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mercredi, 23 mars 2016

Retour à Bron (2)

Comme midi avait sonné, je suis rentré dans la brasserie de la place, encore presque vide. Au plat du jour, tête de veau sauce gribiche  : du facile à mâcher qui tombait bien, en raison de sérieux ennuis dentaires qui m'assaillent en ce moment. Accompagnée d'une fillette de gaillac, ça irait. Autre point fort de l'endroit, pas de télé gueularde suspendue dans un coin. En face de moi, une photo de Doisneau représentant Prévert attablé dans un coin du Luxembourg, dirait-on, un chien noir à ses pieds. Prévert, c'est curieux, je pensais à lui pas plus tard que ce matin. Je me disais  :  "Notre Père qui êtes aux cieux, restez- y ..., faut-il être con pour penser des trucs pareils." Me fait penser au type qui se noit, submergé et fier de l'être et lance à des gens qui tentent de le tirer de là  : "la paix, les gars, foutez-moi la paix..." Mais tout à été dit à ce sujet, pas nécessaire d'y revenir. Prévert croule en paix. Je n'ai pour ma part jamais pris ce gars pour un poète, ni le petit œuf, ni rappelle-toi Barbara, ni surtout ces inventaires gratuits. Prévert, c'est le commencement de la poésie pour tous, de la langue d'instituteur ; c'est le commencement désastreux de la fin. Mais bon. Il fait beau dehors, la tête de veau est tendre et bien cuite et je ne suis pas à Bron pour parler Prévert....

L'école un peu plus loin. La où justement on m'entretenait jadis de Prévert, sans vraiment me convaincre. Pas trop bougée en apparence, jusqu'au pré vert qui servait et sert toujours de terrain de sport à ses côtés. En apparence seulement, au su des programmes qu'on y suit depuis que 40 ans de réformes destructrices se sont engouffrées sous son toit. Bien changée l'école, au vu de ces mères voilées se dispersant alentour, une fois leur marmaille confiée aux bons soins de la République. La République est bonne mère pour Allah, décidément ! Faut bien être adepte du hollandisme déclinant pour imaginer un seul instant que l'Islam lui rendra la monnaie de sa pièce... Tout ça tient, n'en déplaise aux illusionnistes de la gauche maçonnique, du « grand remplacement » cher à Renaud Camus. Qu'aurait fait ma mère face à une telle situation ? Trop démunie pour m'inscrire dans le privé... On en revient sans cesse au même et sordide levier de manipulation des peuples dans laquelle une certaine gauche prétendument morale et scandaleusement donneuse de leçons excelle.

J'approche justement de Bron Terraillon, terrains de jeux de l'illustre Benzema, qui furent miens jadis. Comme quoi en ces banlieues socialistes mieux vaut collaborer avec le système en apprenant à taper dans un ballon qu'à tenter de le contester en apprenant à manier la plume. Zemmour à raison : Sur les boîtes aux lettres de l'immeuble aujourd'hui rénové où vécut ma mere, rares sont désormais les Dupont et les Martin. Une impression désagréable, de dépossession se saisit de moi. Par une fenêtre,  les vociférations d'une télé : en pleine semaine sainte, on ne parle encore que de l'état islamique.  Et tous ces idiots qui font mine de n'y voir que du feu... Je ne sais si Allah est grand. Mais je le trouve particulièrement envahissant. 

A suivre

 

15:16 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : bron, prévert, littérature, doisneau, renaud camus, benzema, zemmour | | |

jeudi, 19 novembre 2015

Bombarder Molenbeek

« Nous avons un ennemi, c’est l’islamisme radical », affirme Manuel Valls. Ce que Philippot et Le Pen répètent depuis des années à longueur de colonnes. Quant à Hollande, le voilà qui s’allie enfin avec Poutine, après avoir refusé de lui vendre les porte avions, ce qui a encore coûté je ne sais plus combien d’euros à l’état. Mais les contribuables seront là pour combler les déficits. Là encore, il ne fait que s’aligner sur des positions logiques et défendues par le Front national depuis des années. Même le ventre-mou Juppé, la sagesse faite homme d’après les medias bobos parisiens, consent à dire que la ligne anti-Bachar était une erreur.  Il leur aura quand même fallu les attentats de Paris pour réagir. Allez savoir quels égarements, quelles errances, quels reniements inavouables de cette diplomatie de pingouin est à l’origine d’un règlement de compte aussi sanglant ?  J'attends de voir comment il vont nous expliquer à présent que le Front National est un parti fasciste dans leurs prochains congrès communs... 

