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dimanche, 20 février 2011

Prise de tête à Lugdunum, 193

Le 20 février 197  la mort de Clodius Albinus solda la bataille entre deux empereurs sous les murs de Lugdunum  : Septime Sévère, à qui cette bataille décisive livra définitivement l’empire, et Albin, pour qui Lugdunum avait pris fait et cause.

Septime Sévère de famille sénatoriale, avait été légat de la Lyonnaise en 186-188. Son fils Bassianus, futur Caracalla, était né dans la capitale des Gaules. Albinus, lui aussi de famille sénatoriale, avait été légat de Bretagne. Il s’était tout d’abord rallié à Sévère qui, pour le concilier, l’avait nommé général en chef et lui avait donné le titre de César en 194.  A Rome, on frappa alors un denier à son effigie.

Mais en janvier 196, Albinus rompit avec Sévère et  se fit proclamer Auguste avant de se fixer à Lyon où il établit son gouvernement. De là, il contrôlait les Gaules, l'Espagne et la Bretagne. La guerre était inévitable et Lugdunum, qui prit parti pour Albinus, fut incendiée.

On ne connait pas l’emplacement exact de la bataille (Tassin la demi-Lune ? Sainte-Foy les Lyon ? Saint-Didier au Mont d’or ? la Dombes ? Tournus ?). Les combats furent suivis de la mise à sac de la ville et de la mort d’Albin (exécution ou suicide ?)

Le texte suivant narre la « bataille de Lyon » et la fin d’Albin, les 19 et 20 février 193. Il est traduit de l’histoire romaine de Don Cassius, écrite quelques décennies après l’événement :

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« La bataille entre Sévère et Albin devant Lyon se déroula de la façon suivante. Les deux camps confondus, il y avait cent cinquante mille soldats ; les deux chefs aussi étaient présents parce que, pour eux, il s’agissait ‘une question de vie ou de mort, alors que Sévère n’avait jamais assisté à aucune autre  bataille.

Albin était supérieur par la naissance et par l’éducation. Mais son adversaire était supérieur dans l’art de la guerre et plus habile général (il était arrivé par chance à Albin, dans une bataille antérieure, de vaincre Lupus, un général de Sévère, et de massacrer un grand nombre de ses soldats). La présente bataille comporta de nombreux épisodes et revirements.

L’aile gauche d’Albin fut vaincue et s’enfuit vers son camp : les soldats de Sévère les poursuivirent les assaillirent, commencèrent à les tuer et à piller leurs tentes. Pendant ce temps, sur l’aile droite, les soldats d’Albin qui avaient disposé devant eux des fossés et des trous dissimulés superficiellement par de la terre s’avancèrent jusqu’à eux et lancèrent des javelots de loin ; ils ne s’avancèrent pas au-delà, mais comme s’ils avaient peur, ils firent demi-tour pour obliger leurs adversaires à les poursuivre. C’est précisément ce qui arriva.

Les Sévériens, stimulés par la rapidité de leur assaut et rendus présomptueux par la fuite soudaine de leur adversaire, s’élancèrent à leur poursuite comme si tout l’espace entre les deux armées était praticable. Mais arrivés aux fossés, ils subirent un terrible désastre.  En effet, dès que la couche de terre qui recouvrait les fossés se fut effondrée, les soldats des premiers rangs y furent précipités, et ceux qui les suivaient, perdant l’équilibre, tombaient sur eux et les écrasaient.  Le reste, effrayé, battait en retraite et en raison de la rapidité de leur volte face, ils bousculaient et renversaient l’arrière garde, et ainsi la poussèrent dans un profond ravin.

Il s’ensuivit de lourdes pertes, chez ces soldats et chez ceux qui étaient tombés dans le ravin, hommes et chevaux mêlés.  Voyant cela, Sévère se porta à leur secours avec sa garde, mais loin de les aider, il s’en fallut de peu qu’il n’y laissât aussi sa garde, et lui-même courut un grand danger  en perdant son cheval.  Lorsqu’il vit que tous les siens étaient en déroute, il déchira son manteau, dégaina son épée et s’élança sur les fuyards dans l’espoir de les faire changer d’avis en leur faisant honte, ou de périr lui-même avec eux. Quelques-uns en le voyant ainsi s’arrêtèrent et firent demi-tour.

Par la même, ils se trouvèrent face à face avec ceux qui les suivaient, en frappèrent en grand nombre et mirent en déroute tous ceux qui les pourchassaient. La dessus la cavalerie, sous les ordres de Laetus (un général de Sévère) se jeta sur eux par le flanc et fit le reste. Car Laetus, tant que l’issue du combat était demeurée incertaine, s’était contenté de suivre du regard les événements avec l’espoir que les deux chefs périraient et que les soldats survivants des deux camps lui remettraient le pouvoir. Mais lorsqu’il se rendit compte que les troupes de Sévère allaient l’emporter, il prit part à l’action.

Ainsi vainquit Sévère. La puissance romaine éprouva un très grave échec puisque des deux côtés tomba un grand nombre de combattants. Nombreux parmi les vainqueurs furent eux qui pleurèrent l’événement. La plaine entière était recouverte par les cadavres d’hommes et de chevaux, les uns criblés de blessures et déchiquetés, les autres, bien que sans blessures, ensevelis sous les corps. Les armes étaient abandonnées ça et là, le sang répandu en telle abondance qu’il coulait dans les rivières. Albin, qui s’était réfugié dans une maison près du Rhône, lorsqu’il se vit assiégé, se suicida. A la vue du corps, Sèvère manifesta une grande joie par son regard et ses paroles, puis ordonna de jeter le corps dans le Rhône, sauf la tête qu’il fit envoyer à Rome au bout d’une pique.»

