apologie de la modernité.
Je suis sur la même ligne que Sophie, tout à fait, celle de la sagesse.
En fait il me semble qu'il y a des moyens de résister à tout ce que tu dénonces de pernicieux. Peut-être Bernanos, peut-être d'autres.
Réhabiliter la Littérature car les Sciences Humaines ont usurpé la place qu'elle occupait. Tu n'aimes pas Zola mais il n'empêche qu'il n'avait pas besoin de tous ces spécialistes. L'homme de lettres était à la fois psy, sociologue ...journaliste...et j'en passe.

Les experts ce sont eux qui tuent la pensée. Je ne supporte plus tous ces spécialistes qui dans tous les domaines nous découpent en tranches.

La reconstruction viendra même si nous ne sommes plus là pour la voir.

Écrit par : Rosa | dimanche, 18 janvier 2009

J'ai lu une première fois ce billet ce matin, je le relis ce soir : c'est dur, cela vous triture au fond de vous un billet pareil et cela me semble -mais je suis bien jeune, aussi- un peu trop noir.
Mais, sans nul doute possible, c'est profondément Beau ce que vous avez écrit là, merci.

Écrit par : Zabou | lundi, 19 janvier 2009

Pour épaissir un peu le débat, la liberté, sa perte n'est qu'un aspect de tout cela. Ce qui profondément peut attrister - et m'attriste déjà bien malgré mon jeune âge - c'est cette laideur nouvelle, le monde dans lequel nous vivons est profondément inesthétique. L'invasion publicitaire, avec ces images animées agressives, ces couleurs criardes, cette unité disparue.

L'unité n'est-elle pas un des principaux principes esthétiques? Où diable la trouver dans Paris de nos jours? Où? La vitesse dont on s'émerveillait un siècle plus tôt nous a lassé, il n'en sort plus qu'une musique mécanique et vaniteuse dont le roulement perpétuel épuise l'âme.

La beauté semble n'avoir sa place que dans la raréfaction même du beau. Quelle patience, quel effort nous est demandé! Nos forces pourtant n'ont pas crû depuis l'âge ancien. Ce constat n'est-il pas déchirant?
Je suis désolé de paraître aussi sombre - à 30 ans c'est un peu effrayant. Je sors pourtant d'une agréable soirée, mais entendre une amie prof de lettres s'extasier de je ne sais quel abruti buzzant sur le net des vidéo stupides, mon Dieu quelle solitude, quel dépeuplement! Cette même personne qui compte certes lire la Comédie divine de Dante (entamée).

Mais avait-on à vivre des écarts aussi éprouvants pour la sensibilité à l'époque de mes grands-parents?

Écrit par : Tang | lundi, 19 janvier 2009

Je repense à ce dernier essai de R-L. Stevenson, "Pulvis et umbra", tout cela ne date pas d'hier. Mais il faut se retirer un peu du monde pour se préserver. Et plus on s'en retire moins on supporte d'à nouveau s'y trouver plongé. Je ne supporte plus du tout de me retrouver dans un bistro et devoir subir la télé, ces voix vides, ces intonations de robot, ces couleurs atroces et cette bêtise si fière d'elle même. Même en sachant ce que tout cela signifie c'est au dessus de mes forces.

Écrit par : Tang | lundi, 19 janvier 2009

@ Solko: Je me suis fait prêter ce soir "Un roi sans divertissement" par une amie et collègue de lettre que j'aime beaucoup et dont les étagères me sont un enchantement - car elles sont copieusement et joliment fournies.

La quatrième de couverture m'a semblé (je pèse chacun de mes mots) monstrueusement alléchante, il va sans dire que c'est un extrait même du texte, son excipit visiblement...

Je le lirai très bientôt.

Écrit par : Tang | lundi, 19 janvier 2009

@ Rosa : Sophie, du côté de la sagesse ? Cela risque de l'agacer beaucoup...

@ Zabou : Merci beaucoup.

@ Tang : Oui. Lisez "Un roi sans divertissement". C'est magnifique. Et assez inépuisable.

