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mercredi, 29 septembre 2010

Le baron Raverat

Le baron François Achille Napoléon Raverat est né en 1812 à Crémieu (Isère), où l'ancien cours des Tilleuls a été rebaptisé à son nom. Son père avait été anobli par Napoléon 1er en raison de ses glorieux services, de ses faits d’armes et de ses blessures. Après 42 années passées à la tête d'un cabinet de dessin, Raverat fils entama une carrière « littéraire » en rédigeant une notice sur la vie militaire de ce père bonapartiste. C'était dans l'air du temps, Napoléon le petit, comme disait alors Victor Hugo, ayant mis la main sur le pouvoir politique en France.

Encouragé par ce premier succès, le baron se spécialisa dans un genre porteur et promis à un bel avenir, celui des «guides, promenades & excursions historiques, pittoresques et artistiques », éditant - parfois chez l’auteur, parfois dans une librairie locale - (Maisonviole à Grenoble, Maton à Lyon) une série d’ouvrages aujourd’hui quasiment introuvables et brillant par leur désuétude. Le baron Raverat, sorte de , a baladé ses guêtres de 1860 à 1880 dans toute la contrée rhône-alpine: Haute Savoie, Savoie, Dauphiné, Vallée du Bugey, Massif central ; la plupart de ces volumes ne furent évidemment pas fabriqués au cours de ces promenades et nombreux furent les contradicteurs qui accusèrent le baron de n’avoir même accompli tous ces voyages que dans les travées d’une bibliothèque. C’était probablement des recueils et des compilations de seconde main : il n’empêche qu’ils valent, à titre de documents, le détour.

Depuis la Monarchie de Juillet, se développait en effet un véritable engouement – voire une fascination – pour l’exploration touristique des « provinces », la découverte géographique et historique des pays. Cet engouement pour le tourisme, dont Flaubert, avec son Bouvard et Pécuchet, dressa une satire drôle et efficace, allait de pair avec le développement parallèle des chemins de fer et celui de la photographie. D’ailleurs, à son « De Lyon à Montbrison, édité en 1876, comme à son « De Lyon à Genève » (1878) et à son « De Lyon à Grenoble » (1879) l'habile baron ne manqua pas de joindre pour chacun une  carte de chemin de fer ; à son « Dauphiné » de 1877, une vue photographiée de la Grande Chartreuse, en lieu et place de la traditionnelle gravure.   Nul doute que ces ajouts devaient constituer un plus, un bonus, un argument de vente aux yeux du public de l’époque. C'était le début d’une forme de vulgarisation appelée à un grand avenir si l’on songe aux documentaires télévisés tournés sur ce même principe, afin de faire découvrir les contrées lointaines à des téléspectateurs du dimanche. La vulgarisation de nos aïeux ne manquait, certes, pas de pittoresque. Elle déplut pourtant fortement aux vrais érudits, comme aux véritables voyageurs, qui reprochèrent au baron ses emprunts trop fréquents, trop faciles, voire ses plagiats, sa langue un peu trop journalistique et parfois incorrecte, ses lieux communs et ses clichés ; que diraient-ils aujourd’hui ?

Voici un passage de «Notre vieux Lyon» (chez Meton, libraire, 1881), consacré à l’exploration, par le baron, du vieux quartier Saint-Paul :

«Pour l’historien et pour l’archéologue qui aiment à étudier et les mœurs et les habitudes de nos ancêtres, pour l’artiste comme pour le simple amateur, le vieux quartier de Saint-Paul était assurément l’un des plus curieux à parcourir de tous ceux qui constituaient notre antique cité. Là, on trouvait autour de l’église un véritable réseau de  petites ruelles resserrées, tortueuses, sombres, inabordables aux voitures. Les maisons dataient, pour la plupart, du moyen-âge. Elles offraient à l’œil l’aspect le plus sordide. Leurs fenêtres à croisillons, quelques-unes à guillotine et munies du légendaire papier huilé n’y laissaient pénétrer qu’un jour avare ; les allées surbaissées, l’escalier à colimaçon, les cours exiguës, les impasses ou culs-de-sac, formaient un tableau saisissant de la misère et de la malpropreté. Rarement le soleil l’éclairait de ses rayons bienfaisants, et rare aussi était cet air pur, première condition de la vie. On y sentait le froid, l’humidité, on y respirait une atmosphère fétide.»

