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mercredi, 02 mars 2016

L'Europe sans dimanche

La France s’apprête donc à célébrer la gigantesque et très putassière foire de l’Euro. Pendant ce temps-là, les Grecs continuent à s’enfoncer dans le cauchemar que leur impose Bruxelles. Sur son blog, Panagiotis Grigoriou rapporte et traduit les propos de Stélios Kouloglou sur le site d’information dont il a été l’initiateur : « Ce mois de mars réserve à la Grèce une apocalypse comme jamais... depuis la fin de la dictature des Colonels. Le plan connu des conclaves européistes consiste à faire de la Grèce le dépotoir des âmes migrantes. Très cyniquement, tout le temps nécessaire a été gagné par l’Europe du Nord pour ainsi préparer … sa fermeture. »

Le peuple grec se retrouve obligé de « prendre soin des migrants, pour ne pas les laisser mourir, comment voulez-vous faire autrement » ? L'Europe, disent-ils… C’est une vipère... Il y aura bien des âmes sensibles de la gauche hexagonale nantie et, par voie de conséquence, décérébrée, pour traiter de populistes la majorité des Grecs qui ne veulent pas que ces «âmes indésirables» issues «de l’altérité difficile du monde musulman» s’installent durablement chez eux. On les comprend. Notre blogueur poursuit : «Alexis Tsipras... et ses Syrizistes accomplis, croient pouvoir encore maîtriser la situation, ils pensent peut-être qu’il sera bientôt possible de « vendre » aux Grecs l’ultime transformation de leur pays en zone... à la limite administrée, contre une hypothétique diminution du fardeau de la dette, lorsque tout le monde sait en Grèce que la dette, tout comme d’ailleurs l’euro, sont (autant) des armes de destruction massive en usage contre leur pays, contre leur mode de vie, en détruisant leur existence économique, voire, leur propre vie.»

Il n’y a pas que Tsipras qui joue ainsi au Monopoly avec la vie des gens. Tsipras se fait en réalité l’écho des politiciens internationaux dont il est devenu, comme l’idiot de l’Elysée, le valet de pied patenté. On dirait, décidément, que la  forfaiture est une spécialité des dirigeants de gauche.

 

Aux Etats-Unis, une autre foire électorale passionne les éditoriaux et les chroniqueurs. Le peuple, je n’en sais rien, n’étant pas sur place. Il y a quand même quelque chose d’effarant à songer que les deux partis de cette prétendue démocratie qui possède l’armée la plus puissante du monde et tire les plus grosses ficelles de la géopolitique internationale, ne sont foutus  de placer face à face que deux septuagénaires pour emporter sa présidence en bout de course. Un vieux macho teint pourri par l’argent, une vieille féministe refaite pourrie par le pouvoir. Si j'étais citoyen américain entre vingt et cinquante ans – Dieu m’en garde ! –  c’est l’abstention assurée, que faire d’autre ?

Entendre tous les journaleux diplômés des écrans français vanter le système de propagande par contrôle de l'électeur que représentent les primaires demeure d’autant plus déconcertant. Quand on voit ce qui est sorti de celles de gauche, et qu’on devine ce qui sortira de celles de droite… Un septuagénaire viré sans perte ni fracas du pouvoir en … 1995.

Le modèle américain, qui servit de patron pour créer cette zone libérale et liberticide qui détruit peu à peu l’Europe des Nations est à bout de course, sans jus. Après le désastre hexagonal initié par les dirigeants français de ces quarante dernières années, il va falloir reconstruire une Europe des Nations pacifiée. Comment ? En s’arrimant solidement aux sources de l’Europe.

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Rome, donc.

Une touriste qui en revient m’expliquait (sans trouver cela choquant outre mesure) que devant chaque église stationnait dorénavant un militaire. Pas étonnant. Le pape François et, derrière lui, la chrétienté tout entière, demeurent la cible numéro Un des islamistes radicaux que nous avons complaisamment formés et armés. Nous. Les électeurs de Sarkozy et de Hollande, citoyens de la zone, qui nous apprêtons dans une même inconscience à célébrer l’Euro. Pas de quoi être fiers, vraiment. Pas de quoi. Un peuple cultivé ?

