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jeudi, 18 décembre 2014

La dévotion à la fête

"L'homme ou la femme moderne, éclairé, émancipé, se révèle , lorsqu'on y regarde de près, n'être qu'un consommateur beaucoup moins souverain qu'on ne le croit. Loin d'assister à la démocratisation de la culture, nous sommes plutôt les témoins de son assimilation totale aux exigences du marché. 

La confusion entre la démocratie et la libre circulation des biens de consommation est devenue si profonde que les critiques formulées contre cette industrialisation de la culture sont désormais automatiquement rejetées comme critiques de la démocratie  elle-même, tandis que, d'un autre côté, la culture de masse en vient à être défendue au nom de l'idée qu'elle permet à chacun d'accéder à un éventail de choix jadis réservés aux riches. En réalité, le marketing de masse  - dans la vie culturelle comme dans tout autre domaine - réduit l'éventail même des choix proposés aux consommateurs..."

Christopher Lasch, Culture de masse ou culture populaire, Climats, 2001

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Lyon, Vue du 9 décembre 2014, en guise de dévotion à la fête

07:05 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : christopher lasch, démocratie, fête, consommation, détrits | | |

dimanche, 07 décembre 2014

Tuer le pays

Week end héroïque, de travail et de concentration, au milieu du bordel ambiant. Derniers travaux de relecture des romans qui sortiront en janvier, dernières retouches ponctuelles. Chasse à l’accent, à l’espace manquante ou de trop, au terme qui ne serait pas le plus propre, à la préposition qui ne serait pas la plus juste.

Suis sorti pour acheter un dessert chez un Arabe, spectacle étonnant dehors : au milieu des merguez, des touristes munis de plans à la recherche de telle ou telle attraction…  pas d’un monument, d’une statue, d’une plaque commémorative, d’une adresse, non… De quelque chose qui n’existera plus dans deux jours, des rayons projetés sur un mur, sont venus du lointain, du bout du monde disent certains,  pour voir ça, déroutant !  Quitteront la ville sans savoir qui est  Nizier,  Maurice Scève, Lemot, Mourguet…  N’auront vu que du feu, comme dit le sage proverbe. Tant pis pour eux. Amoureux de leur temps,  réduits à eux-mêmes. Méritent que ça.

 

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Voilà ce qui vrombit derrière les doubles rideaux tirés, voilà. Spectacle cheap, en boucle. Low cost pour le moins. Bande son d'un quart d'heure en boucle durant 6 heures de suite jusqu'à une heure du matin, moche, cheap. Photos cheap également, ça mérite pas mieux, prises à la volée de ma fenêtre avant de tout barricader à nouveau.

Une musique bâclée, des va-et vient de projos dans le ciel, effet lanterne-magIque, dévorante Maya,  devant  laquelle se pâment des gens de tous âges, pigeons, chats, et chiens en fuite. Et les arbres ? que ressentent-ils de ces insanes trépidations sous l’ocelle de leur écorce, et jusque dans la terre souillée dont ils ne peuvent s'enfuir ? Me demande… Les arbres, infiniment plus sages que tous ces zombies émerveillés du vide. Honte d'être de cette race.

Un matin du 8 décembre, ma grand-mère a rendu son dernier soupir dans un hôpital aujourd’hui rasé, celui dans lequel j’étais né. Me souviens avoir pensé qu’elle était defuntée en vraie Lyonnaise, tant le 8 décembre et ses Illuminations – pas la merde pour laquelle la face de rat de maire se réjouit à l’Hôtel-de-ville d’attirer tant de monde – sont liés à l’âme lyonnaise.  Elle est morte à l’aube et j’étais venu  - la sachant condamnée depuis la veille – dès l’ouverture de l’hôpital après une nuit à marcher dans les rues du centre illuminées. On venait de porter son corps au dépôt – dans lequel j’ai travaillé quelques mois par la suite –. Ses pieds étaient si gonflés qu’on n’avait pu lui enfiler ses chaussures. Ma grand-mère est partie en pantoufles. Elle était couturière à domicile et les avait tant portées en cousant, sans doute était-ce dans l’ordre des choses.

 

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J’étais loin alors d’imaginer que le 8 décembre allait mourir bientôt aussi, avec l’arrivée au pouvoir de ces technophiles incultes et fascisants, haineux de leur pays au point de le défigurer, le tuer après l’avoir précipité dans la crise, oui, rien de moins. Le tuer.

samedi, 04 janvier 2014

Fêtes sous surveillance

Comme on ne sait jamais comment on va terminer une année, j’ai commencé 2014 à la De Gaulle, par une remontée des Champs Elysées à pied. C’était la première fois. Il y avait foule. Pas pour m’acclamer comme le grand Charles, mais pour marcher à mes côtés. Le  plus souvent dans l’autre sens d’ailleurs  (la foule descendait les Champs plutôt que de les monter). Curieuse sensation d’aller à contre courant, tout en allant dans le bon sens. Une chose qui m’arrive souvent. Ce que j’entends par aller dans le bon sens, c’est arriver à prendre un peu de hauteur, à gagner un peu de terrain, à se retrouver au bon point.