Le baron mourut à Lyon en 1890. Il avait été membre de la très provinciale Société Littéraire de Lyon, et son président depuis 1880.

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 Le quartier Saint-Paul vers 1870

21:09 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : baron raverat, littérature, lyon, quartier saint-paul | | |

mardi, 07 septembre 2010

Un divertissement suffisant ?

La fête du huit décembre a revêtu depuis quelques années à Lyon, une telle importance touristique et médiatique qu’on se souvient peu qu’en réalité, c’est le huit septembre, jour de la Nativité de la Vierge, qui constitue réellement entre Rhône et Saône une solennité.

Rappel distancié des faits, pour les néophytes : frappée cruellement par une épouvantable épidémie de peste en 1628, puis en 1631, puis en 1638, enfin en 1643, la population de la ville est littéralement traumatisée et le Consulat tout autant débordé. Aussi ce dernier décide-t-il de s'en remettre courageusement à la Divinité. Le roi Louis XIII venant tout juste (en 1638) de placer la France sous la protection de Marie, le prévôt des marchands et les échevins lyonnais se réunissent en urgence à l’Hôtel de Ville et, le 12 mars 1643, imitent le monarque en plaçant solennellement la garde, la protection et la guérison de la ville sous les auspices de la Vierge. Ils formulent alors le vœu que - dans le cas où la ville se remettrait de cette dure épreuve-, eux et leurs successeurs iraient à chaque fête de la Nativité de la Vierge (huit septembre) à pied gravement jusque à la chapelle de Fourvière « pour y ouïr la sainte messe, y faire leurs prières et dévotions à  Notre Dame de Fourvière et lui offrir en forme d’hommages et reconnaissance la quantité de sept livres de cire blanche en cierges et flambeaux propres au divin service de la dite chapelle, et un écu d’or au soleil ». Ce vœu, dit « des échevins » (voir le détail ICI) se perpétua de 1643 à 1789. En 1848, en la chapelle rendue au culte, le cardinal de Bonald prononça la première consécration solennelle de Lyon à Marie. Cette consécration fut reconduite sans interruption depuis ce jour par tous les primats des Gaules. Quant au vœu lui-même, il a été remis à l’ordre du jour par le maire Francisque Collomb (1976-1989) qui reprenait à son compte une proposition antérieure du cardinal Gerlier.

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Et donc demain 8 septembre 2010, Gérard Collomb, son homonyme socialiste, l’ensemble des élus et des corps constitués, seront donc accueillis vers 16h45, sur l’esplanade de la basilique, par le cardinal Barbarin, archevêque de Lyon et primat des Gaules, et par Jean Marie Jouham, recteur de la basilique de Fourvière. Le cortège se mettra en marche et pénétrera par l’allée centrale. La cérémonie débutera vers 17 heures pétantes ; après l’homélie du cardinal Barbarin, la remise de l’écu d’or par le maire au prélat aura lieu dans le chœur. Gérard Collomb prononcera alors le dialogue traditionnel, tandis que la chorale entamera un solennel « amen ». Le cierge sera ensuite remis par un tailleur de pierre, qui sera allumé et déposé sur un chandelier. Après la communion, le cardinal Barbarin lira à genoux la prière de consécration traditionnelle de la ville à Marie, avant d’aller vers 18h30/35 la bénir du haut du balcon avec le Saint Sacrement. A ce moment, trois coups de canon seront tirés dans les jardins du Rosaire.