J’essayais d’expliquer à un cercle de profs, tout à l’heure, que ce qu’ils appellent encore la culture française n’est plus la culture française. La culture française, comme la culture italienne, grecque, et autre, ne survit dans ce magma néolibéral planétaire, que sous la forme de quelques produits momifiés, distillés au compte goutte dans des programmes scolaires pour lycéens, des séries télévisées pour adultes et des festivals d’été pour retraités. Ce qu’ils appellent la culture française, en réalité, c’est la part que prennent, dans la construction de cette culture mondialisée dominante, les « artistes » estampillés français, un peu comme les fromages ont leur AOC. Dujardin, Dany Boom et autres Debouzze. Mais aussi Enard et Angot, si l’on se tourne du côté de ce qu’on appelle l’esprit. Quand vous commencez à expliquer que ces gens ne sont nullement représentatifs de la culture française, nullement, mais de l’entreprise « culture monde » qui, après l’avoir totalement sabotée, cherche à la réduire définitivement au silence, ils vous regardent avec des yeux de moutons. A croire qu’on les a décérébrés. Possible, d’ailleurs…

« Un suicide tous les deux jours », vous leur dites alors, excédé. Sans doute comprennent-ils mieux la débâcle des paysans que celle des lettrés ! C’est pourtant fondamentalement la même : Le politiquement acceptable, les blockbusters  et la théorie des genres sont à la culture ce que les grandes surfaces, les marchés mondiaux et les pesticides sont à l’agriculture. La fin. L’extinction, dans cette culture de la Bête, pour paraphraser saint Jean, l'homme sans dieu, dont le chiffre fétiche (666) ignore le repos, la pensée, la prière et donc l’amour, parce qu’il ignore le Seigneur et son divin septième jour, le dimanche.

samedi, 24 mai 2014

Le dernier mensonge d'un trop long règne

« La démocratie est inséparable de la souveraineté nationale»,  disait De Gaulle. Sur cet extrait du débat entre Philippe Séguin et François Mitterrand de 1992, on voit le premier expliquer au second, en charge pour quelques longs mois encore de la dissolution du pays dans une construction fédérale aujourd’hui bien en cours, pourquoi ces deux notions vont inévitablement de pair. Et c’est édifiant, à la veille d’un vote européen, de réécouter Seguin en train de prévoir l’impuissance des successeurs de ce rusé et matois vieillard (impuissance dont l’actuel locataire de l’Elysée est l’héritier caricatural, à la fois effrayant et ridicule). Lorsque, à la toute fin de l’extrait, Seguin interpelle Mitterrand en mettant en doute la possibilité qu’auront ces successeurs là de mener une politique nationale libre et souveraine, l’assurance avec laquelle Mitterrand affirme : « le traité de Maastricht le permettra» en dit long sur la duplicité de son long règne. Et de fait,  il aura fallu le mensonge et l’autorité de ce rusé et matois vieillard pour faire basculer le vote de Maastricht du sinistre côté.  


Sur son blog Off-shore Philippe Nauher nous propose de réécouter Philippe Seguin, « dernier homme politique français », lors de son discours contre le traité de Maastricht à l’Assemblée Nationale, cette même année 1992. Ce qui a été fait, disent tous les progressistes, peut être défait. Dont acte. 

mardi, 30 octobre 2012

Situation room

Dans sa « situation room », romanesque plus que jamais, le président avise. Les observateurs politiques disent que Sandy pourrait bien lui sauver la mise, puisque la propagande d’homme providentiel qui battit son plein lors de sa première élection en 2008 ne peut plus fonctionner, crise, chômage, dette aidant.

Or le cyclone Sandy l’a soudainement placé dans une posture idéalement démocratique. Comme tout un chacun, il voit sur de multiples écrans l’inexorable progression des eaux et des vents, assis dans le fauteuil même où, entouré du même staff, il avait assisté à l’exécution de Ben Laden : au contraire de tout un chacun occupé à tenter de sauver du déluge ses quelques hardes, lui garde tête froide. Habile et décontracté, il gère. En d'autres temps, la salle eût été emplie de volutes de fumée. En 2012, l'air y est pur. 