Écrit par : solko | lundi, 19 janvier 2009

Je viens de trouver sur le net un dossier sur Un roi sans divertissement, merci d'avoir signalé ce livre. Le divertissement est un des grands thèmes pascaliens. C'est se tourner vers autre chose. Autre chose que l'essentiel...
Arbres, chers arbres...

Écrit par : Nénette | lundi, 19 janvier 2009

Solko, votre réponse, me touche infiniment et je partage à cette distance (que nous devons à fée électricité, merci la fée!) tout le plaisir de communiquer avec vous sur des thèmes aussi éloignés que Debord ou la "Couzonnaise", quoique tout se tient (où rien ne tient) en ce bas monde, mais tout se tient quand même car je ne doute pas que mon "Guy" (Bien sûr, je l'ai toujours connu, ;-) Ah monsieur Solko ! c'que vous me dites là me met à l'envers)... Je ne doute pas que de mon "Guy" à "Vaise" il n'y ait pas encore un de ces liens imperceptiblement gouleyant rapprochant tous les thèmes. Mais comme je ne voudrais pas créer de nouvelles émeutes sous vos fenêtres, je voulais juste vous remercier, et je lirai volontiers le livre de monsieur Ricard (Un Ricard, sinon rien) parce que tout m'échappe dans le baby boom... Tout ce que je sais, pour l'avoir vécu (et je sens poindre entre nous, l'ombre d'un sujet "sensible" comme ils disent" puisqu'ils ont bien osé dénaturer cet adjectif) : c'est qu'il fût salvateur à quelques générations de traverser l'existence avec un casque de walkman, (ou + tard un I pod greffé sur le coeur), et j'en suis. (Diable ! nous irons nous battre en duel à la "cloche", en nous accordant tous deux, pour médiatiser l'évènement, je crois que ça pourrait leur faire un coup de pub;-) Salvateur, oui, car le walkman et aujourd'hui le i. pod, ont aussi permis à des générations, de ne pas entendre les conneries que disaient les générations précédentes. Les outils ne sont que des outils libres à nous d'en détourner l'usage prévu, non ? (pour les caméra de surveillance, là l'outil est moins maniable à chacun, quoique...) Le débat pourrait ainsi tourner longtemps jusqu'à dilution autour d'un billet d'une force et d'une beauté qui ne pourra pas le réduire (enfin j'espère) à un seul et simple débat. Et finirait peut être par en revenir cette querelle éternelle entre les Modernes et les Anciens. Comme vous notez, il faudrait nuancer. Et de quoi parlons nous ? sinon peut être de ce penchant irréversible de l'Homme pour le grégaire... Ces choses dans l'air que certains rares créent, que d'autres bien plus nombreux suivent en se persuadant qu'ils sont par là, créateurs d'une liberté alors qu'il ne s'agit peut être d'une consommation de nouveauté sous forme d'idées ou d'absence d'idées (?) (même les idées se mangent en sandwitch n'est ce pas ?) Pour ma génération, les idées nous furent présentées sous forme de sandwitches SNCF, tandis que les générations précédentes voyant leurs fleurs fanées, étaient au dégueuloir. Il ne nous restait plus qu'à danser sur tout ça et nous servir... (Coucher avant pendant , après le mariage sans se se sentir coupable de ne pas enfanter par exemple, je trouve ça
pas mal ;-) Bref, Je vous prie d'excuser cet envoi un peu long. Tanner ne vous plaira peut être pas. mais il eût une belle réflexion sur la normalisation , bien avant tous. Sur la liberté qu'il appliqua. "le milieu du monde" est un beau film subtil, il s'agit juste d'un député qui s'éprend d'une serveuse de bar. Reflexion sur l'aliénation de chacun en filligrane, imperceptible. De 'intégrité de chacun face au monde... intuitions de Tanner avant l'heure, histoires de coeur, le tout à pleurer. Sur ce je vous remercie encore pour ce billet magnifique. Mon Guy et moi, nous vous embrassons (oh, oh, ménage à trois ! ;-))