La morale de cette histoire est qu’on forme de meilleurs chef d’Etat dans les couloirs du KGB que dans les amphithéâtres des universités d'été du PS à La Rochelle, n’en déplaise à notre bourgeoisie française aussi pédante qu'éclairée, qui depuis la révolution sémantique qu’elle aura plébiscitée depuis des mois partout n'est parvenue à se hisser qu'à la hauteur de la bourgeoisie belge.

Zemmour (encore lui) s’est illustré hier sur l’antenne de RTL en disant qu’au lieu de bombarder Raqqa en Syrie, la France ferait mieux de bombarder Molenbeek. Françoise Schepmans, la sérieuse bourgmestre du coin, une quelconque Bélise coincée du dictionnaire qui parait avoir autant d’humour que notre Philaminte Taubira de la place Vendôme, s’insurge évidemment, entourée d’une armée de petits chiens sur les réseaux sociaux. RTL doit défendre le second degré de son chroniqueur, au pays de Molière ! Nous n’avons eu de cesse, sur ce blogue comme sur d’autres, de dénoncer cette guerre aux mots entreprise par ce gouvernement de Trissotin et de Femmes savantes, auquel on souhaite la déculottée qu’il mérite aux prochaines élections et avec lequel, malgré la propagande officielle, nous ne sommes en rien solidaires, au vu de son incompétence économique, diplomatique et culturelle généralisée.

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07:37 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : molenbeek, zemmour, rtl, valls, phillipot, ju^ppé, france, poutine, raqqa, syrie, françoise schepmans | | |

dimanche, 15 mars 2015

Ruquier, entre parenthèses et points de suspension

Sous un régime « de droite » (Sarkozy), un homme « de gauche » (Ruquier) a pu non seulement conserver son droit d’antenne, mais également fonder une émission télé (ONPC) et,  grâce à un homme de droite (Zemmour) en faire une des émissions culte (comme on dit) du samedi soir cathodique.  Des c……. en or, j'vous dit pas ! Mais voilà que sous un régime « de gauche » (Hollande, Taubira, Valls et le reste du tralala), ce même Ruquier, dans un numéro d’ego hypertrophié regrette publiquement d’avoir «donné la parole pendant cinq ans à Éric Zemmour». Ce qui revient à condamner le principe même de son émission. 

Sur l’état du service public hollandais, tout est dit. Sur le nouveu goût de ce monsieur Ruquier pour la polémique aussi. Sur la vie intellectuelle en France, l'amour du débat, le goût de la contradiction, on pourrait ainsi continuer longtemps : Être Charlie, c’est aimer la liberté d’expression, le crier sur tous les toits tout en faisant son allégeance contrite au pouvoir en place et à la censure du vivre ensemble de M.Cazeneuve et Me Taubira. Être un veau, quoi ! Grotesque ! Un vrai comportement de l…… (Points de suspension pour ne pas être traité d’homophobe).  Entre parenthèses et en points de suspension pour ne pas vomir.

 

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17:57 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : ruquier, zemmour, onpc, valls, taubira, hollande, charlie, soicalisme, gauche | | |

lundi, 22 décembre 2014

Arrêtons de stigmatiser les désequilibrés

En novlangue, un terroriste islamiste est aujourd’hui un « déséquilibré inspiré par des messages sur Internet » ou un « fou furieux dont personne dans son entourage n’aurait pu imaginer qu’il se radicalise à ce point ».  Il faudrait tout de même cesser de prendre les gens pour des imbéciles, et aussi cesser de stigmatiser les déséquilibrés, ils ne font de mal à personne. Sauf quand ils sont au gouvernement.