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La paupière impavide qu’il place face au chaos généralisé lui confère certes un côté Fantomas vaguement irréel. N'importe. Cet aspect là convient bien à l’écran. Comme dans les films catastrophes, des centaines de villes sont en faillite par tout le pays. La Chine possède désormais  la plus grande part des bons du Trésor américain. Les éléments déchaînes balaient New-York, ses rues, ses gratte-ciel, son métro. Il faut cependant qu’on croit, dans le pays et partout ailleurs, qu’il tient la situation en main. Alors, il regarde.

« Le propagandiste doit traiter la personnalité comme n’importe lequel autre fait objectif de sa compétence. Selon les cas, une personnalité crée une situation, ou bien les circonstances créent une personnalité, mais il est souvent difficile de savoir quel est le facteur déterminant.» écrivait Bernays (un spécialiste de la question)  dans son Propaganda, comment manipuler l’opinion en démocratie.  

Parvenir donc à faire croire au monde entier que lui et ses sbires demeurent maîtres de la situation comme ils sont maîtres de la situation room, tel est le but de la petite démonstration médiatique. Ils sont maîtres, par la seule force de leur présence à l’événement, c'est-à-dire par la seule force de leur regard : tel est le défi que l’acteur Obama doit relever pour s’imposer face à son adversaire que l’actualité a relégué dans les placards de l'actualité. Là, dans cette salle où se joue sa légende, tout est affaire de postures. Il regarde et l'on croit qu'il agit.

Pour cela,  la « situation room » doit apparaître plus que jamais comme le pont du navire, d'où le capitaine, à la fois proche et lointain, exposé et surprotégé, « gère » un désastre qu’il ne fait en réalité que contempler.

Comme nous autres, spectateurs anonymes, Obama regarde, impuissant dans sa cave de la Maison Blanche qui tient à la fois du bunker, de l’ultime refuge, de la salle de contrôles et du saint des saints. Mais au contraire de nous autres, il est regardé. Regardant regardé.

La fonction de l’homo politicus post-moderne atteint là une sorte de cynisme efficace et d'impuissance assumée qui – paradoxalement – convainquent de son professionalisme. Plus que jamais se réalise la prophétie par laquelle Bernays avait clot son ouvrage en 1928 : « la propagande ne cessera jamais d’exister. Les esprits intelligents doivent comprendre qu’elle leur offre l’outil moderne dont ils doivent se saisir à des fins productives, pour créer l’ordre à partir du chaos ».

 

16:30 | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : situation room, sandy, obama, usa, politique, bernays, propagande, new york | | |

lundi, 22 novembre 2010

JFK-63

Sans doute aurais-je oublié l’assassinat de JFK – ou du moins n’aurait-il eu que très peu d’influence sur mon imaginaire d’enfant – si cet événement d’une ampleur internationale n’avait coïncidé avec  l’entrée dans la salle à manger familiale du poste - alors en noir et blanc et équipé d’une seule chaîne- de télévision. Le 22 novembre 1963, à 12h 30 donc. En France, c’était presque l’heure du journal télévisé.

 

Je me souviens que le lendemain, qui était un samedi, toutes les unes de la presse écrite reprenaient ces images : Jackie à quatre pattes, sur le coffre de la voiture, Johnson prêtant serment dans l'avion, aux côtés de la veuve dont la veste est encore tachée de sang, la bobine de Lee Oswald, l’assassin présumé. Et, dans les pages intérieures, des schémas du crâne du président, de face, de profil, montrant des trajectoires de balles à travers la gorge et le cerveau. Sur mon petit bureau, détective méticuleux de l’Histoire en train de filer,  je m’entraîne moi aussi, avec des règles et des compas, à profiler ces fameuses trajectoires, à travers des schémas de crânes que je reproduis sur papier millimétré.

