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dimanche, 19 février 2017

Depardieu est grandiose

Confidentiel. Le véritable public de Barbara fut jusqu'au bout un public confidentiel. Mieux que quiconque, Depardieu, qui fut son partenaire dans Lily Passion sait lui parler : ces 9 soirées qu’il vient de donner aux Bouffes du Nord à Paris tinrent du grandiose. Une reprise ou une tournée suivront-elles ? Nul ne le sait. En tout cas, si Gérard Depardieu passe non loin de chez vous, précipitez-vous. Précipitez-vous, vraiment. Nous avions la silhouette de la longue et fine dame brune debout, un bras levé et une jambe inclinée légèrement devant l’autre, ou effondrée dans un rocking-chair. Nous aurons désormais celle, massive et immobile, de Gérard Depardieu lâchant dans la fluidité de sa parole envoutante la meilleure partie de ce répertoire unique dans la chanson française, dont  tous ceux qui tentèrent depuis la mort de sa créatrice de l’approcher pour en tirer quelque profit personnel se ridiculisèrent publiquement ; mais Depardieu, ce géant de la scène qui n’a depuis longtemps plus rien à prouver à quiconque ni à voler à personne, s’affirme devant ce répertoire tel un modèle de frémissante humilité et de subtile intelligence. Le point de départ de son interprétation est la reconnaissance d’avoir connu, aimé, et travaillé avec la  disparue, C’est cette reconnaissance de ce que fut Barbara, auteur interprète et femme subtilement engagée dans les passions de son temps, qu’il porte jusqu’à nous et nous fait partager. Avec lui, l’hommage retrouve sa signification médiévale et devient presque un genre lyrique, surprenant au sein de ce show-business mondialisé où le siècle égalitaire fait régner tant d’insipides vanités et de grotesques médiocrités. Non, l'art n'est pas donné à tous, et la virtuose pugnacité de Depardieu qui se hisse au niveau de Barbara en fournit l’éclatante démonstration.

 Il y a au moins trois façons de recevoir ce spectacle : soit ne regarder que la prouesse de Depardieu, Soit laisser revivre en soi celle de Barbara. Soit, et l’exercice devient à un moment inévitable, comparer les deux.

Ne voir que Gégé ( comme le dit affectueusement son public ) c’est se fondre dans l’émotion qu’il lâche lorsqu’il s’écrie : « Maintenant libre de toi, c’est là que tu me manques », paroles composées par Guillaume, son fils aujourd’hui mort, pour le dernier album de Barbara. Ou bien, tandis qu’il livre une interprétation phénoménale de Drouot, glisser en sa compagnie dans la mise en abyme de « ce passé qui n’est plus » et dont il maîtrise toutes les clés, qu’il ouvre de notes en notes, de mots en mots: Quelle est donc cette femme « superbe et déchirante », dont les mains, belles encore, et les doigts nus sont tels, parfois « les arbres en novembre ? » et quel passé revoit-on soudain, qui défile, qui défile ? Et de quelle solitude, « renifleuse des amours mortes  » est-il fondamentalement question « un soir que je rentrais chez moi » ?

Réentendre Barbara, tant Gérard semble restituer de si près la compréhension de ses textes hautement revendiqués comme n’étant pas « intellectuels » ? Cette compréhension de l'instant, cette intelligence de la vie se réinstallent en effet parmi nous, tel un personnage que le comédien fait soudain revivre tout en le tenant à distance, à la manière dont Diderot l'analysa jadis dans son Paradoxe, si magnifiquement. C’est parce que Depardieu demeure avant tout ce qu’il est, comédien, qu’il nous restitue Barbara bien plus justement que toutes ces petites sottes vêtues de noir qui fredonnent Nantes ça et là en s’identifiant à ce qu’elles ne sont pas : la justesse de la coïncidence entre la longue dame brune et ce géant obèse en train de murmurer : « j’aime mieux m’en aller du temps que je suis belle / qu’on ne me voit jamais faner sous ma dentelle », reste stupéfiante, et l’on demeure incrédule de pouvoir admettre et se glisser si aisément dans cette fiction : une voix vive et mâle s’accordant si facilement à une autre, féminine et disparue, par la magie de la technique du jeu et la grâce de l’admiration partagée. C’est, au sens propre, inouï.  D’autant plus qu’entre les chansons, Depardieu insère des extraits d‘interviews, parle, incarne Barbara dans la seule lueur d‘une poursuite, comme au temps de l’Écluse : « Je suis, dit l'énorme Gégé, une femme qui chante. » Au-delà d’une performance. Un chef d’œuvre.

