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mardi, 24 mai 2016

Le stade et la pompe à essence

« Nous avons besoin de vivre, sinon c'est la peur, et la peur c'est le repli sur soi, c'est une victoire des terroristes » a lâché le premier ministre pour justifier le maintien de l’euro et des fan zones dans les centres villes.

Rien n’est plus étranger à la pensée rationnelle que ce type de proposition binaire faite d’amalgames fortuits, d’implicites malsains et d’oppositions à la petite semaine, à l’image de ce gouvernement perdu.

Nous avons besoin de vivre, c’est un truisme. Pour autant, la vie, est-ce comme le présuppose le catalan fan du Barça et profondément démago qui occupe Matignon, le foot spectacle ? Sinon c’est la peur … Nous sommes, du point de vue de la syntaxe, à peine au niveau du BEPC. Le contraire de la vie serait plutôt la mort, il faudrait donc plutôt dire : « nous avons besoin de vivre, sinon c’est la mort ». Or ce besoin de vivre appelle à la prudence quiconque aime la vie et c’est finalement ce risque de mort – si l’on en croit sa décision de maintenir l’état d’urgence –  que choisit Valls en offrant à qui veut s’en saisir  (sommes-nous ou non en état de guerre ?) des lieux de rassemblements urbains de premier choix où frapper

La peur, que j’appellerais plutôt prudence, est ensuite diaboliquement associée au repli sur soi. Tout d'abord ce que cet idiot nomme le repli sur soi n’est pas forcément mauvais, car il est indispensable à l’intériorisation, l’introspection, la réflexion, la prière, en somme, l’intelligence. Mais bon, dans son amalgame d’aboyeur politicien, on entend ce que Valls veut dire : la culture de masse, le tous ensemble et le pour tous, c’est la seule culture et le solitaire est par nature un pauvre type, un aliéné, un intolérant, un dépressif. En résumé, un réactionnaire, et quand on est à court d'arguments, un fasciste. Un connard qui n'a pas compris que le bonheur est dans l’hystérie collective et l’adhésion à ses valeurs. Et voilà que surgit le méchant loup, le diable, les terroristes…Ne pas aimer le foot, ne pas croire à l’avenir de cette société inculte et violente, c’est implicitement apporter un soutien aux terroristes…

Dans un autre discours, cet idiot aurait tout autant pu dire « c’est une victoire des grévistes »

«Nous avons besoin de vivre [c’est-à-dire rouler en voiture pour aller au stade] sinon c’est la peur, et la peur c’est le repli sur soi [la marche à pieds, le vélo, la trottinette ?], c’est une victoire des grévistes. »

Les éléments de langage ont ceci de caractéristique qu’ils sont interchangeables, toujours. Et peu importe si la syntaxe, la logique, la finesse d’esprit et la langue française se fracassent contre eux, c’est avec eux qu’on gère les masses quand on est socialiste. En même temps, la CGT qui se mord les doigts aujourd'hui les a mis au pouvoir, ceux qui lui tirent dessus à présent, a-t-elle oublié ses consignes de votes pour l’idiot de l’Elysée ? Moi, non...Les éléments de langage sont tels des pictogrammes ou des pancartes, ils disent où il faut aller pour être socialistes et européens, au stade et à la pompe à essence, comme ils vous diront à quel bureau de vote…

Le plus drôle, dans la sordide fable de ce temps sans relief ni intérêt, c’est que soixante ans de pompe à essence ont si bien enrichi les wahhabites et les salafistes du triste désert qu’ils contrôlent aujourd’hui à la fois le stade, la pompe à essence et les poseurs de bombes…