Écrit par : frasby | mardi, 20 janvier 2009

@ Frasby : Pour le coup, je ne sais pas si vous allez me convertir au port du walkman, mais foi de Solko, c'est la première fois que j'entends un argument à son sujet
- 1) qui me fait rire 2) et qui me parait en effet sensé. Le walkman comme bouclier générationnel contre la connerie de ses aînés, on se dit en le lisant : mais oui, c'est évident, comment n'y avait-on pas songé plus tôt mille sabords ! Mais tout est compliqué, vous savez. J'ai parlé souvent de Guy Debord à des étudiants, qui me regardaient d'un oeil un peu glauque - genre : mais qu'est-ce qu'il dit, qu'est-ce qu'il veut çui-là ? C'est très juste ce que vous dites de la consommation d'idées-sandwiches. Et c'est un sacré problème, savez-vous, dans ce qu'on appelle à tort et à travers l'enseignement. Il faut d'ailleurs que je m'y rende et je ne peux m'attarder trop sur l'heure, mais bien sûr que je suis curieux de Tanner pour le coup !
A bientôt

Écrit par : solko | mardi, 20 janvier 2009

Voici bien une heure que je suis chez vos mots et tous me ramènent à ces questions que je semais dans les années soixante dix de l'ivresse nauséeuse, cool ton nouveau jean's ! Je ne suis pas lecteur de Bloy mais je vais m'y mettre, Sartre me tombait des mains et j'avais honte de ne pas révérer ce philo-égo-centré. Pourtant Céline en quelques mots me l'avait justement décrit. Tant de mes errances se retrouvent dans vos textes et vous rallumez avec talent le fanal de ma quête, je continue donc !

Écrit par : Lephauste | jeudi, 22 janvier 2009

@ Lephauste : Vous savez que Céline a beaucoup admiré Bloy. Je vous conseille de commencer par le "Journal". Sur bien des points, Bloy est un des auteurs les plus importants du siècle, dont l'accès à l'oeuvre a été empêché par l'institution scolaire qui dirige les gens, on a beau dire, vers des auteurs plus faciles, mais moins essentiels, et surtout moins compromettants, comme Maupassant, Zola, voire même Hugo. Ce que Bloy dit de la religion, de la bourgeoisie, de la misère, de l'art, de la décadence, de la république .... j'en passe ... est effectivement autrement plus dérangeant que ce que disent les chantres officiels du régime. ll faut lire Bloy, evidemment.
Merci beaucoup de votre long passage par chez "mes mots" et de vos commentaires. A bientôt.

Écrit par : solko à Lephauste | jeudi, 22 janvier 2009

Solko, J'ai dû lire dix fois votre réponse... tellement je n'en reviens pas que vous ne m'ayez pas donné un rv pour un duel (à l'épée ! évidemment! )à la cloche, à propos de mon éloge du I.Pod ;-)), tellement je n'imaginais mon argument, (pourtant sincère), avoir le moindre crédit à vos yeux (quoique mon idée de coup de pub à la cloche pour la sauver était bien présomptueuse mais bon), des arguments j'en ai d'autres (que je vous livrerai au compte goutte si l'opportunité se présente, tous excellents, par ailleurs ;-))
L'enseignement, c'est quelquechose que j'ai évité, parce qu'il me semble que pour faire ce metier il faut être un peu comme les prêtres voyez vous (sacerdoce;-) sinon, le prof qui fait ses cours sans y croire et parce qu'il n'a pas trop eu le choix expose les chères têtes blondes à des risques considérables qui feront tâche d'huile à l'échelle de la société, mais il suffit d'un prof , un seul parmi des centaines pour transformer un môme, voire un universitaire en exalté non ? ... Donc j'admire les profs qui y parviennent et les 2 ou 3 que j'ai eu la chance de croiser qui ont littéralement changé mon existence, dont un qui vira De Musset du programme (à ses risques et périls mais il fût discret ) pour le remplacer par... Hölderlin ! avec des cours qui n'étaient plus des cours, à ce niveau là, c'était de l'art et quel courage il eût quand il lût fièvreusement des extraits d'"Hyperion" devant 30 ados au regard de veau mort baillant sur leurs baskets ou jouant au morpion sous le bureau, comme il a dû ramer, le pauvre ! , à la fin de l'année, la moitié d'entre nous portait des tee shirt " I love Hölderlin" et toutes les filles se mouraient d'Amour pour le prof ... comme quoi, il faut perseverer avec mon Guy ;-) Courage professeur !
Pour Tanner, beaucoup de film decevants (aussi par manque de moyen, c'est ça le prix de l'indépendance !) mais le "Milieu du monde" doit se trouver en DVD, chef d'oeuvre qui ne paraît pas tel, peut être au premier visionnage, quoique... mais avec le recul, je trouve qu'il y a une vraie intuition pour l'époque celle ci devenant intemporelle -sur ce que la société nous "fait", sur toutes ces choses collectives qui se répercutent dans le plus subtil (le coeur ?) de la personne l'humaine et forment l'incompréhension là où l'évidence devrait amener au contraire. bref il s'agit toujours d'aliénation: très beau film. Et puis Philippe Léotard y est absolument bouleversant.
Voilà. La prochaine fois je serai laconique. Bonne soirée à vous.

