jeudi, 05 juillet 2012
Bernanos : Les fantômes de la liberté
« Il n'importe pas de condamner ce monde. Il vaudrait mieux le plaindre. Il a besoin de pitié. Seule la pitié pourrait blesser son orgueil. La psychologie actuelle démontre très bien que l'orgueil n'est qu'une des formes du redoutable complexe d'infériorité. Le monde moderne est un monde humilié, un monde déçu, c'est ce qui le rend furieux. Le sentiment de la ridicule disproportion entre ses réalisations et ses promesses donne à cette fureur un caractère de férocité. Tous les ratés sont cruels. Le monde moderne est un monde raté. Il risque aujourd'hui de se jeter dans le suicide pour échapper à l'intolérable aveu de son impuissance ».
Georges Bernanos (« Le monde moderne est un monde humilié » - interview publiée le 10 février 1939 dans O Journal, et repris dans La France contre les robots)
A quel moment, quelle occasion, ai-je compris que j'avais un besoin pressant, criant, urgent de lire Bernanos, de lire Béraud, de lire Galtier-Boissière, de lire Jean Giono, de lire Louis Guilloux - nés successivement en 1888, 1885, 1891, 1895, 1899 ? C'était il y a dix ans, à peu près, que j'ai ressenti le besoin du témoignage de cette génération, pour me laisser par eux expliquer ce qu'avait été le monde avant que leurs fils ne s'en emparent, et ne se mentent à eux-mêmes, et en fassent celui dans lequel j'étais né.
Je me souviens bien avoir, dans les années soixante-dix, commencé à étudier la littérature latine, la littérature française, dans un vieux bon lycée de province qu'avaient construit des chrétiens. L'héritage... Malheureusement, cet héritage venait toujours buter contre cette date de 45, qu'on nous présentait alors comme un renouveau, un commencement, une ère grandiose, une libération.
Moi, j'étais le témoin de cette modernité-là déjà déconfite quelque trente ans plus tard, vraiment dégradée, de Pascal ou Chateaubriand en Jacques Prévert ou Boris Vian, de Madame de La Fayette ou Juliette Récamier en Benoite Groult ou Juliette Gréco, de Vivaldi en Gainsbourg, et de La Tour en Dali...
Et lorsque je me suis alors franchement posé la question de l'héritage, et de ce que je pourrais, moi, faire - me venait toujours cette sensation que c'était vraiment pitié qu'être né dans ces années 50, à l'heure de Kerouac, d'Edith Piaf et du Coca cola. Pitié. Qu'il n'y avait plus rien à faire, de toute façon, car quelque chose de diffus, d'inexpliqué, comme une malédiction, mais de bien réel, était là.
Et je tournais les yeux vers mes copains, et je les saluais.
Pitié, vraiment, mes copains, ces petits frères des soixante-huitards déjà rangés du bon côté de la barricade, déjà cohn-benditisés à souhait, prêts à voter Mitterrand avant même d'être encartés, vraiment. Un de mes excellents potes à l'époque répétait : "ce qu'il faut garder, c'est la dignité, et le sens de l'humour..." Vite dit. Je l'aimais bien quand même.
Nous essayions donc, du haut de nos seize dix-sept ans, de conserver dignité et sens de l'humour, tout en se récitant des pages de Nerval (Ah, Sylvie), comme on se parlerait, sur un terrain vague, du temps d'avant l'explosion d'une raffinerie. En ces années-là, je vis les hommes et aussi les femmes de mon pays commencer à vraiment polluer toutes leurs rivières, se précipiter en hordes dans des centres commerciaux pour acheter des yaourts dans des petits pots en plastique, et chanter La pêche aux moules avec Jacques Martin. Mes copines, alors. Mes copines ?
Pitié, elles aussi. Tragiquement pitié, ces copines, avec leur crédulité de jeunes libérées en mini-jupes, à un point que c'en était ridicule. A dix-huit ans, déjà fatigué d'Arthur Rimbaud comme il dut l'être de lui-même, je lisais donc Kabîr et Toukaram en me demandant où était passé l'Occident dans tout ça. Déconfiture de la Royauté Technique. Technologique.