On trouve un dénouement différent chez Hérodien (Histoire des empereurs romains) qui, après un récit similaire de la bataille conclut par cette brève : « Les partisans de Sévère ravagèrent Lyon, qui était une cité grande et prospère, et la brulèrent. Ils firent prisonnier Albin le décapitèrent, apportèrent sa tète à Sévère, puis élevèrent deux grands trophées à la victoire, l’un à l’Est, l’autre au Nord.» 


 

09:49 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (8) | | |

Commentaires

le tire est mignon.

Écrit par : gmc | dimanche, 20 février 2011

titre*, dsl

Écrit par : gmc | dimanche, 20 février 2011

On tempora, o mores!

Les luttes de pouvoir sont devenues, un poil, plus tendres, il y a des guerres, secrètes, endémiques, pandémiques, financières. Les luttes intestines sont primaires chez les uns (rajoutera un «H » au début qui voudra) obéissent à la tradition gauloise du bouclier pour désigner le chef chez les autres (Goths), bouclier qui est devenu fiscal. Après la défaite d'un des partis, nous découvrirons un nouveau gotha plutôt qu'un tas de Goths . Les villes ne seront pas pillées, rasées, les habitants violentés. Les massacres sont plus symboliques, il n'y a pas de cadavres mais des morts vivants, encombrants, ils ont nom, chômeurs, SDF, immigrés, étudiants en attente de précarité certaines...roms qui vivent à la cloche. A l'époque de Septime, les règlements de compte étaient plus radicaux, on se massacrait sévère. Les vainqueurs n'étaient pas commodes. Commode était sanguinaire.. C'était dans les us et coutumes. Albinus qui n'était pas tout blanc y perdit la vie, suicidé peut être avec assistance. Le fils de Septime, Caracalla, caracole en tête des tyrans sans scrupule même s'il s'attira la sympathie sous un de ses noms de Caesar, Germanicus. A l'époque , on gagnait un César dans de sanglants péplums. Lugdunum fut anéantie , Alexandrie aussi, les Parthes fait aux pattes dans un piège ignominieux de la parole donnée et du traité de paix. La « damnatio memoriae » n'était pas de la rigolade , souvenez vous en! Ce bon Caracalla accorda la citoyenneté romaine à tous les habitants de l’empire. Cela valut de sérieuses bagarres fiscales. Les nouveaux citoyens devaient ils payer les impôts dus par les romains ? La problématique identitaire demeure. Les termes ont changés. Les étrangers qui paient les impôts français ont droit, dans de strictes conditions, à l'identité française, ils peuvent être amenés à retourner « chez eux » . On ne leurs demande pas encore de continuer à payer l'impôt. On est bon. Trop ! On sait faire des exceptions pour les dictateurs pilleurs dont leurs statuts de chefs d'état, bourrés de blés, vaut mieux qu'un passeport diplomatique. Il est vrai que le prix du blé incite à fermer les yeux. C'était naguère, les Gaules !

Écrit par : patrick verroust | dimanche, 20 février 2011

avant la bataille, les deux armées romaines étaient légions, après ils étaient moins nombreux, ivres de fureur et de sang, ils s'étaient battus comme des lions , ils se conduisirent comme aucune bête ne le ferait.Les âmes des légions errent, dans des prairies d'asphodèles,dans le chaos des prisons tartares. il est tard,tard pour espérer les champs Élysées , ils auraient du se défiler.

Écrit par : patrick verroust | dimanche, 20 février 2011

La chronique des temps antiques vous inspirent, Patrick !
Chapeau !

Écrit par : solko | lundi, 21 février 2011

Juste pour le plaisir:

Aux jeux du cirque,Commode prenait plaisir à descendre dans l'arène. Il affrontait fauves et gladiateurs qui en prenaient plein le buffet, dotés d'armes factices, ils étaient accommodants Il aimait voir se battre des cohortes de légionnaires . "A la vue de tant de sang, tu ris!" rapporte un légat. Quand ,deux Brutus étaient dans la loge impériale, les gladiateurs gaulois saluaient d'un "Ave! A Brutii". Ils avaient le vice comica, ces crupellaires, ils étaient francs, pas encore nouveaux, ni anciens, mais futurs francs,amateurs de moules et de clovis (comica vaseuse) . En comparaison, de ces sinistres clowns impériaux, Marc-Auréle était un Auguste philosophe. Un successeur de Septime Sévére, Caligula,"la petite sandale" comme l'appelaient les soldats de son père qui fit scandale en trouvant en sa soeur chaussure à son pied et autres facéties, de quoi en faire un roman, vint à Lyon,en grande pompes, où il organisa un munus, combat de gladiateurs, qui laissa des traces dans les mémoires. Les lyonnais surent,toujours,avoir une riche scène culturelle. Il faut rendre aux Caesars, ce qui leurs appartint.Tout,surtout tous les vices, il faut dire qu'ils étaient vite déboulonnés et d'expéditives et définitives manières, envoyés "ad patres". Le pluriel s'impose tant la reproduction dans les familles impériales semble avoir été un sport d'équipe."La femme de Caesar doit être au dessus de tout soupçon"est un vœu pieux dont il faut faire litière.

Écrit par : patrick verroust | lundi, 21 février 2011

Patrick : plutôt un gotha qu'un tas de Goths ? Excellent ! :0)

Roland : J'aime aussi particulièrement le passage sur Laetus. Décidément, les hommes d'ambition ne changeront jamais.

Écrit par : Sophie K. | mardi, 22 février 2011

Sévère s'en est prit à Lyon, et ensuite, l'Empire Romain a décliner. Ce qui justifie le diction "Quand Lyon va bien l'Empire va bien !"

Écrit par : Myrelingues | vendredi, 27 mai 2011

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