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dimanche, 07 décembre 2014

Tuer le pays

Week end héroïque, de travail et de concentration, au milieu du bordel ambiant. Derniers travaux de relecture des romans qui sortiront en janvier, dernières retouches ponctuelles. Chasse à l’accent, à l’espace manquante ou de trop, au terme qui ne serait pas le plus propre, à la préposition qui ne serait pas la plus juste.

Suis sorti pour acheter un dessert chez un Arabe, spectacle étonnant dehors : au milieu des merguez, des touristes munis de plans à la recherche de telle ou telle attraction…  pas d’un monument, d’une statue, d’une plaque commémorative, d’une adresse, non… De quelque chose qui n’existera plus dans deux jours, des rayons projetés sur un mur, sont venus du lointain, du bout du monde disent certains,  pour voir ça, déroutant !  Quitteront la ville sans savoir qui est  Nizier,  Maurice Scève, Lemot, Mourguet…  N’auront vu que du feu, comme dit le sage proverbe. Tant pis pour eux. Amoureux de leur temps,  réduits à eux-mêmes. Méritent que ça.

 

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Voilà ce qui vrombit derrière les doubles rideaux tirés, voilà. Spectacle cheap, en boucle. Low cost pour le moins. Bande son d'un quart d'heure en boucle durant 6 heures de suite jusqu'à une heure du matin, moche, cheap. Photos cheap également, ça mérite pas mieux, prises à la volée de ma fenêtre avant de tout barricader à nouveau.

Une musique bâclée, des va-et vient de projos dans le ciel, effet lanterne-magIque, dévorante Maya,  devant  laquelle se pâment des gens de tous âges, pigeons, chats, et chiens en fuite. Et les arbres ? que ressentent-ils de ces insanes trépidations sous l’ocelle de leur écorce, et jusque dans la terre souillée dont ils ne peuvent s'enfuir ? Me demande… Les arbres, infiniment plus sages que tous ces zombies émerveillés du vide. Honte d'être de cette race.

Un matin du 8 décembre, ma grand-mère a rendu son dernier soupir dans un hôpital aujourd’hui rasé, celui dans lequel j’étais né. Me souviens avoir pensé qu’elle était defuntée en vraie Lyonnaise, tant le 8 décembre et ses Illuminations – pas la merde pour laquelle la face de rat de maire se réjouit à l’Hôtel-de-ville d’attirer tant de monde – sont liés à l’âme lyonnaise.  Elle est morte à l’aube et j’étais venu  - la sachant condamnée depuis la veille – dès l’ouverture de l’hôpital après une nuit à marcher dans les rues du centre illuminées. On venait de porter son corps au dépôt – dans lequel j’ai travaillé quelques mois par la suite –. Ses pieds étaient si gonflés qu’on n’avait pu lui enfiler ses chaussures. Ma grand-mère est partie en pantoufles. Elle était couturière à domicile et les avait tant portées en cousant, sans doute était-ce dans l’ordre des choses.

 

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J’étais loin alors d’imaginer que le 8 décembre allait mourir bientôt aussi, avec l’arrivée au pouvoir de ces technophiles incultes et fascisants, haineux de leur pays au point de le défigurer, le tuer après l’avoir précipité dans la crise, oui, rien de moins. Le tuer.

vendredi, 05 décembre 2014

La dé-fête de la lumière

En ce début décembre, comme chaque année, les Lyonnais véritablement sensés ferment leurs volets, tirent leurs tentures et se terrent chez eux en maudissant leur maire. (1) A grands frais bat au-dehors la fête maçonnique dite des Lumières, laquelle par sa démesure, sa techno, son ingérence dans la moindre petite place et la plus humble impasse tente de rivaliser avec le lumignon de la tradition posé sur le rebord de la fenêtre en hommage à la Vierge. (2)

Lorsque j’ai vu arriver les ouvriers hier après midi, qui ont installé des baffles et les projos sur cette malheureuse place C... devenue ( comme beaucoup de sites urbains) à peu de frais une sorte de salle municipale gratos où déployer au fil de l’an et à bon compte les festivités les plus débilitantes, j’ai pris mon téléphone. Un employé courtois m’a indiqué dans quel service des festivités je pouvais manifester mon courroux et ma réprobation face à cette mainmise de cette fête prétendument traditionnelle sur le quotidien des gens comme vous et moi, l’irrespect de la municipalité à l’égard de ses administrés, et la propagande pour un type de manifestation artistique pour le moins discutable qui entérine la défaite de la véritable lumière, celle de l’intelligence et de l’esprit. L'événement prend tout en charge, même ses détracteurs, et dirige les pas de chaque quidam vers le service de neutralisation intellectuelle qui lui convient...

