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mercredi, 26 septembre 2012

L'étang me dure

Après, tu n’auras rien à dire. Tu te répètes beaucoup, en attendant. Mots, comme des petits pas. Combien, prononcés ?

Ca te fera tout drôle, quand tu n’auras plus rien à dire. En fait, c’est déjà le cas. Plus rien à dire ou personne à qui parler ? Cela revient au même, au fond.  Silence dans un caisson.

La jeunesse, disions-nous l’autre jour à la cantine, ne supporte plus la lenteur. Ni dans les livres, ni dans les films, ni dans l’existence réelle. Mais elle s’accommode étonnement bien de la répétition. Nous de même, qui avons vieilli.

La répétition serait-elle moins ennuyeuse que la durée ? Sévère question de point de vue. La répétition fait en tout cas plus illusion que la durée. Intermittence, prisme affecté du  postmoderne. Les hachures de l’instant qui font mine de. La durée, elle, jamais rien. Je préfère la durée.

Jadis, j’ai appris à vivre, à lire, à penser dans son étang. Je ne me figure pas la durée autrement que comme un étang. L’étang me dure, faute d’éclair.

Pauvre drôle, quand cesseras-tu  de répéter par-dessus ton épaule ceux que tu as lus ? Ils se sont beaucoup répétés avant de cesser de durer. La littérature serait une sale farce, tu vois, si tout n’était l'énigme…

littérature,poésie,rené char

Aldine, Canal à Venise

06:33 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : littérature, poésie, rené char | | |

Commentaires

C'est drôle, le thème d'un concours d'élocution de mon lycée l'année dernière, était "Faut-il faire l'éloge de la lenteur ?" Je n'y ai pas assisté. Pas le temps !

La jeunesse en effet ne supporte plus la lenteur. Mais qui la supporte ? Un présentateur du petit écran (je ne sais plus lequel) disait qu'il avait fortement augmenté son débit de parole entre le début et la fin de sa carrière. A ce que je sache, ce type avait au moins le double de mon âge ! Nous sommes une génération de gens pressés, certes, mais c'est la génération de nos parents qui nous a formé.

J'aime prendre mon temps. J'aime ma lenteur. Je suis lent. Parfois trop. Je ne sais pas si la lenteur est une qualité mais elle se meut facilement en défaut.
Prendre le temps de plonger dans l'étang ?

(Bien sûr que la littérature n'est qu'une sale farce !)

Écrit par : Benoit | mercredi, 26 septembre 2012

Peu importe que la lenteur soit un qualité ou un défaut, dès lors qu'elle est nécessaire à l'équilibre, la réflexion, la maturité d'un être. Moi, je la revendique comme une force, la lenteur...

Écrit par : solko | mercredi, 26 septembre 2012

Le refus de la lenteur de la part de la jeunesse c'est le refus des étapes, des initiations, des rites de passage. Le trop plein de la société de consommation accélère la péremption des choses. La jeunesse d'aujourd'hui vit dans le refus du temps...

Téléphone portable en mains le plus tôt possible, vie facebookée en permanence, dégoût pour le passé et l'Histoire, peur du futur et de la vieillesse, attrait pour le rejet des références patriotiques, sensibilité aux mirages socialistes, haine de la solitude et de la méditation sur soi-même...

Les vrais problèmes ne sont pas abordés par les politiques. Au mieux, ces derniers condamnent cette course éperdue au nihilisme, au pire ils l'encourage (à l'image de notre gouvernement actuel). Je ne vois rien de bons dans les cinq prochaines années qui viennent, Solko.

Écrit par : Jérémie | mercredi, 26 septembre 2012

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