On pourrait croire à la lecture de tout ceci le diocèse de Lyon particulièrement traditionnel et tourné vers le passé : ce serait faire peu de cas du  lancement de l’application smartphone qui accompagnera la cérémonie et qui permettra la visite en réalité augmentée de la Basilique de Fourvière et de la cathédrale Saint-Jean. Cette application, « voulue par la Fondation Fourvière, gérante du site de la colline et de la basilique de Fourvière et par le Diocèse de Lyon, est gratuite et destinée aux 2 millions de touristes qui, chaque année, franchissent les portes de la basilique mariale ou de la cathédrale de Lyon » (voir ICI le site « visiter-la-basilique-de-fourviere-et-la-cathedrale-saint-jean-de-lyon-avec-son-telephone » L’application est astucieusement appelée « Zevisit » ; elle est disponible sur smartphone (iPhone, androïd phone et windows phone). Elle permet - y apprend-t-on- un circuit audio-guidé en sept étapes intérieures ou extérieures, pour chacun des monuments où il découvre, selon le principe de la « réalité augmentée »  l’histoire, l’architecture, l’art et la spiritualité de ces édifices, grâce aux voix de plusieurs guides, mais aussi de l’archevêque de Lyon, le cardinal Philippe Barbarin, du recteur de la primatiale, le père Michel Cacaud, du recteur de la basilique, Mgr Jean-Marie Jouham, ou encore de l’architecte en chef des monuments historiques, Didier Repellin. Vinzou...

Quelle époque ! auraient certainement soupiré quelques vieux lyonnais que j’ai bien connus et qui ne le diront pas puisqu’ils sont au cimetière : voir tous les vaillants francs-maçons du conseil municipal aller processionner à la queue leu leu jusque devant la crème des huiles catholiques de la cité pour leur faire allégeance (tous en grandes pompes vous dis-je) c’était déjà un sacré spectacle, faute d'un spectacle sacré. Mais ce mélange oxymorique de la plus pure tradition catholique et de la technologie muséale la plus élaborée, mêlant odeur de cierges et interactivité vocale, possède décidément un je ne sais quoi (comme auraient dit Paul Bourget, les frères Goncourt ou Joris Karl Huysmans) de fort intriguant et de franchement indécidable. Si le catholicisme est bien ce sens de la théâtralité la plus parcimonieuse, adapté à l’état du monde et à son désoeuvrement, ou à son ennui, eh bien, nous y voilà : Comme aurait dit le Giono du Roi sans Divertissement, il n’y aura pas de crimes demain dans la ville, et les braves gens pourront y dormir tranquilles. Tout juste quelque reliquat de manifestations inoffensives, puisque l’assassin aura trouvé « un divertissement suffisant ».

vendredi, 03 septembre 2010

Fin de partie aux Terreaux

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Rue d’Algérie, au numéro 20, une librairie existe à Lyon depuis 1880. Pour moi, pour vous, pour tous les Lyonnais, c’est la librairie des Terreaux, que tiennent depuis trente ans l’éditeur Jean Honoré et son épouse Elisabeth. Après tant d’autres, après Péju, après les Nouveautés, elle va définitivement fermer ses portes, le 15 octobre 2010. On le savait depuis déjà six mois. Mais cette fois-ci, c’est signé. Il y a donc, m’a-t-on dit, des affaires à réaliser dans le mois à venir : 20 %, 50% selon les rayons et les étages, en sciences humaines, histoire, beaux-arts et varia.

