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samedi, 12 novembre 2016

De Niro à Ferrazzano, Sting au Bataclan

Robert de Niro est déprimé. Celui qu'il avait traité d'idiot, de roquet, d'artiste de merde, d'escroc et de porc et à qui il voulait flanquer son poing dans la figure est devenu entre temps président des États Unis.  Plutôt que de s'interroger sur son absence de flair politique, De Niro déprime.Pas de quoi déprimer, à moins de craindre les représailles. Dans un formidable geste de résistance  (à quoi ? Trump n'est toujours pas rentré en fonction et n'a pas pris encore une seule décision ?) il invite les quelques milliers de manifestants à poursuivre leur rassemblement not my président à New York . Sans se mêler à eux, bien entendu. Le film qu'il présente s'appelle The Comedian, quelle ironie du sort. 

La gauche caviar ne comprend pas que ses électeurs puissent lui préférer la droite arrogante. C'est comme ça. La gauche caviar croit dorénavant non plus avoir le monopole du cœur (comme du temps de Giscard) mais, ce qui est pire, le monopole de la culture. Ne riez pas : de la culture... Cela fait de ses représentants des Philaminte et des Trissotin du plus haut comique, quand on voit ce que, en terme de culture,la gauche a à proposer. Emile Zola plutôt que Bernanos ou Léon Bloy, Boris Vian et Simone de Beauvoir plutôt que Bossuet et Charles Péguy... mais je devrais dire dorénavant Laurent Ruquier plutôt que Finkielkraut car on n'arrête plus le progrès ... Quelle misère !

Bref, de Niro est malheureux, pauvre chou. Il songe à quitter les Etats Unis tant l'idée de passer un mandat sous Trump semble lui être insupportable. J'espère que tout Hollywood ne va pas débarquer chez nous. Les réfugiés artistiques, en quelque sorte, les exilés intellectuels. Quel bel acte de résistance face au nouveau pouvoir que la fuite, et quel mépris pour ceux qu'il appelle à manifester et qui n'auront pas, eux, le moyen de changer de vie du jour au lendemain en prenant leur billet pour des terres non fascistes .«Si, après la déception (de l'élection) de Trump, il veut venir se réfugier ici, il est le bienvenu», a déclaré le maire de Ferrazzano, Antonio Cerio. Ferrazzano est la ville de naissance de l'héroïque de Niro. J'ai cru comprendre que Ferrazzano se trouve dans une région centrale en Italie, où les tremblements de terre ne se bornent pas à des postures médiatiques. A Paris, pendant ce temps là, le milliardaire Sting, adepte du tantrisme et de la méditation transcendantale, lutte courageusement contre l'Islam radical en chantant au Bataclan. Il y ramène la vie, nous dit-on, rien de moins... Il n'y a pas à dire, nos stars sont courageuses et nous aussi. The show must go on, tel est leur Évangile à tous. 

Ceux qui aiment l'occident décadent peuvent dormir tranquille, ils ont encore de longues soirées devant eux à refaire ce monde qui s'enfonce inexorablement dans sa nuit. A travers ses artistes et ses politiques, cette société malade et dépourvue de toute vision extérieure à elle-même  ne survit que par la reconduction incessante de son propre auto-sacramental. Les contraires qui composent cette société ne s'affrontent plus, ils s'annihilent mutuellement. De leur dialectique ne surgit plus aucune énergie, mais de la répétition mortifère. Les échanges d'opinion policées ne sont plus des débats. Voyez cette France morte de trouille, prête à ouvrir les cuisses devant un Juppé sur le retour comme à un aigle salvateur. Cette société ne sera donc victime que d'elle-même. Au terme de son propre essoufflement, elle crèvera comme un chien malade. Non, les politiques qui la confortent, les artistes qui la glorifient, ne méritent pas notre respect. Ils ne méritent pas non plus notre haine. Mais le mépris est aussi un droit de l'homme. A leur insu, la gauche caviar et la droite arrogante rendent aux pauvres qui les regardent s'enfoncer toutes deux dans la mort cette conscience de classe, laquelle demeure seule garante de leur identité. On appelle cette profonde duperie démocratie. Gardons comme un bien précieux le droit ultime d'en rire. Et Dieu reconnaîtra ou non les siens. 

 

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Commentaires

De Niro ne va pas deprimer longtemps je ne suis pas inquiète pour lui. Il est quand même possible á un acteur de s'exprimer même si sa parole, objectivement, n'a pas plus de poids que celle de n'importe qui.

Il faut reconnaître que Donald á une tête de clown avec ses cheveux orange, qu,il en est à sa troisième femme et que celle ci est vraiment décorative, ce qui n'est pas un hasard.

Pour la culture, j'avoue que j'adore Péguy mais que je déteste pas Boris Vian, ni Zola.

Écrit par : Julie | dimanche, 13 novembre 2016

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