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samedi, 14 juillet 2012

Louis Calaferte (1928-1994)

  « Si je parle si longuement des livres, c'est qu'ils favorisèrent en moi une sorte de système d'autodéfense à l'égard de ma condition » écrivit Louis Calaferte au début de Septentrion, dans ce passage très long et très beau qu'il consacre à la lecture :

« La lecture contribuait à tempérer au fond de moi cette anxiété dont j'ai longtemps souffert, de n'être qu'un raté » Ou bien encore : « Longtemps, mes rêves de la nuit ont été encombrés de librairies aux proportions fabuleuses où j'étais accueilli en ami bienvenu, où l'on mettait à ma disposition des bibliothèques cachées contenant des éditions introuvables ».

 Un peu comme son aîné, le briochin Louis Guilloux, qu'il cite souvent dans ses entretiens, Calaferte a promené toute sa vie ses blessures d'enfance dans le paysage littéraire français. Comme lui, il n'a cédé que de façon épisodique au parisianisme littéraire et ne s'est jamais relié à une quelconque chapelle. Né, pour mémoire à Turin le 14 juillet 1928, il a grandi à Lyon, dans la zone, comme il le rappelait, où il a souffert de la précarité de sa condition. Dès l'obtention du certificat d'étude, il est entré comme garçon de courses dans une entreprise textile, puis comme manœuvre dans une usine de piles électriques.  De l'occupation allemande qui marqua sa jeunesse, il a tiré bien plus tard C'est la Guerre, l'un des ses derniers récits écrit en 21 jours (1993), quarante-et-un an après le Requiem des innocents (1952), le premier texte publié et lui aussi inspiré de son enfance difficile.

Louis Calaferte a débarqué à Paris en 1946, dans un dénuement complet, avec l'intention de devenir comédien. On trouve d'ailleurs trace de lui dans des rôles de figurants au théâtre du Vieux-Colombier ou à l'Odéon, où il croisa Jean Vilar, « un cafard galopant sur son manteau », raconte-t-il. Dans ce Paris d'après-guerre, Calaferte vit à l'hôtel, comme Genet, écrit beaucoup, se cherche.  Grâce à Kessel, il entre chez Julliard avec son Requiem des Innocents, qui connaît un large succès. Malgré cela, il revient à Lyon dès 1953, s'installe à Mornant en 56, dans la fameuse maison où il composa durant cinq longues années de mutation intérieure Septentrion, roman dans lequel perce l’influence de Céline, et auquel le ministère de l'Intérieur offrit, en interdisant sa publication, une gloire immédiate. Parallèlement pour assurer son existence, il mène jusqu'en 1974, une activité de producteur-animateur à la radio lyonnaise, ensuite à l'O.R.T.F, puis à F.R.3. 

Par bien des aspects, Calaferte s'est démarqué des auteurs de sa génération. « Je ne suis pas un inventeur de formes », disait-il, prenant à contre pied les adeptes du textuel et du structuralisme.. La seule influence littéraire qu'il se reconnut fut celle d’un bourlingueur, Cendrars, à propos de qui il parle de "révélation" : « Chez un bouquiniste, rue de Provence, j'ai volé un livre de Cendrars, je devais avoir dix-huit ans. A partir de ce moment-là, j'ai cessé de lire des romans, des choses sans intérêt. J'ai compris qu'il y avait deux littératures » On a souvent dit, par ailleurs, que Calaferte était un pessimiste, voire un désespéré, faisant à son égard le même raccourci qu'à l'égard de Léon Bloy. Comme Bloy, dont il se démarque avec vigueur, Louis Calaferte est croyant, pèlerin même, à sa façon. Outre ses Carnets, publiés chez Denoël et l'Arpenteur de 1956 à 1981, on peut lire à ce propos le dernier entretien qu'il a donné à Jean-Pierre Pauty, publié chez Julliard l'année de sa mort, et titré L’Aventure intérieure.


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 Deux textes de Calaferte lui-même, pour conclure :

« Lyon n’a pour moi d’agrément qu’à la saison de son âme, de la période qui précède immédiatement l’automne à celle qui précède immédiatement le printemps. Etre lyonnais n’est pas une citoyenneté, c’est un état d’être. Il y faut de la mesure, du scepticisme, de la modestie, de la discrétion, un goût de la dissimulation gratuite, un penchant au mystérieux, une passion de l’individualité, une bonhomie qui sait imposer ses limites au curieux, de la méfiance, de la rouerie, de l’application et de la patience au travail, le sens de l’économie, la vocation de l’amitié, l’amour jaloux et protecteur du noyau familial, la simplicité, la franchise précautionneuse, le bon sens et l’élan frondeur dans la tempérance du conservatisme. Cette mosaïque obtenue, on peut flâner l’après midi durant, dans les rues du centre ou rester assis des heures dans un grand café un peu triste, car le Lyonnais est un flâneur qui s’assied volontiers pour continuer à flâner par la pensée en soupesant ses semblables du regard. Etre lyonnais c’est aussi avoir en toutes chosesle sentiment de la force du temps ».