L'Occident n'était plus qu'une force technologique, à l'image de ses deux monstruosités : Hiroshima et le premier homme sur la lune. Tout le monde était d'accord pour trouver que la première était monstrueuse. Peu s'aperçurent que la seconde était pire. Mais d'hommes, de spiritualité, point régnant au pays des grandes surfaces et des temples de la consommation. Et certes, ce n'est ni le néant Sartre, ni le néant Beauvoir qui, à l'époque, auraient pu m'expliquer où était passé l'Occident que j'avais appris à l'école. Ces deux là, qui en étaient les fossoyeurs acharnés, avaient déjà décidé de n'avoir aucun descendant. Nada ! Ces deux là, opportunistes sans talent mais roués, étaient fins de race à l'extrême, monstres d'égoïsme et le sachant jusqu'à la moelle, ils appelaient ça existentialisme, deuxième sexe, libération, modernité, littérature et autres conneries mortifères. L'Institution Universitaire faisait alors s'achever la littérature du dix-neuvième siècle grosso modo à Proust, et débuter celle du vingtième à peu près aux alentours de Nathalie Sarraute. Comme s'il n'y avait rien eu entre. Rien. Pas un homme. Que des maudits
Mon grand-père, lorsqu'il était revenu de Verdun les pieds gelés n'avait rien dit. S'était contenté de sombrer dans un quotidien alcoolisé, de faire trois gosses à ma grand-mère, puis de mourir d'un cancer à la gorge alors que je n'avais que quatre ans. Sa tombe, chaque Toussaint : je grandissais. Je changeais dans une société qui « évoluait ». Sa tombe restait la même. Henri Béraud, lorsqu'il était revenu en 18 avait écrit, lui aussi lapidaire : « La guerre n'est pas un sujet de littérature ». Moins radical que Jean Norton Cru à l'égard des Barbusse et autres Dorgelès dont il était l'ami, mais enfin : silence et respect à l’égard de Paul Lintier et de tous ceux qui n'étaient pas revenus.
On ne dit pas l'indicible. On ne fait pas un roman de cette tragique déconfiture.
Cette génération fut le chainon manquant à partir duquel se reconstruisit bien avant notre naissance le monde atrocement technique, atrocement bête et bêtement assisté, , atrocement inhumain, atrocement orgueilleux, et atrocement orphelin, dans lequel nous étouffons. Voila.
Georges Bernanos, dont c'est aujourd'hui l'anniversaire de la mort, dit & raconte comment et dans quels buts les robots furent mis à la place des millions d'hommes morts dans les tranchées de 14-18, il dit ces fils qui ne reçurent pas l'héritage des pères et s'illusionnèrent dans leur monde nouveau à toute vitesse, il dit la machine partout mise à la place de l'homme, des hommes partout manquant, partout, partout, il dit la consternation, l'effroi, l'horreur, l'indicible à la place des autres et pour les millions qui ne peuvent plus rien dire ou qui n'auront jamais rien dit. Comme Béraud, il est l'auteur qui dit cette génération humiliée et capitale. Il dit tout ça après la seconde guerre mondiale, conscient même que c'est peut-être trop tard - comme il l'explique dans sa préface, il l'écrit pour « la conscience des futurs petits français ». Où sont-ils, les futurs petits français ?
Ils sont devenus très cools, vous ne trouvez pas, les futurs petits français... Tragiquement inexistants, non ? Henri Béraud, lui, dans celle de Qu'as tu fait de ta jeunesse, ne proclame rien d'autre, en juin 1940 :
« Ceux-là ne se tromperont point qui trouveront dans ces pages l'écho d'un chant de regret. Un chant mêlé de rires et de larmes. Ainsi va la vie. Ainsi parlent aux hommes les vrais livres, pétris de faiblesse humaine et d'espoirs perdus. J'écris pour ceux qui ne verront pas ce que j'ai vu. Si plus tard quelque adolescent au coeur simple ouvre mon livre, il saura que je l'ai fait pour lui. C'est à lui que je penserai durant ces nuits où je vais chercher à tâtons mes fantômes. Et quand à mon tour, je ne serai qu'une ombre au pays des ombres, il me connaîtra mieux que mes compagnons de route, bien mieux que ces vivants aux trois quarts ensevelis qui sont mes contemporains ».