Les comparer. Qu’on songe à s’y risquer est déjà, en soi, preuve de la réussite. Et pourtant, Depardieu touche parfois aux limites de sa technique et de son jeu. C’est alors qu’il devient le plus beau. Le plus humble. Comme à la fin du Soleil Noir, dont après avoir restitué toutes les nuances -et Dieu sait si elles sont nombreuses, et belles, et difficiles- il renonce à gravir derrière Barbara les cimes du « désespoir », ou bien à la fin de Nantes, celles du « chagrin ». Car désespoir et chagrin, comme amour et tendresse demeurent en leur spécificité la signature de chacun, chez Barbara qui consacra sa vie à l’affirmer, cramponnée à son piano, plus que chez nul autre : comme la chanson Perlimpinpin le revendique si noblement, le vécu de chaque être est unique, là réside l’essentiel de sa vérité : vient donc toujours l’instant où le plus haut des comédiens doit céder le gant devant ce qu’on pourrait appeler, malgré le bien commun, la propriété intellectuelle. C’est alors que Gérard s’incline et qu’il touche au sublime de son art, dans l’humilité non feinte et la majesté incomparable des très, très grands artistes.

Ainsi, parce qu’il n’essaie pas de faire revivre la chanteuse, le comédien la fait si parfaitement exister, en compagnie de Gérard Daguerre qui fut de longues années son musicien, qu’il parvient littéralement à faire renaître son public qui se retrouve à chanter pour elle et devant lui après les rappels Une petite cantate, comme au temps de « Pantin la bleue » en 1981. Une sorte de sommet. 

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samedi, 12 novembre 2016

De Niro à Ferrazzano, Sting au Bataclan

Robert de Niro est déprimé. Celui qu'il avait traité d'idiot, de roquet, d'artiste de merde, d'escroc et de porc et à qui il voulait flanquer son poing dans la figure est devenu entre temps président des États Unis.  Plutôt que de s'interroger sur son absence de flair politique, De Niro déprime.Pas de quoi déprimer, à moins de craindre les représailles. Dans un formidable geste de résistance  (à quoi ? Trump n'est toujours pas rentré en fonction et n'a pas pris encore une seule décision ?) il invite les quelques milliers de manifestants à poursuivre leur rassemblement not my président à New York . Sans se mêler à eux, bien entendu. Le film qu'il présente s'appelle The Comedian, quelle ironie du sort. 

La gauche caviar ne comprend pas que ses électeurs puissent lui préférer la droite arrogante. C'est comme ça. La gauche caviar croit dorénavant non plus avoir le monopole du cœur (comme du temps de Giscard) mais, ce qui est pire, le monopole de la culture. Ne riez pas : de la culture... Cela fait de ses représentants des Philaminte et des Trissotin du plus haut comique, quand on voit ce que, en terme de culture,la gauche a à proposer. Emile Zola plutôt que Bernanos ou Léon Bloy, Boris Vian et Simone de Beauvoir plutôt que Bossuet et Charles Péguy... mais je devrais dire dorénavant Laurent Ruquier plutôt que Finkielkraut car on n'arrête plus le progrès ... Quelle misère !