 

A cette heure, et pour encore quatre longues soirées, une musique techno-gothique aussi grave et satanique qu’assourdissante retentit dans tous les immeubles et les cours intérieures de la place, tandis que des rayons multicolores la balaie en tous sens avant de venir mourir dans les salons des riverains, qu’un nouveau-né y dorme, qu’un vieillard y agonise ou qu'un type normal tente de se reposer de sa journée de travail. Les promeneurs somnambuliques et passifs jusqu'à l'insomnie ont commencé à errer par les rues, consommateurs hébétés de je ne sais quelle quelle émotion esthétique. Vu de haut et de loin, ça ressemble à une vision de l’Enfer bruegélien, les derniers pas avant l’Apocalypse

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Le commerce est juteux, l'abrutissement des foules bien avancé, le triomphe de la techno-lumière et du techno-son bien implantés dans les esprits passifs, et l'entreprise de marée noire, grâce à la propagande massive, trouve sans doute aujourd'hui plus de défenseurs que de détracteurs puisque, comme chaque année, on attend paraît-il des millions de touristes, venus assister à l'agonie de la vieille ville qui sous ses toits se cabre et se replie. De Lyon, ces pauvres gens ne connaîtront donc que cette image quelconque, uniforme et abrutissante, aussi éloignée dans le temps que l'électricité l'est de la lumière du couchant qui donna son nom à la ville (Lux, lucis), aussi éloignée de toute vraie ferveur que toutes ces projections lumineuses sans aucun intérêt le sont de Pothin, Bonaventure et Nizier, de qui les églises qu'ils visitent portent pourtant la dédicace...

1 : Gérard Collomb, dans le genre "j'ai rien dans le cigare et je veux le dire à la terre entière" :

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2: Entre autre délire et propagande, j'ai entendu une journaliste affirmer sur BFM tout à l'heure que cette fête avait une origine médiévale....

vendredi, 05 septembre 2014

Les cloches de l'Hôtel de Ville

C’est aujourd’hui l’anniversaire de Louis XIV, qui aurait 376 ans. Peu de Lyonnais, en traversant la place des Terreaux, se souviendront qu’on posa en grande pompes la première pierre de l’Hôtel de Ville en son honneur, un 5 septembre 1646, alors que le jeune roi n’avait que huit ans. Cela ne porta pas chance au bâtiment de Simon Maupin puisqu’il fut ravagé par un incendie quelques vingt-huit ans plus tard. On fit appel alors à Jules Hardouin Mansart pour le restaurer et lui donner l’allure qui est encore en gros la sienne aujourd’hui. L’hôtel de ville de Lyon ne figure pas parmi les œuvres de Hardouin Mansart sur la page que Wikipedia lui consacre. On y trouve, en revanche, celui d’Arles, que je n’ai jamais eu l’heur de contempler autrement qu’en photo. Les deux façades ont bien un air de famille, sauf que le beffroi lyonnais est placé au centre, quand celui de la patrie de Jeanne Calment se trouve fortement déporté sur la gauche.

Hardouin Mansart avait fait placer au cœur du grand tympan au-dessus de la porte centrale une statue équestre de Louis XIV, selon la tradition italienne consistant à mettre en valeur le prince. Il s’agissait surtout, pour les échevins de l’époque, d’affirmer leur indépendance effective dans une fidélité symbolique au roi. Ces vieux bourgeois provinciaux, dans une ville de commerce qui n’avait jamais eu de tradition parlementaire, avaient bien compris le paradoxe politique de leur temps, et comment cultiver la réalité de leur liberté à travers l’affirmation de leur sujétion. La Révolution l’en chassa pour le remplacer par une pompeuse allégorie de la Liberté, dont elle seule eut le secret. On décida, sous Charles X, d’y rétablir un prince et c’est Henri IV, roi bien aimé à Lyon raconte-t-on pour son soutien à la Fabrique de soie de son temps et l’annulation de la dette lyonnaise suite à la Ligue, qui fut choisi. Il y trône encore aujourd’hui.

 

On peut sourire de ce souci d’apparat et le croire caractéristique de la monarchie. La République possède aussi le sien : lors du G7 de 1996 qui se tint à Lyon, on remplaça huit des 65 cloches du beffroi, et on leur donna le nom des 7 participants  (dont Clinton et Chirac) auquel tint à se rajouter le maire de l’époque Raymond Barre. C’est un dur métier que celui de carillonneur. Les cols blancs ne s’en doutent pas, il ne faut pas être trop mélancolique. L’un d’entre eux, André Combe, se suicida en 1986 en se jetant du beffroi dans le vide. Le carillon sonne régulièrement, de 7 à 20 heures, les deux premières phrases musicales de Big Ben toutes les heures, sauf à 9, 12, 15 et 18 heures, où le carillonneur peut jouer des mélodies en fonction des demandes. Songer que Clinton, Chirac, Barre et consorts jouent ainsi dos à dos du Béart, Gainsbourg ou Macias ne manque pas d’un certain sel, à l'heure de la cacophonie politique dont nous sommes les témoins impuissants.

