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dimanche, 07 octobre 2012

Telle est la chanson de Vincent Peillon

Fonder, refonder l’école : il est assez comique de voir le ministre Vincent Peillon reprendre, pour initier sa réforme, la sémantique de ses opposants et utiliser ces termes hyperboliques employés naguère par les tenants d’une école exigeante face aux réformes conduites par ses confrères, le ministre Allègre et son successeur Lang, ministres socialistes des années 90.

Parmi ces opposants à ce qu’on appela alors le démantèlement de l’école républicaine, ce petit ouvrage de Joël Gaubert qu’on trouve peut-être encore sur certains marchés d’occasion, L’Ecole républicaine, Chronique d’une mort annoncée, 1989-1999 publié aux éditions pleins feux. Après une longue analyse du double discours tenu par le gouvernement socialiste d’alors , ce professeur de philosophie écrivait : « Pour entamer vraiment la refondation de l’école, il est fondamental de commencer par reconstruire l’idée encyclopédique et architectonique des savoirs à transmettre et qu’il est nécessaire de s’approprier pour s’accomplir comme homme libre car éclairé, selon la diversité manifeste mais aussi la profonde unité des dispositions et aspirations humaines. Cette tâche ne peut être confié qu’à un comité de savants qui savent ce dont ils parlent, et non pas à des experts de l’enfance, de la société ou encore de la communication, qui méprisent les disciplines, en toute indépendance à l’égard des cabinets ministériels du moment.».

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Alors que les socialistes vont annoncer leur « projet », la relecture de cette seule phrase est à la fois triste et savoureuse. Car on voit bien à quel le projet Peillon, loin de refonder quoi que ce soit, continue d’aligner l’école sur des contingences extérieures à la transmission raisonnée des savoirs :

Axé sur la suppression des devoirs à la maison et la limitation des heures de cours, la création d’un unique niveau en maternelle (ce qui revient à en faire une immense crèche)  il vise encore, sous prétexte de « réduire l’inégalité », et de supprimer « la pression de l’évaluation » à combattre l’apprentissage de l’excellence et la diversité des talents au profit de la simple socialisation et du moule commun pour tous. (1)

Théorisé à partir des « pics d’attention et de fatigue »et du « mal-être » présumé  des élèves », il donne la part belle à ces fameux experts des sciences de l’éducation dont la gauche raffole, et qui ont tous retrouvé leurs postes dans les IUFM que Hollande a rétabli à peine entré à l’Elysée, comme si l’avenir du pays dépendait de l’affectation à ces postes privilégiés de quelques-uns.

Visant à long terme à la suppression des redoublements,  et à la refonte des évaluations, le projet de Vincent Peillon  apparaît surtout comme une mesure d’équilibre économique plus que jamais décrétée par  « les cabinets ministériels du moment » après le passage obligé par l'inénarrable  « commission d’expert ». N’oublions pas la part belle donnée aux communicants et à leurs effets d’annonce qui ont pondu ce slogan digne du travailler plus pour gagner plus de Sarkozy : il y aura dans le primaire, plus de professeurs que de classes…  

Telle est donc la chanson ...  de Vincent Peillon...

A ce doctrinaire et immodeste ministre il faudrait rappeler la seule mesure efficace prônée d'ailleurs par Gaubert et par tant d'autres du terrain (comme disent les experts) et qui d'ailleurs avait été intelligemment reprise par le candidat Bayrou : à l'école, ô politiciens avides de laisser votre trace sur le moment, pour une fois surtout pas de réformes, ne touchez à rien, et laissez les gens travailler... 

(1) : Ce n'est pas sans inquiétude que j'entends Valls comme Hollande systématiquement renvoyer, dans leurs discours officiels, le traitement des problèmes de violence et dorénavant de terrorisme à l'école. Comme si cette dernière avait la solution à tous les problèmes religieux et sociaux posés par la gestion politicienne de ces trente dernières années. De quoi donner envie à tous les gens sensés de mettre leurs enfants dans le privé...