D'après les déséquilibrés qui nous gouvernent, donc, il n’y a pas d’appel à la guerre civile, mais plus simplement des « menaces sur la France ». Diantre.  D'après eux, un type en djellaba criant Allah Akbar et fauchant volontairement 11 piétons, ça n’a rien à voir avec l’Islam, mais c’est « un acte isolé de loup solitaire ». C’est une « voiture folle », pas un acte de guerre; C'est un acte marginal, un coup de blues ou un pétage de plomb, et cela n'a rien à voir avec le Jihad. Les motivations de ces gens, nous dit-on, sont floues. Dans n'importe quel pays, on parlerait d'attentat, dans la France socialiste où on a perdu l'habitude de nommer un chat un chat depuis des lustres, on dit que ce n'est rien de significatif. Quant aux  réseaux d’Al-Qaïda prêts à frapper la France, pour les Valls, Cazeneuve, Hollande et consorts, ce ne sont que des errances d'enfants perdus de la République (et perdus pas la faute de son école), l’Islam et ses prédicateurs n’y sont pour rien. « Faites exploser la France » « Tapez où vous êtes », « Prenez exemple sur Merah » ne sont que des slogans hyperboliques, en aucun cas des cris de guerre. Pour ces lâches et ces faux-culs, c’est évidemment Eric Zemmour qui est « porteur de haine », c’est la menace Zemmour qu’il faut prendre au sérieux,  car sans ses provocations ignobles dans les medias, il n’y aurait eu ni Dijon ni Joué les Tours. D'ailleurs il ne s'est rien passé à Dijon ni à Joué les Tours.

 

dijon,zemmour,joué les tours

Le pingouin pendant ce temps là ? Il fait son Giscard, plus impuissant que jamais. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes : la désinformation, la censure, les amalgames, l'acculturation, la démagogie, le chômage, la dette, la France de Hollande est une France surréaliste qui ne ressemble plus à la France, à deux ans encore de la fin du mandat... Et si elle va mal, écoutez-les bien, c'est la faute aux déséquilibrés que nous sommes, qui ne savons plus vivre ensemble.

00:06 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : dijon, zemmour, joué les tours | | |

mardi, 07 octobre 2014

Réhabiliter Pétain ?

Drôle de coïncidence : Alors qu’une redoutable et bien jeunette idiote parlait samedi soir, chez Ruquier, de « réhabiliter Pétain », face à un Zemmour consterné qui tentait de lui donner une leçon d’histoire,  me suis retrouvé nez à nez devant son portrait, cet après-midi en salle des ventes !  Le commissaire-priseur qui le mit à l’encan réussit à ne pas-même prononcer son nom : « un magnifique cadre art-nouveau, 10 euros ! »  (C’est vrai que le cadre est très beau). Je levai la main, personne ne renchérit dans la salle murmurante.  C’est ainsi que je me suis payé Philippe Pétain, pour tout juste 10 euros. 

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Le voilà posé devant moi, tandis que je rédige ce billet. Le portrait date de 1917. Moustaches troisième République, képi ombrageusement vissé sur un air altier et taciturne, col boutonné : le portrait jaillit d'un autre temps, vraiment. Mon père, ma mère, respectivement nés en 1929 et 1930, firent partie de cette génération de Français qui chantèrent chaque matin Maréchal nous voila, juste avant de passer leur certificat d’études qui fut, je crois, leur seul diplôme. Cela ne les traumatisa guère ni l’un ni l’autre, pour le peu que j’aie pu en juger. Bien moins que les bombardements récurrents, surtout vers la fin de la guerre, surtout ceux des Alliés, et puis la disette, le couvre-feu, le rationnement. Leur adolescence...

Est-il si honteux, aujourd’hui, de rappeler la complexité de ces temps de débâcle et d'occupation, comme le fait Zemmour ? Tandis que De Gaulle sauvait la parole de la France, Pétain préserva sa natalité, ni plus ni moins. Et  une génération de parents, celle de ces «enfants humiliés » que décrivit majestueusement Bernanos, saignée à blanc en 14/18 et appauvrie par la crise, celle, exactement, de mes grands parents (1) ; j'ai écrit un roman pour parler aussi d'eux. Et de leur belle religion catholique. Pour l'instant, aucun éditeur n'en a voulu. Aucun. Un hasard ? Laissons couler encore un peu d'eau sous les ponts...