 

Mais décidément ce mois de novembre 1963 réserve encore bien des surprises. Le dimanche soir, on apprend que l’ennemi public n°1, l’assassin du gentil président, vient d’être flingué à bout portant et en direct par un type à chapeau et à revolver comme on n’en voyait que dans des reportages sur la prohibition. Haletant. Un vrai thriller, l’actualité. Ruby, qui rime avec boîte de nuit. Et qui de surcroît est  juif comme Oswald marxiste. Très excitant, tout ça, quand on est gosse. On sent qu’autour de soi, tout peut s’embraser très vite. A l’esprit voltigent les scénarios. Dézinguer un président, c’est presque comme dézinguer un roi : même si tout le monde le dit, que Ravaillac n’était qu’un barjo, y’a toujours quelque chose qui espère que non, et qu’on saura un jour, et qu’il y a des raisons à tout ça, tout ça..

 

De tout ce tohu-bohu, je retins à l’époque plusieurs lois : la première, c’est que l’histoire était dorénavant lointaine, très lointaine. Elle viendrait certes nous solliciter de temps en temps par cette nouvelle lucarne où ne cesseraient plus de se passer des choses (quel défilé, le monde !), mais toujours, elle finirait par se retirer, marée tranquille. Et lentement tout se rendormirait.

Quand le gros des troupes se fut habitué à l’image plutôt qu’à l’événement, tout se rendormit en effet pour de bon dans ce vieux pays qu’est la France.

C’est comme ça qu’un beau matin, sans s’en rendre compte, toute la famille, après avoir assisté au meurtre de Kennedy, se retrouva en weekend sur la lune. Puis, sans dommages, put regagner finalement ses pénates. Avant de poursuivre d’autres virevoltantes aventures dans le monde enchanté du petit écran. Chez moi, mon pote, on a suivi main dans la main Mitterrand jusqu’au Panthéon quand il a déposé sa putain de rose sur le catafalque de je ne sais plus quel Jean. On a fait je sais plus combien d’enterrements. On a libéré plein d’otages, si, si ! On a même foncé sur le World Trade Center jusqu’à s’enquiller dedans, et en sortir tous indemnes. On a gagné et perdu des Coupes de monde de foot, allez Zizou, et tout, et tout.

 

La deuxième idée, c’est que les puissants n’étaient pas invulnérables. Ce crédo-là, le peuple adore l’entendre. La messe cathodique reprenant d'un ton moins solennel que Bossuet la messe catholique, qui  professa que le malheur des grands instruisait les petits. Te souviens-tu de Diana et du pont de l’Alma ? Poor princess

En 1963, je compris que je n’étais pas le fils du Président des Etats-Unis, que j’avais une chance minime de devenir un Grand de ce monde, mais qu’au moins, si je me tenais à carreau, je ne me ferai point tirer comme un lapin de garenne dans sa décapotable, entre une palissade et un dépôt de livres, dégommé par mon vice-président ou par un complot de la mafia.

C’était toujours ça qu’on gagnait à vivre modestement.

 
J’en viens, de toutes, à l’idée qui me marqua le plus à l’époque, tandis qu’avec une fascination de thanatologue, je contemplais les images de ce cadavre de président fauché en pleine course et débité en tranches dans le monde entier, à grands coups de rotatives : c’est que l’Amérique est vraiment rien qu’un pays de cow-boys. Tiens ! C’était pas dans notre hexagone à nous qu’un tel truc se serait passé ! Dans mon petit Larousse des noms propres, j'appris alors que le dernier président français assassiné par un déséquilibré, ça remontait tout de même à 1932. 1932 : une sorte de pré-histoire.

Le monde s'est-il remis de cette affaire non élucidée ? J'ai le sentiment qu'il a battu depuis au rythme d'une dramaturgie subtilement initiée en ce temps-là : Lee Harvey Oswald, J.D. Tippit, Jack Ruby, John Ligget, Malcolm Wallace, Henry Marshall... Se levèrent un et un successivement une quantité de seconds rôles pour cette saga haletante, première d'un genre mêlant romanesque et politique qui, depuis, allait faire florès, jusqu'à son remake en juin 68, dans un hôtel de Los Angeles, avec cette fois-ci, dans le rôle du fanatique jeune et  déséquilibré, non plus un juif ou un marxiste, mais un palestinien...