Et pour finir les considérations fantasques de ce billet inattendu qui surgit de moi ce soir, je voudrais citer Guy Debord, le déshérité parmi tous, dont le regard perçant vit tout de suite et dénonça sans hésiter l'imposture de La société du spectacle née du désastre humain de Quatorze-Dix-Huit et de ses conséquences :
« Je suis né en 1931 à Paris. La fortune de ma famille était dès lors fort ébranlée par les conséquences de la crise économique mondiale qui était apparue d'abord en Amérique peu auparavant; et les débris ne paraissaient pas pouvoir aller beaucoup au-delà de ma majorité, ce qui arriva effectivement. Ainsi donc, je suis né virtuellement ruiné. Je n'ai pas à proprement parler ignoré que je ne devais pas attendre d'héritage, et finalement, je n'en ai pas eu. » (Panégyrique, tome 1).
Et voilà donc pourquoi il faut les lire, ces Bernanos, ces Béraud, ces Giono. Parce qu'ils sont le chaînon manquant, qui nous relient vraiment à Nerval, à Baudelaire, à Racine, à Boileau, et par-delà eux, à Virgile, à Ovide. Ceux de cette génération silencieuse que la technique humilia jusqu'à les gazer, ceux qui virent apparaitre les sociétés totalitaires dans lesquelles nous sommes nés, les derniers hommes à avoir connu la liberté avant que Buñuel n'en commémore la disparition, dans un film que plus personne ne songerait même à tourner aujourd'hui, tant l'art cinématographique n'est plus qu'un moyen de propagande pour un public d'imbéciles. (2)
(1) Les Fantômes de la Liberté.
(2) Imbéciles : Maître-mot de Bernanos
18:17 Publié dans Des Auteurs | Lien permanent | Commentaires (69) | Tags : bernanos, littérature, politique, société, france, béraud, quatorze dix-huit |
Commentaires
Enfin je le relirai plus tard dans la semaine, si vous le laissez en ligne bien sûr.
Bon Dimanche Solko.
Écrit par : Tang | dimanche, 18 janvier 2009
Écrit par : simone | dimanche, 18 janvier 2009
Écrit par : frasby | dimanche, 18 janvier 2009
Il est quand même très douloureux à lire.
Écrit par : La Zélie | dimanche, 18 janvier 2009
Je pense que je vais me contenter de vous remercier. Merci!
Écrit par : Léopold | dimanche, 18 janvier 2009
Des étendards blancs
Flottent au crépuscule
La liberté se fagote toujours
Dans l'air du temps
Selon les besoins
Du scénario du jour
Dans les remous du fleuve
Des brindilles voient l'avenir
En rose et noir
Suivant l'horoscope
Des lanceurs de dé
Aux visions rationnelles
De clocher en corde à linge
L'espoir meurt en beauté
Pour les oreilles qui tournent
En boucles spiralées
Autour de l'axe intangible
De toutes les modernités
Écrit par : gmc | dimanche, 18 janvier 2009
Écrit par : Nénette | dimanche, 18 janvier 2009
Écrit par : Solko | dimanche, 18 janvier 2009
Écrit par : solko | dimanche, 18 janvier 2009
En tout cas c'est certain, lire votre billet a été pour moi très éprouvant la première fois, une douleur assez fulgurante. Je viens de le relire, dans la quiétude du jour et il me semble plus apaisé. Mais comme Zabou j'ai vraiment souffert de ma première lecture.
Écrit par : Djack (le seul) | dimanche, 18 janvier 2009
Écrit par : Tang | dimanche, 18 janvier 2009
Allez, je vous embrasse, chère Frasby, et à bientôt.
Écrit par : solko | dimanche, 18 janvier 2009
Mais il y a une joie vive et propre à être lucide.
Celle-ci est irremplaçable, vous le savez bien.
