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jeudi, 24 avril 2014

Du story-telling européen et autres fadaises électorales

Dominique Reynié est agrégé en sciences politique, politologue à Sciences Po, directeur de la fondation  pour l’innovation politique, un think-tank proche de l’UMP.  C‘est à ce titre qu’il intervient souvent dans les media mainstream, radio ou télé, pour chanter la bonne parole auprès de ses confères de gauche, et constater son naufrage tout en même temps.  Son bouquin sur les populismes européens vient parait-il d’être réédité en poche.

L’approche des européennes et les sondages donnant Marine Le Pen en tête dans plusieurs régions l’incitent à voleter de plateaux en plateaux pour dénoncer ce qu’il appelle « l’absence de récit européen » de la part des partis institutionnels, absence qui serait cause selon lui de la fameuse montée des populismes. Vilains électeurs récalcitrants à la messe officielle. Et l’expert en marketing politique d’expliquer que le storry telling traditionnel qui a poussé les peuples à voter Oui à Maastricht (vous savez, le fameux plus jamais ça, l’Europe c’est la paix et bla bla bla) est cuit, raide mort, défunté, parce qu’il ne colle plus à la réalité vécue des gens, et qu’il faut en inventer un autre urgemment avant que la baraque ne flambe entièrement. Pour que le loup sorte ainsi du bois, il doit y avoir en effet le feu bien que les pékins moyens et désinformés que nous sommes ne le pensent.

Cela dit, quel aveu que ce discours de Dominique Reynié ! Cela revient tout simplement à constater que sur la scène des grands mensonges politiques, il en manque un, pour faire voter les peuples comme il faudrait, et c’est un mensonge  européen ! Il propose donc ce storry telling renversant d’imagination : « L’Europe comme entrée heureuse et fraternel dans la globalisation planétaire… » Le reste étant, bien entendu, le malheur, la guerre, le chaos….

C'est prendre les choses à l'envers : Nous savons tous que si les populismes montent, ce n’est pas en raison d’un complot de forces fascistes occultes qui gangrènerait des cervelles incultes, mais parce que ce qu’on continue (jusqu’à quand ?) d’appeler la construction européenne laisse sur le carreau des millions de gens qui n'en peuvent plus de l'arnaque... Une construction sans cohérence politique, sans frontière définitivement fixes, sans calendrier électoral commun. Devant ce machin  branquignole, chacun comprend qu’il n’y a que deux solutions : soit un fédéralisme total, à l’américaine  (conforme au plan Obama qui est en train de répandre en Pologne ses soldats pour faire front à Poutine), soit un retour à l’Europe des Nations. L’Europe des Nations qui n’est pas du story telling, mais une réalité vécue par les peuples sur un plan historique et culturel depuis des siècles sur le vieux continent. Une réalité qui, comme tout ce qui tient du Réel, gêne, ennuie, qu’on aimerait passer à la trappe mais qui, par bonheur, résiste. Une réalité dont on voudrait nous faire croire qu'elle n'a semé que la discorde, quand elle fut aussi le creuset de l'art, de la culture, de l'architecture, et de toute la civilisation dont nous sommes les héritiers honteusement blasés.

L’argument des fédéralistes est toujours le même : la nation serait fauteuse de guerre et de discorde, le fédéralisme de paix et de concorde. Cependant, nous savons tous que ce n’est pas à la zone euro que nous devons la paix, ni à la diffusion de théories pacifistes tout azimuts, mais plutôt à la dissuasion nucléaire, à la colonisation culturelle et à l'hégémonie économique américaines durant la Guerre Froide, à la prospérité des Trente glorieuses et peut-être aussi à la lassitude toute légitime qui a suivi les deux derniers conflits mondiaux plus que déments. Mais l’Amérique est aujourd’hui en faillite, les Trente Glorieuses sont derrière nous, nous ne sommes plus les seuls à posséder la dissuasion nucléaire, et une génération nouvelle arrive, minoritaire parmi les vieux en Europe. Enfin, à force d’être galvaudé et de se diluer dans un consumérisme aussi douillet qu’imbécile, l’idéal pacifique a perdu de son panache aux yeux de beaucoup, pour n'être plus que la garantie de passer une vieillesse heureuse dans ses pantoufles, pas de quoi faire rêver une jeunesse avide légitimement de combats spirituels d'une autre portée..

