mardi, 08 novembre 2011
L'Année du premier pas
D’un côté de la toile, il y avait la maison paternelle. La ferme où fut ravie l’enfance. Belle affaire que l’enfance ravie ! Et dans un corps vigoureux, il s’élance. Tout autour bruissent les grillons d’un seizième été. Lieu d’où s’annonce le monde.
De l’autre côté de la toile, le monde, précisément. Le monde qui court là-bas, de reptile en reptile, jusqu’aux plus renommées capitales. L’enfance enfin ravie, merci ! Il ira pieds nus par les routes et gagnera sa vie.
D’abord, précisément, ce champ d’andains à traverser; l’or de ces blés fauchés, de la couleur des saints ! Une technique pour traverser sans dommage, n’y poser le pied que le temps vif du rebond. Plisser le front sous la cisaille et contre le flanc, serrer le poing. Car après ce champ surgiront d’autres. Du même effort, et de la même couleur après chaque haie, chaque ville, guère plus qu’un pas.
Ce vert marin le tire, que déplacent les illusions lumineuses : cet été déjà tendu vers l’hiver : qui a quitté l’enfance a quitté pour jamais son été. Il apprendra cela de la déception de Venise, de Patmos, d’Istanbul, et d'ailleurs. A présent, devant cette toile de Ravier, lui importe seul de nicher à nouveau au seuil de cet instant superbe où il ne savait rien du désenchantement, l’année du premier pas.
Toile d'Auguste Ravier, Paysage au couchant
06:25 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : peinture, littérature, ravier, poème |
Commentaires
Merci beaucoup, Solko. Cette toile est superbe, il me semble l'avoir admirée au Musée de beaux arts de Lyon, la première fois que je me rendais dans cette ville, suite à l'un de vos billets.
Écrit par : Tanguy | vendredi, 05 novembre 2010
Écrit par : nauher | vendredi, 05 novembre 2010
"[...] les grillons d’un seizième été. Lieu d’où s’annonce le monde". Cette phrase telle une grande ouverture... Merci de nous rappeler au passage, ce qu'est réellement une "toile". "La" toile"...
Écrit par : frasby | samedi, 06 novembre 2010
Rendez-vous à la fontaine
Mai dans sa splendeur
Pas de vieux croûtons alentour
Si ce n'est dans la soupe à l'oignon
Gratinée comme il se doit
Pour toute recette qui cuit
Dans la poussière ardente
Rendez-vous à la fontaine
Abreuvoir ou saloon
Peu importe aux despérados
Dont les aigles voient
Un nouvel enfant dans la ville
Peuplée de grande solitude
Rendez-vous au bistrot
Caïpirinha ou mojito
Molotov ou sirop
A chacun son réchaud
Pour allumer les hauts-fourneaux
Écrit par : gmc | samedi, 06 novembre 2010
Écrit par : solko | samedi, 06 novembre 2010
Écrit par : patrick verroust | mardi, 08 novembre 2011
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