samedi, 06 mai 2017
Ce qu'on mérite
Un pays qui a laissé passer toutes les réformes libérales, jusqu'à ce si ridicule mariage pour tous,
Un pays dans lequel on peut finalement
Egorger un pretre ou tirer à bout portant sur un flic
Sans que finalement cela n'émeuve personne
Plus que quarante huit heures
Un pays qui a renoncé à sa religion, ses frontières, sa langue, sa monnaie, son histoire
Un pays trans-genre qui sera bientôt le Nevada ou la Virginie des improbables Etats Unis d'Europe qu'on nous prépare
Un tel pays ne mérite que ça
19:55 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : macron, élections |
samedi, 22 avril 2017
Elections : Ecce Homo
Leur Constitution appelle donc tous les Français aux urnes demain.
Une première chose à faire est de se demander dans quelle estime on tient soi-même cette constitution qui, après le Référendum de 1962, institua le suffrage universel. Ce dernier est une belle idée en apparence. Il donne à chacun / chacune la liberté de choisir son candidat. Ce qui permet, par un tour de passe-passe qu’on appelle démocratique, de laisser croire que « le peuple est souverain », ce qui est bien souvent discutable et permet à petite oligarchie d’arracher ainsi son consentement pour mieux régner sur lui.
Le Christ Lui-même consentit à révéler aux hommes le paradoxe de toute royauté artificielle, au cours d’un épisode terrifiant : alors qu’il a toujours refusé le titre de roi terrestre qu’on voulut lui donner, au point de fuir à maintes reprises l’empressement des foules, Jésus est présenté à Pilate après la flagellation, revêtu d’attributs royaux dérisoires : la couronne d’épines et le manteau de pourpre, dont les soldats l’ont ironiquement paré.
Si l’on considère bien qu’il ne fait rien [étant le Verbe – c’est à dire la connaissance que le Père a de Lui-même] qui échappe à Sa volonté, Il nous montre ainsi à quel point, du point de vue de Dieu, toute domination décidée en réalité contre Lui, tout régime politique terrestre, toute église, tout empire auto-proclamés au nom de principes souverains qui ne seraient pas l’application stricte de son Évangile, peuvent en réalité être détournés jusqu’à consacrer un roi aussi carnavalesque que ridicule, du point de vue du peuple contraint de le respecter. La seule royauté, celle de la Charité, se conquierant en effet par la Croix, le seul Elu (oint) véritable, c'est le Christ.
Si, malgré les efforts de quelques saints, papes et rois ont en partie échoué par orgueil et luxure à gouverner les peuples dans un esprit purement évangélique, on peut légitimement se demander si le suffrage universel, qui fait mine d’aller dans le sens de la fraternité mais, en réalité, la parodie pour mieux la détourner, n’est pas la forme la plus aboutie de la perversion du Bien par le Mal. Car une élection aboutissant au gouvernement d’un pitre contraint de devenir bourreau s’il ne veut pas être sacrifié lui-même ne pêche-t-elle pas contre l’Intelligence ? Et, pour aller au bout du raisonnement, contre le Verbe, c’est à dire contre le Fils Lui-même, qui ne se sera jamais autant abaissé par amour des hommes que dans cet épisode exceptionnel de l’Ecce homo.
La royauté céleste, en effet, avant de commencer son chemin de croix, y débusque la vanité, la fausseté et pour tout dire le ridicule de toutes les aliénations politiques, judiciaires ou religieuses terrestres entreprises par l’homme contre l’homme, dans l’ignorance ou le mépris de la Justice et de la Charité... De péchés contre le Père en péchés contre le Fils et le prochain, l'humanité est décidément fort pécheresse et semble même n’être capable de progresser que dans le mal.