Bien sincèrement je pense que la disparition de cette librairie-bouquinerie n’est pas une affaire pour la ville. Spécialisée dans l’histoire et la littérature régionale (Lyonnais, Forez, Beaujolais et tout le  Rhône-Alpes) la librairie de Jean Honoré est bien connue des amateurs pour les rééditions de Puitspelu, de Maynard, de Béraud.  Puitspelu c’est, bien entendu, le disctionnaire de la grande côte, dictionnaire du parler lyonnais, concentré drolatique et inspiré de l'esprit lyonnais : « Emerveillé par l'humour et la force de cet ouvrage qui, à travers le langage présente toute une région, j'ai cherché à le rééditer en arrivant à Lyon, en 1980 », raconte l'éditeur. En dix jours, les 2.000 exemplaires ont été épuisés. « C'est le miracle lyonnais, une incroyable aventure ! Le téléphone n'arrêtait pas de sonner et la porte de la librairie, de s'ouvrir sur un public très populaire de concierges, d'épiciers, etc. Pour faire ce score, il ne faut pas que des bobos ou des intellos ! De toute façon, j'ai toujours dit : Lyon est le meilleur public de France pour sa ville ». Plus de 16.000 exemplaires ont été réédités à ce jour et le succès ne s'est jamais démenti. « Ça va bien plus loin qu'un dictionnaire : c'est un livre à poser sur sa table de chevet ; on en lit quelques pages tous les soirs et on s'endort comme un bienheureux ! », affirme Jean Honoré.

Au 20 rue d’Algérie, en face de cet arrêt de bus où se succèdent les spécimens des lignes 1, 6, 13, 18, 19, 44…  il y aura désormais comme un vide indéniable, un trou béant, une réelle absence. La ville, un peu plus, aura égaré sa mémoire, ainsi qu’une part de son histoire et de son identité. Les libraires érudits s'y faisant de plus en plus rares.

Si vous ne connaissez pas la librairie, si vous n’y avez jamais mis les pieds, pour un mois et demi, il est encore temps : on y respire le bouquin, le conseil averti, la trouvaille imprévue et rare parmi les épuisés.

 

 

Librairie des Terreaux

20 rue Algérie
69001 Lyon

Tél. : 33 04 78 28 10 69  & 06 03 25 22 61
E-Mail :
librairiedesterreaux@wanadoo.fr

Horaires : 10h-12h 14h-19h
Fermeture dimanche et lundi

lundi, 28 juin 2010

Lyon, la santé, la vie

Une soirée d’information sur le devenir de l’Hôtel-Dieu : en marge du projet de Collomb, un musée de la Santé qui serait le plus important en France par la richesse des collections réunies.

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12:29 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lyon, collomb, hotel-dieu, santé, politique, société, france, actualité | | |

vendredi, 14 mai 2010

L'homme à cheval a 456 ans

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Quand j’étais gosse et que je traversais la place des Terreaux à Lyon, je n’avais d’yeux d’abord que pour « la dame à la fontaine ». (1) Son étrange immobilité dans le boucan de ses eaux, la rondeur de sa pierre salie, la largeur– sans jeu de mots- de son bassin : tout avait de quoi m’en imposer. Ensuite venait la ronde agitée – véritable cour des miracles dès qu'on y jetait quelques miettes - des pigeons de la place aux becs véhéments, aux culs pointus et dodelinant. Les pigeons, la fontaine Bartholdi : à eux seuls, de combien de vendeurs de cartes postales ne firent-ils pas la fortune ?

Dès que j’appris à lever le nez par-dessus les vicissitudes du présent, je découvris « l’homme à cheval ». Etrangement niché sur le tympan de l’hôtel de ville, juste sous le beffroi troué par l'horloge, par quel sort malin si pétrifié ? Majestueux, en tout cas, impérial presque, cavalier fier et figé face aux intempéries en son troisième étage municipal. Je n’appris que plus tard par un instituteur consciencieux qu’il avait remplacé là-haut Louis XIV, quarante ans après que  les révolutionnaires de 89 eurent délogé le tyran. Et des années plus tard encore, dans un beau livre de la bibbliothèque, que le sieur Jean-François Legendre-Héral (1796-1851), le sculpteur qui avait réalisé ce royal haut-relief, était mort en une telle précarité, non, quelle pitié, que l’Etat avait dû secourir sa veuve...