Bref, de Niro est malheureux, pauvre chou. Il songe à quitter les Etats Unis tant l'idée de passer un mandat sous Trump semble lui être insupportable. J'espère que tout Hollywood ne va pas débarquer chez nous. Les réfugiés artistiques, en quelque sorte, les exilés intellectuels. Quel bel acte de résistance face au nouveau pouvoir que la fuite, et quel mépris pour ceux qu'il appelle à manifester et qui n'auront pas, eux, le moyen de changer de vie du jour au lendemain en prenant leur billet pour des terres non fascistes .«Si, après la déception (de l'élection) de Trump, il veut venir se réfugier ici, il est le bienvenu», a déclaré le maire de Ferrazzano, Antonio Cerio. Ferrazzano est la ville de naissance de l'héroïque de Niro. J'ai cru comprendre que Ferrazzano se trouve dans une région centrale en Italie, où les tremblements de terre ne se bornent pas à des postures médiatiques. A Paris, pendant ce temps là, le milliardaire Sting, adepte du tantrisme et de la méditation transcendantale, lutte courageusement contre l'Islam radical en chantant au Bataclan. Il y ramène la vie, nous dit-on, rien de moins... Il n'y a pas à dire, nos stars sont courageuses et nous aussi. The show must go on, tel est leur Évangile à tous. 

Ceux qui aiment l'occident décadent peuvent dormir tranquille, ils ont encore de longues soirées devant eux à refaire ce monde qui s'enfonce inexorablement dans sa nuit. A travers ses artistes et ses politiques, cette société malade et dépourvue de toute vision extérieure à elle-même  ne survit que par la reconduction incessante de son propre auto-sacramental. Les contraires qui composent cette société ne s'affrontent plus, ils s'annihilent mutuellement. De leur dialectique ne surgit plus aucune énergie, mais de la répétition mortifère. Les échanges d'opinion policées ne sont plus des débats. Voyez cette France morte de trouille, prête à ouvrir les cuisses devant un Juppé sur le retour comme à un aigle salvateur. Cette société ne sera donc victime que d'elle-même. Au terme de son propre essoufflement, elle crèvera comme un chien malade. Non, les politiques qui la confortent, les artistes qui la glorifient, ne méritent pas notre respect. Ils ne méritent pas non plus notre haine. Mais le mépris est aussi un droit de l'homme. A leur insu, la gauche caviar et la droite arrogante rendent aux pauvres qui les regardent s'enfoncer toutes deux dans la mort cette conscience de classe, laquelle demeure seule garante de leur identité. On appelle cette profonde duperie démocratie. Gardons comme un bien précieux le droit ultime d'en rire. Et Dieu reconnaîtra ou non les siens. 

 

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samedi, 21 mai 2016

Panthéon

Au cœur du rione Pigna le prestigieux Panthéon : L’Antiquité l’avait consacré « à tous les dieux », c’est-à-dire au fond, à aucun. A celui des touristes, s’il existe, et des créateurs de circuits qui firent de lui un incontournable de Rome, entre Colisée et basilique saint-Pierre.

Le nom de son constructeur (Agrippa) gravé sur son portique a traversé les siècles : M.AGRIPPA. L.F.COS. TERTIVM.FECIT, ce qui signifie « Marcus Agrippa, fils de Lucius, consul pour la troisième fois, le fit  ». Ovide, auteur des Métamorphoses, dans l’épilogue de cet autre monument du monde antique qu’est son extraordinaire compilation de mythes, écrivit ceci : « Enfin, je l'ai achevé cet ouvrage que ne pourront détruire ni la colère de Jupiter, ni les flammes, ni le fer, ni la rouille des âges ! Qu'il arrive quand il voudra ce jour suprême qui n'a de pouvoir que sur mon corps, et qui doit finir de mes ans la durée incertaine : immortel dans la meilleure partie de moi-même, je serai porté au-dessus des astres, et mon nom durera éternellement. Je serai lu partout où les Romains porteront leurs lois et leur Empire; et s'il est quelque chose de vrai dans les présages des poètes, ma renommée traversera les siècles; et, par elle, je vivrai. »

Il n’est pas certain que nous comprenions ce désir de postérité, d’immortalité, d’éternité, tel qu’il s’exprime dans ces lignes comme dans cet ancien temple aussi facilement que nous le croyons. Car si nous le croyions véritablement, nous l’appliquerions à nous-mêmes, et nous vomirions cette époque où seul l’éphémère est considéré, et qui a grossièrement proscrit de ses mœurs le respect de la longue durée.