 

Louis Calaferte, Petite suite lyonnaise, « Grandes largeurs » ; Printemps été 84, Ed Le Tout pour le tout, Fontenay sous Bois, 1984

 

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 «  J’étais assis dans le 24, Cordeliers-Vinatier.Je revenais à mon point de départ : Place Henri, Lyon, 3ème arrondissement. On ne me reconnaissait pas. Pourtant, et pour la première fois depuis longtemps,  je me sentais enfin chez moi, en sécurité, à l’abri, au bien-être. Les soirs de trop gros cafard, j’avais fait, les yeux fermés, mille et mille fois ce petit trajet entre la place Henri et la rue Roux-Soignat où ma chère Guite  m’attendait toujours. Oh, ce n’est rien, ni luxueux ni vaste. C’est un quartier de petits commerçants et de petits retraités. Les choses qu’on aime ne sont jamais bien grandes pour les autres. Il faut le miracle de l’amour pour tout magnifier. C’est un coin du monde où les gens sortent des chaises sur le pas de leurs portes en été, bavardent de fenêtre en fenêtre, savent tout les uns des autres, astiquent leurs voitures d’occasion chaque samedi pour l’unique sortie du dimanche… C’est un coin du monde comme partout au monde d’où il n’est jamais sorti ni célébrités ni idées révolutionnaires  et probablement personne n’en parlera après moi ; il n’y a ni curiosités  ni monuments, ça n’attire pas et à partir de neuf heures du soir, c’est vide sous les lumières froides, un peu désolé, assoupi et tranquille. Il y a même un terrain vague, quelque part, pas loin. Le dernier sans doute. L’ultime. Comme un ilot de poésie ancienne, surannée…

Un millier de braves gens, de petites gens, habitent là depuis trente, quarante, cinquante ans. Au moins d’août, le soir, ils vont en famille respirer l’odeur d’un tilleul, assis sur les bancs de la place d’Arsonval, à l’autre bout de la rue, c’est dire …

Voilà Lyon, pour moi. Quand je suis depuis trop longtemps à l’étranger, c’est à ce minuscule point de la terre que je pense, tout seul, avec des kilos de mélancolie bien aigre dans le cœur. Ma plaie secrète ».

Louis Calaferte, « Lyon 3ème arrondissement » in Lyon a 2000 ans, 1957

 

Lire également « le vertige Calaferte »  : http://carnetsdejlk.hautetfort.com/archive/2009/10/04/le-vertige-calaferte.html

 

 

 

 

09:02 Publié dans Des Auteurs | Lien permanent | Commentaires (29) | Tags : louis calaferte, littérature, lyon, culture, quatorze juillet | | |

Commentaires

Lu. Merci.

Écrit par : Sophie L.L | samedi, 01 novembre 2008

Merci Sophie de faire ainsi honneur à ma prose, en allant en quelque sorte l'exhumer hors des oubliettes. Calaferte est un auteur lui aussi un peu oublié. Je me souviens avoir été très en colère, une fois de plus, contre cette ville de Lyon qui ne jure plus que par Aulas et Benzema, en ce 11 juillet.

Écrit par : solko | samedi, 01 novembre 2008

Mi aussi je découvre, je commence par "Mécanique des femmes qui apparemment n'est pas le meilleur mais je me réserve Septentrion pour plus tard.

Écrit par : Rosa | mercredi, 05 novembre 2008

@ Rosa : Je vous laisse ces propos de Calaferte à propos de La Mécanique : "Ce livre est un très bon succès de librairie, mais ce ne sont pas mes vrais lecteurs qui l'achètent, ce sont d'autres lecteurs. Il faut espérer que parmi ceux-là, il en restera deux ou trois par la suite"
En fait il dit tout : pour quelques uns (quelques unes) ce livre est une bonne entrée dans l'oeuvre. Pour la plupart, ça a été un malentendu.
Je vous souhaite donc d'être dans le 1er cas. Bonne lecture.

