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mardi, 10 décembre 2013

Lumière sur les Lumières

Le soir du 8 décembre, il n'y a pas si longtemps, étaient disposées, sur le sommet de la colline de Fourvière, à côté de la basilique, les lettres AVE MARIA. Et je me souviens avoir surpris - ça devait être en 2002 ou 2003, à l'occasion d'une soirée où la foule se presse devant les projections - ce propos assez sidérant derrière moi  : Regarde le C est tombé. Je me retourne et je vois la figure d'un gaillard de 25 ans, environ, qui assurait ça d'un ton ferme à sa copine. Laquelle, d'une moue indifférente, lança un Ben Ouais, avant de se diriger vers une autre attraction. Depuis, d'ailleurs, le diocèse a remplacé AVE MARIA par MERCI MARIE, ce qui ne manque pas d'un certain ridicule quand on songe à Schubert ou Gounod, mais il parait que le ridicule ne tue plus, et en effet...

Hier, je surprends cette conversation loufoque entre deux étudiants qui marchaient dans la rue de Brest, en plein centre de la ville

«- La fête des Lumières ? c'est les Illuminations de la Vierge qui sont à l'origine, je  t'assure

- La Vierge ? Mais qu'est-ce qu'elle a à foutre là-dedans ? C'est à cause des frères Lumière qu'il y a cette fête...

- Les frères Lumière ? Mais non ! C'est la Vierge, je te dis...

- Alors, pourquoi ils projettent des images sur les murs comme des écrans ? Hein ? Tu peux me dire ?

-  (;;;)

- Tu vois bien?. Je te l'avais dit. C'est pour les inventeurs du cinéma qu'ils font tout ça. La Vierge ! Pffeuu  ».

 

Et voilà... C'est comme ça que les imbéciles et les incultes ont le dernier mot. Du bon boulot de maçons ! Vous me direz que les Lumières auxquelles la propagande maçonnique fait allusion sont à chercher du côté d'un esprit de l'Encyclopédie passablement détourné au profit de l'ordre marchand. Soit. N'empêche, l'amnésie fonctionne malgré les Merci Marie affichés et un certain consentement à l'oubli s'installe, qui craint de plus en plus en France. Mais peu de gens s'en rendent compte, préoccupés légitimement par les difficultés engendrées par la crise et bercés par le doux ronron égalitaire de la gauche plus que jamais inégalitaire, et habitués à bouffer du curé dans un geste patriotique. A quelques semaines des municipales, on lira avec intérêt cet autre témoignage d'un lyonnais exaspéré ICI.

Parole à la Callas :


09:33 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : lyon, illuminations, 8décembre, callas, fête des lumières | | |

Commentaires

C'est déjà un bien que ces étudiants-là se posent des questions et une solution eût été d'aller boire un pot avec eux et de continuer la discussion :) Je sais ça ne se fait pas, aujourd'hui on est plutôt dans la défiance réciproque...
Mais ce lien coupé depuis longtemps il faudra bien le rétablir un jour ou l'autre non ? Car à ne pas occuper le terrain on laisse la place aux marchands...
Je parle un peu à mon bonnet là, à ressasser des évidences, mais en ce moment j'en ai besoin :)

Écrit par : Michèle | mardi, 10 décembre 2013

Disons qu'après 7 heures de cours, "parler à son bonnet", c'est un peu l'impression qu'on a en effet. Et le besoin de se taire un peu se fait sentir !

Écrit par : solko | mardi, 10 décembre 2013

un petit extrait de luchini , histoire de sourire un brin:

http://www.youtube.com/watch?v=RllOyPqo2VM&feature=player_embedded

Écrit par : gmc | mardi, 10 décembre 2013

Merci GMC. Tout ce que le "on ne vous entend pas sur ce sujet-là" de Pujadas, grand valet de pied devant l’Éternel cathodique, a de comminatoire, Luchini a l'art de le pulvériser en 2 minutes, ce qui est quand même le témoignage d'un grand professionnalisme...