Revenons à la Constitution : Quel que soit votre candidat demain, il (ou elle) ne sera que celui ou celle que vous jugerez le moins bouffon des onze. On s’en console, me direz-vous, en se disant que son règne, au contraire de celui de Dieu « qui n’aura pas de fin » sera lui, fort heureusement, éphémère. La royauté du Christ, si vous êtes chrétien, est pour vous une royauté céleste. A l’heure du choix (ou du non choix) il faudra vous souvenir que le seul péché qui ne nous sera pas pardonné, ni dans ce monde ni dans l'autre, sera, dit le Christ, celui contre l’Esprit Saint.
12:27 Publié dans Là où la paix réside | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : élections, suffrage universel, christ, évangile, république, royauté |
dimanche, 09 avril 2017
Les rameaux de la République
Cette entrée à Jérusalem sur une ânesse, le peuple juif, encore impressionné par la reviviscence de Lazare, la confond avec un moment de liesse en battant le sol de rameaux, et ne se doute pas qu’elle correspond à une entrée en Passion, dont la violence extrême marquera les siècles en lui révélant la source de son péché et en le marquant d’un sceau indélébile. Car c’est la vérité d’un repentir que le Père attendait de chacun de ses membres en ordonnant ainsi le sacrifice de ce Fils qui est Un avec Lui, la simple vérité du repentir et non pas le seul remords ou la soudaine bonne volonté. Membre par membre, ce peuple devait offrir à la Trinité son péché le plus intime contre le Père, le plus injuste devant le fils, le plus consentant devant l’Esprit.
Or cette entrée dans la Passion correspond cette année en France avec une entrée dans une parodie d’élection ; pas de quoi se réjouir ni de battre au sol des rameaux : la France ne se doute pas que les temps de violence extrême dans lesquels elle entre sont aussi ceux de sa Passion, qui lui révélera aussi l’étendue de son péché. Car c’est bien aussi la vérité d’un repentir que le Père attend de chacun de ses membres en ordonnant la continuité de son abaissement politique à travers la mascarade des urnes. Membre par membre, ce peuple, qui oublia collectivement son baptême dans l’ivresse du blasphème républicain, devra subir sans aucun doute de multiples outrages et de multiples humiliations, jusqu’à offrir au Père la confession de son plus vain orgueil, au Fils celle de son plus veule abandon, à l’Esprit celle de sa plus vive erreur.
08:07 Publié dans Là où la paix réside | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : rameaux, christ, jérusalem, france, élections, présidentielles, république |
jeudi, 30 mars 2017
Fillon président
Les Français qui ont des enfants, des assurances vies, des prêts en cours, des vacances à prendre en juillet ou en août, des études à terminer, une retraite à préparer, dans leur grande majorité, aiment l'ordre. Comme disait je ne sais plus qui, ils n'apprécient l'aventure que dans les Trois Mousquetaires. Ils possèdent en propre une passion du politique certes tonitruante, mais essentiellement verbale et, quand leur confort intellectuel ou leur sécurité matérielle sont un chouya menacées, ils reviennent docilement à ce qui leur paraît le moins risqué : voilà pourquoi je suis certain que le prochain président sera François Fillon. Ils lui pardonneront, vous verrez, les costumes, la montre et le salaire d'appoint de Pénélope puisqu'il est le seul à avoir un programme, un parti en ordre de marche, des élus locaux bien implantés et donc une majorité quasiment assurée au Parlement (il la possède déjà au Sénat). Il sera au second tour face à Marine Le Pen et passera, vous verrez, le second, avec le soutien de ces fameux beaux parleurs de la gauche des centres ville que Marine horrifie et qui iront glisser leur bulletin dans l’urne avant la fermeture des bureaux. On évitera ainsi une crise de régime assurée avec le spécialiste de géographie guyanaise et une crise sociétale avec la fausse dame de fer du front national. Et cela ne manquera pas de piquant, le soir du deuxième tour, de voir les Ruth Elkrief, David Pujadas, Roland Cayrol et autres Laurent Joffrin nous expliquer d'un air hypocritement soulagé que, finalement, le pays aura bien voté....