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Maquette de l'Hôtel de Ville de Lyon,musée GADAGNE. Le bon roi Henri en son centre 

lundi, 23 juin 2014

Procession de la Fête Dieu à Lyon

« Le châtiment de tout ce qui veut être beau et n’est pas sincère, c’est le ridicule. C’est ainsi qu’entre le sublime et le ridicule, il n’y a souvent pas l’épaisseur d’un cheveu de vierge. » écrit Nizier de Puitspelu dans son chapitre sur les Processions, dans les Vieilleries Lyonnaises. Tout le monde ne connait pas Nizier du Puitspelu, hélas !  C’est le pseudonyme de Clair Tisseur, un vaillant gaillard, l’auteur du Littré de la Grand ‘côte. Et c’est, comme dirait Guignol, un vrai Yonnais, le patriarche et le père spirituel de tous les vrais Yonnais.  Car le fait est avéré,  il y a des vrais Lyonnais et des faux, ceux qui ont leur Puitspelu bien rangé dans leur bibliothèque, et ceux qui ne savent pas ce que c’est donc... Et c’est à ça qu’on les reconnait.

Revenons donc aux processions. Puitspelu évoque la sublime sévérité de celles de son enfance, alors que, écrit-il non sans humour, les femmes en étaient proscrites parce que « les hommes suffisaient ». Et Puitspelu enchaine :

« Ce grand nombre d’hommes vêtus de noir et portant des cierges, qui marchaient derrière le dais, donnaient à nos processions un caractère grave qui était tout à fait dans nos traditions lyonnaises et gallicanes. Ceux-là ne seront pas étonnés du grand nombre, qui se rappelleront que les courriers de la confrérie du Saint-Sacrement de chaque paroisse avaient accoutumé de parcourir la plupart des maisons, une quinzaine de jours à l’avance, en offrant un flambeau à chacun, que bien peu refusaient. Cet usage s’est perdu, et ce sont les seuls confrères, un petit groupe, qui accompagnent le dais. La plupart des personnes riches, à ce moment de l’année, sont à la campagne, et la grande masse des artisans  est, depuis bien des années déjà, malveillante pour le clergé, dans lequel elle voit, non peut-être sans raison, hélas ! un ennemi des formes de gouvernement qui lui sont chères. » (1)

Je trouve dans un vieil ouvrage de Georges Ribe acquis chez un bouquiniste du boulevard de la Croix-Rousse, L’Opinion publique et la vie politique à Lyon lors des premières années de la Restauration, une chanson datée des années 1830 dont je recopie quelques couplets qui témoignent de cette hostilité au clergé, par ces temps de misère et de révolution industrielle :

« Ah ! Qu’on est heureux à Lyon

Quand on fait une procession

Le peupl’ que le beau temps invite

A voir passer le cortège divin

Est sûr d’avoir de l’eau bénite

S’il ne peut boire du vin 

Ah ! Qu’on est heureux à Lyon

Quand on fait une procession

Que de famille’s à demi nues

Sans pain le jour, sans git' le soir,

S’consol’nt en voyant dans les rues

S’le’ver maint fastueux reposoir

Ah ! Qu’on est heureux à Lyon

Quand on fait une procession

Au pauvr’ que la faim aiguillonne

De station en station

L’curé de la paroisse donne

La sainte bénédiction… »

 

Il faut en effet remonter jusqu’au XVIIIème siècle, avant leur interdiction par le député Chaumette en 1792, pour mieux se figurer l’ordonnance de ces majestueuses processions, comme celles, par exemple, des Rogations. Durant les trois jours, on chantait Matines à quatre heures, Tierce à sept heures, et débutaient les cortèges qui cheminaient par toutes les paroisses de la ville avec des stations devant toutes les églises, chacune emportant leurs bannières jusqu’à la primatiale, chaque corporation occupant sa place.

Nous étions certes loin, très loin, de ces grandes pompes identitaires et spectaculaires de l'Ancien Régime, hier après midi. Loin aussi de la misère et de la détresse des canuts de 1831. J’y pensais toutefois, en cheminant parmi les participants, de Saint Nizier à Saint-Georges, puis de Saint-Georges à Saint-Jean. Quel sens nouveau, autre que spectaculaire, pouvait bien prendre cette tradition, en cet été post-moderne de l'an 2014 ?