Écrit par : solko | dimanche, 18 janvier 2009
Écrit par : solko | dimanche, 18 janvier 2009
Écrit par : solko | dimanche, 18 janvier 2009
si nous assistons à un effondrement
je préfère garder le peu d'énergie qu'il me reste pour l'aider à se préparer : à vivre sans illusions mais à vivre malgré tout consciemment.
Écrit par : Rosa | dimanche, 18 janvier 2009
@Solko: Oui le refus de la douleur. Mais dans mon cas je redoute plus la complaisance que l'insensibilité. Car au fond ce dont on croit souffrir s'envole comme du sable quand arrivent les vraies douleurs.
"une joie vive et propre" dans la lucidité... C'est parfaitement formulé, encore faut-il - pour les âmes faibles, peut-être? - pouvoir partager cette lucidité, qui dans l'entourage peut se révéler encombrante.
La force d'âme, la patience... On y revient. Et la littérature, celle qu'on peut faire à force de patience. Celle qu'on se partage en parlant de nos lectures entre amis - et plus rarement collègues. Je ne crois pas l'avoir jamais complètement quittée en fait mais c'est un amour en moi qui manque certainement de patience, ce qui le rend douloureux.
Quoi qu'il en soit votre billet est très beau Solko. Et d'ailleurs la douleur que j'ai ressentie en le lisant était bien belle. Merci.
Écrit par : Tang | dimanche, 18 janvier 2009
Écrit par : solko | dimanche, 18 janvier 2009
Écrit par : simone | dimanche, 18 janvier 2009
pas moi.
Je pense au contraire que c'est l'insensibilité qui nous a conduits où nous en sommes.
Quant à la critique de la modernité, mon cher Solko, je m'en méfie autant que de la complaisance.
Je l'ai bue au biberon dès mon enfance.
mon père lisait "Rivarol" et "Les Écrits de Paris", je ne suis même pas sûre que beaucoup connaissent.
La Droite la plus conservatrice, la plus violente.
Les thèses négationnistes ? Je les ai entendues dès l'enfance avant qu'elles fassent scandale dans les médias.
Pourtant mon père était doux et bon.
Sa critique de la modernité l'a conduit, ainsi que ma mère dans une impasse.
L'Église de Mgr Lefèbvre leur a mis la main dessus, une vraie secte.
Mon père est décédé mais ma mère a choisi de finir ses jours dans une maison de Mgr Lefèbvre, à des centaines de kilomètres de ses enfants après nous avoir déclaré :
"Je préfère finir mes jours avec des gens qui partagent mes idées qu'avec vous." Au passage, elle ne l'avouera jamais, mais elle regrette son choix car elle se trouve en fait avec des sourds et des Alzeimer et ne partage rien du tout.
Voilà où ça peut mener la critique de la modernité.
Moi je sais d'où je viens et pour rien au monde je n'y retournerai.
Écrit par : Rosa | dimanche, 18 janvier 2009
S'agissant de la critique de la modernité, je me garderai de répondre pour Solko, mais je ferai remarquer que toute époque a droit à sa satire, et que moquaient-ils donc nos moralistes classiques sinon leur modernité? C'est le devoir de l'homme que de témoigner aussi contre son temps (pour l'éternité je pense mais là je n'engage que moi)
Écrit par : Tang | dimanche, 18 janvier 2009
Écrit par : Tang | dimanche, 18 janvier 2009
Écrit par : solko | dimanche, 18 janvier 2009
Écrit par : Porky | dimanche, 18 janvier 2009
L'amalgamme que tu fais avec l'histoire de tes parents peut se comprendre, mais pas s'accepter.
Écrit par : solko | dimanche, 18 janvier 2009
Écrit par : Simone | dimanche, 18 janvier 2009
Écrit par : Sophie L.L | dimanche, 18 janvier 2009
Écrit par : solko | dimanche, 18 janvier 2009
Écrit par : Simone | dimanche, 18 janvier 2009
Écrit par : Sophie L.L | dimanche, 18 janvier 2009
Écrit par : solko | dimanche, 18 janvier 2009
D'où le progrès.
