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lundi, 10 octobre 2011

Adrien Bas, par Béraud.

Je ne vivais plus seul. Dans mon vieux couvent, notre bande avait transporté sa confrérie. Dans chaque cellule, il y avait un peintre, et l’ancienne chapelle servait d’atelier. On y voyait un maître, Adrien Bas, celui qui, nous quittant le premier, laissa du pays sans lueur et sans contours les plus troublantes images.

Il peignait avec des nuées. Sous sa main naissait dans une vapeur de cendre toute la ville, avec ses sombres porches et ses clochers aux flèches de suie. Il faisait cela d’un air absent, en homme qui pense à autre chose. Et, de fait, son esprit vagabondait ailleurs, dans un univers mécanique hanté de manivelles, d’hélices, de balanciers, d’engrenages et de pistons. Ainsi que le grand Léonard, il dédaignait la peinture et s’adonnait aux inventions. Il les aimait saugrenus, et la collection de ses brevets vous donnait envie de vous coucher sur l’armoire ou de se coiffer d’un soulier. Il en riait à sa façon, sans que bougeât un pli de sa face mongole, où le cristal d’un monocle abritait un regard glacé. Une dizaine de musées conserve ses tableaux.

Henri Béraud, Qu'as tu fait de ta jeunesse, Ed.France, 1941

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Quartier Saint-Paul à Lyon

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Quais de Saône à Lyon

M. Adrien Bas s'est presque spécialisé dans l'interprétation des aspects de notre ville. Il est le flâneur à qui sont chers nos quais, nos squares, nos jardins suspendus.  Notre athmosphère d'argent, chargée d'eau et de fumée, nos brumes lentes montant jour et nuit sur les fleuves, notre mélancolique ciel d'automne qui semble sourire à travers l'ondée, toute l'âme pleureuse et dolente de la vieille cité catholique, M. Adrien Bas s'efforce de la fixer sur ses toiles. 

Je connais de lui des crépuscules sur la Saône qui sont des pages d'angoissante mélancolie. De grands ciels pluvieux ne laissent plus tomber surla ville qu'un jour pâle et les premières lueurs des faubourgs qui s'éclairent commencent à trembler au calme des eaux. Un pont s'efface au loin, les bicoques riveraines fument dans le soir, des traînes de bâteaux glissent dans la demi-ténèbre et tout semble se recueillir avant de s'évanouir dans le grand sommeil des choses. La cité s'endort. 

Henri Béraud - L'Ecole moderne de peinture lyonnaise, 1912

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Passerelle du collège

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 Chapelle de l'Observatoire

06:05 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : henri béraud, adrien bas, peinture, ziniars, lyon, littérature | | |

Commentaires

Ah ! du Béraud... L'émotion, toujours, à voir évoquer ce nom... Je reviendrai ce soir lire de près votre billet.

Pour l'heure, je vais ajouter mon grain de poivre à votre billet sur "La France de demain ?" (primaires socialistes).

Écrit par : Michèle | lundi, 10 octobre 2011

très intéressant, je n'y connais rien en peinture, donc je découvre et j'apprécie

Écrit par : FOurs | mardi, 11 octobre 2011

En 2006, les éditions Mémoire des Arts de Lyon ont publié "Adrien Bas. Une vie dédiée à la peinture", biographie de l'artiste richement illustrée. Cet ouvrage contient en outre la réédition de la plaquette "Un peintre Adrien Bas" de Paul Lintier publiée en 1914 que Béraud avait préfacée.

Écrit par : Dominique Rhéty | samedi, 15 octobre 2011

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