20:47 | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : présidentielle, président, françois fillon, france, élections |
jeudi, 23 février 2017
Passer outre
« Quand j’entends les sauveurs professionnels de la République démolir l’institution républicaine, je laisse tomber et je passe outre », disait de Gaulle dans une conférence de presse du 19 mai 1958 tenue au palais d‘Orsay (1). Il est plaisant d‘entendre aujourd’hui le vieux François Bayrou et le jeune Emmanuel Macron présenter comme un « vrai tournant vers l’avenir » ce qui n’est qu’un retour à la politique des années 1950, celle-là même qui fut responsable de tous les aléas de la France sous la Quatrième République, et par contrecoup de la naissance de la Cinquième. Alors que nous nous trouvons toujours en état d‘urgence, en plein délitement sociétal et en pleine crise culturelle de surcroît, avec un taux d‘exaspération de l’homme de la rue rarement atteint sous la Cinquième République, « aux prises dans un monde terrible avec d‘extrêmes difficultés et de grandes menaces » (dixit toujours de Gaulle), c’est effectivement le moment de proposer aux gens un tel mode de gouvernement ! Un tel tandem, à quoi il faut rajouter toutes les « sensibilités autres » du genre de de Rugy qui ne manqueront pas de s’agglomérer tant l’aubaine leur paraîtra inespé rée, c’est l'introuvable quinquennat de Hollande, en pire ! Sûr que ça enchantera les Trissotin et les Bélise de plateaux télé, qui y trouveront de quoi débattre ou blablater - ce qui revient au même, durant des heures entières. Face à l’Islam, face aux risques de guerres civiles et planétaires, face à l’éclatement programmé de l’Europe telle qu’ils l’ont bâtie et son ingouvernabilité chronique, un tel mode de gouvernement me paraît juste improbable. C'est pourquoi, suivant le conseil du vieux Charles, je passe outre, dès aujourd’hui.
23:44 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : macron, bayrou, en marche, centre, élections |
mardi, 25 octobre 2016
Isidore Mullois & l'hiver 2017
Isidore Mullois naquit en 1811 dans le Calvados et mourut en 1870. Il fut prêtre du diocèse de Bayeux de 1837 à 1851, puis de celui de Paris avant de devenir premier chapelain de la maison de Napoléon III et chanoine honoraire du chapitre de Saint Denis à partir de 1853. Il fut l’auteur de plusieurs ouvrages, dont un sur Napoléon III, et d'une histoire de la Guerre d ‘Orient racontée aux enfants. Je publie ci-après l’avant-propos de l’un d’eux, le Manuel de Charité, daté de 1853. Je trouve ce texte éminemment d‘époque, dans ses tournures de phrases, son vocabulaire, jusque dans [mais de cela, impossible de rendre compte, sa typographie]. Et je le trouve tout en même temps très contemporain, à évoquer cette passion des Français pour le droit, les débats vains, jusqu’à l’identité et l’avenir de leur France. Hélas, à entendre tous les ridicules petits marquis, auxquelles se sont ajointes quelques sottes petites marquises (de droite et de gauche) déblatérer dans le cadre des élections qui s’annoncent, la solennité vulgaire et empruntée, on voit bien ce qui a été perdu avec la déchristianisation et la laïcisation du pays, avec l’implantation du libéralisme et maintenant de l’islamisme : un certain style, une certaine syntaxe, certes : Isidore Mullois qui est loin d’être un écrivain d’importance écrit un français encore impeccable — ce qui n’est pas le cas de la plupart des politiques d ‘à présent —. Mais surtout, la charité dont il parle, a totalement perdu son caractère surnaturel dans nos sociétés . Elle s’est muée en ce qu’on appelle solidarité, qui demeure une attitude bien plus qu’un véritable sentiment, attitude sur laquelle d‘ailleurs le politique exerce son droit de regard, voire de contrôle. Je crains que dans tous les débats stériles dont la terne démocratie a besoin de se nourrir pour faire mine de sauver la face de l’électeur, l’hiver 2017 soit aussi dur à passer que l’hiver 1853, et que la charité véritable y demeure encore bien plus dure à populariser, puisqu'elle n'est plus qu'une légende pour la plupart de nos contemporains…
La Charité, Lucien Goupil, 1864
« Si Dieu veut sauver la France, et nous devons l’espérer car en la perdant son Eglise perdrait trop, c’est par la charité qu’il la sauvera. Si donc nous voulons aider la Providence dans l’œuvre du salut de notre bien-aimée patrie, commençons par nous aimer un peu, ou bien nous ne viendrons jamais à bout e terminer nos débats et de régler nos affaires. Les âmes sont trop aigries par les passions et par les souffrances, et quand on est aigri, on ne s’entend pas, on ne peut pas s’entendre. Mais la charité produit dans les cœurs je ne sais quelle mutuelle bienveillance qui les rendent aptes à écouter la voix du bon sens, de la justice et du dévouement. Car le dévouement est toujours chose nécessaire quand on veut vivre en société.