Écrit par : frasby | jeudi, 22 janvier 2009

http://www.youtube.com/watch?v=tju683zLPaw&feature=relmfu

Écrit par : Louis | jeudi, 05 juillet 2012

Dans cette génération perdue, mutilée et castrée, la transmission paternelle ne s'est pas faite. Une béance dans laquelle la technologie s'est engouffrée pour répondre à la douleur humaine et l'anesthésiée. Et on a ainsi fabriqué des générations mélancoliques.

Écrit par : Anne Debonnel | vendredi, 06 juillet 2012

Dans cette génération perdue, mutilée et castrée, la transmission paternelle ne s'est pas faite. Une béance dans laquelle la technologie s'est engouffrée pour répondre à la douleur humaine et l'anesthésiée. Et on a ainsi fabriqué des générations mélancoliques.

Écrit par : Anne Debonnel | vendredi, 06 juillet 2012

C'est très beau ce que vous dites là.

Écrit par : solko | vendredi, 06 juillet 2012

Dans chaque village, commune, bourgade où je peux être, je vais voir le monument aux morts et je lis tous ces noms sans exception, de pères, de fils, cousins, oncles, neveux morts. Je suis avec eux, mais toujours un effroi immense me saisit...Qu'a t-on fait, sinon de bouleverser le cours des générations et de croire que rien ne paraîtrait. Le savoir a arrêter de circuler dans les familles.
Alors, Solko, je vais lire Bernanos, car je pense que je serai en bonne compagnie!

Écrit par : Anne D. | vendredi, 06 juillet 2012

Seul le passé est grand, tout le reste est foutaise.

Quel terrible constat, quelle noirceur, quel désespoir.

Je ne peux pas souscrire totalement, même si j'admire. Je veux garder un peu de lumière en moi, je pense qu'au temps de Giono et de Bernanos il y avait aussi des écrivaillons médiocres et encensés par la critique, et qui gagnaient plein d'argent en écrivant des platitudes plaisantes.

Écrit par : Julie des Hauts | vendredi, 06 juillet 2012

Cher Solko, contrairement à vous, j'ai découvert Bernanos très tôt, à 17 ans, avec "La nouvelle histoire de Mouchette" et c'était pendant la période soixante-huitarde, justement! Ce fut un choc et je tiens toujours ce roman pour un des plus beaux que j'aie jamais lus. Ensuite,j'ai aimé le film de Robert Bresson, tout à fait à la hauteur du livre,fait rarissime. Puis je n'ai cessé et ne cesserai jamais de lire et relire Bernanos tant cette œuvre nous devance.
"La France contre les robots" est un livre immense qui éclaire puissamment l'origine des totalitarismes ( le nazisme, le stalinisme) fruits de la modernité, ce que Rosa n'a jamais compris. Ces totalitarismes sont en germe dans la pensée des Lumières comme l'avaient pressenti ceux que j'appelle "les grands B" dont Bernanos est l'héritier: Baudelaire, Barbey d'Aurevilly, Bloy, comme le montreront aussi Simone Weil dans "L'enracinement", et d'autres aujourd'hui, Roberto Calasso dans "La ruine de Kasch", et indirectement,dans son dernier ouvrage, "La Folie Baudelaire".
Je ne me suis pas encore mise à Béraud, j"y viendrai, c'est sûr.