Écrit par : solko | mercredi, 05 novembre 2008

J'espère aussi mais comme j'étais dans l'univers des femmes de la Salpêtrière j'ai voulu y rester.
J'ai parfois du mal à changer d'univers quand je lis.

Écrit par : Rosa | mercredi, 05 novembre 2008

Je n'ai pas fini "La mécanique des femmes"
le sexe à l'état brut c'est monotone. Et je n'aime pas trop qu'on attribue aux prostituées des fantasmes masculins.
En revanche j'ai été subjuguée par Septentrion. Un livre ravageur.
La relation au travail alimentaire qui détruit m'a particulièrement intéressée, il est très juste et va très loin sur ce sujet.
J'ai beaucoup aimé également son empoignade à propos de l'art avec l'ami qui l'héberge.
Mais je suis mal à l'aise par rapport à sa relation aux femmes : c'est un peu la mère ou la pute ou la boniche.
Je vais poursuivre avec "Rosa Mystica" qu'on m' a beaucoup recommandé.

Écrit par : Rosa | mercredi, 19 novembre 2008

@ Rosa : Oui, la "mécanique des femmes" est aussi monotone qu'un succès de librairie, je vous avais prévenue. En revanche Septentrion, qui décrit en effet " la société du crime" dans laquelle Calaferte a grandi, sur laquelle se lève le soleil de son propre mysticisme, fait de sexe et de foi en Dieu, à travers aussi une expérience quasi célinienne de l'écriture, c'est un vrai livre. C'est l'élaboration tatonnante, à travers l'expérience déchirante du quotidien, de la découverte de soi, de son corps et de son esprit, par quelqu'un qui ne possède que cela (un vrai prolétaire) . C'est de la littérature, quoi, comme on ne veut plus qu'il en existe dans l'univers univoque et aseptisé où l'on veut désormais que les gens vivent . C'est pourquoi, dans sa ville de naissance, il faut aussi défendre Calaferte. Et puis il y a tous ses carnets, écrits quasiment jusqu'à la fin. Je n'ai pas tout lu

Écrit par : solko | jeudi, 20 novembre 2008

Lyon est vraiment sa ville de naissance ?
Et vous ne me dites rien de Rosa Mystica...Quel est la place de cet ouvrage dans son oeuvre ?
Les livres qui marquent sont ceux qu'on rencontre au moment où on a besoin de les rencontrer. C'est le cas pour moi on ce qui concerne Calaferte.

Écrit par : Rosa | jeudi, 20 novembre 2008

@ Rosa : Calaferte est né à Turin, mais il a grandi à Lyon, y a vécu, y est toujours revenu, c'était sa ville.,. Je n'ai jamais lu "Rosa Mystica "(vous savez, je ne suis pas un spécialiste de Calaferte, plutôt un lecteur qui l'aime bien). Hormis "Septentrion", j'ai beaucoup apprécié également "C'est la guerre", récit court écrit peu avant sa mort, ainsi que les carnets.

Écrit par : solko | jeudi, 20 novembre 2008

Connaissez-Vous Georges Navel ?
Il a le même profil que Calaferte qui le cite à la fin de Septentrion, mais ses livres sont plus difficiles à trouver.
Très belle écriture, un anar- mystique
On trouve ses livres sur Amazone

Georges Navel (1904-1993)
Le 30 octobre 1904, naissance à Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle), Georges Navel est le treizième enfant d'une famille pauvre de paysans prolétarisés. Le père travaille comme manœuvre aux hauts-fourneaux. Au début de la Première Guerre mondiale, il est évacué en Algérie, puis retrouve ses parents six mois plus tard à Lyon. A 12 ans, il commence à travailler en atelier. Son frère Lucien, de dix ans son aîné, lui fait découvrir les milieux anarcho-syndicaliste et libertaire. Il fréquente alors l’Université syndicaliste, les Causeries populaires et les fêtes du Nid rouge. Il alterne les périodes de travail dans l'industrie, comme ajusteur, et de journalier agricole, s’instruisant en autodidacte au gré des lectures et des rencontres. Georges Navel séjourne aussi quelques temps, vers 1920, dans la colonie anarcho-naturiste de Bascon (Aisne). En 1927, il s'insoumet au service militaire et travaille sous un nom d'emprunt, situation qu’il finira par régulariser en novembre 1933 ; ce qui lui vaudra la prison et une courte incorporation. En 1936, il rejoint durant deux mois les rangs de la CNT à Barcelone. De retour à Paris, il fréquente le Musée du soir créé entre autres par Henry Poulaille. En 1940, il est mobilisé quelques mois dans l'Est, puis l'exode le conduit dans le Midi, près de Forcalquier. Il s’installe finalement à Seillons (Var), pour se consacrer à l’apiculture et à l'écriture. Son livre « Travaux », publié en 1945, est un récit autobiographique et un témoignage sur la condition ouvrière. D'autres ouvrages suivront : « Parcours » (1950), « Sable et limon » (1952), etc. En 1954, il s'installe à Meudon dans la région parisienne et travaille comme correcteur d'imprimerie jusqu’en 1970. Il meurt le 1er novembre 1993.
(D’après L’Ephéméride anarchiste et « A Contretemps » n° 14-15.)