Écrit par : solko | mardi, 10 décembre 2013

Merci ! :)

Écrit par : Sophie K. | mardi, 10 décembre 2013

Mais les jeunes ont toujours été assez ignares, non ? (J'étais ignare, moi aussi, à 18 ans (en dehors du dessin et de l'égyptologie). Ceci dit, en bonne lectrice de BD, et notamment d'Astérix, même sans faire de latin, j'aurais su la signification d'Ave, je me tiens le pari.)
Tu parlais à juste titre de poésie dans ton précédent billet ; le problème, à Lyon et ailleurs, c'est qu'elle s'efface peu à peu sous la débauche d'installations qui ne sont que ludiques, effectivement. D'où le manque de sens, ou plutôt le contre-sens de cette manifestation, qui perd en outre l'idée ancienne d'humilité face aux éléments - au-delà même de la pratique religieuse, s'entend : on pourrait aussi aller chercher cette tradition dans la célébration, au cœur de l'hiver, du retour de la lumière, si fragile, mais qui renaît toujours. De la part de la chrétienté, l'associer à Marie était au moins cohérent...
(Sinon, je résumerais mes énervements, devenus permanents, contre les socialos, par ces mots : impositions, impostures et impôts, hahaha!)

Écrit par : Sophie K. | mardi, 10 décembre 2013

Je suis assez d'accord avec vous Sophie. Notre triste société "urbaine" (ce mot me donne la nausée) s'est coupé d'un certain rythme naturel. Plus d'harmonie avec les saisons... Tout ce qui compte c'est que ça soit "spectaculaire"...

Écrit par : Sarah.S | mardi, 10 décembre 2013

L'histoire de "merci Marie" est malheureusement sordide.
Beaucoup plus sordide qu'on ne le sait.

Et le ridicule n'est qu'apparent.

Pour faire simple, et sans risquer le couperet de la censure comme celui de la justice, disons que les représentants de religions réputées tolérantes ( deux principalement ) ont tempêté auprès des édiles et des organismes de la ville dits oecuméniques jusqu'à ce que l'autorité catholique ôte l'infamant "Marie mère de Dieu" - Oh, comme ils étaient offusqués ! Voilà qui est intolérable ! - lequel avait déjà remplacé le traditionnel "Ave Maria", ringard et provoquant, comme chacun sait.

Est-il besoin de préciser que cette première substitution s'était faite à la demande des mêmes représentants tolérants, cités plus haut. ?

Écrit par : tamet de Bayle | mardi, 10 décembre 2013

Pour le premier commentaire :
Si c'est un bien que deux étudiants se posent des questions, où en sommes-nous ? !

Quant à "boire un pot"...
Et quant à la place des marchands...
Le délire des enseignants n'a donc point de bornes.

PS : La multiplication des "là" est déjà assez ridicule dans le langage parlé, mais si les prof-eh, enfin j'veux dire-eh, quelque part-eh, en rajoutent là, dans l'écrit là... !

Écrit par : tamet de Bayle | mardi, 10 décembre 2013

Le fait de se poser des questions serait-il devenu spécifique aux étudiants ? Mis à part dans leur domaine de formation, pourquoi auraient-il des raisons de s'en poser plus, ou moins, que d'autres ? Est-ce que vous sous-entendriez que les étudiants d'aujourd'hui se posent moins de questions que ceux d'hier ???!

Quant à ces deux étudiants, leur conversation est triste oui, mais quelque part on espère qu'elle a ouvert un doute dans l'esprit du deuxième, qui par curiosité ou même pour assurer sa "victoire culturelle" ira vérifier ses dires. Et alors il se rendra compte de son erreur !
Oseriez-vous affirmer ne jamais vous être trompé de la sorte ?

Si ces deux-là sont ignares, est-ce vraiment leur faute ? A votre avis, qui ne leur a jamais parlé de l'origine des Illuminations ? De qui tiennent-ils une fausse histoire ?