Mais tous ceux qui, aujourd’hui, défendent, bec et ongles, la retraite à répartition contre celle à capitalisation se souviennent-ils qu’ils la doivent à un certain René Belin, ministre du travail de Pétain, lequel institua le tout premier ce régime si français (assure tout le monde aujourd'hui), pour ceux qu’on appelait alors « les vieux travailleurs salariés ». Le même qui signa, en octobre 40, la loi portant statut des Juifs étrangers, voyez, rien n’est vraiment simple. Et l'Histoire est complexe. Et la  littérature doit l'être également, qui se doit de tout prendre en compte. 

Il ne s’agissait évidemment pas de réhabiliter Pétain. Mais il s’agit de cesser de blanchir cette Chambre qui, en confiant au héros de Verdun les pleins pouvoirs, dans la situation tragique que traversait alors le pays, lui laissa quartier libre pour accomplir à sa guise et à sa façon, en quelque sorte, le sale boulot. Une assemblée dans laquelle les députés de la SFIO, de la gauche démocratique et du Parti Radical n’étaient pas de reste, que l’on sache. Il s'agit de cesser de blanchir cette gauche.

Le discours pro-gaullien de tous ces gens de gauche à présent, qui traitèrent Sarkozy de Pétain durant la dernière campagne (et jadis De Gaulle de dictateur), ce discours qui recense les vertueux d’un côté et les salauds de l’autre, Léa Salamé, du haut de ses 35 printemps, parait l’avoir bien digéré. Un discours à la dimension de leur cervelle à tous. Je sais bien, moi -si j’en crois ce que  disait mon grand père (mort d’un cancer au poumon et à la gorge à tout juste soixante ans – les gaz de 14 n’y étaient pas pour rien -) que les choses n’étaient pas si simples. Pétain, il détestait, comme beaucoup d’anciens poilus à vrai dire. Avec son caractère de tête brûlée, si j’en crois ce qu’on m’en raconta, De Gaulle, il détesta tout autant. Des hauts gradés et des politiciens de l’Arrière, en somme. Et autour d'eux, partout, des politicards.

Alors si cracher sur Pétain à présent, si détourner les regards et ne plus prononcer les mots, ça sert à porter aux nues Hollande et ses sbires lamentablement révisionnistes, à justifier l’auto flagellation devant Netanyahu  et la repentance chiraquienne, très peu pour moi, merci! Je n’ai fait déporter ni dénoncé personne, mes parents et grands-parents non plus, alors basta !  Je prends avec moi l’histoire de mon vieux pays avec toutes ses zones d’ombre parce que, comme Nauher le dit très justement dans ce billet, c’est aussi par et dans son histoire que je me construis, et non pas dans celle, balbutiante et mort-née, de la zone, et pas davantage dans celle de cette abstraction bizarre et fausse qu’est le monde.  L'histoire, toute entière de mon pays, qui ne commença pas en 1945, Dieu merci.

C'est pourquoi je prends aussi avec moi tous les écrivains, les poètes, les architectes, les musiciens et les peintres de l’Ancien Régime, autant que les Zola et les Camus, Soufflot bien davantage que Le Corbusier, et les rois autant que les présidents, les seconds pouvant souvent pâtir de la comparaison avec les premiers, il faut bien le reconnaître (2). Je prends l'Ancien Régime et le Nouveau, comme l'Ancien et le Nouveau Testament. Et plutôt que Schuman, Monnet, leurs traités mal ficelés et leur monnaie dérisoire, je prends Dante et Shakespeare, Platon et Hölderlin, Dostoïevski et Cervantes. L'Europe, autrement dit.

Je prends tout ceux-là avec moi. N’en déplaise à Léa Salamé, Cohn Bendit, et tous ceux qui semblent penser que la France, ce n’est qu’un état-civil désormais plastifié pour tous les damnés de la Terre, qui naquit le jour de la condamnation de Pétain.