Il trône toujours là-haut, l’homme à cheval, au dessus du balcon de Gérard, le bazardeur de l'Hôtel-Dieu. Même si  lors de la dernière restauration à la fin du vingtième siècle, il fallut lui remplacer la tête par une copie en résine. Je parle de celle d'Henri, bien sûr... On fête ce matin l’anniversaire des quatre-cents ans de la mort brutale de cet Henri IV, lequel vint plusieurs fois dans sa bonne ville de Lyon. C'est là qu'il épousa marie de Médicis, en une primatiale Saint-Jean ce jour-là bondée « à regonfle », le 17 décembre 1600, avant d'accorder aux tisseurs, par une faveur signée de sa main, la liberté du commerce des étoffes de soie : commença alors avec Dangon et l’utilisation des premiers métiers à la tire, le véritable l’Age d’Or de la soierie lyonnaise et de sa prospérité, d'où cet hôtel-de-ville et son cavalier sortirent tout armés . Un peu d'histoire locale dans un billet de mai, ce n'est jamais superflu.

Quatre-cents ans : si peu et tellement, tout à la fois ! Le nombre de générations nous séparant de ce temps-là : à raison de quatre par siècles,  seize tout au plus, pas de quoi hausser le front tant que ça, franchement !  A 9 h 30, ce matin, une gerbe sera déposée rue de la Ferronnerie (Paris 1er), là où Béarnais fut poignardé dans son carrosse par François Ravaillac. Un peu plus tard, à partir de 11 heures, une messe pontificale sera célébrée à la basilique de Saint-Denis, là même où il avait abjuré le protestantisme en 1593, au motif que « Paris valait bien une messe », et où son tombeau fut profané pendant la Terreur, en 1793. Enfin, à 22 heures précises, le maire Delanoë et le ministre Mitterrand iront main dans la main comme deux messieurs Jourdain devant sa statue sur le pont des Arts. Le couturier Jean-Charles de Castelbajac l'a déguisée en « Seigneur du Cosmos », une épée bleu fluo à la main à la façon d'un Jedi dans La Guerre des étoiles. De quoi rendre un peu plus idiots maints gosses du Royaume. Et leurs géniteurs de concert, si ce n'est déjà fait depuis lurette. La mode n'est plus aux fraises, ni aux assassinats politiques. Certes. Sommes-nous, pour autant, plus évolués que nos ancêtres ? Rien n'est moins sûr, assurément...

A suivre ICI, le billet de cinquante francs Henri IV

 

(1) La fontaine Bartholdi

00:23 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : henri iv, ravaillac, histoire | | |

mercredi, 21 avril 2010

Bayern-OL

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Ainsi, Jean-Michel Aulas la tient, sa demi-finale de Champions League ! J’ai lu quelque part qu’en raison du volcan islandais au nom imprononçable qui a contraint son équipe à voyager plusieurs milliers de kilomètres en car (Lyon/Bordeaux, Bordeaux/Lyon, Lyon /Munich), ce diable de la communication se montrait "inquiet de l'à côté" : au cas où son équipe réaliserait un mauvais score sur la pelouse du « Schlauchboot » (canot pneumatique), il pourra toujours faire porter le chapeau au Eyjafjöll (non loin du glacier Eyjafjallajökull), dont les cendres inopportunes  auront saupoudré  le chemin de son club comme ils ont saupoudré celui du Barça hier. Dans le cas contraire, les hommes de Puel n’en retrouveront que plus de mérite à ses yeux. Depuis ce jour de 1987 où Bernard Tapie le parraina dans le monde du foot, le président de l’Olympique Lyonnais vit avec les signes que lui adressent les dieux : s’il perd, c’est donc que les dieux auront été en faveur de l’adversaire munichois; mais pas réellement contre lui ! S’il gagne, c’est que son travail de fourmi aura finalement été capable d’attirer leur faveur. Un vrai boulot de gestionnaire, que la Providence aura finalement gratifié d’un fameux clin d’œil ainsi que d’un joli chèque...

Jean-Michel Aulas n’a-t-il pas cru voir à nouveau un signe dans l’élimination, par ses vaillants mercenaires, du favori madrilène  ? un signe qu'il serait de retour à Barnabéu, le 22 mai ? Il n'empêche que dans le costume du superstitieux président se cache un gestionnaire réfléchi pour qui l’équilibre du budget compte au moins autant que la gagne sur terrain.