Au sommet des Champs, juste devant l’Arc de Triomphe, l’avenue était barrée. C’est devenu une espèce de coutume, d’aller en grappes marcher dans les rues, à la moindre occasion, trimbalés par des métros gratuits, encadrés par des CRS immobiles, et qui regardent. Fêtes sous surveillance. Rites républicains. Quand tout se passe normalement, qu'il n'y a ni affrontements ni morts ni blessés, on dit que l'ambiance était bon enfant. Nous ne savons plus ce que nous disons...


10:27 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (47) | Tags : champs Élysées, fête, nouvel an | | |

mercredi, 31 décembre 2008

Le billet qui n'existe pas

Paul Cézanne comme il a failli se trouver un jour dans votre portefeuille. On a préféré, in extremis, une autre version.
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Idem avec Saint-Exupéry, première maquette du 50 francs, vite reléguée aux oubliettes
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Un Votaire psychédélique, qui n'a pas été retenu non plus à l'époque
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Une ébauche du Bonaparte, lui aussi demeuré dans les cartons de la BdF
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Une ébauche d'un billet de dix francs, par Clément Serveau
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Une seconde de cent francs, datant des années cinquante :
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Celle-ci, très belle, également
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Et celui-ci, qui a du panache
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Avec tout ça, si vous n'arrivez pas à vous payer un super reveillon !

BONNE ANNEE

2009

A TOUS

01:20 Publié dans Les Anciens Francs | Lien permanent | Commentaires (28) | Tags : fêtes, fête, noël, anciens francs, société, billets français | | |

jeudi, 21 juin 2007

Fête de la musique

Un million de participants annoncés, dix millions de spectateurs, vingt-sixième édition aujourd'hui... A New York, Jack Lang envolé là-bas pour vendre son concept festif s'est, paraît-il, fait jeter par le maire qui n'avait "pas le temps de le recevoir". Les Américains seraient-ils intelligents ? Retour sur une promenade de l'an dernier dans les rues de Lyon le 22 juin à l'aube :

"A cinq heures trente, les lampadaires s'éteignent. Alcooliques, cas psys, cas sociaux, tous se retirent, enfin... Un quart d'heure plus tard, les hommes en jaune commencent à ratisser la place, les trottoirs, les rues qu'ont désertés les oiseaux. Bouteille après bouteille, canette après canette, débris après débris. Cliquetis des verres dans le ballet des balais en acier. Le jour se lève. Il ne reste que quelques minutes avant que le citoyen lambda ne passe par ces lieux-là. Quand la ville a chié toute une nuit...

Début d'une sinistre promenade : Entre l'Hôtel de Ville de Mansart et l'Opéra de Chenavard, on dirait une tornade : papiers gras, canettes cabossées, bouteilles fracassées, des pizzas à moitié bouffées, renversées dans des flaques de pisse et des mares de vomi, au milieu des détritus, des mégots, emballages et autres saloperies gluantes, glissantes, un tapis d'ordures que les hommes jaunes chassent au jet d'eau sous les yeux de quelques matinaux hagards. Alignées comme des quilles devant les vitrines et sur les marches, cadavres de bouteille (triomphe de la vodka et de la bière): une heure pour faire disparaître tout cela. Ah! On lit dans le journal que la fête de la musique a été une réussite. Hier matin, ma femme qui est musicienne m'a dit :

-          c'est aujourd'hui la fête de la merde! 

 Ma femme avait raison. A sept heures du matin, il ne reste plus aucune trace de leurs déjections."

Mon Dieu, cette année, faites qu'il pleuve...

 

07:55 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fête, musique, lyon | | |

mercredi, 21 juin 2006

Fête de la merde

A cinq heures trente, les lampadaires s'éteignent. Alcooliques, cas psys, cas sociaux, tous se retirent, enfin... Un quart d'heure plus tard, les hommes en jaune commencent à ratisser la place, les trottoirs, les rues qu'ont désertés les oiseaux. Bouteille après bouteille, canette après canette, débris après débris. Cliquetis des verres dans le ballet des balais en acier. Le jour se lève. Il ne reste que quelques minutes avant que le citoyen lambda ne passe par ces lieux-là. Quand la ville a chié toute une nuit...

Début d'une sinistre promenade : Entre l'Hôtel de Ville de Mansart et l'Opéra de Chenavard, on dirait une tornade : papiers gras, canettes cabossées, bouteilles fracassées, des pizzas à moitié bouffées, renversées dans des flaques de pisse et des mares de vomi, au milieu des détritus, des mégots, emballages et autres saloperies gluantes, glissantes, un tapis d'ordures que les hommes jaunes chassent au jet d'eau sous les yeux de quelques matinaux hagards. Alignées comme des quilles devant les vitrines et sur les marches, cadavres de bouteille (triomphe de la vodka et de la bière): une heure pour faire disparaître tout cela. Ah! On lit dans le journal que la fête de la musique a été une réussite. Hier matin, ma femme qui est musicienne m'a dit : « c'est aujourd'hui la fête de la merde! ». Ma femme avait raison. A sept heures du matin, il ne reste plus aucune trace de leurs déjections.

 

08:00 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fête, musique, lyon | | |