Chez eux, devant leurs écrans, les individus sont rangés chacun derrière son équipe, à célébrer l'exploit individuel retransmis partout dans le monde, à sacraliser ce qu’il peut, dans le vide sidérant de ce que l’époque lui propose. Ce qu’il peut, je dis bien, un drapeau, un footballeur ou un leader politique, un club ou un parti, quand derrière le Saint-Sacrement qui traversait majestueusement la ville, nous n’étions que quelques centaines à placer nos pas dans ceux des Anciens, humant comme un parfum d'authentique liberté. Quel sens, en effet, ce cortège religieux donnait à toute la vieille ville, ses pierres, ses pavés, ses tuiles ! Quelle osmose ! Et parfois s’entrouvrait un rideau pour s’étonner de voir et d’écouter un instant ce défilé d’un autre âge cheminer devant chez soi. Il n’y avait heureusement pas besoin du grand nombre derrière le dais pour éviter le ridicule. Au contraire, même. Car en cette Fête Dieu, le sincère seul comptait, oui, comme Puitspelu l'observa finement un jour. Et il se ressentait aisément, vivant de plus en plus simple, de plus en plus soi, à chaque lâcher de pétales, de station en station, et comme à l'unisson, au cœur même de la cité, de la très vieille primatiale que regagnèrent finalement la croix, le dais, le Saint-Sacrement, et tout le cortège.

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Arrivée de la tête de la procession à la primatiale.

 (1) Nizier du Puitspelu, Les Vieilleries Lyonnaises, 1879

 (2) Pierre Masson, L’Opinion publique et la vie politique à Lyon, librairie recueil Sirey, 1957

samedi, 14 juin 2014

Dieudonné, la cyberhaine et la quenelle lyonnaise

Dieudonné passe à Lyon dans un désintérêt total, titre Lyon Capitale. Désintérêt du public non pas pour son spectacle, qui affichait complet hier soir dans une salle de 3500 places (l’Amphithéâtre) mais pour ceux qui, en termes aussi inconscients que provocateurs, ont naguère appelé à son boycott : Vigilance 69, par exemple, qui exigea auprès du préfet de Lyon l’annulation du spectacle en ces termes : « Lyon ne doit pas être le lieu de tous les rassemblements fascistes et antisémites ». Ou l’inénarrable monsieur Patrick Kahn (1), porte parole de la Licra Rhône-Alpes, qui ayant tout juste réussi à réunir un millier de personnes devant la préfecture du Rhône mercredi soir, engage toute sa rhétorique contre ce qu’il nomme plaisamment « la cyberhaine », et ne craint pas d’évoquer la peur que Lyon ne devienne une plate forme de l’extrême droite ». Collomb appréciera.

Tous ces amalgames ne sont pas uniquement ridicules, ils sont malfaisants. Car ces associations qui attaquent sans cesse Soral, Dieudonné, voire Zemmour, c'est-à-dire un savoyard,un noir et un juif, feraient bien mieux d’aller écouter de plus près de ce qui se dit dans certaines salles de prières de l’Islam radical. Mais leurs leaders ne semblent pas pressés d’identifier où se trouvent les racines de la nouvelle judéo-phobie qu’ils dénoncent et qui, malgré les chiffons rouges qu’ils agitent jusque dans les ministères, est heureusement loin d’être majoritaire en France.

Parmi ces allégations stupides et de mauvaise foi, la première est d’assimiler le spectacle de l’humoriste franco-camerounais à un meeting. Car la différence entre les deux est facile à repérer : dans un meeting du PS ou de l’UMP, on se fait littéralement chier. Dans des meetings plus partisans, comme ceux de Le Pen ou de Mélenchon, flottent certes  des parfums de lyrisme suranné. La France de Jeanne d’Arc contre celle de Louise Michel pour pousser la caricature. Mais enfin, on  rigole rarement, convenons en. Chez Dieudonné, on rigole. C’est ce qui fait la différence entre un meeting et un spectacle.

Mais de quoi rigole-t-on au juste ? Sans tout le tapage médiatico-politicien orchestré autour de sa personne, j’avoue que je ne me serais jamais rendu dans un de ces concerts, n’ayant suivi que de fort loin ses démêlés avec le CRIF depuis son fameux sketch chez Fogiel. Mais, vu la grande confiance que j’accorde aux divers porte paroles de l’establishment, je préfère constater par moi-même, plutôt que d’avaler des fadaises à la cuillère, comme si on nous faisait vivre dans une  incessante campagne électorale.  