11:19 | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : vincent peillon, refonder l'école, politique, france, société, culture | | |

Commentaires

c'est pourtant un problème très simple: il n'existe aucun problème à l'école, en fait......mais il en existe en amont de l'école, c'est-à-dire dans l'institution appelée "famille", notamment en ce qui concerne l'exercice de l'autorité (en ce domaine, pour comprendre, voir la notion byzantine du terme "basileus" et ses implications).
mais bon, liberté oblige, n'est-ce pas.....surtout au pays de lilith^^

Écrit par : gmc | dimanche, 07 octobre 2012

Oui on peut dire que le Nom du Père est malmené...
Mais Lilith a bien eu raison de se rebeller!

Écrit par : Anne D. | dimanche, 07 octobre 2012

Oui on peut dire que le Nom du Père est malmené...
Mais Lilith a bien eu raison de se rebeller!

Écrit par : Anne D. | dimanche, 07 octobre 2012

mdr, surtout si on considére où se trouve le siège du pouvoir terrestre depuis la nuit des temps^^ (pas difficile de le voir, c'est la même chose chez toutes les espèces animales^^)

Écrit par : gmc | dimanche, 07 octobre 2012

La faillite de l'Ecole c'est d'avoir enlever les estrades des salles de classes, d'avoir supprimer le salut debout au professeur, d'avoir fait entrer les parents d'élève dans la vie administrative et pédagogique des établissements...

Sans parler de l'abdication face aux syndicats, le conditionnement idéologique des IUFM et de ses chantres tel cet inénarrable Philippe Meirieu. Les "apprenants", l’"auto-construction du savoir" par les élèves, et autres billevesées bobo-gauchistes.

La suppression des IUFM était une bonne choses, mais l'antisarkozysme primaire a fait marche arrière. Dans 5 ans, tout au plus, nous aurons une vague bleu foncé à l'Assemblée et ça sera tant mieux.

Écrit par : Jérémie S. | dimanche, 07 octobre 2012

Ce n'est pas moi qui défendra "l'école", qui m'a apporté au final bien peu de savoir et beaucoup trop de névroses! Si jamais j'ai des enfants, je me suis juré de ne jamais les obliger à y aller s'ils ne le souhaitent pas, et de les scolariser à la maison. Après tout ce n'est pas "l'école" qui est obligatoire, mais l'instruction!

Écrit par : Sarah. S. | lundi, 08 octobre 2012

On sent que le rapporteur a voulu faire plaisir aux pédagos soixante-huitards ( les notes sont affreuses car elles nuisent à l'épanouissement de l'enfant), sans compter l'influence de la pédagogie Montessori...
Le rapporteur a aussi voulu faire plaisir aux associations de parents d'élèves pour qui leur enfant est un dieu intouchable... Si ils sont mauvais, c'est la faute au prof. Jamais au petit chiard qui ne sait pas se tenir sur sa chaise...
Et la transmission du savoir dans tout ça ? Et le goût du travail, de la curiosité ?

Écrit par : Upsilon | mardi, 09 octobre 2012

Vous savez bien que ce sont des valeurs "réactionnaires" et que les tenants de la gogôche socialiste en ont horreur.Il fallait entendre Hollande à la Sorbonne, jouant à Duras ou à Platini, on ne sait plus trop, parler de 'l'échec, forcément l''échec"... Nauséeux, ce président.

Écrit par : solko | mardi, 09 octobre 2012

Dans la même veine que ce bouquin, je suppose, j'ai lu La fabrique du crétin.

Écrit par : Jérémie | mardi, 09 octobre 2012

Ce qui est déprimant, en sus de tout ça, c'est cette impression constante de recommencement perpétuel dans tous les domaines, avec coups de volant d'un côté puis de l'autre, freinages et demi-tours de la politique. C'est tuant. On vit dans un truc perpétuellement instable, mouvant, et on a l'impression de traverser un brouillard sans fin. Le long terme, plus personne ne semble y penser, parmi les dindons suprêmes. C'est surtout de ça que souffre ce pays : sans base stable, sans fil conducteur, on n'avance plus. Et ça fait quarante ans que ça dure.

Écrit par : Sophie K. | mercredi, 10 octobre 2012

Je suis bien d'accord avec vous.

Écrit par : Anne D. | mercredi, 10 octobre 2012

Le court-termisme causera notre perte. C'est le mal du XXIème siècle...

Écrit par : Sarah. S. | mercredi, 10 octobre 2012

C'est encore plus vrai quand c'est la gauche qui est au pouvoir.

Écrit par : Jérémie | mercredi, 10 octobre 2012

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