Et je garde au cœur la Fille aînée de l’Eglise, celle à laquelle Jean Paul II demanda ce qu’elle avait bien fait de son baptême au milieu de toute la confusion du siècle, autant que celle des Droits de l’homme, qu’on vit trop souvent massacrer ses propres enfants au nom de ces mêmes Droits. Je prends toute la complexité si belle, si enrichissante, si exigeante -et souvent si déchirante de  cet héritage français.

 (1) Mais quand ils eurent sauvé cette France là de la seule manière dont ils fussent capables, quand ils l'eurent reprise à l'ennemi, et furent rentrés tranquillement chez eux, comment aurait-on pu les persuader de la sauver à nouveau ?  Car un gouffre s'était creusé peu à peu, durant ces quatre années, entre l'Arrière et l'Avant, un gouffre que le temps ne devait combler qu'en apparence   (Bernanos - La France contre les robots)

(2) Si je trouve l’actuel pingouin de la République si inepte, si pauvre, si vide, c’est peut-être parce que – à ce qu’il prétend -, l’Histoire de mon pays commencerait en 1789. Un révisionnisme terrible, l’un des pires, des plus communément admis. Et pourtant : est-ce bien la Tour Eiffel et les colonnes Buren qui font de Paris, comme s’en vantent quelques modernistes béats, la première destination touristique du monde ? 

samedi, 14 juin 2014

Dieudonné, la cyberhaine et la quenelle lyonnaise

Dieudonné passe à Lyon dans un désintérêt total, titre Lyon Capitale. Désintérêt du public non pas pour son spectacle, qui affichait complet hier soir dans une salle de 3500 places (l’Amphithéâtre) mais pour ceux qui, en termes aussi inconscients que provocateurs, ont naguère appelé à son boycott : Vigilance 69, par exemple, qui exigea auprès du préfet de Lyon l’annulation du spectacle en ces termes : « Lyon ne doit pas être le lieu de tous les rassemblements fascistes et antisémites ». Ou l’inénarrable monsieur Patrick Kahn (1), porte parole de la Licra Rhône-Alpes, qui ayant tout juste réussi à réunir un millier de personnes devant la préfecture du Rhône mercredi soir, engage toute sa rhétorique contre ce qu’il nomme plaisamment « la cyberhaine », et ne craint pas d’évoquer la peur que Lyon ne devienne une plate forme de l’extrême droite ». Collomb appréciera.

Tous ces amalgames ne sont pas uniquement ridicules, ils sont malfaisants. Car ces associations qui attaquent sans cesse Soral, Dieudonné, voire Zemmour, c'est-à-dire un savoyard,un noir et un juif, feraient bien mieux d’aller écouter de plus près de ce qui se dit dans certaines salles de prières de l’Islam radical. Mais leurs leaders ne semblent pas pressés d’identifier où se trouvent les racines de la nouvelle judéo-phobie qu’ils dénoncent et qui, malgré les chiffons rouges qu’ils agitent jusque dans les ministères, est heureusement loin d’être majoritaire en France.

Parmi ces allégations stupides et de mauvaise foi, la première est d’assimiler le spectacle de l’humoriste franco-camerounais à un meeting. Car la différence entre les deux est facile à repérer : dans un meeting du PS ou de l’UMP, on se fait littéralement chier. Dans des meetings plus partisans, comme ceux de Le Pen ou de Mélenchon, flottent certes  des parfums de lyrisme suranné. La France de Jeanne d’Arc contre celle de Louise Michel pour pousser la caricature. Mais enfin, on  rigole rarement, convenons en. Chez Dieudonné, on rigole. C’est ce qui fait la différence entre un meeting et un spectacle.

Mais de quoi rigole-t-on au juste ? Sans tout le tapage médiatico-politicien orchestré autour de sa personne, j’avoue que je ne me serais jamais rendu dans un de ces concerts, n’ayant suivi que de fort loin ses démêlés avec le CRIF depuis son fameux sketch chez Fogiel. Mais, vu la grande confiance que j’accorde aux divers porte paroles de l’establishment, je préfère constater par moi-même, plutôt que d’avaler des fadaises à la cuillère, comme si on nous faisait vivre dans une  incessante campagne électorale.  