J’ai passé une bonne soirée, au sein d’un public qui reflète bien cette France à plusieurs vitesses de 2014, dans laquelle faire rire de la ligne officielle est devenu une gageure. Car, faut-il le rappeler, un bon comique est quelqu’un qui fait rire non pas de l’autre, mais de soi-même. Or comment faire rire cette France aseptisée d’elle-même ? Cette France écartelée entre les discours, dont ses dirigeants se gargarisent, sur la sacralité d’un prétendu universalisme républicain, les guerres dans le monde qu’ils mènent au côté de l’Otan, et les politiques communautaristes à visée électoraliste qu’ils conduisent en sous main ? Cette France qu’on déclare en haut lieu frileuse, anxieuse, honteuse, populiste (ce que l’adjectif haineux partout répandu prétend reprendre en un seul mot) ? Comment la faire rire, sinon, comme la tradition la plus moliéresque le veut, en riant de ses peurs, de ses phobies, de ses mœurs ?  Dieudonné énerve en haut lieu, il ne ferait  « plus rire personne » ont affirmé BHL et Manuel Valls. C’est que son humour brise un à un tous les poncifs de l’idéologie sociétale dominante,  dans laquelle son public a été élevé, et dont il semble qu’il soit plus que las.

Les ambiguïtés de la tolérance, avec le mariage pour tous et la marchandisation des corps, tout d’abord : Comme Cabu riait jadis du beauf en slip kangourou sautant sa bourgeoise pour la trousser en cinq minutes avant de ronfler, Dieudonné se paye la tête du couple d’homosexuels blanc, parti en Afrique pour acheter un enfant à adopter, et à qui un trafiquant d’organes et de bébés noirs dit : « méfiez-vous, ici on n’est pas homophobe, mais homophage » ;

Le rôle de l'école, et de l’histoire officielle qu'on y enseigne, ensuite (avec le chapitre à lire « toujours le même »). Un petit gosse noir s’en plaint à son père. Le père excédé dit alors à son fils « va au moins à la récréation ». C’est du très bon Petit Nicolas à l'envers, qui se paye la tronche de l’éducation citoyenne et du credo antiraciste qui la sous-tend.

Les comiques officiels,- et l’on pense à Jamel Debbouze, qui soutint jadis Dieudonné, et qui danse à présent en solo avec Hollande. L"humoriste n'hésite pas à se gausser de son ancien compère Elie Semoun qui peine à remplir les salles, malgré la promo dont il bénéficie sur tous les plateaux télé, et les réductions en comités d’entreprise. Plus généralement, lorsqu'il aborde la question du comique et de la censure, de la censure et du pouvoir, de la réussite et de l'argent, mettant en lumière les liens entre comique et compromission, on comprend vite tout ce que Dieudonné dérange dans le petit univers du show-business;

Dieudonné expliqua un jour dans une interview qu’il aimait que « les racines du rire soient dérangeantes »  En filigrane, donc, sur ceux qui incarnent le pouvoir de la loi (huissiers, juges, Conseil d’Etat, Valls, Hollande) et de la vertu moralisante (sionistes et francs-maçons), Dieudonné tape sans concession et sans discrimination.

Le caritatif bisounours en prend aussi pour son grade lorsqu’il termine sur l’évocation de Romain, l’adolescent cancéreux qui roula dans la farine l’association Make a wish, et se paie le luxe – en hommage au panache de ce dernier– de faire « une quenelle dans le fion de la peur ». Il fait alors chanter « Hollande l’entends tu, qui se glisse dans ton c… la quenelle… » à tout son public, comme Le Luron en son temps faisait chanter « L’emmerdant, c’est la rose... ». A la manière d’un formidable Bruant nègre, il dresse le rire (faute de mieux) devant la duplicité du pouvoir en place, qui feint de ne jamais assumer la brutalité de son autorité et l’hypocrisie de sa compassion à géométrie variable. On pense à la querelle entre Molière et les faux-dévots, à l’interdiction dont l’histoire littéraire nous apprit qu’elle fut si vaine du Tartuffe, et l’on se demande sous quelles conditions Valls, prétendument si habile communicant, a pu tomber si stupidement dans le piège du soutien inconditionnel aux desiderata du  CRIF.

Pendant ce temps là, justement, le même Premier Ministre s’inquiète du risque qui «existe que Marine le Pen soit présente au second tour ». Ha ha ! Ce qui existe, il l'a parfaitement compris, c’est le risque qu’un socialiste (en l’occurrence lui-même) ne s'y trouve pas ! Car c’est une erreur, une grossière erreur à long terme, la pire que puisse faire un  politique, de s’en prendre à un comique populaire.