 

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 John & Jackie, 1960

 

08:01 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : politique, jfk, dallas, kennedy, assassinat, usa, novembre 1963 | | |

dimanche, 17 janvier 2010

Big Laden is watching you

Le FBI surpris en flagrant délit de tripotage photographique : la tronche d’un politicien espagnol, Gaspar Llamazares, (voir ICI  et ICI) aura donc  servi à « vieillir » le portrait (doit-on dire officiel) de l’homme le plus recherché du monde (25 millions de dollars à quiconque permettrait d’arrêter le « terroriste saoudien » Ben Laden). La rédaction de France 2, le 28 décembre 2009, chopée en train de diffuser une image du Honduras pour illustrer des manifestations censées se dérouler à Téhéran (voir ICI). Je ne vais pas passer à la loupe les images provenant d’Haïti. Ni les archiver pour, un jour, être à même de brandir une réutilisation maladroite ou malveillante…


Depuis Timisoara, nous savons que le mensonge et le tripotage sont au cœur de la stratégie politique moderne de l’information.

Qu’est-ce que l’Amérique comptait faire de ce portrait trafiqué ? L’utiliser tel celui d’un Big Brother à sa botte, capable d’influencer l’opinion mondiale ? Le ressortir sous peu à propos justement du Honduras de l’Iran. Pourquoi le FBI s’est-il laissé surprendre aussi facilement ?

  

« Vers les temps les plus noirs du monde » : tel était le titre d’un article de Saint-Exupéry qu’il écrivit peu de temps avant sa mort. Nous y sommes. Nous y sommes bien. Car au fond, savoir qui ment n'est pas plus le propos. Ce propos interessera, me direz-vous, les historiens un jour.  Soit. Ce n'est pourtant pas le plus intéressant. Alors, dans le monde, crise ou pas crise ? Grippe ou pas grippe ? Le plus intéressant, c'est que le citoyen lambda soit déstabilisé.  En crise, le citoyen lambda. Ne sache plus. Grippé, bel et bon. Comme cela, la société (notre société, comme ils disent, tous) n'aura  plus qu'à gérer ses peurs de simple humain, ses doutes d'homme de la rue, ses divertissements de pauvre monsieur tout l'monde. Il ne pourra qu'être consentant. Tel est  le pari.

Et déstabilisés, qu'on le veuille ou non, nous le sommes tous.

Reste à ne pas être consentants.

 

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Ben Brother is watching you

09:08 Publié dans Des inconnus illustres | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : usa, politique, information, société, manipulation | | |

mardi, 27 janvier 2009

Le retour du hobo

"Sur le front de l'emploi, la journée de lundi 26 janvier 2009 restera probablement comme l'une des plus noires de la crise économique mondiale. En une petite journée, 67 000 suppressions d'emploi ont été annoncées entre les Etats-Unis et l'Europe, selon le décompte du journal britannique The Guardian ."  (Le Monde)

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"Vers onze heures du soir, je commencai à m'inquiéter de trouver un lit. J'avais lu des choses sur les asiles de nuit et pensais qu'on devait pouvoir trouver un lit pour environ quatre pence. Apercevant un homme, l'air d'un terrassier, planté sur le trottoir, je l'abordai pour m'informer. Je lui dis que j'étais dans la purée la plus complète et lui demandai de m'indiquer où je pourrais bien dormir, au minimum de frais. "Oh, fit-il. Vous avez que la rue à traverser. Vous voyez l'écriteau en face : "Bons lits pour messieurs seuls" ?   C'est une bonne turne. M'est déjà arrivé d'y pioncer. Vous verrez. C'est pas cher et c'est propre."
Georges ORWELL - Dans la dêche à Paris et à Londres, 1933.

08:05 Publié dans Des inconnus illustres | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : hobo, crise, chômage, usa, emploi, orwell, dans la dèche à paris et à londres | | |

mercredi, 21 janvier 2009

Todd et Obama

- Avez-vous regardé la cérémonie télévisée ?

Non. Ce qui m'intéresse ce ne sont pas les images, ce sont les décisions du président Obama. Je comprends que les Américains soient fascinés. Je comprends moins la fascination passive, malsaine des medias français : il est absurde d'attendre de l'Amérique la solution des problèmes mondiaux, alors que les problèmes viennent de l'Amérique. Elle vit au crochet du monde, dans un rapport de prédation.