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11:23 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cgt, grévistes, fan zone, euro, valls, loi travail | | |

jeudi, 19 novembre 2015

Bombarder Molenbeek

« Nous avons un ennemi, c’est l’islamisme radical », affirme Manuel Valls. Ce que Philippot et Le Pen répètent depuis des années à longueur de colonnes. Quant à Hollande, le voilà qui s’allie enfin avec Poutine, après avoir refusé de lui vendre les porte avions, ce qui a encore coûté je ne sais plus combien d’euros à l’état. Mais les contribuables seront là pour combler les déficits. Là encore, il ne fait que s’aligner sur des positions logiques et défendues par le Front national depuis des années. Même le ventre-mou Juppé, la sagesse faite homme d’après les medias bobos parisiens, consent à dire que la ligne anti-Bachar était une erreur.  Il leur aura quand même fallu les attentats de Paris pour réagir. Allez savoir quels égarements, quelles errances, quels reniements inavouables de cette diplomatie de pingouin est à l’origine d’un règlement de compte aussi sanglant ?  J'attends de voir comment il vont nous expliquer à présent que le Front National est un parti fasciste dans leurs prochains congrès communs... 

La morale de cette histoire est qu’on forme de meilleurs chef d’Etat dans les couloirs du KGB que dans les amphithéâtres des universités d'été du PS à La Rochelle, n’en déplaise à notre bourgeoisie française aussi pédante qu'éclairée, qui depuis la révolution sémantique qu’elle aura plébiscitée depuis des mois partout n'est parvenue à se hisser qu'à la hauteur de la bourgeoisie belge.

Zemmour (encore lui) s’est illustré hier sur l’antenne de RTL en disant qu’au lieu de bombarder Raqqa en Syrie, la France ferait mieux de bombarder Molenbeek. Françoise Schepmans, la sérieuse bourgmestre du coin, une quelconque Bélise coincée du dictionnaire qui parait avoir autant d’humour que notre Philaminte Taubira de la place Vendôme, s’insurge évidemment, entourée d’une armée de petits chiens sur les réseaux sociaux. RTL doit défendre le second degré de son chroniqueur, au pays de Molière ! Nous n’avons eu de cesse, sur ce blogue comme sur d’autres, de dénoncer cette guerre aux mots entreprise par ce gouvernement de Trissotin et de Femmes savantes, auquel on souhaite la déculottée qu’il mérite aux prochaines élections et avec lequel, malgré la propagande officielle, nous ne sommes en rien solidaires, au vu de son incompétence économique, diplomatique et culturelle généralisée.

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07:37 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : molenbeek, zemmour, rtl, valls, phillipot, ju^ppé, france, poutine, raqqa, syrie, françoise schepmans | | |

mardi, 16 juin 2015

Compatibles ?

Pour le maçon Manuel Valls, la France et l’Islam seraient donc pleinement compatibles. On est si habitué à écouter ses âneries qu'on pourrait à la limite ne pas s'arrêter sur celle-ci. Pourtant une affirmation aussi péremptoire demande qu’on la considère quelques minutes.

L’Islam ? Valls souhaite, « en faire jaillir au grand jour ce qu’en est la réalité ». Manuel, le grand mage de l’esprit du 11 janvier veut-il connaître la réalité de l’Islam ? Il n'a qu'à écouter Dalil Boubakeur, président sortant du Conseil français du culte musulman, qui s’empresse alors de la lui dévoiler en déclarant qu’il serait envisageable de transformer « les églises abandonnées » en mosquées… La France de 2015, sous le président Hollande…. Triste, sordide déclin. Délitement.

 « C'est le même Dieu, », ose donc affirmer l’impayable Boubakeur devant le déiste Valls, balayant d’un revers de main  la Trinité, la Passion, et des siècles de théologie autrement plus subtile et raffinée, que ce genre de slogan pour décérébrés républicains. Ignorant, pour le coup, des siècles d'histoire et de culture. Car de deux choses l’une : soit le Dieu de l’Islam et Celui du Christianisme sont les mêmes, et le Christ étant mort pour la conversion des pécheurs pénitents, tous les musulmans de France n’ont plus qu’à se convertir pour rencontrer leur propre Dieu et être justifiés. Soit Il n’est pas le même, et dans ce cas-là, Valls et ses sbires sont encore en train de mentir et devraient de toute urgence relire les épitres de Paul, celle « aux Musulmans » restant bien sûr à déduire de toutes celles adressées aux Romains, Ephésiens et autres Galates. « Vous n’êtes pas sous la Loi, mais sous la Grâce » dit l’Apôtre ; et il leur explique que le vieil homme, celui qui n'a que la Loi, a été crucifié avec Lui. Oui, crucifié, afin d'être justifié.

