lundi, 25 avril 2011
El Azariyeh
Lazare s’est-il longtemps demandé ce que signifierait pour de bon sa mise au tombeau ? Métaphore extrême de chacun d’entre nous condamné à vieillir, à laisser là chaque jour un peu plus de soi, bouts d’ongles, cheveux gris, morceaux de sa peau, et ceux qui l’aiment éloignés de lui, chaque souvenir, et ceux qu’il aime, impuissants à le sauver, ferveur en allée. Ailleurs, et comme partout autour sur la planète, la Résurrection est devenue un commerce qui fait vivre en toutes langues et parler tant de monde.
Mais là, en cette terre aride, elle reste malgré la division seul signe tangible, «Béthanie sera toujours Béthanie, murmura un jour Maria Valtorta, tant que la Haine ne fouillera pas en ce foyer d'amour, croyant en disperser les flammes, et au contraire elle les répandra sur le monde pour l'allumer tout entier. » Le sépulcre de Lazare dans la contrée d’El Azariyeh : C’est le nom que les musulmans ont donné au lieu. D’autres orthographes existent bien, El Aziriyeh, el-Azariyah, dont l’étymon premier, comme la vieille église a survécu : El Azariyeh, c’est bien Lazarion, le village de Lazare. « De personne d’autre, je n’ai accepté autant, que de mes amis de Béthanie » aurait dit le Christ.
Ce lieu ne garde en moi qu’une table, dont le sable blanc a recouvert la pierre. Table devenue page, page devenue sage, message auquel je me suis confié et qu’un doigt découvre à chaque fois que se dérobe le sol. Devant cette poussière qui rendit aussi vain qu’éclatant tout autre savoir, les docteurs de la foi comme ceux de la non-foi demeurent inopérants. Le silence est d’or. Et nulle part la Résurrection ne vibre d’une présence aussi compacte, que rejoint le pèlerin astral, défait de la Douleur d'exister.
11:18 Publié dans Des poèmes, Là où la paix réside | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : el azariyeh, béthanie, pâques, résurrection, lazare, christianisme, religion |
Commentaires
Solko:
Vous nous offrez une magnifique méditation.Lazare est une nécessité inventée pour éluder la mort, reporter dans un au delà fantasmé, la transcendance sans laquelle l'existence n'est guère possible mais qui demande tellement de rigueur, d'exigences,d'ascèse qu'il est plus aisée de l'envisager "post mortem"
Écrit par : patrick verroust | lundi, 25 avril 2011
Plus aisé, je ne sais pas. Plus raisonnable, en tous cas.
Écrit par : solko | mercredi, 27 avril 2011
Pas mieux que Patrick.
Écrit par : Sophie K. | lundi, 25 avril 2011
pour le premier paragraphe, il n'est jamais inutile de se pencher sur le destin de cronos, dieu hostile et irritant, que tue zeus et qui, après sa mort, se révèle être un ami paisible^^
le troisième paragraphe vous va bien, solko, c'est preque un poème.
Écrit par : gmc | lundi, 25 avril 2011
Presque, oui, parce qu'il y a une part de vécu dedans.
Écrit par : solko | mercredi, 27 avril 2011
Pour Lazare, j'apprécie la très belle formule de Patrick...
Pour la Résurrection du Christ c'est autre chose, une Parole qui passe la mort et le temps...tant qu'il y aura des humains pour en témoigner.
Tu es allé à Bethanie Solko ?
Écrit par : Rosa | mardi, 26 avril 2011
En un sens, oui.
Écrit par : solko | mercredi, 27 avril 2011
Merci Solko, c'est vraiment magnifique.
Écrit par : Tanguy | mardi, 26 avril 2011
Merci à vous Tanguy.
Écrit par : solko | mercredi, 27 avril 2011
Beau texte encore.
le mur, on dirait un sphinx non?
Ou un dromadaire à tête de chat ou de tigre, un tigre mature mais prêt à bondir toutefois
... c'est comme les ours dans les nuages, c'est tout...
Il y a ceux qui y voient Dieu, ceux qui continuent à y voir des ours ou des goélettes.
:OI
Écrit par : librellule | jeudi, 28 avril 2011
Je pense au Lazare de Béraud qui se réveilla un 13 décembre 1922.
Écrit par : Michèle | mardi, 24 décembre 2013
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