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vendredi, 26 avril 2013

A propos d'écrire (1)

Ce qui est plaisant dans l’écriture du roman, c’est cette double posture de l’homme qui sait et de celui qui ne sait pas. Il n’y a pas à tortiller, comme disait ma grand-mère, il faut laisser venir, laisser agir, laisser parler. Mais il faut aussi conduire, diriger, viser.

C’est un sérieux mélange de la plus extrême gravité et d’une pure fantaisie. Le romancier est un dictateur pour rire. Composer un personnage - ou pour un personnage, car derrière chaque être de papier se cache, n’en déplaise à Nathalie Sarraute et son air du soupçon, l’idée au moins d’une personne -, composer un personnage, c’est échapper à l’idéologie.

Et puis il y a le mot juste. L’esprit s’arrête parfois. Et c’est le trou.

On sait qu’un mot est attendu là, un seul. Et le reste de la phrase, du paragraphe parfois est au rendez-vous, mais le mot manque.

Ne reste alors que deux solutions : soit passer outre, se contenter d’un synonyme qu’on biffe et qui sert de pis aller, en attendant le lendemain ou une prochaine relecture. Soit l’attendre. S’allonger, fermer les yeux, guetter dans le silence comme un chat sa proie. Car si j’ai le pressentiment, même confus, du mot qui devrait se trouver à cette place, c’est qu’il existe. Les mots sont comme les personnages, n’en déplaise aux mythomanes du Nouveau Roman : il y a toujours une réalité derrière…

littérature,écriture,roman


20:47 Publié dans Des nouvelles et des romans | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : littérature, écriture, roman | | |

Commentaires

Je vous le dis sans ambages : j'aime ce texte. Tellement vrai.
J'eusse aimer l'écrire.
Pour le mot qu'on sait, qu'on a sur le bout de la langue et qu'on ne trouve pas, je laisse reposer, j'attends une relecture, un autre œil, quand le roman "semblera" achevé. En attendant, je mets un synonyme qui ne me convient pas, ou une périphrase que ne me sied pas plus.
Ou alors, lire à voix haute, comme s'il y avait un public. Efficace.

Écrit par : Bertrand | lundi, 29 avril 2013

"Les mots sont comme les personnages, n’en déplaise aux mythomanes du Nouveau Roman : il y a toujours une réalité derrière…"
privilège du rêveur que de souscrire à cela..^^

Écrit par : gmc | samedi, 04 mai 2013

Soyons technique : ce n'est pas parce que le signe est arbitraire qu'il n'a pas de référent. Ecrire, ce n'est certes pas abolir l'arbitraire, mais ce n'est pas non plus nier la référence. Au risque du rêve, je vous l'accorde. Mais c'est très bien comme cela.

Écrit par : solko | samedi, 04 mai 2013

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