Selon cette logique, qui est la logique du christianisme, déclarer identiques des lieux où se célèbre l’Eucharistie et d'autres lieux où se revendique la pré-éminence de la Loi qui lui est antérieure, comparer les deux comme des lieux où se célèbreraient deux mêmes rites, cela relève donc du pur blasphème.

Or « ce sont des rites qui sont voisins et fraternels », rajoute Boubakeur, énonçant une scandaleuse contre-vérité théologique. Car il n’y a rien de voisin ni de fraternel dans une religion qui nie totalement depuis des siècles ce qui fait l’essence et la raison d’être de l’autre, à savoir la Passion et la Divinité du Christ. Ce qui n’empêche évidemment pas chrétiens et musulmans de s’aimer fraternellement dans leur humanité, mais cela ne peut s'étendre au domaine religieux sans tomber dans la pure hérésie, ce que Valls, Boubakeur et tous les réformateurs zélés au plus haut de l’Etat (comme peut-être dans certains cas au sommet de l'Église) font mine d’ ignorer, ce qui constitue un aveu.

Et, rajoute Boubakeur, «  Je pense que musulmans et chrétiens peuvent coexister et vivre ensemble ». Curieuse conception du vivre ensemble que celle qui consiste à se substituer à, et qu’on voit à l’œuvre dans d’autres parties du monde.

 

La question que tout cela pose crument à chaque Français est finalement celle de sa propre apostasie : à chacun de se demander s’il est prêt à abandonner purement et simplement la religion de ses pères. Sinon, il peut toujours retourner aux églises, et la question de savoir si elles peuvent ou non être légalement et publiquement transformées en mosquées ne se posera plus.

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dimanche, 15 mars 2015

Ruquier, entre parenthèses et points de suspension

Sous un régime « de droite » (Sarkozy), un homme « de gauche » (Ruquier) a pu non seulement conserver son droit d’antenne, mais également fonder une émission télé (ONPC) et,  grâce à un homme de droite (Zemmour) en faire une des émissions culte (comme on dit) du samedi soir cathodique.  Des c……. en or, j'vous dit pas ! Mais voilà que sous un régime « de gauche » (Hollande, Taubira, Valls et le reste du tralala), ce même Ruquier, dans un numéro d’ego hypertrophié regrette publiquement d’avoir «donné la parole pendant cinq ans à Éric Zemmour». Ce qui revient à condamner le principe même de son émission. 

Sur l’état du service public hollandais, tout est dit. Sur le nouveu goût de ce monsieur Ruquier pour la polémique aussi. Sur la vie intellectuelle en France, l'amour du débat, le goût de la contradiction, on pourrait ainsi continuer longtemps : Être Charlie, c’est aimer la liberté d’expression, le crier sur tous les toits tout en faisant son allégeance contrite au pouvoir en place et à la censure du vivre ensemble de M.Cazeneuve et Me Taubira. Être un veau, quoi ! Grotesque ! Un vrai comportement de l…… (Points de suspension pour ne pas être traité d’homophobe).  Entre parenthèses et en points de suspension pour ne pas vomir.

 

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17:57 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : ruquier, zemmour, onpc, valls, taubira, hollande, charlie, soicalisme, gauche | | |

lundi, 09 mars 2015

Le Clezio, Le Pen, Le Valls, L'Onfray & autres crétins

« Si Le Pen gagne, je rendrai mon passeport français » vient de déclarer le chevaleresque Le Clezio. Si Marine Le Pen gagne quoi ?  On n’en sait rien puisque l’élection n'est qu'en 2017 et que le calendrier actuel végète dans le  tout cantonal ; mais pour le prestigieux Nobel de 2008, ça ne mange pas de pain de prétendre s’acheter une conscience auprès des imbéciles : il rêverait sans doute que Marine fût Napoléon III, sa « résistance au fascisme » n’en serait que mieux taillée à la dimension des grands intellectuels légendaires dormant au Panthéon. Gustave-Marie s’attend-il à ce que, sitôt élue, le cauchemar de l’intelligentsia de gauche (où ce qu’il en reste) accomplisse un coup d’État, tout comme Louis Napoléon ?  Allez savoir ce qui tourne dans la tête des oisifs quand ils pensent...

