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mercredi, 28 janvier 2009

Soufflot, on se l'arrache

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Le dôme de l'Hôtel-Dieu est un repère si installé dans le paysage qu'il est l'un des préférés des Lyonnais. A l'origine de sa construction, au milieu du XVIIIème siècle, la nécessité d'évacuer l'air trop vicié des salles où reposaient les malades du vieil hôpital, dont Soufflot vient de restaurer la façade : "L'air est si infect dans les nouveaux bâtiments que, malgré toutes les précautions prises pour le purifier, beaucoup de malades y ont trouvé la mort; les gens de l'art jugent unanimement que l'élévation du dôme projeté peut seule rendre l'air salubre. L'humanité ne permet donc pas de différer ce moyen; mais les finances de l'Hôtel-Dieu ont été épuisées par les dernières constructions."  (Dagier, Mémoires de 1754).

Les recteurs de l'Institution vénérable obtiennent des prévôts et des échevins, par acte consulaire, le versement de 5000 livres par an pendant dix ans à l'Hôtel-Dieu, "à charge pour les recteurs de faire commencer les travaux et de ne pas les suspendre". Ils reçoivent en outre la promesse de 100 000 livres à titre d'encouragement. Le duc de Villeroy, gouverneur du Lyonnais, accorde également son aide en 1761, en réaffirmant son attachement pour les pauvres. Mais Soufflot, nommé par le marquis de Marigny contrôleur des bâtiments pour Paris, supervise les travaux du Louvre depuis le début de février 1755. Louis XV a approuvé par ailleurs son projet pour la montagne Sainte-Geneviève. On se l'arrache, dirait-on aujourd'hui…

 Aux réclamations des recteurs de Lyon, Marigny répond en février 1756 qu'il n'est pas dans son intention de priver la ville de Lyon des services de l'architecte, mais qu'il ne peut non plus lui permettre de s'y rendre. Il y a, dans le début de la Cantatrice Chauve de Ionesco, une réplique de M.Smith dans ce goût-là : « Elle a des traits réguliers et pourtant on ne peut pas dire qu’elle est belle. Elle est trop grande et trop forte. Ses traits ne sont pas réguliers et pourtant, on peut dire qu’elle est très belle. Elle est un peu trop petite et trop maigre. »

Soufflot se rend à Lyon malgré tout pour l'inauguration de son théâtre, le 30 août 1756, et accepte de s'occuper du dôme par personnes interposées. Les architectes Melchior Munet et Toussaint Loyer, désignés par lui, travailleront sur ses plans, chacun des deux architectes recevant la moitié des honoraires prévus pour Soufflot. Dès 1756, tailleurs de pierres et appareilleurs s'étaient déjà mis au travail. En 1758, le charpentier passe prix-fait pour la charpente qui sera achevée en 1761.Les sculpteurs G.Allegrain et P Mouchy sont chargés de l'éxécution de quatre statues (La Charité, La Douceur, et les fondateurs du premiers Hôtel-Dieu, le roi Childebert et la reine Ultrogothe). Cl. Jayet sculpte, lui, la figure qui représente la Religion sur la face du Dôme, tandis que Chabry s'occupe des anges en plomb portant le globe qui doit recevoir la croix chrétienne du Dôme. Le bâtiment est enfin inauguré le 16 decembre 1764. Les frais de construction du dôme lui-même se sont élevés à 555 556 livres de l'époque : l'ensemble a bien plus l'air, comme l'avait souhaité Soufflot, « du palais d'un prince que d'une maison des pauvres »

Le 4 septembre 1944, le dôme est incendié accidentellement, lors d'une fusillade liée à la Libération de la ville. L'embrasement est soudain et spectaculaire, détruisant totalement la charpente de 1761 ainsi que la large cheminée d'aération qui avait été à l'origine de son édification. Cette cheminée n'a pas été rétablie lors de la restauration (1956-1969), lorsqu'on a remplacé la charpente par du béton.

13:07 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : lyon, hôtel dieu, seconde guerre mondiale, libération, dôme, soufflot, histoire | | |

Commentaires

Vous trouverez la des choses interessantes :

http://bernard.hesnard.free.fr/Hesnard/oHesnard.html

Écrit par : Frederic | mercredi, 28 janvier 2009

Merci Solko car je dois dire, à ma grande honte, que Soufflot pour moi, ce n'était qu'un nom de rue : je n'avais jamais cherché au-delà !

Écrit par : Zabou | mercredi, 28 janvier 2009

Et que dire de la maison qui fait l'angle de la rue Royale, juste à l'entrée du tunnel de la Croix-Rousse...

Écrit par : Porky | mercredi, 28 janvier 2009

@ Frédéric : Le site est très riche, et je n'ai fait pour l'instant qu'un rapide état de lieux. Je vous remercie beaucoup de ce lien.

Écrit par : solko | mercredi, 28 janvier 2009

@ Zabou : Ah Soufflot et la montagne sainte-Geneviève ! Content d'avoir attiré votre attention sur ce très grand architecte. La loge du change, à Lyon, est maginifique, vraiment.

Écrit par : solko | mercredi, 28 janvier 2009

@ Porky : vous savez bien que la beauté comme l'étrangeté de cette maison est proprement indicible...

Écrit par : solko | mercredi, 28 janvier 2009

Indicible : c'est le mot que je cherchais.

Écrit par : Porky | jeudi, 29 janvier 2009

Cela donne hâte d'être à nouveau à Lyon où je n'ai jamais été qu'en parfait ignorant, en flâneur.

Écrit par : Tang | samedi, 31 janvier 2009

Photo magnifique !

Écrit par : S Jobert | samedi, 31 janvier 2009

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