Écrit par : Rosa | jeudi, 20 novembre 2008

Apiculture, écriture : il y a là un lien intéressant. Je connaissais de nom, je n'ai jamais lu. J'irai donc voir sur Amazon. Merci, Rosa. Il y a tant et tant d'auteurs que l'institution a écartés. Les gens qu'intéresse l'histoire littéraire, matière à présent très marginalisée, ont du pain sur la planche avec le vingtième siècle, à l'orée de ce vingt-et-unième...

Écrit par : solko | jeudi, 20 novembre 2008

Apiculture écriture : les humanistes du XVIème.
Ce qui me frappe chez cette génération c'est que les milieux syndicaux ou politiques étaient des lieux de culture et d'instruction.
Ce type d'universités populaires manque aujourd'hui.
Il ne reste que la télé et la grande consommation.

Écrit par : Rosa | jeudi, 20 novembre 2008

@ Rosa : Et les universités populaires sur le mode Onfray ...
Il y en a une à Lyon, savez-vous ?

Écrit par : solko | jeudi, 20 novembre 2008

sur onfray "hédoniste":

http://www.podomatic.com/share/index/1040620?episode=2007-03-25T11_13_28-07_00

Écrit par : gmc | jeudi, 20 novembre 2008

Onfray ! l'horreur !
J'ai de la famille à Argentan "sa" ville !
Odieux le bonhomme !
Non Solko, c'est fini...

Écrit par : Rosa | jeudi, 20 novembre 2008

N'avez-vous pas remarqué aujourd'hui des difficultés avec les liens ?
Quand on clique sur un lien on a une page blanche...
Je ne peux donc découvrir ce qui est dit d'Onfray hédoniste.
Cela ne m'empêchera pas de dormir !

Écrit par : Rosa à tous | jeudi, 20 novembre 2008

@ Rosa : Oui c'est bien ce que dit à juste titre la video de GMC et ce que je sous-entendais en disant "populaire sur le mode Onfray" .
Le lien marche chez moi ...

Écrit par : solko | jeudi, 20 novembre 2008

Septentrion, un de mes livres préférés... Requiem des innocents aussi... C'est tellement rare d'entendre parler de Louis Calaferte, merci!

Écrit par : Caroline | samedi, 22 novembre 2008

Je viens de terminer Rosa Mystica, petite musique intérieure très différente de Septentrion.
Très différent ? à voir.
En fait j'ai eu le sentiment de poursuivre la méditation sur le Christ de Dali
cette fois la quête spirituelle est totalement explicite et le récit paraît presque en être une illustration.
Récit délicat... mais difficile de faire mieux pour exprimer la sublimation et la transcendance.

Écrit par : Rosa | mardi, 27 janvier 2009

J'ai fini "La vie intérieure" dont j'ai pu me procurer un exemplaire (il en restait 3 sur Amazone).
As-tu vu le film de Pauty ?

Écrit par : Rosa | vendredi, 30 janvier 2009

@ Rosa : Non, je n'ai pas vu le film de Pauty. Je crois qu'il y a des videos sur Calaferte disponibles (ou il y avait), à la bibliothèque de la Part-Dieu. Peut-être ce film s'y trouve . Surement des entretiens sur "C'est la guerre" et son adaptation théâtrale.

Écrit par : solko | vendredi, 30 janvier 2009

Que de changements en mon absence !
J'ai lu "Requiem des Innocents", absolument poignant. J'ai du mal à m'en remettre et j'essaierai de faire un billet. j'ai trouvé dans ce récit biographique la clé des relations de Calaferte avec femmes : celles de la Zone, sa mère...
à propos de la Zone, quelques points de repères : le fleuve, (sans préciser lequel), la voie ferrée et des wagons entreposés, des voûtes : derrière Perrache ?