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mardi, 03 mai 2016

Collector

Le propre de la société du spectacle telle que Debord l'a définie est d’accorder toujours à chaque élément de sa contestation la place marchande qui lui reviendra un jour ou l’autre dans son système. C’est ainsi que les meilleurs slogans du carnavalesque mai 68 vinrent finalement s’échouer dans une campagne de pub de la grande distribution : « il est interdit d’interdire de vendre moins cher », clamèrent à l’occasion des quarante ans du mouvement l’agence Australie, en quatre visuels déclinant les « combats » de l'enseigne qui lui avait passé commande : parapharmacie, essence, culture et sacs plastiques jetables. « Sous les pavés, la consommation », personne ne fut ainsi plus éloquent quant à la postérité de 68 que le bien nommé Leclerc. Avant de venir s’échouer dans cette salutaire mise à nu, les tracts contenant les slogans les plus détonants de ce funeste mois étaient passés, il est vrai, par quelques expositions à Beaubourg pour bobos nostalgiques, et avaient battu quelques records à Drouot, entre un vinyle des Beatles et une planche de Tintin. Les spécimens les plus brillants de la génération 68 qui s’étaient illustrés tout en braillant ni Dieu ni maître rue des écoles indiquaient par là où se trouvaient ses dieux et quels étaient ses véritables maîtres à penser.

Alors que l’Assemblée Nationale s’apprête une fois de plus à dilapider les voix et les sous des contribuables en de vains débats, la contestation de la loi El Khomri  [dont personne ne dénonce véritablement les pires méfaits][1], se poursuit dans la jeunesse, aiment à commenter sur les plateaux des chaînes infos les spécialistes de la vie politique française. Ils auraient aimé, ces spécialistes-là, avoir autre chose à se mettre sous la dent que la lassitude des riverains et l’exaspération des commerçants devant les scènes de casse et de dégradation. Il est certain, au passage, que si en lieu et place de Nuit Debout, un mouvement organisé par l’extrême droite eût porté sur la place publique la nécessité pour la France de quitter au plus vite la zone euro, peut-être que Hollande, Valls et ses sbires auraient commandé une évacuation manu militari des lieux. Sans doute les éminences socialistes espéraient-elles, au moment où, comme la comique ministre de l’Education Nationale, mi clown, mi garçon manqué, toutes exprimaient à demi-mots leurs soutien pour ce mouvement naissant, l’éclosion de je ne sais quel Podemos versus Marianne. Ils n’eurent qu’une « kermesse au milieu de l’indifférence », comme l’académicien Finkielkraut  le fit sagement remarquer.

Mais une kermesse, même insignifiante [ qu’est-ce qui a le pouvoir de signifier un peu plus qu’une image dans cette société du spectacle, dont le fondement est  la défaite de toute pensée? ] se doit d'avoir aussi ses slogans. Un slogan, c'est comme un selfie, un instantané de la vacuité qui passe avant de rejoindre l'insignifiant néant d'où il est sorti. Et j'avoue que ces deux visuels placardés à l'entrée d'un lycée par un vaillant militant, parce qu'ils expriment toute la stupidité des temps et toute la veulerie de ses dirigeants, méritent qu'on s'attarde sur eux quelques secondes. Parce que le slogan final par lequel se clôt la litanie pour décérébrés dysorthographiés qui clôt le second, oui, est vraiment collector...

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[1] l'article 6 stipule que «la liberté du salarié de manifester ses convictions, y compris religieuses, ne peut connaître de restrictions que si elles sont justifiées par l'exercice d'autres libertés et droits fondamentaux ou par les nécessités du bon fonctionnement de l'entreprise et si elles sont proportionnées au but recherché.» Ainsi, le transfert des fêtes religieuses chrétiennes vers les fêtes musulmanes est en cours et l’islamisation des mœurs se met en place avec la bénédiction de ce gouvernement d’islamo gauchistes corrompus

mercredi, 02 mars 2016

L'Europe sans dimanche

La France s’apprête donc à célébrer la gigantesque et très putassière foire de l’Euro. Pendant ce temps-là, les Grecs continuent à s’enfoncer dans le cauchemar que leur impose Bruxelles. Sur son blog, Panagiotis Grigoriou rapporte et traduit les propos de Stélios Kouloglou sur le site d’information dont il a été l’initiateur : « Ce mois de mars réserve à la Grèce une apocalypse comme jamais... depuis la fin de la dictature des Colonels. Le plan connu des conclaves européistes consiste à faire de la Grèce le dépotoir des âmes migrantes. Très cyniquement, tout le temps nécessaire a été gagné par l’Europe du Nord pour ainsi préparer … sa fermeture. »

