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samedi, 08 août 2015

Saint Jean-Marie Vianney, confesseur

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C'est vraiment tout comme s'il dormait. La face légèrement inclinée du côté de l'oreiller, les mains à plat sur l'aine, en cette belle chasse dorée, il attend. Demeure dans son attitude un je ne sais quoi d'épuisé et de reposé à la fois, qui suggère toute la sérénité et la magnificence de sa patience. Il attend la Résurrection, dans ces chaussures à clous au cuir épais et noir de curé-paysan, aux lacets élimés d'autrefois.

On l'a déposé en cet écrin, guère loin de son presbytère. Il réside là, au centre de la basilique érigée en son honneur dont son corps incorruptible constitue l'attraction et qui prolonge d’une solennelle pompe l'humble église d'Ars, dans laquelle il confessa dès l'aurore jusqu'à 17 heures d'affilée certains jours, ce qui lui permettait de confier magnifiquement : « Mon cimetière est ensemencé de saints », et autorisa Barbey d’Aurevilly, dans un article du Journal de l'Ain en 1862, à chiffrer à un million le nombre de "convertis puisque confessés" par cet "Inspiré de la conscience"  : « Il avait donné le goût et presque la faim de la confession. Il avait fait trouver doux enfin ce pain si amer à la bouche de l’homme » .

Ses paroissiens, il les appelait chaque dimanche « mes enfants ». Imagine-t-on, dans le monde faussement sympa, sec et athée d’aujourd’hui, un curé apostropher ainsi des gens de sa chaire : « Si vous demandez, mes enfants, ce que c'est que le péché mortel, voici ce que saint Augustin nous en dit : C'est une aversion de Dieu et un attachement déréglé et criminel aux créatures. » 

« Nous connaissons le prix de notre âme aux efforts que le démon fait pour la perdre » leur répétait-il. Sage propos, que son siècle matérialiste et borné avait déjà du mal à comprendre ! Que dire du nôtre, droit-de-l’hommiste et technologique, en route pour une Apocalypse dont aucun d’entre nous n’est à même d’imaginer la teneur tant il y participe de l'hystérie de toutes ses fibres, frénétiquement.

J’ai pour le curé d’Ars une tendresse spécifique, presque familiale. Peut-être parce qu’il naquit non loin de chez moi, à Ecully, descendant de ces cultivateurs des Monts du Lyonnais qui sont aussi mes ancêtres, dont certains peut-être croisèrent son chemin. Mais pas seulement. Le curé d’Ars possède son franc parler : «Il faut que vous fassiez naître dans votre cœur, la douceur, la bonté et la charité, à la place de cette colère, de cet air de mépris que vous faites paraître à la moindre injure qu'on vous fait. »

Il sait aussi être un poète incomparable : « Le jour du jugement, on verra briller la chair de Notre Seigneur à travers le corps glorifié de ceux qui l’auront dignement reçu sur la terre, comme on voit briller l’or dans du cuivre, ou l’argent dans du plomb ».

On dirait qu’en vivant, il ne fit que planter la sainteté dans ce terroir paysan et rude, aujourd’hui occupé par les enfants de la mondialisation, mais dont je connais bien la tradition des habitants de longue date, faite d’âpreté égoïste, de bravoure têtue, et de camaraderie agricole. Faut avouer que pour placer en leur bouche les paroles du Misere mei de David, Créez en moi un cœur pur, mon Dieu, et renouvelez un esprit droit au-dedans de moi, il en fallait de la sainteté, une sainteté populaire, et qui ne s'embarrassât pas de manières !

Il suffit d’aller humer à Ars les parfums de sa maison rustique, puis de se retirer un instant dans la chapelle de la Providence qu’il fit ériger à la gloire de Sainte Philomène, à propos de laquelle Pauline Jaricot lui déclara un jour : « Monsieur le Curé, ayez grande confiance en cette sainte; elle vous obtiendra tout ce que vous lui demanderez…» : Quel que soit le temps, le ciel d’Ars, entre Dombes et Beaujolais, s’imbibe alors d’une douceur exquise et surnaturelle, et l’on serait fichu de croire que lui aussi, à son tour, pourrait nous obtenir tout ce que nous lui demanderons. C'est aujourd'hui sa fête dans le Propre de France. Profitons en.

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Le curé d'Ars, peu après son décès

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Chapelle de la Providence, Ars

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