Écrit par : Pascal Adam | dimanche, 18 janvier 2009
Bon. Je vous embrasse. On n'est pas obligés d'être toujours d'accord n'est-ce-pas! vous pouvez même me traiter de Benoite Groult, tiens, ça me fera même pas mal!!!!
Écrit par : Sophie L.L | dimanche, 18 janvier 2009
Écrit par : solko | dimanche, 18 janvier 2009
Écrit par : Benoite G. | dimanche, 18 janvier 2009
Écrit par : solko | dimanche, 18 janvier 2009
Écrit par : solko | dimanche, 18 janvier 2009
Je suis sur la même ligne que Sophie, tout à fait, celle de la sagesse.
En fait il me semble qu'il y a des moyens de résister à tout ce que tu dénonces de pernicieux. Peut-être Bernanos, peut-être d'autres.
Réhabiliter la Littérature car les Sciences Humaines ont usurpé la place qu'elle occupait. Tu n'aimes pas Zola mais il n'empêche qu'il n'avait pas besoin de tous ces spécialistes. L'homme de lettres était à la fois psy, sociologue ...journaliste...et j'en passe.
Les experts ce sont eux qui tuent la pensée. Je ne supporte plus tous ces spécialistes qui dans tous les domaines nous découpent en tranches.
La reconstruction viendra même si nous ne sommes plus là pour la voir.
Écrit par : Rosa | dimanche, 18 janvier 2009
Mais, sans nul doute possible, c'est profondément Beau ce que vous avez écrit là, merci.
Écrit par : Zabou | lundi, 19 janvier 2009
L'unité n'est-elle pas un des principaux principes esthétiques? Où diable la trouver dans Paris de nos jours? Où? La vitesse dont on s'émerveillait un siècle plus tôt nous a lassé, il n'en sort plus qu'une musique mécanique et vaniteuse dont le roulement perpétuel épuise l'âme.
La beauté semble n'avoir sa place que dans la raréfaction même du beau. Quelle patience, quel effort nous est demandé! Nos forces pourtant n'ont pas crû depuis l'âge ancien. Ce constat n'est-il pas déchirant?
Je suis désolé de paraître aussi sombre - à 30 ans c'est un peu effrayant. Je sors pourtant d'une agréable soirée, mais entendre une amie prof de lettres s'extasier de je ne sais quel abruti buzzant sur le net des vidéo stupides, mon Dieu quelle solitude, quel dépeuplement! Cette même personne qui compte certes lire la Comédie divine de Dante (entamée).
Mais avait-on à vivre des écarts aussi éprouvants pour la sensibilité à l'époque de mes grands-parents?
Écrit par : Tang | lundi, 19 janvier 2009
Écrit par : Tang | lundi, 19 janvier 2009
La quatrième de couverture m'a semblé (je pèse chacun de mes mots) monstrueusement alléchante, il va sans dire que c'est un extrait même du texte, son excipit visiblement...
Je le lirai très bientôt.
Écrit par : Tang | lundi, 19 janvier 2009
@ Zabou : Merci beaucoup.
@ Tang : Oui. Lisez "Un roi sans divertissement". C'est magnifique. Et assez inépuisable.
Écrit par : solko | lundi, 19 janvier 2009
Arbres, chers arbres...
Écrit par : Nénette | lundi, 19 janvier 2009
pas mal ;-) Bref, Je vous prie d'excuser cet envoi un peu long. Tanner ne vous plaira peut être pas. mais il eût une belle réflexion sur la normalisation , bien avant tous. Sur la liberté qu'il appliqua. "le milieu du monde" est un beau film subtil, il s'agit juste d'un député qui s'éprend d'une serveuse de bar. Reflexion sur l'aliénation de chacun en filligrane, imperceptible. De 'intégrité de chacun face au monde... intuitions de Tanner avant l'heure, histoires de coeur, le tout à pleurer. Sur ce je vous remercie encore pour ce billet magnifique. Mon Guy et moi, nous vous embrassons (oh, oh, ménage à trois ! ;-))
Écrit par : frasby | mardi, 20 janvier 2009
- 1) qui me fait rire 2) et qui me parait en effet sensé. Le walkman comme bouclier générationnel contre la connerie de ses aînés, on se dit en le lisant : mais oui, c'est évident, comment n'y avait-on pas songé plus tôt mille sabords ! Mais tout est compliqué, vous savez. J'ai parlé souvent de Guy Debord à des étudiants, qui me regardaient d'un oeil un peu glauque - genre : mais qu'est-ce qu'il dit, qu'est-ce qu'il veut çui-là ? C'est très juste ce que vous dites de la consommation d'idées-sandwiches. Et c'est un sacré problème, savez-vous, dans ce qu'on appelle à tort et à travers l'enseignement. Il faut d'ailleurs que je m'y rende et je ne peux m'attarder trop sur l'heure, mais bien sûr que je suis curieux de Tanner pour le coup !