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(1) Déclaration de Patrick Kahn, qui permet de comprendre pas mal de faux semblants : « Pourquoi assiste-t-on à une condamnation unanime des récents propos de M. Le Pen – ce qui est très bien – alors qu'il y a une telle indifférence avec un mec comme Dieudonné qui dit des choses cent fois pires ? » 

jeudi, 12 juin 2014

La force des caractères

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Du plateau de la Croix-Rousse, la montée Hoche permet de rejoindre la Saône par un chemin qui reste très agréable, malgré le boucan des voitures et des autobus sur la montée des Esses non loin de là. Le matin, vous n'y croisez personne, tandis que les effluves de la rivière, dont César affirma un jour qu'on ne pouvait parfois décider dans quel sens elle coulait, commencent à assaillir vos narines. Et puis, songer qu'on place ses semelles de quatre sous sur la trace de sabots impériaux... L'Histoire récitée, les divertissements (de Roland Garros en coupe du monde) ne suffisent pas à effacer de nous-même la nostalgie que nous portons de sa dilution dans la contemporanéité systématique. Il faut des plaques de cette sorte, pour soudainement nous rappeler les temps plus lointains, ceux dont tous les intérêts sont passés, oui, dans toute leur redoutable efficacité.

C'est, dit Renan dans sa Prière sur l'Acropole, un vif sentiment de retour en arrière, un effet comme celui d'une brise fraîche, pénétrante, venant de très loin. L'Antiquité et ses vertus. Dans le déluge de commémorations médiatiques orchestrées autour de l'histoire récente, ce très loin, on cherche à nous le faire oublier. Pour Plutarque et ses Vies Parralèles, c'est à cela que servent - à rebours des vivants -  les hommes illustres : à nous offrir cette brise fraîche, que tu reçois conjointement de César et de Napoléon, de cette Saône au cours incertain et de la force de ces caractères aux empattements triangulaires affirmés. Antiquité : Bienfaits de la mémoire sans commencements idéologiques martelés. Songes heureux. Rêveries.

Non, malgré ce que l'on veut nous faire croire, le monde ni l'Europe n'ont pas commencé avec le Débarquement des GI sur une plage de Normandie. Et avant la Shoah, il y eut bien des morts également dignes de mémoire, des morts et des morts : le sol sur lequel tu marches en est tout imbibé, de leur sueur et de leurs caractères. Et tu es vivant, toi, dans l’insignifiance de la longue chaîne, dans la magnificence de l'instant. Vivant : ton trésor, non ta douleur, ta joie, non ta repentance, ton savoir de mémoire (par cœur), et non pas, comme le disent les hypocrites et les imbéciles,  ton devoir. de mémoire -  Chanter, s'élancer, jouir, en poète - et non pas commémorer, comme le font les affreux politiques, porteurs de mort pour de bon. 

Nous chantâmes ce qui dure, ce qui survit de métamorphose en métamorphose, ce qui fut, est, puis sera, l'union indissoluble des esprits qui ne font qu'un dès l'origine, bien que la nuit et les nuages les séparent; et nos yeux à tous s'emplissaient de larmes à la pensée de ces liens immortels. 

Ainsi parla l'un des plus grands poètes - dont je vous laisse deviner le nom - dans l'un des textes les plus poignants qu'il me fut donné de lire, et que je n'ai jamais gardé loin de ma couche depuis que j'en connus l'existence.

06:39 Publié dans Bouffez du Lyon | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, suétone, renan, acropole, napoléon, montée hoche, lyon, commémorations | | |

mercredi, 26 mars 2014

Un Chinois chez Guignol

Monsieur Collomb reçoit Monsieur Fabius qui reçoit le président chinois, pensez donc ! Les défenseurs de la liberté, de l'égalité, des Droits de l’homme dans le monde entier, les pourfendeurs de Poutine, les indignés devant le FN sont soudain, intérêts économiques et business obligent, tous au garde à vous. A quelques jours d’un second tour, cela fera-t-il tache ? Même pas, je crains. Les socialistes ont déjà vendu le quartier Grolée, la rue de la République, l’Hôtel-Dieu…  Qu’avons-nous à proposer à notre « interlocuteur », comme il est bon de le dire aujourd’hui ? Des gerbes d'Airbus, dit-on. On gèle les intérêts russes, mais on va vendre à la Chine, qui pourtant nous inonde de saloperies dont certains produits -à ce qu'il paraît- sont nuisibles à la santé, allez-y donc y comprendre quelque chose, comme ça se dit par  ici, vous autres.  ....