Le peuple grec se retrouve obligé de « prendre soin des migrants, pour ne pas les laisser mourir, comment voulez-vous faire autrement » ? L'Europe, disent-ils… C’est une vipère... Il y aura bien des âmes sensibles de la gauche hexagonale nantie et, par voie de conséquence, décérébrée, pour traiter de populistes la majorité des Grecs qui ne veulent pas que ces «âmes indésirables» issues «de l’altérité difficile du monde musulman» s’installent durablement chez eux. On les comprend. Notre blogueur poursuit : «Alexis Tsipras... et ses Syrizistes accomplis, croient pouvoir encore maîtriser la situation, ils pensent peut-être qu’il sera bientôt possible de « vendre » aux Grecs l’ultime transformation de leur pays en zone... à la limite administrée, contre une hypothétique diminution du fardeau de la dette, lorsque tout le monde sait en Grèce que la dette, tout comme d’ailleurs l’euro, sont (autant) des armes de destruction massive en usage contre leur pays, contre leur mode de vie, en détruisant leur existence économique, voire, leur propre vie.»

Il n’y a pas que Tsipras qui joue ainsi au Monopoly avec la vie des gens. Tsipras se fait en réalité l’écho des politiciens internationaux dont il est devenu, comme l’idiot de l’Elysée, le valet de pied patenté. On dirait, décidément, que la  forfaiture est une spécialité des dirigeants de gauche.

 

Aux Etats-Unis, une autre foire électorale passionne les éditoriaux et les chroniqueurs. Le peuple, je n’en sais rien, n’étant pas sur place. Il y a quand même quelque chose d’effarant à songer que les deux partis de cette prétendue démocratie qui possède l’armée la plus puissante du monde et tire les plus grosses ficelles de la géopolitique internationale, ne sont foutus  de placer face à face que deux septuagénaires pour emporter sa présidence en bout de course. Un vieux macho teint pourri par l’argent, une vieille féministe refaite pourrie par le pouvoir. Si j'étais citoyen américain entre vingt et cinquante ans – Dieu m’en garde ! –  c’est l’abstention assurée, que faire d’autre ?

Entendre tous les journaleux diplômés des écrans français vanter le système de propagande par contrôle de l'électeur que représentent les primaires demeure d’autant plus déconcertant. Quand on voit ce qui est sorti de celles de gauche, et qu’on devine ce qui sortira de celles de droite… Un septuagénaire viré sans perte ni fracas du pouvoir en … 1995.

Le modèle américain, qui servit de patron pour créer cette zone libérale et liberticide qui détruit peu à peu l’Europe des Nations est à bout de course, sans jus. Après le désastre hexagonal initié par les dirigeants français de ces quarante dernières années, il va falloir reconstruire une Europe des Nations pacifiée. Comment ? En s’arrimant solidement aux sources de l’Europe.

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Rome, donc.

Une touriste qui en revient m’expliquait (sans trouver cela choquant outre mesure) que devant chaque église stationnait dorénavant un militaire. Pas étonnant. Le pape François et, derrière lui, la chrétienté tout entière, demeurent la cible numéro Un des islamistes radicaux que nous avons complaisamment formés et armés. Nous. Les électeurs de Sarkozy et de Hollande, citoyens de la zone, qui nous apprêtons dans une même inconscience à célébrer l’Euro. Pas de quoi être fiers, vraiment. Pas de quoi. Un peuple cultivé ?