A tout prix, il faut développer la charité, la généraliser, la populariser. Il n’y a de vraiment fort en France que ce qui est populaire ; et chez nous rien de plus facile que de populariser la charité. La charité, c’est le fonds du caractère français, c’est son bon côté, c’est par là qu’il peut être pris ; on n’y a pas assez pensé… On a trop fait appel à la justice, et pas assez au dévouement, à la charité.
Le Français est pointilleux sur la question des droits ou de ce qu’il croit être ses droits, il n’en veut rien céder ; mais il est généreux sur la question des sacrifices. Demandez-lui une chose au nom du droit, il vous la refuse tout net, et il y tient. Demandez-lui la même chose comme un service, faites un appel à sa générosité, à son cœur, ce n’est plus le même homme, souvent il vous l’accorde de la manière la plus gracieuse. Et ce fonds de charité est dans toutes les classes. Il se trouve chez l’industriel, le savant, l’artiste, surtout chez les artistes, si souvent pauvres eux-mêmes ... Vous allez demander une aumône pour une bonne œuvre à un artiste, il vous fait un gracieux accueil, et il vous prie de l’excuser pour un moment. Il sort et rentre bientôt, vous donne une pièce en exprimant ses regrets de ne pouvoir faire davantage.
En publiant ce livre, j’ai voulu populariser la charité. Pour cela, j’ai dit ce que j’ai appris de l’expérience de ceux qui s’occupent des classes malheureuses. Ces études sur la charité n’étaient pas destinées à l’impression. Mais es hommes habiles ans l’art e faire u bien ont pensé que la lecture en pourrait être e quelque utilité ; c’est ce qui nous a engagé à les publier. Nul temps ne nous a paru plus convenable : nous sommes au début d ‘un hiver qui s’annonce comme étant difficile à passer. C’est donc le moment de rappeler à la charité ce qu’elle doit faire, comment elle le doit faire, et surtout de lui crier : courage, courage ! »
23:10 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : isidore mullois, charité, primaires, élections, démocratie |
dimanche, 31 janvier 2016
Contrition
On a souvent eu l’occasion de dénoncer ici-même la religiosité républicaine avec son credo de « valeurs humanistes », ses processions & rassemblements de gueux endeuillés ou indignés, ses lumignons tremblotants pieusement déposés au pied de statues d’allégories, ses somptueux palais historiques peuplés d’évêques aussi insignifiants que lénifiants qu’ils fussent mâles ou femelles, son Panthéon de faux-prophètes et son calendrier qui, de Conseil des ministres en réceptions onéreuses de chefs d’Etat, de propagande télévisée en grandes messes électorales, organise imperturbablement sa liturgie de 4’sous. Une religion creuse, sans dieu, sans transcendance, sans amour, mais dont l’entretien coûte aux contribuables le prix d’au moins quatre ou cinq clergés pour un spectacle aussi indigne que inadapté à force d’avoir trahi sa légende initiale.