Sans rapport : la Cloche a gagné son procès.

Écrit par : Rosa | dimanche, 15 février 2009

Calaferte n'est pas complètement oublié... il y a une citation de lui sur le mur peint rue du Plâtre !!! de Septentrion je crois.

Terrible roman. J'ai pris un paquet de notes en le lisant.

(après SophieLL, deuxième exhumation pour ce post !!)

Écrit par : Thomas P | mercredi, 04 mars 2009

C'est si rare de découvrir quelqu'un qui parle de Calaferte.
Je vous remercie.
Lorsque j'ai lu Septentrion j'étais subjuguée. Je crois que je n'avais encore rien lu d'aussi puissant.
Peu de temps après j'ai découvert un autre auteur : Marcel Moreau. Connaissez-vous? Oui sans doute.

Écrit par : Ambre | jeudi, 07 mai 2009

@ Ambre : Marcel Moreau ? De nom, seulement. Et c'est tout. Je n'ai jamais rien lu. Vous attirez sur lui mon attention.C'est bien. Dites m'en davantage.

Écrit par : solko | jeudi, 07 mai 2009

Désolée mais je ne sais pas parler des auteurs que j'aime.
Je ne sais que les lire, les dévorer. Marcel Moreau est un danseur de mots qui vous donne le vertige...
Par Google vous pourrez faire connaissance avec M. Moreau.
Vous pouvez commencer par les volumes réédités chez Denoël en un seul volume de 750 pages;-) Avant d'acheter, lisez quelques extraits. Mes goûts littéraires ne sont peut-être pas les vôtres.

"Il confiait ainsi à Anaïs Nin : "Ce n’est pas assez que l’écriture soit un chant, encore faut-il qu’elle nous intoxique, qu’elle nous drogue, qu’elle provoque chez le lecteur ces somptueuses titubations sans lesquelles il n’est point d’extrême découverte. Mon but est d’inonder de vin le langage de France, d’écrire un livre qui se boive, qui se danse plus qu’il ne se lise." Et ce but, Moreau l’a si fastueusement poursuivi qu’il en a étourdi et submergé plus d’un. Autant de récits menés à bride abattue, autant de passions qui mettent le tumulte entre extase et torture, autant de corps en majesté et d’âmes en sueur, comment suivre les pages par milliers d’un galop si effréné dans la vie et les mots ?"

"La réédition chez Denoël de quatre volumes publiés jadis par Marcel Moreau chez Buchet-Chastel et Christian Bourgois a immédiatement force de réponse. Quintes, L’Ivre Livre, Sacre de la femme, Discours contre les entraves, proposent un parcours que les titres, à eux seuls, suggèrent, et qui est une fête, une fièvre, un festin de rythmes et d’odeurs, de jubilations et d’effrois, d’insurrections et d’enchantements. Jean Dubuffet, dans l’une de ses lettres données en postface, énumère, avec la verve ferroviaire qui n’appartient qu’à lui, l’ensemble des sensations qui saisissent tout lecteur consentant : "J’ai reçu le livre en pleine poire, on a de la peine à s’en remettre. Une transe frénétique. Tous les gonds sautés par le mouvement de l’hélice. Une chouette purge. Tout à fait salubre. Hautement tonique. C’est incroyable que vous puissiez mener pareil train sans reprendre haleine.""

Bonne découverte!

Écrit par : Ambre | jeudi, 07 mai 2009

@ Ambre : Merci en tous cas de toutes ces indications et de cette inspiration à lire Marcel Moreau

Écrit par : solko | vendredi, 08 mai 2009

Venu sur ce site par le dernier article , cliqué sur ce lien consacré à Calaferte, un des auteurs préférés. C'est un vrai régal de le lire . J'ai vu aussi qu'on a parlé du grand écrivain ,dans ces commentaires ,qu'est Marcel Moreau. J'ai écrit justement un article sur lui http://ungraindesable.hautetfort.com/archive/2008/01/03/marcel-moreau-une-philosophie-a-coup-de-rein.htmle

Écrit par : Fabrice | jeudi, 17 septembre 2009

@ Fabrice : Ah merci pour cette info, ce lien. Ce billet sur Calaferte est décidément un billet yo-yo qui réapparait régulièrement, signe de sa vitalité posthume.
Je suis passé en coup de vent "chez vous", ce que j'y ai entrevu m'a mis l'eau à la bouche et je reviendrai.
Merci à vous, à bientôt.

Écrit par : solko | jeudi, 17 septembre 2009

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