dimanche, 02 septembre 2012
De la normale anormalité et de l'anormale normalité de l'Eloge gallimardeux
Fnac de Lyon Part-Dieu, vers 18h30 : survol rapide des livres en piles, quelques vendeuses plaisantent. Pardon mesdemoiselles, le dernier Millet dont tout le monde parle ?… « En rupture, monsieur, en rupture de stock, l’Eloge littéraire d’Anders Breivik ». Escalator du dessus, Decitre : tu apprends là que l’ouvrage déjà sulfureux est en réimpression.
Comme l’a ahané Antoine Gallimard, « la liberté d’expression personnelle ne gène pas son travail d’éditeur ». Un truisme, ça. Derrière lequel miroite la préservation de la poule aux œufs d’or. Car enfin si un éditeur, aujourd’hui, c’est un type qui sait vendre, alors Antoine en est un excellent. La preuve : allez vous enquérir du fameux Eloge en librairie, vous allez voir.
Tout ça finit par interroger sur l’air du temps de ce pays « normal » dans lequel presque tout le monde parait-il aurait perdu le moral, et dans lequel Millet serait un soudain « anormal » (c’est vrai, ça, faire l’éloge d’Anders Breivik au lendemain de son procès tsss !)…
S’interroger sur tous ces éditeurs normaux qui se donnent le droit d’éditer des auteurs anormaux, tout en désavouant leurs anormales idées entre deux réimpressions. Et sur tous ces gens normaux lecteurs de livres anormaux dont bien sûr l’auteur et le contenu leur paraissent ignobles mais visiblement pas la lecture. Le plus comique demeurant la réaction des bons collègues de la maison : Annie Ernaux ou Tahar Ben Jalloun sont normalement indignés, était-ce autrement possible ?
On notera pour finir la courageuse réaction d’Alexis Jenni, lequel doit à Millet son Goncourt de l’an passé, et qui a déjà tout compris d’une carrière normale en république des Lettres hollandaise : « Les choses sont claires, je comprends ce qu’il dit, mais je ne suis pas de son avis ». Prochain roman normal, garanti...
00:02 Publié dans Aventures post-mortem de la langue française | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : richard millet, éloge littéraire d'anders breivik, gallimard, alexis jenni, littérature |
Commentaires
Écrit par : Romain blachier | samedi, 01 septembre 2012
Écrit par : solko | samedi, 01 septembre 2012
La société du spectacle est bien lancée sur les rails de l'impensé n'importe quoi. D'ici que pour le Noël des petits enfants, il soit vendu la panoplie du parfait assassin .....Les théories sur la fonction thérapeutique du jouet fleuriraient.....
Quand les cons courent, il est difficile de les rattraper.....
Écrit par : patrick verroust | dimanche, 02 septembre 2012
bien dit
Écrit par : FOurs | lundi, 03 septembre 2012
Écrit par : Julie des Hauts | mercredi, 05 septembre 2012
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