A bientôt
Écrit par : solko | mardi, 20 janvier 2009
Écrit par : Lephauste | jeudi, 22 janvier 2009
Merci beaucoup de votre long passage par chez "mes mots" et de vos commentaires. A bientôt.
Écrit par : solko à Lephauste | jeudi, 22 janvier 2009
L'enseignement, c'est quelquechose que j'ai évité, parce qu'il me semble que pour faire ce metier il faut être un peu comme les prêtres voyez vous (sacerdoce;-) sinon, le prof qui fait ses cours sans y croire et parce qu'il n'a pas trop eu le choix expose les chères têtes blondes à des risques considérables qui feront tâche d'huile à l'échelle de la société, mais il suffit d'un prof , un seul parmi des centaines pour transformer un môme, voire un universitaire en exalté non ? ... Donc j'admire les profs qui y parviennent et les 2 ou 3 que j'ai eu la chance de croiser qui ont littéralement changé mon existence, dont un qui vira De Musset du programme (à ses risques et périls mais il fût discret ) pour le remplacer par... Hölderlin ! avec des cours qui n'étaient plus des cours, à ce niveau là, c'était de l'art et quel courage il eût quand il lût fièvreusement des extraits d'"Hyperion" devant 30 ados au regard de veau mort baillant sur leurs baskets ou jouant au morpion sous le bureau, comme il a dû ramer, le pauvre ! , à la fin de l'année, la moitié d'entre nous portait des tee shirt " I love Hölderlin" et toutes les filles se mouraient d'Amour pour le prof ... comme quoi, il faut perseverer avec mon Guy ;-) Courage professeur !
Pour Tanner, beaucoup de film decevants (aussi par manque de moyen, c'est ça le prix de l'indépendance !) mais le "Milieu du monde" doit se trouver en DVD, chef d'oeuvre qui ne paraît pas tel, peut être au premier visionnage, quoique... mais avec le recul, je trouve qu'il y a une vraie intuition pour l'époque celle ci devenant intemporelle -sur ce que la société nous "fait", sur toutes ces choses collectives qui se répercutent dans le plus subtil (le coeur ?) de la personne l'humaine et forment l'incompréhension là où l'évidence devrait amener au contraire. bref il s'agit toujours d'aliénation: très beau film. Et puis Philippe Léotard y est absolument bouleversant.
Voilà. La prochaine fois je serai laconique. Bonne soirée à vous.
Écrit par : frasby | jeudi, 22 janvier 2009
Écrit par : Louis | jeudi, 05 juillet 2012
Écrit par : Anne Debonnel | vendredi, 06 juillet 2012
Écrit par : Anne Debonnel | vendredi, 06 juillet 2012
Écrit par : solko | vendredi, 06 juillet 2012
Alors, Solko, je vais lire Bernanos, car je pense que je serai en bonne compagnie!
Écrit par : Anne D. | vendredi, 06 juillet 2012
Quel terrible constat, quelle noirceur, quel désespoir.
Je ne peux pas souscrire totalement, même si j'admire. Je veux garder un peu de lumière en moi, je pense qu'au temps de Giono et de Bernanos il y avait aussi des écrivaillons médiocres et encensés par la critique, et qui gagnaient plein d'argent en écrivant des platitudes plaisantes.