- Comment expliquez-vous la fascination française et européenne ?

L'Obamania est un symptôme de la crise de la démocratie française et européenne. Dans une démocratie normale, on n'attend pas la solution d'un Chef d'Etat étranger, fût-il le plus puissant. Nos élites économiques, politiques et médiatiques expriment ainsi un désir de servitude volontaire, et un refus de se prendre en main. Il va falloir tenir tête aux Etats-Unis. Pas s'extasier.

Emmanuel Todd, propos recueilli par Francis Brocher, Le Progrès de Lyon  (mercredi 21 janvier 2009)

Voilà ce que je lisais ce matin dans un café. L'autre nouvelle du jour, c'est que le buteur Fred s'est engueulé avec l'entraineur Claude Puel dans les écuries d'Au...las. Il retournera sans doute au Brésil. L'Amérique s'est payé un nouveau président, va falloir qu'Aulas se paye au nouveau buteur. Quant à moi, je relis avec intérêt Un roi sans divertissement de Giono. Il y a des phrases qui valent le détour. Celle-ci, par exemple : Maintenant, Saucisse avait un visage de notaire. Voilà à quoi nous réduit le fait de vivre trop longtemps. Finirons-nous tous avec des visages de notaire ? Bon, c'est sans rapport avec la question du jour (Todd, Obama). Je suis d'accord avec ce que dit Todd. Obama, j'ai l'impression qu'il ne débite, comme son collègue franchouillard d'ailleurs, que des lieux communs. Est-ce en rapport avec la présidence ? Faut dire que c''est avec ça qu'on fait tourner l'opinion, hein, moi, vous. Un roi sans divertissement...

20:58 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : usa, amérique, obama, politique, actualité, société | | |

Le meilleur des mondes

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Si les signes vous trompent, combien vous tromperont les choses signifiées...

06:23 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : obama, usa, politique, amérique, actualité | | |

mardi, 20 janvier 2009

Chronique de Loulou, du nouveau président des Usa, et de la vie derrière des barreaux

L’éléphant Loulou  naquit vers 1900, dans une forêt du district de Pnom-Penh, au Cambodge. Ses yeux pétillants de malice, sa trompe fusant par dessus les barreaux, sa démarche à l’amble ont enchanté des générations d’enfants lyonnais du début du vingtième siècle,  jusqu’à le transformer en un héros de cartes postales. En voici une.

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Troublante, cette carte postale ancienne, non ? On sait que l’éléphant est fait pour vivre en troupeau, et Loulou, tout spécialement, ne supportait pas la solitude.  Seul de son espèce et perdu au milieu de bipèdes indiscrets, il mesura le risque de devenir soit neurasthénique, soit paranoïaque. Aussi, à force de protester contre l’exiguïté de son logis, tantôt en en tordant les barreaux, tantôt en les descellant, il eut finalement gain de cause en 1928 : Vous vous demandez comment je sais tout ça, non? Il suffit d’aller interroger le personnel du Parc de la Tête d’Or ; là-bas, l’éléphant Loulou est encore une vedette, comme James Dean ou Greta Garbo. On le sortit donc de sa cage trop étroite pour lui aménager un enclos plus décent, muni d’un bassin à sa taille pour sa  baignade quotidienne, mais toujours, hélas, toujours trop solidement grillagé à son goût. Là-dessus, Hitler envahit la Pologne et la Seconde Guerre mondiale éclata : Loulou finirait sa vie dans l’indifférence des photographes, ignoré dorénavant de ses petits visiteurs, loin – c’était peut-être mieux pour lui – de tout ce peuple de curieux lilliputiens, et sans avoir compris au fond pourquoi il avait dû quitter le Cambodge.

