Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 13 mai 2010

La connerie n'a pas de couleur

 

v_8_ill_943089_158587.jpgOn a, dit le proverbe populaire, les dirigeants qu’on peut. Aurions-nous, finalement, aussi la censure qu’on mérite ? Le XIXème siècle assignait Les Fleurs du Mal et Madame Bovary en justice. Le XXIème siècle traine Tintin devant les tribunaux. Un congolais résidant en Belgique, Mbutu Mondondo, exige en effet rien moins que le «le retrait de la vente ou à défaut, l'ajout d'un avertissement » sur l'album Tintin au Congo, qu'il juge « raciste à l'égard des Africains ». Diable ! On sait qu’en juillet 2007, une «Commission pour l'égalité raciale » avait considéré que cet album contenait « des images et des dialogues porteurs de préjugés racistes abominables, où les indigènes sauvages ressemblent à des singes et parlent comme des imbéciles. » Il parait qu’Outre-Manche, depuis, certains libraires classent la bande dessinée au rayon adulte, et un préambule met en garde contre les préjugés que véhicule l'ouvrage. A New-York, la bibliothèque publique de Brooklyn a restreint l'accès au livre. Il ne peut être consulté que sur demande et appartient désormais à une collection sur l'histoire de la littérature enfantine...

Verra-t-on un jour les Bretons porter plainte contre Bécassine ? Les beaufs contre Cabu ? Tout ça ne manquerait pas de sel... Et les belges, pour finir,  contre Baudelaire ? M. Mbutu Mondondo qui doit l’être un peu de cœur et d’esprit aussi, belge, devrait s’occuper de l’auteur de Fusées après avoir réglé le sort d’Hergé. Cela lui permettrait encore de faire parler de lui.

A l'issue de ce procès ubuesque, le CRAN (comité représentatif des associations noires) n'exclut pas d'intenter une action en France. Son président, Patrick Lozès, affirme très sérieusement : "Nous aimerions ne pas en arriver à la solution radicale d'un procès. L'éditeur Casterman entend notre malaise, mais Moulinsart SA reste intransigeante".

 

Mille sabords, dirait Haddock, le ridicule ne tue plus personne. Et tout est bon pour faire du pognon. On savait la connerie sans âge. On sait aussi que la vraie, la profonde connerie est aussi sans couleur...

22:35 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : mbutu mondondo, tintin au congo, moulinsart sa, belgique, cran, société | | |

Commentaires

Très bien! Après cela, nous ferons un procès à Hergé au nom de la Femme!
Signé: Madame Pinson et Bianca Castafiore
Un autre suivra pour la protection des animaux en voie de ridiculisation.
Signé: Le Migou
Et pour le droit à l'image: la gare de Genève-Cornavin est dessinée comme celle de Lausanne, dans «L'Affaire Tournesol». C'est un scandale.
Milou, reviens! Ils sont devenus fous!
(«C'est plus fort que midable», Séraphin Lampion).

Écrit par : Natacha | jeudi, 13 mai 2010

Quel cou bas!

Écrit par : La girafe sur la couverture | jeudi, 13 mai 2010

@ Natacha : Je suis impressionné ! Une véritable tintinophile...

Écrit par : solko | jeudi, 13 mai 2010

Faudrait voir à créer d'un seul coup je ne sais quelle modernophobie qui permettrait de foutre tout le passé en entier à l'index (non, on ne dit plus comme ça, zut...).

Écrit par : Pascal au long cours | jeudi, 13 mai 2010

Ce qui avait choqué, je crois, c'est surtout qu'à un moment donné, les nègres ont élu le chien comme leur roi....
Qu'est-ce qu'il y a de raciste là-dedans, hein ? ça fait des lustres qu'en France et ailleurs, on porte des ânes ert des ânesses au sommet de l'Etat.

Écrit par : bertrand | vendredi, 14 mai 2010

Qui contestera le caractère parfois nauséabond de cet album, reflet d'une époque qui ne le fut pas moins ? Mais de là à en faire une sorte de bréviaire du racisme ordinaire ! C'est donner à Hergé une puissance pour le moins démesurée.
(Pour la petite histoire, à la Bibliothèque Publique de Brooklyn, "Mein Kampf" est toujours en accès classique...)

Écrit par : nauher | vendredi, 14 mai 2010

Les Flamands devraient interdire les chansons de Brel et les cons se liguer contre Brassens. Quant aux femmes elles seraient censés demander l'autodafé d'une majorité de bouquins et de pièces de théâtre où elles jouent le rôle de cruches, vénales et hystériques.

Écrit par : Zoë Lucider | vendredi, 14 mai 2010

Ce que reflète Tintin au Congo, c'est tout le discours de la "mission civilisatrice", tout l'argumentaire positiviste sur le progrès guidé par la science, que l'on retrouve en France chez les idéologues de la IIIe République.
C'est toute la fiction coloniale (de la fin du XIXe et du début du XXe) d'un espace où va s'expérimenter l'idéal républicain. Cette fiction qui se diffuse massivement par les "zoos humains", les affiches de spectacles, la presse populaire et les cartes postales. Dans La Gerbe d'Or, Béraud évoque la première exposition universelle à Lyon, "cette foire aux races".
On ne peut banaliser tout cela. La solution n'est pas de l'interdire, mais de le regarder. De le faire lire aux collégiens en le contextualisant.
Mais qui aujourd'hui a la version originale ? La leçon de Géographie sur "La Belgique votre patrie" a été remplacée par une ridicule leçon de calcul 2+2. Le roi Léopold II de Belgique savait autrement compter qui se faisait attribuer le Congo à titre personnel en 1884 à la conférence de Berlin...

