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samedi, 06 décembre 2008

Les Illuminations (6)

La fête du 8 décembre a officiellement débuté hier à Lyon. Oui, je sais, on ne dit plus 8 décembre (d'ailleurs nous sommes le 6). On dit Fête des Lumières. Je n'ai pas encore mis le nez dehors, je veux dire dans la pesqu'île, là où tout est bariolé; j'en suis, à vrai dire, en 1922 (beaucoup de retard, je sais, sur mon époque) car mon époque, remarquez bien, me donne de moins en moins envie d'être son contemporain...  Et donc, en guise de nouvelles du jour, je livre à tous ceux que cette semaine huit-décembriste n'aura pas complètement saturé de bouffer du Lyon ce témoignage de Pétrus Sambardier, un extrait d'un article du Salut Public, le 9 décembre 1922. Alors que tout le monde, de la presqu'ile ou de la rive gauche du Rhône,  regarde la colline de Fourvière , il conseille, lui, le soir du huit décembre, de grimper sur la colline de Fourvière et, de son sommet, de regarder la ville. Le point de vue n'est plus politique, comme dans les textes de Grancher ou de Joannin, ni religieux comme chez Tancrède de Visan ; il n'est déjà plus qu'esthétique :

« Il faut, lorsque l'atmosphère est claire comme elle l'était hier soir, aller de la terrasse de Fourvière contempler toute la ville illuminée. Passez par la montée Saint-Barthélémy, d'où vous pouvez voir la masse des lumières des pentes croix-roussiennes. Tels groupes de grandes maisons des quartiers du Bon Pasteur et de l'Annonciade font, de loin, l'effet d'immenses dés à jouer solidement embrasés. De la brèche qui a été heureusement ouverte dans le mur du jardin de l'Antiquaille, on aperçoit déjà la plus grande partie de Lyon, et il semble que les illuminations aient étendu très loin les limites de la ville. C'est à perte de vue que les lignes de feu, les unes droites comme des routes sans fin, les autres en zigzag ou en courbes, vont au-delà du Rhône.

Cette impression de vaste est plus frappante lorsque, du pied de la basilique, vous pouvez étendre vos regards sur tout l'espace, de la plaine de Vaulx jusqu'aux multiples croisements des voies de la Guilotière. Les lumières habituelles de l'éclairage se confondent avec celles des illuminations et l'on a sous les yeux toute la carte de la ville, qu'avec un peu d'attention, on peut lire en suivant les lignes et les groupes de feux. Tout en bas, Bellecour, béant, les rues du centre éblouissantes, les quais, sans un coin sombre, les ponts, à l'éclairage net. Au fond, les milliers de très petites lumières de la gare de la Mouche qui s'enchevêtrent comme les lignes pâles et confuses d'une voie lactée. En redescendant, arrêtez-vous encore au sommet de la montée des Chazeaux. L'horizon est étroit : la cathédrale sombre, pesante, parait un bloc géant, prodigieusement agrandi. »

 

06:03 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : sambardier, littérature, lyon, le salut public, fête des lumières | | |

Commentaires

Même si je préfère Tancrède de Visan, elle n'est pas que, enfin je trouve, esthétique cette vision qui fait penser à Flaubert regardant d'en haut les toits de Rouen. Enfin, en cette fin de semaine nous voilà bien illuminés par vos mots et les leurs en tous cas! Merci Solko. Nous avons bien + de chance que ceux qui les voient en vrai d'après Frasby ce matin!!!

Écrit par : Sophie L.L | samedi, 06 décembre 2008

@ Sophie : A Flaubert ? C'est le Pétrus qui serait content, dites-donc !

Écrit par : solko | samedi, 06 décembre 2008

"mon époque, remarquez bien, me donne de moins en moins envie d'être son contemporain... "
Ah ah! Merci pour Tancrède de Visan, dont le nom, bizarrement, ne m'était pas totalement mystérieux. Il n'en était que plus mystérieux à vrai dire.

Écrit par : Tang | samedi, 06 décembre 2008

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