Écrit par : Elisabeth | vendredi, 06 juillet 2012

Bernanos est mon écrivain préféré. Puissance des idées, hauteur stylistique inégalée. Il faut lire : Les Grands cimetières sous la Lune, Les Enfants humiliés, La Liberté pour quoi faire ?, Français si vous saviez.
Je pense aussi à Drieux et La Comédie de Charleroi, à Dutourd et Les Taxis de la Marne.

Écrit par : Jérémie | samedi, 07 juillet 2012

Dutourd et Bernanos, cherchez l'erreur.

J'ai lu et adoré Bernanos, j'ai vu à la comédie française "Le dialogue des Carmélites", une pièce magnifique, je ne vois pas le rapport ni la parenté avec Dutourd, fidèle participant de l'émission hautement culturelle "les grosses têtes".

Écrit par : Julie des Hauts | samedi, 07 juillet 2012

Jean Dutourd, ma grande, est un excellent écrivain. Vous devriez le lire et ne pas vous fier aux grosses têtes. La parenté ? Le même rejet du conformisme et le même bord politique.

Vous avez tort de juger un homme pour ses participations à une émission par ailleurs moins débile qu'il n'y paraît... Mais, peut-être que vous avez toutes les réponses aux questions très culturelles, d'ailleurs de cette émission.

Écrit par : Jérémie | samedi, 07 juillet 2012

7Jérémie, je n'ai pas lu Jean Dutourd, mais je doute qu'on puisse
le mettre sur le même plan que Bernanos. De même, je ne suis pas sûre qu'on puisse enfermer ni même ranger Bernanos dans un "bord politique". Toute son œuvre se situe dans une perspective métaphysique et non idéologique.Baudelaire avait "l'antenne métaphysique",selon Roberto Calasso. Avec Baudelaire,nous sommes dans un autre clivage: d'un côté,le conformisme, c'est-à-dire le positivisme du 19e issu du rationalisme des Lumières, de l'autre, (le côté de Baudelaire, Barbey d'A., et plus tard, de Bloy et Bernanos) "l'antenne métaphysique" qui ne cède ni sur le péché originel ni sur le sacré. "La folie Baudelaire", selon Calasso, c'est toute la vague des peintres qui, à la suite de Baudelaire, s'opposent aux Homais, ces bourgeois ou petits bourgeois matérialistes du 19e de gauche ou de droite. Il est probable qu'aujourd'hui, Bernanos fustigerait aussi bien la droite que la gauche: même horizon purement matérialiste et scientiste, même soumission aux calculs, même révérence de l'économie, y compris à l'extrême gauche ou à l'extrême droite.
Julie, oui,"Le dialogue des carmélites" est sublime: la Terreur totalitaire, Robespierre si cher à Mélenchon d'un côté, le martyre, la Communion des Saints de l'autre. Le choix de Bernanos est clair.

Écrit par : Elisabeth | samedi, 07 juillet 2012

J'ai cité ces trois grands ecrivains car ils sont exactement ce que la prétendue Education nationale ne veut pas voir : de grands ecrivains réacs donc pas etudiables. Par contre, on nous impose le très médiocre styliste Sartre.

Vous avez raison, j'aurais pas dû parler d'affinités politiques mais plutôt d'affinités philosophiques. Le style de Dutourd, sa très grande culture, son intelligence en font très bon écrivain.

Écrit par : Jérémie | samedi, 07 juillet 2012

La déchristianisation constante du pays (contre laquelle toute l'oeuvre de Bloy se dresse), puis le développement de la "civilisation technique" (contre laquelle celle de Bernanos se dresse) rendent très aléatoires la transposition d'un siècle à l'autre d'une point de vue. Même ce qu'on pourrait appeler le point de vue "réactionnaire" (contestation des Lumières) a pris avec l'émergence de la consommation, la construction de l'euromonde, de multiples visages. De quel "bord" serait Chateaubriand aujourd'hui ? La question frôle l'absurde, ce qui est très éloquent sur les récentes transformations de l'homme et de la société.