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Or il se murmure que la fortune du président a diminué plus que de moitié depuis 2007 (cf le classement 2009 des fortunes de Challenges). Etrange coup du sort, qui veut que le compte en banque décroît au fur et à mesure que le rêve européen s'avance.

C'est même la raison pour laquelle il aurait bradé Benzema cet été, pour 35 millions d’euros seulement (!!!) afin de ne pas  clôturer l'exercice de l'an passé dans le rouge. Il se murmure également que malgré la manne financière dont le club sera le benéficiaire au terme de son parcours européen, son verteux président s’apprête à sacrifier deux cadres : le rêve a beau n'avoir pas de prix sur la scène, il en a un sacré en coulisses, dame ! Lyon, l’anti-Marseille par excellence, autrement dit : les légendes pagnolesques ont la peau décidément bien dure !

 

Il se trouve que Jean-Michel Aulas a fait ses études dans le lycée où je professe et qu’un conseiller principal d’éducation de cet établissement, vaillant supporter de l’OL depuis ses culottes courtes et ses premières égratignures aux genoux, est allé dénicher le dossier scolaire du boss dans les archives. Qu’en dire de plus sans risquer de s’attirer les foudres des dieux de Gerland ? Rajouter peut-être que ce conseiller principal d’éducation, homme courtois et bon vivant au tact et à la culture assurés, demeure jusqu’à cette heure le seul à être parvenu à me traîner dans un stade un dimanche soir. C’était sous l’ère Houiller, un Lyon-Bordeaux ennuyeux au possible qui (si je me souviens bien), s’était soldé  par un 0/0.

On était en décembre. Des congères de neige bordaient le terrain. J’avais passé la soirée non pas à dénombrer les brins du gazon, mais à compter les projecteurs sur les multiples rampes, songeant qu’une époque où le foot était à ce point-là mieux loti que le théâtre ne pouvait qu’être calamiteuse pour tous. Il faisait froid. A mes côtés, je me souviens qu’un type inquiétant commentait pour lui seul et à mi-voix le match qui se déroulait devant nous, imitant le phrasé si caractéristique du journaliste sportif : « allez mon Sydney, oui vas-y, t’as juste encore quelques mètres et c’est dedans mon Sydney, vas-y bon sang, oui, oui… »

Comme il connaissait mon livre Lyon Légendaire et Imaginaire, cet aimable collègue m’avait suggéré (n’y ayant – et pour cause – rien trouvé sur son club de cœur) de m’intéresser un peu plus au football lyonnais sans lequel nulle légende de la ville ne pourrait désormais s’écrire. M'en rendais-je vraiment compte ? Je me souviens cette année-là avoir même rencontré le directeur du merchandising du club, lequel m’avait laissé entendre que pour l’instant, l’OL en était à écrire son histoire ; pour la légende, on verrait plus tard, lorsque le trophée aux grandes oreilles... Collomb qui est un grand rêveur entrevoit les multiples retombées économiques d'une telle épopée.  Mon voisin, plus prosaïque,  voit déjà le tombeur du Real s'affronter au tombeur du Barça le 22 mai. Gérard, Jean Michel, mon voisin ...

C'est dire le poids qui va peser sur les épaules de Puel ce soir.

15:23 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : football, ol, bayern, actualité, société | | |

mardi, 20 avril 2010

Des nouvelles de l'Hôtel-Dieu

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C’est à mon sens l’argument le plus spécieux, le plus asséné et peut-être le plus performant du « nouveau monde » : le changement est bon. Cette idée, proprement libérale puisque c’est dans le changement que tout marché fait son nid, rencontre aussi dans l’esprit du plus grand nombre je ne sais quelle idée de jeunesse qui la rend sympathique et a priori admissible, quelle que soit la nature du changement envisagé.