Tout le centre ville, -trottoirs, rues, bus, métros, vélos, -, se retrouve bouclé, pire que pour la fête des Lumières. Le centre Ville n'est donc plus que l'antichambre des salons de l'Hôtel de Ville où Gérard reçoit. C’est Xi Jinping et sa cantatrice d’épouse, devant lesquels on déroule le tapis rouge. Le Sofitel du quai Gailleton a été entièrement privatisé pour faire pioncer toute la délégation chinoise. Et demain, tout ce petit monde se rendra d’abord au fort saint Irénée, où se trouvait naguère l’institut franco-chinois, puis à Marcy dans les locaux BioMérieux, le fleuron, les bijoux de famille, ha ! ha !… En attendant, ça va bouchonner sec dans le cinquième arrondissement. Bref. Ceux qui travaillent dans le secteur expliqueront à leurs patrons que, ben ouais, c'était pas une panne de réveil de leur part, c'est la Chine qui s’est éveillée…

 

C’est, paraît-il une visite culturelle à la mémoire de la fameuse et défuntée route de la Soie. Diable ! Parait qu’on a redoré une plaque commémorative écrite en chinois au dessus du porche de l’entrée du fort. Il ne s’agit, avec Collomb, que d’une visite introductive, bien sûr. Ensuite, le président de l'Empire du Levant ira rencontrer le pingouin à Paname. Les affaires deviendront sérieuses auprès du petit homme du Couchant, qui lui prépare un accueil exceptionnel avec concert à Versailles et tout le tralala. Poutine méchant, XiJinping gentil. Si si. Bon chinois. En attendant, petit rappel historique ICI

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Fort Saint-Irénée, Lyon 5ème

mardi, 28 janvier 2014

Ecran total : l'informatique en débat

Dans le prolongement de celle tenue à Montreuil en octobre 2013, une rencontre de réflexion critique sur la transformation des métiers et des modes de vie par l’informatique et les méthodes de gestion est organisée ce week end à Lyon

La rencontre de Montreuil avait vu le témoignage d'assistantes sociales refusant de faire remonter les statistiques qu'on exige d'elles ; celui d'éleveurs écrasés par les contraintes administratives qui ne veulent pas épingler leurs troupeaux de puces électroniques ; d'enseignants opposés à l'équipement à marche forcée des écoles en ordinateurs, tablettes, tableaux interactifs, etc. ; des travailleurs dela chaîne  du livre soumis à la concurrence des robots et des supermarchés.

Les participants à ces rencontres ont décidé de se revoir pour discuter plus précisément de la nature des bouleversements qu'ils vivent et de ce qu'il convient de faire pour s'y opposer,et prêter main forte à ceux qui subissent déjà des sanctions pour leur refus d'y participer. Ils invitent tous ceux qui partagent cet état d'esprit à se joindre à eux

Programme et liste de lectures, du 31 jan­vier au 2 février 2014

Vendredi soir (accueil à 19 h) : réunion publique introduite par des présentations sur la situation des métiers du livre, de l’école, et de la médecine.
Samedi matin (9 h) : présentation des groupes et individus absents en octobre et souhaitant participer aux échanges approfondis ; puis, discussion des textes concernant les évolutions de différents secteurs professionnels ayant circulé préalablement.[voir la liste en pièce-jointe]
Samedi  après-midi : discussion autour de propositions d’actions
Dimanche matin (9 h) : retour sur les conclusions de la veille ; puis prolongement sur les idées et envies à long terme, à partir du récit de l’expérience d’un collectif agricole par les fermiers de l’Oseraie, et du texte « Le Syndicalisme en question ».

 

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Ecran Total, du 31 janvier au 2 février, à l’Atelier des Canulars, 91 rue Montesquieu, Lyon 7ème.

Lire ici la liste des textes qui serviront de base aux discussions des rencontres 

 

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jeudi, 19 décembre 2013

Les Halles des Cordeliers

La bonne bouffe avait jadis son temple place des Cordeliers, à Lyon. L'un des premiers films des frères Lumière, titré La Place des Cordeliers à Lyon n'est rien d'autre qu'un plan fixe sur ces anciennes Halles, devant lesquelles passent et repassent des bonshommes, des fiacres et des charrettes. La boustifaille va de nouveau être à l'honneur à l'occasion de ce que l'Empire de la consommation appelle Les Fêtes. Et ce, dit-on à la télé, malgré la crise. Consommer, détruire par l'usage. Histoire de militer un peu pour le recyclage, j'en profite donc pour republier ce billet de 2009 tant il est vrai, malgré la sournoiserie présidentielle, que rien n'a vraiment changé depuis.


Lors du réaménagement complet du quartier Grolée et de la place des Cordeliers, le préfet Vaisse avait prévu dès 1852 la création d’un vaste marché couvert entre la rue Buisson (Antoine Salles depuis 1962) et la rue Claudia, lequel marché couvert se transforma en Halle lorsque les commerçants obtinrent l'autorisation de laisser en permanence leurs bancs et balances. En 1858, l’architecte Tony Desjardins fit sortir de terre la structure métallique du pavillon dont l'inauguration eut lieu le 1er mars 1859. Le bâtiment eut tout juste le temps de devenir centenaire avant que le maire Pradel n’ordonnât en 1970 sa destruction à l'occasion du réaménagement des Halles dans le nouveau quartier de la Part-Dieu. L'ancienne halle fut donc démolie en janvier 1971, alors que l’actuelle, qui prit depuis le nom de Paul Bocuse, était inaugurée le mois suivant.

