lundi, 19 septembre 2011
L'insomnie d'un inconnu
Tu ne dors pas, tu gis, veillant sur ta souffrance
Laquelle, en ton sommeil, pourrait percer ton cœur
Sans ta garde effrayée –crois-tu -, dans le silence,
Du dédain de la ville et du nœud de ta peur.
« Est-ce ton corps qui lutte, ou ton esprit qui songe
Cette perte de toi dans un souffle qu'on tord ? »
Admettent l’un et l’autre, en ce mal qui te ronge,
Ton corps, ton cœur. Ta chair venue humer la mort,
Ta chair te cuit : dans le grand vide, seule, ainsi
Vint-elle au monde un jour, cicatrice, ô nombril !
De l'étrange début ce même effroi t’endure.
En ton amour-brasier, veilleur inaperçu
Des rêveurs de bûchers, mais qui ne rêvent plus,
S'infuse un chagrin chaud tissé d'un rien qui dure.
R T.Août 2011
06:29 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : littérature, poésie |
Commentaires
plutôt sympa comme autoportrait
Écrit par : gmc | lundi, 19 septembre 2011
Moi j'espère que ce n'en est pas un... Ou alors, le (beau) portrait, un peu désespéré, de ce que nous sommes tous, à certains moments.
Écrit par : Sophie K. | lundi, 19 septembre 2011
Beau portrait ? Magnifiquement effrayant, vous voulez dire ? Votre sonnet prend aux tripes solko. Et à l'esprit. C'est bien ! -enfin, ce que j'en dis...- Cet inconnu que vous tutoyez insolemment; Brrr... je ne voudrais pas être à sa place ! Et en même temps...
Écrit par : Benoit | lundi, 19 septembre 2011
Je penche pour l'autoportrait, singulier et universel :)
Lisant ce beau sonnet, j'ai pensé au tableau de Courbet :
http://www.musee-orsay.fr/typo3temp/zoom/tmp_1551723ec8c7e3cc7d43c5677bd926ce.gif
Écrit par : Michèle | lundi, 19 septembre 2011
C'est un des plus beau Courbet, oui. Le désespéré, je crois ?
Écrit par : solko | lundi, 19 septembre 2011
Autoportrait ou non, est-ce vraiment la question ? La parole, ici, ne noue pas, mais dénoue,du moins tente de dénouer.
Écrit par : solko | lundi, 19 septembre 2011
cela semble exact et donc, en un sens, remarquable.
Écrit par : gmc | lundi, 19 septembre 2011
Ce tutoiement qui suppose deux personnages, est en fait une manière habile pour le narrateur de se dédoubler. Un peu comme chez Rimbaud, qui employait le "vous":
Puis l'adorée, un soir, a daigné vous écrire !...
Mais Rimbaud avait 17 ans et parlait d'amour. Ici, l'autoportrait est bien plus angoissant.
Écrit par : Feuilly | lundi, 19 septembre 2011
Benoît : beau pour le style, et effrayant pour le fond...
Écrit par : Sophie K. | mardi, 20 septembre 2011
Très beau texte qui m'évoque un ami récemment décédé...
Écrit par : Rosa | mercredi, 21 septembre 2011
Merci de ton appréciation. A bientôt.
Écrit par : solko | mercredi, 21 septembre 2011
Un classicisme si pur
voilà qui parle à tous
et à chacun profond
Écrit par : Galibert | jeudi, 22 septembre 2011
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