J’essayais d’expliquer à un cercle de profs, tout à l’heure, que ce qu’ils appellent encore la culture française n’est plus la culture française. La culture française, comme la culture italienne, grecque, et autre, ne survit dans ce magma néolibéral planétaire, que sous la forme de quelques produits momifiés, distillés au compte goutte dans des programmes scolaires pour lycéens, des séries télévisées pour adultes et des festivals d’été pour retraités. Ce qu’ils appellent la culture française, en réalité, c’est la part que prennent, dans la construction de cette culture mondialisée dominante, les « artistes » estampillés français, un peu comme les fromages ont leur AOC. Dujardin, Dany Boom et autres Debouzze. Mais aussi Enard et Angot, si l’on se tourne du côté de ce qu’on appelle l’esprit. Quand vous commencez à expliquer que ces gens ne sont nullement représentatifs de la culture française, nullement, mais de l’entreprise « culture monde » qui, après l’avoir totalement sabotée, cherche à la réduire définitivement au silence, ils vous regardent avec des yeux de moutons. A croire qu’on les a décérébrés. Possible, d’ailleurs…

« Un suicide tous les deux jours », vous leur dites alors, excédé. Sans doute comprennent-ils mieux la débâcle des paysans que celle des lettrés ! C’est pourtant fondamentalement la même : Le politiquement acceptable, les blockbusters  et la théorie des genres sont à la culture ce que les grandes surfaces, les marchés mondiaux et les pesticides sont à l’agriculture. La fin. L’extinction, dans cette culture de la Bête, pour paraphraser saint Jean, l'homme sans dieu, dont le chiffre fétiche (666) ignore le repos, la pensée, la prière et donc l’amour, parce qu’il ignore le Seigneur et son divin septième jour, le dimanche.

mardi, 15 décembre 2015

On ne redressera pas la France avec des réactionnaires

Tout à sa communication politique d’après-campagne, NKM  (Nathalie Kosciusko-Morizet) vient de lâcher une perle symptomatique des absurdités qui s’entendent un peu partout : « on ne redressera pas la France avec des réactionnaires !» Vouloir redresser la France, en effet, c’est admettre qu’elle s’est effondrée. Or les « réactionnaires » en question n’ayant jamais été au pouvoir, à qui la blonde hirsute attribue-t-elle l’effondrement ? A ceux là-même qui auraient selon elle la capacité de la redresser, bien sûr. Outre l’illogisme de cette proposition, le flou sémantique de la seconde : qu’entend-elle par réactionnaires ? Certes, le terme est à la mode dans les cercles bobos que la dame habituée à parler pour ne rien dire fréquente. Mais s’il avait du sens et un contenu lors de son apparition en 1794 pour désigner globalement les opposants à la Révolution Française, voire encore après la guerre contre la Prusse, les opposants à la République, quel corps de doctrine désigne-t-il réellement lorsqu’il est brandi avec mépris par des politiciens de son genre ?

Surtout lorsqu’elle oppose réactionnaire à visionnaire : de quelle vision chaotique  s’agit-il ?  Jusqu’où peut-on aller dans la dérégulation totale et le libéralisme absolu, l’abolition apparente de toute autorité et de toute hiérarchie et la création d’une caste dominante parfaitement, elle, réactionnaire, à moins de supprimer, après les frontières et la monnaie, après les bouleversements culturels, linguistiques, politiques et religieux infligés au peuple par cette  fameuse « ouverture à l’autre » qui insidieusement devient « déni de soi »,  la notion même de souveraineté nationale ? Un réactionnaire serait donc pour NKM un véritable défenseur de la souveraineté et de la culture françaises, souveraineté et culture qui se définiraient par un manque de vision, un aveuglement total…J’ai juste l’impression qu’entre Valls, Macron, NKM, et tant d’autres quadras/quinquas de leur acabit, bien malin qui distingue encore une ligne de partage. Preuve est faite qu’il faudra bien plus qu’une élection pour se débarrasser de tous ces Philaminte et ces Trissotin qui tiennent les rênes du pays, et continueront, comme leurs mentors parfois septuagénaires de la pseudo-élite, à le conduire dans le mur, sans un sursaut radical qui ne pourra forcément venir (s'il vient) que de là où plus personne ne l’attend.

