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samedi, 01 septembre 2012

La clé

 De toutes leurs habitudes, ils constataient que l’une des plus difficiles à « faire passer », comme disent les faiseuses d’anges, c’était celle de conserver des objets dans des tiroirs, des placards, voire des recoins plus extravagants, pour le cas où…

Ils s’étaient dit que, dans la société du tout jetable, cela tenait peut être du reflexe familial, un résidu du comportement des grand-mères de l’ancien temps programmées pour recycler jusqu’à la croute des fromages émiettées pour des oiseaux sur le rebord de la fenêtre, et conserver leurs voiles de mariées sur le dernier rayon de hautes armoires aux senteurs de romarin.

Eux, en quelques décennies et avec l’insouciance du pas de marelle, ils étaient passés d’un temps où l’usage des choses fondait des coutumes à un autre où il faisait tourner le commerce en brassant du folklore. Et parmi ces objets conservés sans qu’on sache pourquoi, le plus remarquable restait la clé.

Les clés de tous les anciens appartements qu’ils avaient tour à tour habités au fil de leurs déménagements intempestifs dus à une vie professionnelle fort agitée - clés dont les locataires postérieurs avaient probablement changé les serrures - reposaient tels de poétiques trophées au fond d’un aquarium au centre du salon.

Des clés qui n’ouvraient plus rien et qu’ils n’osaient cependant jeter, parce qu’ils se murmuraient au fond d’eux-mêmes qu’elles demeuraient les objets les plus poétiques de leur traversée de l’ennui en ce bas monde, de leur existence aussi incomprise qu’incompréhensible à l’heure de fermer les yeux. 

littérature,poésie


09:55 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : littérature, poésie | | |

Commentaires

Haha, je fais comme eux, je garde les clefs, j'adore les clefs, j'ai toujours adoré les clefs (sauf les clefs de bras) au point que je l'écris toujours avec son joli f final en forme de clé (de clef quoi). Même la clef d'ut ressemble à une clef.

(Tu m'as manqué, très cher Solko.)

Écrit par : Sophie K. | vendredi, 31 août 2012

Je ne sais pas s'il y avait un mystère à la clef mais l’accès à votre blog semble redevenu normal , peut être est-ce du à l'action d'un président normal.....mais lequel

Je pense que vous seriez prêt à vous faire le rapporteur de la causes des poldèves opprimées. Vive la Poldévie libre!

Écrit par : patrick verroust | samedi, 01 septembre 2012

Le mystère était dans la typo. Je réutilise le Georgia, caractère accepté par le serveur Hautetfort, tandis que le Gill sans, mon caractère fétiche importé laborieusement pesait trop lourd. Tant pis. Et vive la Poldévie libre.

Écrit par : solko | samedi, 01 septembre 2012

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