Je ne remets pas en cause le billet de Solko : il y a indubitablement un déficit d'intérêt des jeunes pour tout un pan de la culture.
Néanmoins, considérez ceci :
Mettons que ce gars (dont on n'a aucune caractéristique hormis qu'il est étudiant) sois d'Annecy (par exemple) et vienne d'arriver à Lyon pour ses études. De la Fête des Lumières, il ne connaît que le nom et la "renommée"... On peut naturellement lui pardonner de ne pas être au fait de l'origine de cet événement (on n'apprend pas toute l'histoire d'une ville en quelques mois), et peut-être de répéter ce qu'il a entendu d'on ne sait qui, non ? Je sais, c'est un peu tiré par les cheveux, mais ça montre qu'il peut exister des raisons valables d'être ignare.

PS : Vous faites du zèle, là... Allez boire un pot, ça vous détendra !

Écrit par : Benoit | mardi, 10 décembre 2013

Non monsieur Tamet de Bayle, il n'est ni évident ni naturel à l'homme de se poser des questions sur ce qui l'entoure.
C'est le résultat d'un travail et le statut d'étudiant ne suffit pas à augurer de la maturité de la réflexion.

Je me demande quelle mouche vous pique pour m'attaquer ensuite sur le style de mon commentaire. Je n'ai pas à vous répondre là-dessus.

Je ne suis pas plus que vous à l'abri de dérapage, de lecture ou d'expression défaillantes, je garde simplement à l'esprit que je suis ici une visiteuse, heureuse d'être accueillie dans un espace de travail de belle tenue.

Écrit par : Michèle | mercredi, 11 décembre 2013

@ Benoit : c'est pas les deux étudiants que je visais (même si, entre nous, ils n'avaient pas l'air malin ni l'un ni l'autre), mais ceux qui firent qu'en effet, son interprétation n'était pas si sotte.
Monsieur Chabert, en l’occurrence, ex conseiller de Missieu Noir (si je ne m'abuse) , ancien maire de Lyon.

@ Tamet de Bayle et Michèle : C'est vrai, quoi quelle mouche vous pique ? Allez hop, calumet de la paix (je plaisante)

Écrit par : solko | mercredi, 11 décembre 2013

Mais bien sûr, peu de jeunes savent l'origine des illuminations (à part les petits catholiques bien éduqués!). J'en ai vu que trop samedi soir profiter de cette fête pour boire et s'amuser bêtement. Toute la presqu'île, les quais de Saône et les pentes sentait le vin chaud et la boustifaille. Je n'y ai vu que décadence. Si un petit havre de paix aux pierres plantées et à l'amphithéâtre.

Écrit par : Anne. D | mardi, 10 décembre 2013

Combien en ce prochain vingt quatre décembre, fêteront Noël comme il devrait l'être, et pas par une débauche de foie gras, de bon vin et de cadeaux made in china ?

Écrit par : Julie des hauts | mercredi, 11 décembre 2013

Le pire, entre nous, c'est le cadeau made en China ...

Écrit par : solko | mercredi, 11 décembre 2013

Le vin et le foie gras made in China existent aussi, hélas...

Écrit par : Sarah S. | mercredi, 11 décembre 2013

Si cela ne finissait pas par faire peur, cela ferait rire...

Écrit par : Christian Cottet-Emard | jeudi, 12 décembre 2013

Vous avez raison de parler de peur.
Une peur qui n'a pas d'objet défini, pas non plus de prise sur ce qu'elle redoute, à savoir les conséquences progressives de l'ignorance et de la perte de signification.
D'ailleurs ces conséquences personne n'est capable de vraiment en mesurer la portée, et c'est un autre sujet d'inquiétude.

Écrit par : solko | jeudi, 12 décembre 2013

PS : je parlais évidemment de l'anecdote concernant les Lumières.

Écrit par : Christian Cottet-Emard | jeudi, 12 décembre 2013

Beau billet mais ne sont-ce pas les mêmes que nous avons devant nous chaque jour, avec certes quelques années de moins ?

Écrit par : Zabou | jeudi, 12 décembre 2013

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