Écrit par : Michèle | vendredi, 14 mai 2010

@ Pascal : Y'a qu'à !

@ Bertrand : J'ai l'impression que c'est en effet une tradition transculturelle autant que séculaire ...

@ Nauher : C'est tout simplement ne plus savoir lire, vous ne croyez pas ?

@ Nauher et Bertrand : Il faut absolument que les Polonais portent plainte contre Jarry. Et vite, par ma chandelle verte ...

@ Zoé : C'est vrai; les flamands, et spécialement les flamandes devraient. Les bourgeois aussi, qui sont comme des cochons. On n'en finit plus.

@ Michèle : Regarder en face le passé colonial, oui, plutôt que soit le diaboliser, soit le réviser. Dénoncer aussi un certain opportunisme ou une certaine imbécillité, on ne sait plus, qu'il y a, comme le dit Nauher, à faire de Tintin le bréviaire du racisme.

PS. Je crois que les collégiens ne lisent plus Tintin. C'est d'ailleurs dommage. Même si Tintin au Congo es tloin d'être le meilleur, c'est là que j'ai commencé à ressentir et à apprécier ce qu'on appelle pompeusement "l'art du récit".

Écrit par : solko | vendredi, 14 mai 2010

C'est étonnant, cette histoire. Il y a quelques années, lorsque j'avais entendu parler pour la première fois du passé "hésitant" (je préfère un euphémisme à un qualificatif plus marqué du fait de ma connaissance très limitée des faits, et non pour en limiter l'éventuelle portée scandaleuse) lors de la deuxième guerre mondiale, cela m'avait chahuté. J'avais grandi avec Tintin, comme beaucoup d'autres mais moi parmi les "beaucoup grandi avec". Du coup, examen de conscience: qu'avais-je intégré de ces idées douteuses qui serpenteraient dans le Tintin vénéré, pardon, vénéneux ? Et bien, pas tant que ça, mais peut-être que je manquais de recul, d'esprit critique... Il me semble que déjà enfant je savais comprendre ce que cela véhiculait de désuet, naïf plus que douteux.

Est-il pour une époque si difficile d'admettre que le regard d'une autre époque est différent, car le lointain était plus loin, car effectivement un certain esprit colonial conditionnait beaucoup d'esprits ?

Tintin au Congo est effectivement loin d'être le meilleur, le précédent (les Soviets) longtemps indisponible (tiens, celui-là avait-il été censuré à la source, et pour quelles raisons différentes ?) était encore pire. Personnellement j'ai la sensation que le discours d'Hergé a progressé au fil du temps. Tintin au Tibet véhicule selon ma perception en mémoire (tiens, je vais le relire !) tout autre chose.

Il me semble qu'il y a dans l'œuvre accessible et inspirée d'Hergé l'occasion de mettre en évidence ce qu'est le fruit de l'ignorance, la conscience d'une époque qui en est par la force des choses le reflet, et la capacité à progresser à travers ses propres fictions. Et cette histoire-là, pour sûr, est une belle histoire.

Écrit par : thomas p | vendredi, 14 mai 2010

"Il me semble que déjà enfant je savais comprendre ce que cela véhiculait de désuet, naïf plus que douteux." C'est très juste ça. Mais nous sommes entrés dans une période de terrorisme borné, vous savez, et qui de surcroit ignore le second degré à de nombreux niveaux. Bref,c'est le règne de la doxa la plus imbécile.

Écrit par : solko | samedi, 15 mai 2010

Détrompez-vous solko, il y a des collégiens qui lisent Tintin. J'en connais. Comment ils les ont eus entre les mains, je n'en sais trop rien. Sans doute pas en allant dans les greniers des grands-parents (qui n'ont plus de livres les greniers, quand ils existent).

Écrit par : Michèle | samedi, 15 mai 2010

Ce qu'il faut absolument, c'est que le capitaine Haddock précise, à chaque fois qu'il s'envoie un whisky, « l'abus d'alcool est dangereux pour la santé » ou alors qu'on retouche les planches où la bouteille pourrait être remplacée par une canette de Canada dry. Ah mais zut, c'est sucré ce breuvage... Non, rien à faire, pas la peine de chipoter, qu'on le mette à l'eau !

Écrit par : Christian Cottet-Emard | samedi, 15 mai 2010

@ Christian : Et qu'on lui arrache la pipe des lèvres également.

Écrit par : solko | dimanche, 16 mai 2010

D'accord, j'avoue, je fais de la pub pour ma paroisse, mais j'ai trouvé une illustration pour cet article dans mon quartier !!!

Alors, voilà, je me pardonne !

http://midi-a-sa-porte.hautetfort.com/archive/2010/05/30/c9a690ae6d58bcdacbca76937d15707b.html

Écrit par : thomas p | mercredi, 02 juin 2010

Les commentaires sont fermés.