A cette pantomime lugubre [et au sens propre, sacrilège] il manquait la contrition : avec (parmi tant d’autres) le livre de Sarkozy, c’est chose faite : « Je confesse à la bienheureuse France, à la Sainte Opinion et au Peuple Tout-Puissant mes erreurs et mes fautes, en quête d’absolution que je me trouve pour une nouvelle élection... » Cette culture de l’excuse, comme l'appellent les commentateurs les plus originaux de nos ondes, nous vient en droit fil de l’Amérique protestante. Elle connut sa plus hilarante manifestation avec le président Clinton confessant publiquement la trahison de sa blonde épouse, que ce pays ridiculement magnanime s’apprête à élire à sa place quelques mandats plus tard dans un grand élan de charité paritaire et démocratique.
La reconnaissance de ses péchés demeure, dans le catholicisme romain, un acte de piété incontournable d’autant plus difficile à réaliser que nous sommes tous viscéralement soudés au péché. Nous ne connaissons même en général que lui, pour être nés dedans, n’avoir fréquenté, aimé, admiré que des pécheurs, avoir sans cesse confondu ses routes avec celles du salut, encouragé en cela par tous ceux qui nous ont précédés et dont l’histoire se souvient dans le grand livre de ses mensonges. Nous aimons tellement le péché que, pour avoir accès au pardon, nous avons besoin de Quelqu’un qui non seulement ne l’aime pas, mais qui n’ait jamais été en contact avec lui. Ainsi, lorsque Jésus vient chercher Pierre dans sa barque, celui-ci tombe à genoux devant Lui et, dans un mouvement contraire à celui de son agenouillement, s’écrie : « Seigneur, éloigne-toi de moi parce que je suis un homme pécheur.» Viens et fuis… du fait que je te reconnais, je me sens indigne de toi et de ta grâce sanctifiante. Paradoxe du pécheur que Seule la nature aimante du Père peut lever.
C’est pourquoi toute véritable réconciliation ne demeure possible que par la miséricorde et dans la tendresse instituées par le Dieu trinitaire : un Père pardonnant, au nom des souffrances endurées par son Fils Unique, le pécheur soudain conscient de sa faute, grâce à l’opération du Saint Esprit. Parce que la contrition nait dans la douleur d’avoir offensé Dieu, cette douleur doit devenir plus intense que notre attachement au péché : un tel renversement (une telle conversion) n’est possible que par la conscience (que l’Eglise appelle surnaturelle) de la Bonté infinie de Dieu, de son Amour pour les hommes, et de Sa Profonde aversion pour le péché.
Je veux dire par là que toute contrition qui ignorerait cette douleur secrète (cette conversion) ne tiendrait que de la parodie : on voit ainsi comment tous les rites de cette religion d’inspiration maçonnique nous font exister dans une sacralité fausse qui n’est qu’une caricature de la vraie religion à laquelle elle emprunte en les vidant de sens tous ses sacrements. Mais au lieu de les appliquer au Bien Commun vertical qui est Dieu, elle ne peut les appliquer qu’à un Bien commun horizontal et prosaïque (res publica). Il y aurait certes quelque vertu romaine à demeurer de bons républicains si nous étions guidés par des chefs politiques honorables, valeureux et efficaces. Mais, fort éloignés hélas de ces augustes modèles, empêtrés que nous sommes dans une république fallacieuse destinée à n’être qu’une société du spectacle, cette religiosité laïque nous condamne, pour paraphraser Debord, à la séparation achevée d’avec toute vie authentique… On appelle cela l'égalité.
En glissant son bulletin d’absolution dans l’urne, l’électeur confesseur décidera donc en 2017 quelle est à ses yeux la plus grande faute morale: traiter un citoyen-électeur de pauvr'con ou bien installer sa gourgandine à Élysée avec la prétention d’en faire « la première dame de France « pour la remercier brutalement «de ce moment» quelques mois plus tard. A moins que ses lointains maîtres ne lui demandent de statuer sur le sort d’un escroc plus ancien, septuagénaire bordelais expert en fausses factures et emplois fictifs, mais repenti lui aussi dans son costume propret de sage et honnête troglodyte.