Écrit par : solko | samedi, 07 juillet 2012

Les grands écrivains nous parlent de l'évolution du monde, les uns les autres campés en leur points de vue. Je crois de plus en plus en cette notion générationnelle en littérature, qui était d'ailleurs l'une des clés de l'histoire littéraire. Ce qui fait que Bernanos et Dutourd (que je n'ai pas lu) ne se peuvent comparer, c'est d'ailleurs le sens du billet ci-dessus, c'est qu'ils ne sont pas du même monde.
Difficile (voire dangereux) de se demander ce qu'untel, mort, écrirait aujourd'hui.

Écrit par : solko | samedi, 07 juillet 2012

Eh bien moi, j'ai trouvé plein d'idées communes à ces deux écrivains en lisant les écrits de combat de Bernanos et les Taxis de la Marne. C'est mon opinion. Mais invoquer les Grosses têtes ... Trop facile, trop nul.

Écrit par : Jérémie | samedi, 07 juillet 2012

Ce billet a fait penser, ce qui en soi est un fait positif. Je partage, à bien des égards ,le point de vue de Simone( celle d'ici, pas la grande prêtresse,germanopratine) . Je suis vieux certes , mais trop jeune pour avoir vu le temps passé , je ne saurais donc pas émettre de comparaisons pertinentes. Je pense que le progrès technologues n'est plus corrélé au progrès social mais il l'a été et pourrait encore l'être. Je pense que ,tellement de libertés, ont été conquises,accordées, que nous n'en apprécions plus le prix et n'avons pas appris à nous réguler. Nous usons des mots et du langage comme des outils de mensonges au point qu'ils ne communiquent plus que comme vecteurs de violences "soft" au mieux.... Je sais , aussi, que l'exercice de la liberté comme celle de la démocratie sont liés à l'économie. Aliénation et frustration sont devenus des moteurs de "croissance". Nous avons, à la révolution, adopté les idéaux narcissiques aristocratiques et les vertus de propriétés et de commerces des bourgeois, en abandonnant le mystique, le mélange est détonant. Les libertés sont virtuelles comme le vote mais les brader serait mortifère....Après la saignée des conflits mondiaux, les malheurs qui frappent, tous les jours à nos portes, nous avons désappris l'existence d'un phénix, l'espérance dont il faut avoir le courage d'accepter le sacrifice rituel pour le faire renaître,aussitôt ! Cent fois, sur le métier...

Écrit par : patrick verroust | dimanche, 08 juillet 2012

Jérémie, Je ne dénie pas un certain talent d'écriture à Dutourd, mais le comparer à Bernanos, non, mille fois non. Dutourd méprise et déteste ses personnages, Bernanos voit le sublime et le divin dans les siens.

Je vous laisse à votre admiration pour Mme Bellepaire de Loches.

Écrit par : Julie des Hauts | dimanche, 08 juillet 2012

Je ne vois pas qui est cette "Mme Bellepaire de Loches" !?

Écrit par : Jérémie S. | dimanche, 08 juillet 2012

Au moins Julie, on peut discuter avec vous. En revanche, je vois que l'un de vos amis m'attribue des propos apocryphes sur son blog. Je vais donc signaler ce fait qui n'a que trop duré. À bon entendeur.

Écrit par : Jérémie | dimanche, 08 juillet 2012

Jérémie......Je suis flattée et enchantée de vous apprendre une chose. Madame Bellepaire, de Loches, est une plaisanterie récurrente chez Bouvard (sans Pécuchet) quand il annonce les questions des auditeurs. :"Mme Dubois de Paris", et de temps en temps, une blague qui n'a que trop duré, mais qui est la signature de l'émission.

Pour ce qui est de mon "ami", je ne vois pas à quoi vous faites allusion, je vais y courir, je suppose qu'il s'agit de Tanguy.

Écrit par : Julie des Hauts | lundi, 09 juillet 2012

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