Son histoire vous intéresse encore ? Cela change de l’investiture d’Obama dont causent toutes les radios, non ? Franchement ?  Un peu d’air frais, toujours, fait du bien. Et donc, Loulou : Eh bien Loulou, à la Libération, quand les affaires du zoo reprirent, il fallut lui trouver un successeur, hé oui, puisqu’il était trépassé - ici, interdiction de pleurer, car je n'ai pas de mouchoir disponible -. Or  donc il se trouve (fort vieille façon de parler, « or donc il se trouve », n’est-ce pas ?) qu’un préfet du Rhône d’avant-guerre, Emile Bollaert (devenu entre temps Gouverneur d’Indochine – prononcez bollaaarte, comme le stade de Lens - ndrl) était un excellent ami d’Edouard Herriot (Edouard Herriot, record de durée à la mairie de Lyon avec 50 ans - ndlr). En 1948, Emile fit donc don à Edouard – qui le largua aussitôt au parc zoologique de Lyon - d’un éléphanteau âgé d’une vingtaine de mois, qu’on baptisa Mako. Ce nouvel et juvénile arrivant dans l’ancien box de Loulou mena un début d’existence plus calme que l’ancêtre, et traversa sans faire de vagues les présidences de messieurs Auriol et Coty. Survint le général de Gaulle, Mako ne broncha pas. Les fameux événements de mai, Mako continua de brouter son herbe et de s'en foutre. En 1969, alors qu’il avait tout juste vingt et un ans, des circonstances dramatiques lui permirent toutefois de sortir d'une torpeur qui risquait de devenir maladive puisque même l'accession de Pompompompompidou à la Maison Blanche à l'Elysée le laissait de marbre : on menaçait alors, en effet, d’abattre trois femelles du cirque Amar, Pankov, Maosi, et Java, dont les piétinements affolés venaient de tuer une enfant durant une représentation. En acceptant de les héberger, le Parc de la Tête d’Or leur sauvait la vie. Toujours las de l’investiture présidentielle ? Pas de problème, écoutez la suite :

A l’occasion de l’arrivée des trois éléphantes de cirque, on aménagea au Parc de la Tête d’Or une véritable éléphanterie à ciel ouvert, munie de larges fosses sans barreaux. Si Pankov, Maosi, Java, habituées à obéir au doigt et  la baguette, investirent les lieux sans encombre, il fallut assoiffer Mako durant 15 jours pour l’obliger à quitter son vieil enclos de célibataire et passer sur un pont, spécialement construit à l’intention des quatre pachydermes par l’armée. Pauvre, pauvre vieille bête ! Et comme elle était loin, son Indochine (désolé, toujours pas de mouchoirs sous la main) !

L’existence des quatre éléphants s’écoula dès lors dans une paix relative. L'histoire se met à partir de là à fleurer bon sa petite maison dans la prairie : Un enclos plus large, trois compagnes pour lui tout seul ; Mako n’avait pas, comme son prédécesseur Loulou, de raisons de ruer dans les brancards. Pourtant, le Parc de la Tête d’Or n’étant pas souvent balayé par les grands vents d’Asie, mais plutôt par l’air plombé lyonnais, aucun éléphanteau ne naquit en captivité. En revanche, les gardes joviaux  racontent qu’un jour, une jolie visiteuse s’étant approchée trop près de la fosse, elle se trouva happée par une trompe indélicate. Ah ! Le tissu de sa robe fut emporté, et la dame, toute frissonnante de peur, de froid et de honte, se retrouva en petite tenue devant un pachyderme incrédule.

Fin tragique : Après cinquante ans de bons et loyaux services, Mako fut découvert par son animalier couché sur le côté de son box, le matin du 21 janvier 1998. Une paralysie spasmodique ayant gagné ses quatre membres, l’euthanasie fut décidée. Par deux fois l’année précédente, il avait fait la une des journaux en chutant dans le fossé intérieur du bâtiment. Son cadavre a été donné au Muséum d’Histoire Naturelle de Lille.

Des trois femelles, seule Java est encore en vie. Depuis le 26 mars 1999, elle a trouvé deux nouvelles compagnes : Baby et Népal. Voilà, c’est fini. Vous pouvez retourner vivre un jour historique. C’est pas le D Day, mais presque : L’Amérique a un nouveau président. Mais l'éléphant est irréfutable. Et c’est ainsi qu’Alexandre est grand.

20:59 Publié dans Des inconnus illustres | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : loulou, obama, usa, lyon, politique, zoo, actualité | | |