Je me souviens fort bien de ce vieux pavillon qui, dans le temps de mon enfance, était synonyme de fêtes pour le palais. De la Croix-Rousse, nous descendions à pieds pour chercher les repas de Noël, ceux de Pâques ou de Jour de l’An. Cette ancienne Halle se trouvait en face du Grand Bazar (autre bâtiment que la fièvre destructrice des maires de Lyon n’aura pas épargné). Face à face, à présent, un Monoprix en verre fumé et un parking à étages auront remplacé, en plein cœur du deuxième arrondissement, ces témoins d’un dix-neuvième siècle à la Zola, fait de Bonheur des Dames et de Ventre de Paris.  Pour les faire revivre sous nos yeux, voici quelques clichés extirpés des collections de la Bibliothèque municipale (le fond Sylvestre, principalement) et surtout un document mi-littéraire mi-publicitaire, extrait de l’autobiographie de l’écrivain Marcel E Grancher, lequel peut se targuer d'avoir été le patron de San-Antonio, ça ne s’invente pas, puisqu’il connut l’étrange destin d’avoir eu Frédéric Dard tout jeune comme secrétaire.

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Vue du quartier Grolée sous le Second Empire, juste avant les travaux évoqués par Béraud dans la Gerbe d'Or
Face à l'église Saint-Bonaventure, on s'apprête à construire les anciennes halles,
 à présent déjà détruites...

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Le pavillon Desjardins, qui a depuis cédé la place à un parking et à une banque

 

 

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Mai 68 : Sans le savoir, le pavillon Desjardins vit ses derniers instants. Pas à cause des émeutiers

qui dressent la barricade devant sa porte... Comme quoi les saboteurs

ne sont jamais ceux qu'on croit.

 

 

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En face, l'ancien Grand bazar, reconverti en blockaus de verre fumé
 
 
 

« Si vous cherchez les pyramides de légumes, l’agitation semblable à celle qui, toute la nuit, anime le carrefour Montmartre-Rambuteau ; les bistrots où, les mornes jours d’hiver, viennent échouer les fêtards ; les porteurs odorants et forts en gueule, alors, il nous faut aller quai Saint-Antoine (1). Nos Halles à nous sont quelque chose de différent et de mieux. A Paris, on se nourrit ; à Lyon, on déguste. A l’arrivage massif, par tonnes, par tombereaux, nous opposons la qualité, le choix, la variété. Voyez ces poissons frétillant encore, ces volailles dodues, ces champignons sentant la forêt mouillée, ces viandes, ces fromages, ces cochonnailles, ces beurres : tout cela provient de notre porche et glorieux voisinage, l’Ain, le Charolais, la Bresse, les deux Savoies, l’Isère, la Haute-Loire.

Les Halles de Lyon constituent une grande famille, où tout le monde se connait et, chose assez rare, tout le monde s’estime. Six heures du matin, rue Claudia. Le coin le plus joyeux, c’est le magasin des frères Besson, les mandataires bien connus. On y rit, on y plaisante, on s’y interpelle et quand Fifi et Jeannot se trouvent en verve, je vous assure que c’est quelque chose … !  Et voici, leur donnant la réplique, Georges, le roi de l’Agotiau, et Pépé des Halles, ex-entraîneur du boxeur Decico, flanqué de son Pylade Adrien de la Trinité, qu’il ne quitte d’autant moins que l’infortuné est à moitié aveugle. Un peu plus loin, un camion déverse des tonnes de porc rose et blanc. Plus loin, encore, des daubiers attendent le moment où ils pourront acheter des marchandises de second choix, qu’ils colporteront ensuite, d’étage en étage, de café en café. Dans les célèbres bistros avoisinants (chez Célestin, chez la Fifine ou chez l’un des nombreux Brunet du quartier), on discute des cours, tout en tâtant d’un beaujolais irréprochable. Puis on va s’en boire un dernier au petit Cintra, chez la mère Patri dont le passe-grain est justement réputé : le métier exige que l’on se soutienne…

Symphonie de fumets,  symphonie de couleurs !... Roseurs nacrées des poissons et des crevettes ; pourpres cardinalices des homards et des écrevisses ; ors crémeux des fromages ; chinés des grands lièvres roux ; tendres gis des perdreaux ; bruns délicats des alouettes et des grives ; Van Dick des jambons ; Véronèse des Belon et des Portugaises …

Vous marchez narines au vent… Vous humez en gourmet… Vous aspirez à pleins poumons … Et soudain vous vous apercevez que vous avez faim ! »

 

Marcel E Grancher Reflets sur le Rhône, Ed. Gutenberg, 1939

 

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