Qu’en est-il, dans un tel contexte du patrimoine ? Il est question, à Lyon, de construire un musée et un grand stade qui pour l’instant ne sont, ni l’un ni l’autre, sortis de terre. Et en même temps, il est question d’assigner au vieil Hôtel-Dieu un usage nouveau, hôtel de luxe, usage en contre sens complet, c’est le moins qu’on puisse dire, avec sa fonction emblématique et  séculaire. Et l’idée semble séduire de nombreuses personnes qui vous disent naïvement : mais qu’est-ce que vous avez contre le changement ?

J’ai qu’au nom de ce changement, un bâtiment qui appartient de fait non seulement à l’histoire de la ville, mais par conséquent à chacun des lyonnais, entre symboliquement dans une sphère dont il doit être maintenu à l’écart : celle du privé. J'ai qu'on brade une mémoire, un symbole, une culture. J'ai que c'est idiot. Je renvoie le lecteur à tout ce que j'ai écrit à ce sujet et aux nombreux billets qui sont regroupés ICI.

De nombreux lecteurs de ce blogue ont signé, et je les en remercie du fond du coeur, la pétition de protestation pour la promotion d’un centre de santé à l’Hôtel Dieu. Cette pétition ne sauve pas l'ensemble du site, mais seulement 4 à 5000m2, sur plus de 40 000. C'est déjà ça, même si à mon sens il faudrait mobiliser les gens  de façon bien plus radicale pour la création d'un musée qui regrouperait tous les musées épars de la ville et serait un musée, justement, à la hauteur d'une ville qui se veut de dimension internationale.

Entre la plate forme en lien et une autre plate forme, en cumulant également les signatures manuscrites, 5000 signatures ont été recueillies. C’est beaucoup, c’est encore insuffisant pour créer une dynamique sur toute la région. Je retranscris un extrait de la lettre que j’ai reçu de la part de M. J.F.Valette, du Collectif Hôtel Dieu , ainsi que le texte qui l’accompagne :

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07:53 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hôtel-dieu, politique, patrimoine, société, ps, ump, lyon | | |

lundi, 15 février 2010

Les sculpteurs de Fourvière

Tout le monde connait, ne serait-ce que de nom, la basilique de Fourvière. Elle a rencontré, depuis le début, des ardents défenseurs (palais de Marie, citadelle mystique) ainsi que des détracteurs passionnés (éléphant renversé). Huysmans la trouvait « asiatique et barbare »... Léon Bloy ne l'aimait pas. Et le maire franc-maçon Victor Augagneur engagea en 1903 une procédure municipale pour la faire fermer.

Depuis longtemps, Pierre Marie Bossan (1814-1888), son architecte principal, nourrissait le projet d’édifier sur « la colline qui prie » un nouveau sanctuaire. En 1856, déjà, il en présentait le projet à son ami Joannes Blanchon (1819-1897), secrétaire de la toute jeune commission de Fourvière. La défaite de 1870 et la menace prussienne favorisèrent finalement le vœu du cardinal Ginouilhiac dont la future église sortit, si l’on peut dire, justifiée, malgré les innombrables incertitudes financières et techniques qui pesaient sur le projet. Louis Sainte-Marie Perrin (1835-1917) fut alors choisi par la commission de Fourvière pour diriger le gigantesque chantier que Bossan, son asthmatique architecte en chef désorfourviere_055compweb.jpgmais contraint de vivre à La Ciotat, avait laissé sur place. Le chantier s’étira sur une trentaine d’années. Si l’on peut considérer que le bâtiment vit finalement le jour, contrairement par exemple au Sacré Cœur de la rue Baraban qui, selon la volonté de son architecte, devait rivaliser avec Montmartre (1), le monument lui, a de grandes chances de rester à jamais inachevé : si on l’observe de près, en effet, à de nombreux endroits, seuls des blocs de pierre non ciselée, desquels il était prévu de faire jaillir motifs ou personnages s’imposent à la vue : bon nombre debasilique_de_fourviere_illuminee_pour_la_fete_des_lumieres_lyon_france_galerie_photo_large.jpg sculptures sont demeurées inachevées. Certains jugent le contraste entre la décoration trop symbolique des œuvres achevées et la rudesse massive de ces blocs en devenir saisissant. D’autres disent qu’après tout, c’est aussi bien que le cubisme ait à sa façon laissé son empreinte su1755016068_7e6806e41c.jpgr les parois de la basilique. Gros plan par là sur un ange, par ici sur un pélican…