Dans le confessionnal laïc
14:13 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : république, laïcité, mea culpa, contrition, sarkozy, france, peuple, élections, repentance, clinton, jésus, pierre, pêche miraculeuse, sacrement, saint luc, debord, montesquieu, troglodyte |
dimanche, 20 septembre 2015
Élection, disque rayé
Fidel Castro est-il catholique ?
Le pape est-il communiste ?
Tsipras est-il de gauche ?
L'Europe est-elle démocratique ?
Et ce benêt là-haut : Qui nous débarrassera [ce serait un geste d'une suprême élégance] de ce disque rayé disgracieux, qui saute de sillon en sillon sans plus savoir ce qu'il raconte, ni à qui. Ah, j'attends le moment où cette haute et lumineuse conscience politique sera forcée par l'ONU de s'allier à Poutine pour combattre Daesh, avec les Mistral qu'il aura, en relevant fièrement le bourrelet de son menton, naguère refusé de lui livrer. Non, j'attends le moment où il rejoindra dans sa résidence secondaire les migrants qu'il n'aura pas accueillis et cessera de loger dans un palais dont il n'est pas digne, avec son actrice de seconde zone et ses conseillers européens. Pauvre France, étouffée sous les lieux communs de ce socialisme moribond ! Pauvre pays vassalisé ! Il se relèvera à grand peine d'une telle pantomime et d'une telle destruction de ses fondements historiques. Dans son infortune, la Grèce au moins, à laquelle un play boy à col ouvert s'apprête à faire vivre une terrible purge bruxelloise, aura eu plus de panache dans la défaite et l'humiliation.
Cela dit, aimerais-je davantage être gouvernée par cette Merkel à figure de limande que tous les migrants parait-il appellent dorénavant Maman ? Pauvres Allemands ! L'Européenne la plus moderne, pour paraphraser Apollinaire, c'est peut-être vous, reine Élisabeth, dont les traits durs cachent encore une mémoire qui ne se renie pas. Dans le fond, je ne suis pas du tout Européen. Réfractaire irrémédiablement à la zone, j'attends le jour improbable où nos vieilles nations sortiront de ce cauchemar monétaire et administratif, et cesseront de se donner pour gouvernants des valets et des pitres. J'ai toujours été un incorrigible rêveur.
21:07 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, france, culture, démocratie, élections |
samedi, 31 mai 2014
Une élection du temps de Merlin
Jusqu’à quel point peut se détériorer une image politique ? Rues barrées par les CRS, agriculteurs et métallurgistes en colère, conseiller du président pris en otage… Et pendant ce temps-là, cet idiot rondouillard à l’air bonhomme fait des petites blagues avec cet autre imposteur qu’est Pierre Soulages au musée de Rodez - Où se perd l’argent public ?… (Salut, au passage, à Monsieur Toublanc, dont j’ai d’abord cru qu’il me faisait un blague, qui laissa hier un joli commentaire en bas de ce billet)
Il est assez savoureux, pendant ce temps-là, de se plonger dans le Merlin. Et notamment dans le chapitre titré « Une succession difficile », qui narre l’accession au pouvoir et l’élection du roi Arthur. En ces temps pré-Googolien (Pré-Googolesque ?), « on échangea à cette occasion, dit le conte, bien des paroles qui ne méritaient pas d’être conservées et retenues ». Rien n’a trop changé, direz-vous, sinon qu’à présent, le web veille.
Autre chose : ce n’était point alors des conseillers en communication qui assuraient l’élection des dirigeants, mais bien plutôt de véritables enchanteurs. Celle d’Arthur fut ainsi prévue de longue date par Merlin : ce dernier usa de ses sortilèges pour prêter un instant au roi Uter les traits du mari d’Ygerne pour lui permettre de coucher avec elle, à condition qu’il s’engageât à lui confier l’enfant dès sa naissance. Puis Merlin porta Arthur à Antor, à qui il demanda de l’élever comme son propre fils. On peut se demander un instant à quoi servit ce tour de passe-passe, puisqu’il semblait davantage desservir la légitimité du futur roi de Logres qu’autre chose. Mais on s’aperçoit très vite, quelques pages plus tard, que le subterfuge s’apparente en fait à une géniale opération de communication médiévale. Il permit en effet à Merlin d’octroyer une double légitimité à son candidat, lorsqu’il le présenta au peuple, seize années plus tard.