A l’heure où la Commission Européenne semble prête à signer avec les USA un traité transatlantique signant l’arrêt de mort des Etats nations, historiques, la question qui demeure pendante est celle-ci : les véritables fauteurs de guerre, de désordre et de misère sont-ils les partisans des nations, ou ceux qui cherchent à prendre le contrôle du monde en les abolissant ? 

Quand on pose les choses ainsi, il n'est plus question de story-telling électoral, mais de politique réelle,  chacun doit y songer. Une Europe fédérale pilotée par une banque privée soumise aux volontés militaires et aux intérêts économiques américains est un état totalitaire, quel que soit le conte de fées que les experts en marketing nous vendent. Et donc préférera-t-on la structure de la nation ou bien celle de l’Etat totalitaire ? A chacun d'y songer et à chacun de parler et d'agir en conséquence.

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Dominique Reynié : L'Europe manque d'un story-telling pour captiver les peuples...

 

06:14 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : reynié, europe, think-tank, france, politique, nation | | |

Commentaires

" (vous savez, le fameux plus jamais ça, l’Europe c’est la paix et bla bla bla) est cuit, raide mort, défunté, "

Bien plus que ça, Roland !
L'Europe, c'est la guerre. Car s'il n'y avait pas eu ses promesses inconsidérées, ses faux-fuyants, ses miroirs aux alouettes, son désir d'expansion à l'est, son intoxication sournoise, mielleuse, en-dessous, l'Ukraine ne serait pas aujourd’hui au bord du chaos et le vieux continent ne serait pas à deux doigts d'un troisième cataclysme.
Cataclysme qu'on évitera peut-être, mais, si tel est heureusement le cas, jamais on en aura été aussi près. ET tout ça, on le doit à l'Europe. Les Ukrainiens ont été trompés, on leur a fait croire que la seule façon de se débarrasser de l'ogre russe, c'était de rejoindre la grande famille.

Écrit par : Bertrand | vendredi, 25 avril 2014

De toutes façons, pour le dictateur russe, les Ukrainiens sont coupables tout court, avec ou sans l'Europe.

Mais, avec son armée à la puissance trompeuse et son économie en carton-pâte, la Russie s'écroulera dans quelques années.

Sa population vieillit, son espérance de vie est dérisoire, le niveau de vie misérable...

Son comportement, sur le plan du droit international, est insupportable.

Écrit par : Jérémie S. | mardi, 29 avril 2014

En tout cas, Solko, je ne crois pas que les solutions soient du côté du FN dont la politique fiscale est une fiscalité pour ultra privilégié et dont la politique économique est celle de l'ultra libéralisme.
Ultra libéralisme sauvage dans une France isolée, on peut tout de même rêver mieux.

Une Europe sociale, une Europe des peuples n'implique bien évidemment pas que chaque nation renonce à son histoire. Au contraire. La coopération n'est possible que dans le respect de chacun, qu'elle rend plus fort.

J'espère trouver le temps de développer ce que je dis là de façon un peu péremptoire, car non argumentée.

Écrit par : Michèle | lundi, 28 avril 2014

Le FN serait ultra-libéral... Va falloir argumenter.

Quant à renoncer à notre Histoire, c'est déjà fait, surtout par les gouvernements de gauche (lois Gayssot). La droite n'est guère mieux (boycott du bicentenaire d'Austerlitz, par exemple).

Écrit par : Jérémie S. | mardi, 29 avril 2014

Notre échange, Jérémie, aura eu le mérite de me faire lire le volet économique et fiscal du programme du FN et je dois dire que je suis assez atterrée. Je ne crois pas à cette mutation soudaine, je pense que ce parti ment à des fins électoralistes. Cela n'engage bien sûr que moi.

J'ai cherché à voir ce qu'on en pensait, dans ma sensibilité politique. Je n'ai pas trouvé grand-chose de crédible.

Je livre ici deux liens qui sont deux éclairages, si les lecteurs en trouvent d'autres, ils seront pour moi les bienvenus :

http://www.pouruneconstituante.fr/spip.php?article552

http://www.marianne.net/Qu-est-ce-qui-fait-echouer-le-Front-de-gauche%C2%A0_a234897.html

Écrit par : Michèle | mercredi, 30 avril 2014

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