Paul Emile Millefaut (1848-1907), spécialiste de la statuaire religieuse, fut l’auteur de la plupart des principaux anges arrivés à terme, des huit cariatides monumentales de la façade principale, ainsi que de la statue de Saint-Michel écrasant le Mal, symbole de la France légitimiste dont la lance, du haut de l’abside, fait face au Levant. On doit à Charles Dufraine (1827-1900) « le Lion de Juda » ainsi que la frise du fronton. Entre 1914 et 1920, Jean Baptiste Larrivé (1875-1928), prix de Rome en 1904, sculpte sur la tour Nord Ouest le groupe « de la Force ». Il réalise également les groupes « Samson et le lion » et « Jacob et l’Ange », ainsi que trois anges isolés, dont « l’ange du silence », achevé par Louis Bertola (1891-1973) Joseph Belloni (1898-1964), installé quasiment à demeure dans l’atelier de l’esplanade, parachève à son tour plusieurs décors, au-dessus de la porte principale et sur les murs latéraux de l’édifice. C’est notamment lui qui sculpte la frise de la Sainteté Lyonnaise sous le porche, où se découvrent entre autres Antoine Chevrier, Jean Marie Vianney, Pauline Jaricot et Frédéric Ozanam.

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(1) Un terrain de 15.000 m2 fut acheté à la fin de la première guerre mondiale, huit jours après l’armistice pour le « Sacré Cœur » lyonnais.  Sur la plaine, il était question que l’église mesurât 94 mètres de long, qu’elle fût aussi vaste que Fourvière qui surplombe la colline et ornée de deux clochers et d’un dôme à l’égal de son homologue parisien. Faute d’argent, on ne construisit du bâtiment prévu que l’abside et le transept, lesquels devinrent à eux seuls le corps de la modeste église du Sacré Cœur rue Baraban. La municipalité racheta le terrain qui demeura longtemps un simple terrain vague avant de se transformer en modeste jardin public, au pied la haute muraille nue qui mettait fin au projet initial des Veuves de la guerre de Quatorze...

17:47 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pierre marie bossan, jean larrivé, joseph belloni, fourvière, lyon, sculptures | | |

mercredi, 03 février 2010

Avatars

Par les temps qui courent, c’est pas le genre de pari un peu dingue, une conférence (1) sur la littérature lyonnaise du siècle dernier, par temps neigeux, dans un cinéma de quartier, non ? La société du divertissement manque cruellement de fantaisie, c’est bien cela le problème. Et je maintiens qu’elle a besoin de tête à queue de ce genre pour ne pas sombrer tout à fait dans le pire des conformismes. Le conventionnel absolu. Je ne sais pas pourquoi - et ça n’a semble-t-il rien à voir avec le Schmilblick - mais que Patrick Partouche ait été placé en garde à vue, ça m’a fait très plaisir, même si je ne suis pas dupe de l’info. (Fin de la parenthèse.)

Dans la société du spectacle, donc, on est condamné à se répéter sans cesse. C'est pas une nouveauté. Le spectre de la routine guette et rode. Oh, ce n’est pas l’ennui (le vrai). Mais une sorte de désœuvrement collectif à fleur de peau.

Il s’agit donc de retrouver de l’intérêt, du vrai intérêt, sonnant et trébuchant, pour des idées et des faits qui, sur le marché de la culture et du divertissement officiels, ne valent plus clopinettes.

Léon Boitel & Pétrus Sambardier, je vous dis que ça : des avatars, pour de vrai…

(1) Voir affiche deux jours plus tôt…

 

 

04:35 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : littérature, littérature lyonnaise, avatars, léon boitel | | |