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dimanche, 13 décembre 2015

Un monde sans histoires

Nicolas Sarkozy s’était vanté un jour d’avoir sauvé la démocratie. Hollande, toujours un cran plus ridicule que son prédécesseur, vient de se vanter d’avoir sauvé la planète. Tous deux sont certains qu'ils laisseront leurs empreintes dans ce grand vide qu'est devenue notre Histoire, parce qu'ils auront apposé leur griffe au bas de traités dont plus personne, dans quelques années, ne se souviendra de la teneur.

Les français sont des veaux. Pire, sans doute, car cet animal aux yeux doux demeure relativement inoffensif. Pas leur cas. Des gens sans histoires...

Sincèrement, je ne comprends pas comment on peut encore voter socialiste. Sans doute existe-t-il chez ces électeurs une sorte de conditionnement à la mollesse et au conformisme qui les fera toujours basculer du côté du pouvoir en place et de dirigeants qui leur ressemblent. Par crainte. Par paresse. Par mimétisme...  Je n'arrive pas à croire que c'est par conviction. 

On peut donc trafiquer la carte électorale des régions sur un coin de table élyséen et trouver encore suffisamment d'électeurs endoctrinés pour en récupérer cinq, dans un pays sinistré par la morosité, l'impôt, la division, la propagande ? Cela m'échappe totalement. Vous savez, comme ces élèves qui sans cesse ré-écrivent les mêmes idioties, puis se retrouvent avec les mêmes appréciations, la même note, et passivement, recommencent, recommencent. Un mystère. Paieront toujours plus et plus d'impôts. S'habitueront aux alertes attentats après les alertes incendies. Au communautarisme insensé. Causeront laïcité et résistance en terrasses, devant des mendiants assis par terre de plus en plus nombreux. Feront des procès pour des mots, et des totems à la République. La société que continueront à bâtir pour nous tous ceux là seuls pour lesquels ils continuent de voter,  tels des somnambules. Pouah !

Pour conclure, la manière dont le pouvoir a enfermé l’opinion publique dans un dilemme (Moi ou la guerre civile), la docilité avec laquelle l’électeur basique y a répondu ont quelque chose d’inquiétant. Comme si les gens devenaient des rhinocéros. Car le dilemme en question était dépourvu à la fois de logique et de sens du réel.  La gauche républicaine aux affaires n’est bonne qu’à faire vivre les gens dans du fantasme : celui du vivre ensemble, celui de la courbe inversée, celui du chaos évité, celui de la planète sauvée… Comme le dit l'excellent Redonnet sur son blogue lointain, « la population préfère, et de très loin, un odieux mensonge qui la flatte à une vérité qui la blesse ».

 

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dimanche, 20 septembre 2015

Élection, disque rayé

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Fidel Castro est-il catholique ?

Le pape est-il communiste ?

Tsipras est-il de gauche ?

L'Europe est-elle démocratique ?

Et ce benêt là-haut : Qui nous débarrassera [ce serait un geste d'une suprême élégance]  de ce disque rayé disgracieux, qui saute de sillon en sillon sans plus savoir ce qu'il raconte, ni à qui. Ah, j'attends le moment où cette haute et lumineuse conscience politique sera forcée par l'ONU de s'allier à Poutine pour combattre Daesh, avec les Mistral qu'il aura, en relevant fièrement le bourrelet de son menton, naguère refusé de lui livrer. Non, j'attends le moment où il rejoindra dans sa résidence secondaire les migrants qu'il n'aura pas accueillis et cessera de loger dans un palais dont il n'est pas digne, avec son actrice de seconde zone et ses conseillers européens. Pauvre France, étouffée sous les lieux communs de ce socialisme moribond ! Pauvre pays vassalisé ! Il se relèvera à grand peine d'une telle pantomime et d'une telle destruction de ses fondements historiques. Dans son infortune, la Grèce au moins, à laquelle un play boy à col ouvert s'apprête à faire vivre une terrible purge bruxelloise, aura eu plus de panache dans la défaite et l'humiliation. 