J’ai passé une bonne soirée, au sein d’un public qui reflète bien cette France à plusieurs vitesses de 2014, dans laquelle faire rire de la ligne officielle est devenu une gageure. Car, faut-il le rappeler, un bon comique est quelqu’un qui fait rire non pas de l’autre, mais de soi-même. Or comment faire rire cette France aseptisée d’elle-même ? Cette France écartelée entre les discours, dont ses dirigeants se gargarisent, sur la sacralité d’un prétendu universalisme républicain, les guerres dans le monde qu’ils mènent au côté de l’Otan, et les politiques communautaristes à visée électoraliste qu’ils conduisent en sous main ? Cette France qu’on déclare en haut lieu frileuse, anxieuse, honteuse, populiste (ce que l’adjectif haineux partout répandu prétend reprendre en un seul mot) ? Comment la faire rire, sinon, comme la tradition la plus moliéresque le veut, en riant de ses peurs, de ses phobies, de ses mœurs ?  Dieudonné énerve en haut lieu, il ne ferait  « plus rire personne » ont affirmé BHL et Manuel Valls. C’est que son humour brise un à un tous les poncifs de l’idéologie sociétale dominante,  dans laquelle son public a été élevé, et dont il semble qu’il soit plus que las.

Les ambiguïtés de la tolérance, avec le mariage pour tous et la marchandisation des corps, tout d’abord : Comme Cabu riait jadis du beauf en slip kangourou sautant sa bourgeoise pour la trousser en cinq minutes avant de ronfler, Dieudonné se paye la tête du couple d’homosexuels blanc, parti en Afrique pour acheter un enfant à adopter, et à qui un trafiquant d’organes et de bébés noirs dit : « méfiez-vous, ici on n’est pas homophobe, mais homophage » ;

Le rôle de l'école, et de l’histoire officielle qu'on y enseigne, ensuite (avec le chapitre à lire « toujours le même »). Un petit gosse noir s’en plaint à son père. Le père excédé dit alors à son fils « va au moins à la récréation ». C’est du très bon Petit Nicolas à l'envers, qui se paye la tronche de l’éducation citoyenne et du credo antiraciste qui la sous-tend.

Les comiques officiels,- et l’on pense à Jamel Debbouze, qui soutint jadis Dieudonné, et qui danse à présent en solo avec Hollande. L"humoriste n'hésite pas à se gausser de son ancien compère Elie Semoun qui peine à remplir les salles, malgré la promo dont il bénéficie sur tous les plateaux télé, et les réductions en comités d’entreprise. Plus généralement, lorsqu'il aborde la question du comique et de la censure, de la censure et du pouvoir, de la réussite et de l'argent, mettant en lumière les liens entre comique et compromission, on comprend vite tout ce que Dieudonné dérange dans le petit univers du show-business;

Dieudonné expliqua un jour dans une interview qu’il aimait que « les racines du rire soient dérangeantes »  En filigrane, donc, sur ceux qui incarnent le pouvoir de la loi (huissiers, juges, Conseil d’Etat, Valls, Hollande) et de la vertu moralisante (sionistes et francs-maçons), Dieudonné tape sans concession et sans discrimination.

Le caritatif bisounours en prend aussi pour son grade lorsqu’il termine sur l’évocation de Romain, l’adolescent cancéreux qui roula dans la farine l’association Make a wish, et se paie le luxe – en hommage au panache de ce dernier– de faire « une quenelle dans le fion de la peur ». Il fait alors chanter « Hollande l’entends tu, qui se glisse dans ton c… la quenelle… » à tout son public, comme Le Luron en son temps faisait chanter « L’emmerdant, c’est la rose... ». A la manière d’un formidable Bruant nègre, il dresse le rire (faute de mieux) devant la duplicité du pouvoir en place, qui feint de ne jamais assumer la brutalité de son autorité et l’hypocrisie de sa compassion à géométrie variable. On pense à la querelle entre Molière et les faux-dévots, à l’interdiction dont l’histoire littéraire nous apprit qu’elle fut si vaine du Tartuffe, et l’on se demande sous quelles conditions Valls, prétendument si habile communicant, a pu tomber si stupidement dans le piège du soutien inconditionnel aux desiderata du  CRIF.