Écrit par : Julie des Hauts | vendredi, 06 juillet 2012
"La France contre les robots" est un livre immense qui éclaire puissamment l'origine des totalitarismes ( le nazisme, le stalinisme) fruits de la modernité, ce que Rosa n'a jamais compris. Ces totalitarismes sont en germe dans la pensée des Lumières comme l'avaient pressenti ceux que j'appelle "les grands B" dont Bernanos est l'héritier: Baudelaire, Barbey d'Aurevilly, Bloy, comme le montreront aussi Simone Weil dans "L'enracinement", et d'autres aujourd'hui, Roberto Calasso dans "La ruine de Kasch", et indirectement,dans son dernier ouvrage, "La Folie Baudelaire".
Je ne me suis pas encore mise à Béraud, j"y viendrai, c'est sûr.
Écrit par : Elisabeth | vendredi, 06 juillet 2012
Je pense aussi à Drieux et La Comédie de Charleroi, à Dutourd et Les Taxis de la Marne.
Écrit par : Jérémie | samedi, 07 juillet 2012
J'ai lu et adoré Bernanos, j'ai vu à la comédie française "Le dialogue des Carmélites", une pièce magnifique, je ne vois pas le rapport ni la parenté avec Dutourd, fidèle participant de l'émission hautement culturelle "les grosses têtes".
Écrit par : Julie des Hauts | samedi, 07 juillet 2012
Vous avez tort de juger un homme pour ses participations à une émission par ailleurs moins débile qu'il n'y paraît... Mais, peut-être que vous avez toutes les réponses aux questions très culturelles, d'ailleurs de cette émission.
Écrit par : Jérémie | samedi, 07 juillet 2012
le mettre sur le même plan que Bernanos. De même, je ne suis pas sûre qu'on puisse enfermer ni même ranger Bernanos dans un "bord politique". Toute son œuvre se situe dans une perspective métaphysique et non idéologique.Baudelaire avait "l'antenne métaphysique",selon Roberto Calasso. Avec Baudelaire,nous sommes dans un autre clivage: d'un côté,le conformisme, c'est-à-dire le positivisme du 19e issu du rationalisme des Lumières, de l'autre, (le côté de Baudelaire, Barbey d'A., et plus tard, de Bloy et Bernanos) "l'antenne métaphysique" qui ne cède ni sur le péché originel ni sur le sacré. "La folie Baudelaire", selon Calasso, c'est toute la vague des peintres qui, à la suite de Baudelaire, s'opposent aux Homais, ces bourgeois ou petits bourgeois matérialistes du 19e de gauche ou de droite. Il est probable qu'aujourd'hui, Bernanos fustigerait aussi bien la droite que la gauche: même horizon purement matérialiste et scientiste, même soumission aux calculs, même révérence de l'économie, y compris à l'extrême gauche ou à l'extrême droite.
Julie, oui,"Le dialogue des carmélites" est sublime: la Terreur totalitaire, Robespierre si cher à Mélenchon d'un côté, le martyre, la Communion des Saints de l'autre. Le choix de Bernanos est clair.
Écrit par : Elisabeth | samedi, 07 juillet 2012
Vous avez raison, j'aurais pas dû parler d'affinités politiques mais plutôt d'affinités philosophiques. Le style de Dutourd, sa très grande culture, son intelligence en font très bon écrivain.
Écrit par : Jérémie | samedi, 07 juillet 2012
Écrit par : solko | samedi, 07 juillet 2012
Difficile (voire dangereux) de se demander ce qu'untel, mort, écrirait aujourd'hui.
Écrit par : solko | samedi, 07 juillet 2012
Écrit par : Jérémie | samedi, 07 juillet 2012
Écrit par : patrick verroust | dimanche, 08 juillet 2012
Je vous laisse à votre admiration pour Mme Bellepaire de Loches.
Écrit par : Julie des Hauts | dimanche, 08 juillet 2012
Écrit par : Jérémie S. | dimanche, 08 juillet 2012
Écrit par : Jérémie | dimanche, 08 juillet 2012
Pour ce qui est de mon "ami", je ne vois pas à quoi vous faites allusion, je vais y courir, je suppose qu'il s'agit de Tanguy.
Écrit par : Julie des Hauts | lundi, 09 juillet 2012
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