dimanche, 23 septembre 2012
Antonin Ponchon
Antonin Ponchon (1885-1965) est né à Terrenoire (Loire), ce qui ne pouvait faire de lui qu’un peintre. Influencé par Cézanne, il rejoignit le groupe des Ziniars, auprès d’Adrien Bas et de Combet Descombes. On rencontre peu de personnages dans son œuvre (dans le tableau du bas, quelques humains suffisent-ils à justifier le titre de la toile, Bellecour animée ?), mais bon nombre de natures mortes ou de paysages, notamment de fruits et de poissons, de quais et de ponts : Les tableaux de cet ami d’Utrillo, qu’on voit à ses côtés (à droite en béret) en 1930 sur le cliché de Blanc et Demilly, manifestent ce goût de la géométrie ordonnée de la couleur vive. Résident du salon d’Automne, il fut animateur de la galerie des Archers auprès du fameux marchand de vin et critique d’art Marcel Mermillon, et fut exposé dans de nombreuses galeries lyonnaises. On peut à présent rencontrer certaines de ses œuvres au musée Paul Dini, à Villefranche.
Bellecour animée : quand c'est pas plus animé que ça, c'est très vivable, très bien (NDLR)
10:26 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : antonin ponchon, musée paul dini, peinture, lyon, ziniars |
lundi, 10 octobre 2011
Adrien Bas, par Béraud.
Je ne vivais plus seul. Dans mon vieux couvent, notre bande avait transporté sa confrérie. Dans chaque cellule, il y avait un peintre, et l’ancienne chapelle servait d’atelier. On y voyait un maître, Adrien Bas, celui qui, nous quittant le premier, laissa du pays sans lueur et sans contours les plus troublantes images.
Il peignait avec des nuées. Sous sa main naissait dans une vapeur de cendre toute la ville, avec ses sombres porches et ses clochers aux flèches de suie. Il faisait cela d’un air absent, en homme qui pense à autre chose. Et, de fait, son esprit vagabondait ailleurs, dans un univers mécanique hanté de manivelles, d’hélices, de balanciers, d’engrenages et de pistons. Ainsi que le grand Léonard, il dédaignait la peinture et s’adonnait aux inventions. Il les aimait saugrenus, et la collection de ses brevets vous donnait envie de vous coucher sur l’armoire ou de se coiffer d’un soulier. Il en riait à sa façon, sans que bougeât un pli de sa face mongole, où le cristal d’un monocle abritait un regard glacé. Une dizaine de musées conserve ses tableaux.
Henri Béraud, Qu'as tu fait de ta jeunesse, Ed.France, 1941
Quartier Saint-Paul à Lyon
Quais de Saône à Lyon
M. Adrien Bas s'est presque spécialisé dans l'interprétation des aspects de notre ville. Il est le flâneur à qui sont chers nos quais, nos squares, nos jardins suspendus. Notre athmosphère d'argent, chargée d'eau et de fumée, nos brumes lentes montant jour et nuit sur les fleuves, notre mélancolique ciel d'automne qui semble sourire à travers l'ondée, toute l'âme pleureuse et dolente de la vieille cité catholique, M. Adrien Bas s'efforce de la fixer sur ses toiles.
Je connais de lui des crépuscules sur la Saône qui sont des pages d'angoissante mélancolie. De grands ciels pluvieux ne laissent plus tomber surla ville qu'un jour pâle et les premières lueurs des faubourgs qui s'éclairent commencent à trembler au calme des eaux. Un pont s'efface au loin, les bicoques riveraines fument dans le soir, des traînes de bâteaux glissent dans la demi-ténèbre et tout semble se recueillir avant de s'évanouir dans le grand sommeil des choses. La cité s'endort.
Henri Béraud - L'Ecole moderne de peinture lyonnaise, 1912
Passerelle du collège
Chapelle de l'Observatoire
06:05 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : henri béraud, adrien bas, peinture, ziniars, lyon, littérature |
dimanche, 27 septembre 2009
L'usine, la cathédrale, le bordel
C’était il y a déjà un siècle. L’usine et les paysages qu’elle façonnait étonnaient encore le monde, et spécialement les artistes. Fasciné par « la cité maudite tuant toute végétation », Pierre Combet-Descombes mentionnait dans ses notes « les paysages malades de Saint-Fons, la statue rouge symbolisant l’usine de mort », « les fumées jaunes qui enveloppent les maisons et absorbent l’air »...
Le fer et le feu : Tel est le titre du triptyque qui naîtra de ces premières impressions déjà présentes dans les cahiers du peintre en 1909. Trois huiles sur toiles de 0,92 x 0,65.
L'histoire aidant, l’usine sera bien vite associée dans son imaginaire à la guerre, son outillage et ses « moyens de morts » (gaz asphyxiants notamment). L'usine sera la Cité Maudite.
L’usine, note Combet-Descombes en 1919, est « un lieu à sensations extrêmes, toxiques. » Avec ses « fumées en mouvement, sa vapeur en champignon, ses nuées sans couleurs », c’est une « cathédrale luxuriante où se lisent la beauté et la malédiction du monde moderne ».
Toute sa vie il restera stupéfié par ces paysages industriels. En 1925, Combet Descombes note un projet de décoration pour une Bourse du Travail : « L’usine maudite, l’usine rouge, inspirée par le thème de la métallurgie, cause de guerre ». En 1928, à propos du film, « Gueules Noires », il insiste sur « l’intensité photogénique de la machine, de tout l’outillage colossal d’une ville d’acier, et sur la féérie des fumées et des flammes ». Trente ans plus tard, en 1959, une inscription portée sur des chemises contenant d’anciens croquis : « Usines à revoir » : Le peintre y pense toujours.
22:37 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : pierre combet-descombes, ziniars, hauts fourneaux de chasse, peinture |