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samedi, 24 mai 2014

Le dernier mensonge d'un trop long règne

« La démocratie est inséparable de la souveraineté nationale»,  disait De Gaulle. Sur cet extrait du débat entre Philippe Séguin et François Mitterrand de 1992, on voit le premier expliquer au second, en charge pour quelques longs mois encore de la dissolution du pays dans une construction fédérale aujourd’hui bien en cours, pourquoi ces deux notions vont inévitablement de pair. Et c’est édifiant, à la veille d’un vote européen, de réécouter Seguin en train de prévoir l’impuissance des successeurs de ce rusé et matois vieillard (impuissance dont l’actuel locataire de l’Elysée est l’héritier caricatural, à la fois effrayant et ridicule). Lorsque, à la toute fin de l’extrait, Seguin interpelle Mitterrand en mettant en doute la possibilité qu’auront ces successeurs là de mener une politique nationale libre et souveraine, l’assurance avec laquelle Mitterrand affirme : « le traité de Maastricht le permettra» en dit long sur la duplicité de son long règne. Et de fait,  il aura fallu le mensonge et l’autorité de ce rusé et matois vieillard pour faire basculer le vote de Maastricht du sinistre côté.  


Sur son blog Off-shore Philippe Nauher nous propose de réécouter Philippe Seguin, « dernier homme politique français », lors de son discours contre le traité de Maastricht à l’Assemblée Nationale, cette même année 1992. Ce qui a été fait, disent tous les progressistes, peut être défait. Dont acte. 

lundi, 12 mai 2014

Quitter l'Europe, sortir de l'Histoire et autres éléments de langage

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Manuel Valls l’a répété hier soir sur TF1, « sortir de l’Europe, ce serait sortir de l’histoire ». Outre le fait que la France ne peut ni sortir de l’Europe (la réelle Europe géographique), ni sortir de l’Histoire, et qu’on se trouve typiquement face à un élément de langage, la répétition de cette formule rhétorique a le mérite de mettre l’accent sur l’idéologie qui se trouve derrière la construction européenne en cours, et qui n’a rien à voir avec l’Histoire des peuples, qu'ils soient européens ou non, c’est le moins qu’on puisse dire !  Cette idéologie, théorisée par Francis Fukuyama est celle de la fin de l’Histoire, une fin de l’histoire heureuse qui serait rendue possible par le triomphe de l’ultralibéralisme sur les souverainetés nationales, de la culture du libre marché mondialisé et de la propagande des mass-médias qui la porte sur le débat démocratique ou la liberté  d’expression individuelle.

 Son avènement effectif n’est possible que si les dirigeants actuels parviennent à accoucher de cette Europe fédérale à laquelle ils cherchent à soumettre les peuples, malgré leurs histoires, leurs cultures, leurs langues, leurs religions respectives. C’est entre autre à cela que sert le traité transatlantique dont on se garde, dans les partis dominants (PS & UMP), de trop entretenir le chaland. L'Europe qu'ils veulent construire est le lieu même de la fin de l'Histoire.

Etant français, nous sommes, de fait, européens. Cela ne signifie pas que nous devrions être ipso facto pour la destruction progressive des cultures européennes au profit de celle, américaine, de la consolidation d’un marché libéral anglo-saxon ouvert avec les USA, pour  la disparition de l’influence du christianisme au profit d’une idéologie du chacun pour soi on est tous égaux, pour la sanctuarisation progressive de l’idéologie du multi-cultarisme, facteur de violences identitaires et d’anesthésie culturelle  ni, après la disparition des frontières et des monnaies, pour celle  des nations au profit d’une coagulation fédérale, monétaire et financière qui ne pourra que ressembler – en bien pire – aux USA, dont elle ne sera que la caricature infernale. Cela ne signifie pas - autrement dit - que nous devrions militer pour la fin de l’Histoire

Les Français sentent bien que ça magouille sec derrière leur dos. Jamais le Front National n’a été si haut dans les sondages, et cela n’est pas dû au talent soudain de leurs dirigeants, mais à ce sentiment que ceux qui sont censés l’incarner remettent en question l’idée même de Nation. Un exemple parmi d’autres : le mille feuille territorial (splendide élément de langage), dont un sondage récent prétend que la majorité des gens serait pour qu'on le supprime. Cette réforme nous est vendue comme un choc de simplification censé faire faire  des économies au pays, alors qu’il s’agit  plutôt de le débarrasser de ces cellules administratives historiques que sont communes et départements, qui demeurent comme des poches de résistance à la gestion européenne de la nation française, afin de mettre en place plus facilement ce fameux fédéralisme entre grands pôles régionaux en compétition. Si Hollande était si sûr que les Français approuvent ce projet, pourquoi refuserait-il de faire un référendum ?  Parce que, disent les communicants politiques, il le perdrait forcément en raison de son impopularité ! On nage en pleine incohérence, en pleine absurdité. En pleine langue de bois, en pleines inversions langagières également;

Comme quand on assimile le fait de quitter l’Europe à sortir de l’Histoire : si ce qui se construit avec ce fédéralisme européen gouverné par une Banque privée en accord avec les USA est bien la fin de l'Histoire, quitter cette Europe là, c'est bel et bien au contraire réintégrer l’Histoire, et non en sortir ! Les libéraux appellent cela revenir en arrière, on pourrait tout aussi bien dire bondir en avant ! Et rester avec eux dans cette zone infernale serait au contraire véritablement en sortir (de l'Histoire). Quitter l’Europe, c’est reprendre en mains son histoire. Le prix du courage politique, ce qui n’est pas rien. Certains peuples le savent - ou l'ont su - mieux que d'autres.

00:17 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : manuel valls, europe, france, culture, souveraineté, nation, politique, sortir de l'histoire, fukuyama | | |