Cela dit, aimerais-je davantage être gouvernée par cette Merkel à figure de limande que tous les migrants parait-il appellent dorénavant Maman ? Pauvres Allemands ! L'Européenne la plus moderne, pour paraphraser Apollinaire, c'est peut-être vous, reine Élisabeth, dont les traits durs cachent encore une mémoire qui ne se renie pas. Dans le fond, je ne suis pas du tout Européen. Réfractaire irrémédiablement à la zone, j'attends le jour improbable où nos vieilles nations sortiront de ce cauchemar monétaire et administratif, et cesseront de se donner pour gouvernants des valets et des pitres. J'ai toujours été un incorrigible rêveur. 

21:07 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, france, culture, démocratie, élections | | |

dimanche, 31 mai 2015

Sales temps pour les saints

Cette nuit, un poivrot gueulait dans la rue contre les hommes politiques au pouvoir, appelant en vain les gens qu’il réveillait de sa voix de stentor au sursaut de la réaction. A son discours inepte et désespéré se mêlait sa frustration de solitaire, sa douleur sans doute profonde, sa perdition infinie, et sa colère contre ces puissants aussi éloignés de lui ; près de Metz, un homme armé a tiré sur des passants, flinguant une jeune femme de 25 ans et laissant entre la vie et la mort un type de 30. Un degré de plus dans une même violence, un même pétage de plombs pour parler journaliste. Pendant ce temps, de l'Élysée où il a installé sa garçonnière, un vieux président teint songe à sa réélection, entouré de communicants, indifférents comme lui à la réalité des gens d’en dessous. Situation  délétère, qui prend à rebours tous les discours sur les valeurs, les vœux pieux médiatiques dans lesquels il est sans cesse question de devoir et jamais de pouvoir. Les plans de licenciements s’enchaînent, venus d’un horizon plombé dans un ciel de traîne sans fin ; et les deux principaux partis politiciens de France se marquent à la culotte, affutent leurs couteaux, derrière des leaders au charisme essoufflé, quand il a existé un jour. Le cadavre du politique décomposé commence à puer sérieusement. 

Le président Poutine est un sage. Les 89 ressortissants du gotha européen qu’il a déclarés persona non grata dans son pays dénoncent un déni de je ne sais trop quelle démocratie, tout en se félicitant de figurer en bonne compagnie les uns avec les autres. Une sorte de Pen’s Club de l’indignation courageuse et médiatico-économique… Parmi eux, BHL et Cohn Bendit, à qui Hollande vient de filer la carte d’identité française. En échange d’un soutien du papy vert aux futures élections ? Après on est tous juif-allemand, Ich bien ein berliner et je suis Charlie, ça donne envie de crier je suis russe. Je suis Poutine

 

Rien de neuf, finalement, rien de rien. L’air du temps soporifique des années normales qui tirent à leur fin sans dignité, dans la Propagande molle et l’Inaction poussive. Service et pensée minimum. La France n’est plus qu’une cour de récréation ouverte à tous vents et vidée de tout sens. Les dignitaires y sont indignes. Et tout s'y retrouve inversé. Je crois qu’il y a néanmoins plus de gens que je ne l’imagine qui, finalement, se sente bien dans cette dévastation généralisée, parce qu'ils n'aspirent à rien d'autre qu'à ce survivre ensemble programmé et insignifiant, dans lequel ils font la queue en s'entreregardant furtivement. Comme à l'école autrefois. Des citoyens serviles et semblables, version novlangue du libre et égaux dont ils se revendiquent. Pendant ce temps, le califat des islamistes s’accroît et progresse. Dieu seul sait dans quelle léthargie vide de sens, vers quelle fin tout cela nous entraîne collectivement. Il n'y a vraiment plus de salut qu'individuel, dans un tel contexte, une telle situation. Et c'est triste, autant que regrettable. Mais c'est. Sales temps pour les saints.

 

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Vue sur la cuisine du Curé d'Ars, 

 

15:31 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : curé d'ars, france, littérature, culture, daesh, islamisme | | |