Une première fois en tant que prétendant normal (peut-on oser ce mot ?) à la fameuse épreuve de l’épée dans l’enclume que tout le monde tentait de réussir. Lorsque Antor pria l’archevêque de « faire essayer cette épée » à son fils, au même titre que n’importe quel autre sujet du royaume, ce dernier la retira avec une facilité qui déconcerta les spectateurs. « Notre Seigneur, dira l’homme d’église et lui ouvrant les bras, connaît mieux que nous l’identité de chacun !» Mais comme la plupart des barons et le peuple eurent besoin de voir le miracle pour le croire, il fallut le renouveler. De Noël à Pentecôte, (le temps que dure une campagne électorale), Arthur n’eut donc de cesse d’ôter puis de ficher à nouveau dans son socle la fameuse Excalibur, puis de la retirer à nouveau. On testa par ailleurs son programme : On lui fit apporter des joyaux et des bijoux, afin de s’assurer si le futur roi serait ou non « plein de convoitise et d’avidité ». On put juger de sa prodigalité, lorsqu’il redistribua tous ces présents. Finalement, tous durent se rendre à l’évidence : le jeune homme avait toutes les qualités d’un chef. Mais les barons les plus récalcitrants refusaient encore qu’un enfant de basse extraction qui n’était même pas chevalier devînt ainsi leur roi.
Il fallut alors que Merlin révèlât la supercherie et la réelle nature des parents d’Arthur. Du coup, il asseyait par un autre moyen la légitimité de son roi : Et par son propre mérite (il était le seul à avoir ôté l’épée et donc à être élu par le Ciel, là où de plus nobles avaient failli), et par la naissance (il était quand même fils de Roi). Au final, les barons les plus récalcitrants eurent beau alléguer que ce n’était qu’un coup monté, ils se retrouvèrent minoritaires, et leurs troupes bien vite décimées par Excalibur, « dont le nom signifie en hébreu Tranche fer, et acier et bois », qui se révéla quasi miraculeuse dès les premiers combats du roi Arthur. Au vu de ces événements peuvent se comprendre la ruse initiale de Merlin, ainsi que sa grande sagesse. Mais tout le monde n'a pas, c’est vrai, le talent d'enchanteur.
En lisant le Joseph d’Arimathie, puis ce Merlin, je pensais aux grands récits fondateurs que furent L’Eneide pour Rome, l’Iliade pour la Grèce, et ces récits de chevalerie pour la Chrétienté. S’unir dans un mariage de raison et de monnaie à des fins seulement pragmatiques, comme on le propose aux peuples d’Europe aujourd’hui, cela ne suffit pas. On y entend comme un déficit de culture, de grandeur, de rêve, d’histoire même, malgré les images en boucles de commémorations. L’aura du fondateur de la Cinquième République qui maintient ses institutions, quant à elle, suffira-t-elle à compenser dans l’hexagone la médiocrité de l’actuel président français ? Tiendra-t-elle debout trois ans de plus cet ectoplasme, de petites blagues en petites blagues ? Je ne sais. Auguste en personne eut recours à Virgile pour asseoir son empire. Alors je me dis que ce n’est pas de grands hommes que nous manquons le plus, aujourd’hui, mais de grands récits. « Et je voel que tu saces que ma coustume est tel que je repaire volentiers em bois par la nature de celui de qui je fui engendrés » (Et je désire que vous sachiez, dit Merlin, que je suis fait ainsi que je hante volontiers les forets, en raison de la nature de celui qui m’a engendré)…
Arthur ôte l'épée de l'enclume, iconographie du Merlin, Paris, BNF
05:01 Publié dans Des nouvelles et des romans | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : merlin, arthur, chevalerie, graal, politique, élections, soulages, rodez, france, europe, littérature, poésie, moyen-âge |