Pendant ce temps là, justement, le même Premier Ministre s’inquiète du risque qui «existe que Marine le Pen soit présente au second tour ». Ha ha ! Ce qui existe, il l'a parfaitement compris, c’est le risque qu’un socialiste (en l’occurrence lui-même) ne s'y trouve pas ! Car c’est une erreur, une grossière erreur à long terme, la pire que puisse faire un  politique, de s’en prendre à un comique populaire.

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(1) Déclaration de Patrick Kahn, qui permet de comprendre pas mal de faux semblants : « Pourquoi assiste-t-on à une condamnation unanime des récents propos de M. Le Pen – ce qui est très bien – alors qu'il y a une telle indifférence avec un mec comme Dieudonné qui dit des choses cent fois pires ? » 

lundi, 28 mai 2012

A nos Zemmours (2)

A quelques jours de son procès,  mardi prochain le 29 mai 2012 à 13h30 à la 17ème chambre correctionnelle du TGI de Paris pour diffamation, RTL a fait le buzz en annonçant son intention de se séparer du chroniqueur Eric Zemmour. Compte-t-elle, en faisant une aussi grossière allégeance, demeurer longtemps la première radio de France ? Car ce n’est évidemment pas en virant Zemmour de RTL qu’on bâillonnera le mouvement d’opinion profond et disparate dont il est l'un des porte-paroles, bien au contraire. C’’est plutôt même le résultat inverse qu’on risque d’obtenir : outre la publicité faite aux ouvrages du pamphlétaire, RTL passe ouvertement - l'Assemblée Nationale pas encore renouvelée - pour une radio  léchant avec une suspecte suavité les bottes  du nouveau pouvoir élyséen

A peine ce licenciement annoncé, on a pu lire ça et là une défense du polémiste qui s’est toujours faite sur le même mode bien faux-cul :

1.J’ai horreur de ce que dit Zemmour  (variante :je n’écoutais pas Zemmour…)

II Mais au nom de la liberté d’expression… bla bla  

Pour ma part, ce n’est pas au nom de la liberté d’expression elle-même que cette éviction m’indigne, Mais au nom de la défense de la bonne et joyeuse polémique, art dans lequel Zemmour excelle.  Vous allez me dire que c’est la même chose. Non pas ! La liberté d’expression, dans un univers médiatique entièrement surgi et bâti dans la propagande (voir Bernays) est de toute façon inexistante puisque les chroniqueurs admis sur les antennes doivent se situer dans tel ou tel sillon des quelques débats simplifiés que leur impose le grand show qui les rétribue. Mais la polémique est un genre, comme le lyrisme ou le dramatique, ou encore le patinage artistique, si vous voulez. Un genre tout en nuances, en outrances, en raffinement, en brio et en excès ; un genre éminemment spectaculaire (on parlait de joutes verbales – fut un temps), stylé (il engage tous les registres de langue et toutes les figures de style)  et particulièrement littéraire, car on ne peut polémiquer si on confond sans arrêt le mot et la chose, ce que les temps simplistes et médiatiques dans lesquels nous avons le malheur de vivre font de plus en plus, à la plus grande joie des cabinets d’avocats.

Il fut un temps où la parole publique exposait et où le pamphlétaire était un homme en danger. Encore une fois, je ne crois pas que Zemmour risque grand-chose dans cette aventure, sinon de voir sa carrière, comme après sa prudente  éviction par le très conformiste Laurent Ruquier du plateau de On n’est pas couché, relancée autre part. C’est plutôt RTL qui risque de passer pour une radio de couilles molles, et Taubira pour un Robespierre en jupons…  Etait-ce là l'ultime but recherché ? Sait-on jamais....

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