« Quand je vois le FN monter en France, je me sens plus Mauricien que jamais » Grand bien lui en fasse. Ah ! si Le Pen était Napoléon III, Le Clézio pourrait se rêver dans la défroque de Hugo, certes.  Mais les temps sont petits, les hommes et les femmes aussi. Et tout compte fait, entre un exil à Guernesey et une villégiature sur l’ïle Maurice, se creuse le même écart qu'entre le courage politique de l'exil et la fatuité médiatique de l'amphigouri.. « Je ne comprends pas les Français. », conclut-il. « Nous devrions éliminer les frontières pour laisser les gens circuler. » Encore un mal-grandi qui a trop chanté Lennon, et n’imagine pas l'existence des gens qui n’ont jamais eu les moyens, précisément, de circuler, ni le privilège de la double nationalité, qui permet de rendre aussi inconséquemment un passeport pour faire un simple effet.

 

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Le Pen, décidément, à croire qu’ils l’appellent tous inconsciemment de leurs vœux. La France va se « fracasser contre », a déclaré Valls, confondant sans doute, dans un saisissant aveu, la France et le PS. Ce matin, le premier ministre au regard d’acier s’est fait traiter de crétin par Michel Onfray, qu’il avait accusé dans la foulée d’avoir perdu ses repères en préférant l'intellectuel de la Nouvelle droite, Alain de Benoist, à Bernard-Henri Lévy. « Il a dû avoir ses fameux conseillers en communication qui lui ont fabriqué une petite fiche, ils n'ont pas compris ce que j'avais écrit, a déclaré le philosophe sur Europe 1. C'est un crétin ; J'ai vérifié dans le dictionnaire, ça s'appelle un crétin. Ce n'est pas insultant, c'est familier. Un crétin est un personnage qui vous fait tenir des propos que vous n'avez pas tenus et qui se contente de lire les fiches de ses conseillers en communication, des petits gominés trentenaires. Moi j'ai dit que je préférais une idée juste d'Alain de Benoist à une idée fausse de Bernard-Henri Lévy, et que si l'idée était juste chez Bernard-Henri Lévy et fausse chez Alain de Benoist, je préfèrerais l'idée juste de Bernard-Henri Lévy. Donc, je n'ai jamais dit que je préférais Alain de Benoist à Bernard-Henri Lévy. Je fais juste mon travail de philosophe en disant que je préfère une idée juste, et mon problème n'est pas de savoir si cette idée juste, elle est de droite ou de gauche. Moi, l'homme de gauche, je préfère une idée juste de droite à une idée fausse de gauche. J'ai l'impression que Manuel Valls pense le contraire, a poursuivi Michel Onfray. C'est-à-dire qu'il préfère une idée fausse, pourvu qu'elle soit de gauche, à une idée juste si elle est de droite. Cela s'appelle de l'idéologie et un philosophe ne peut pas laisser passer une chose pareille. Les repères sont perdus depuis que Mitterrand a converti la gauche à la droite. Les reniements de la gauche font Marine Le Pen, créent Marine Le Pen et nourrissent Marie Le Pen », a enfin conclu Onfray, paraphrasant Sarkozy et son FNPS.

Je suis d’accord avec Onfray sur ce dernier point mitterrandien. BHL de gauche, en revanche, ça fait un peu sourire.. Mais que peut être désormais la vie politique de gauche sinon une simple posture ? Cela dit, je ne suis pas d'accord sur le fait que Valls soit un crétin. Souvenons-nous que le terme provient de chrétien, au sens d’innocent.  Et innocent,  le triste sire dans son « combat contre la haaiïïïnnne » ne l’est guère. Pas davantage, d'ailleurs, que chrétien...

mardi, 09 septembre 2014

Dit en passant

Il y a comme des seuils dans l’ignominie et l’absurdité, au-delà desquels, saisi de nausée, on n’a plus envie d’en parler. Hollande se sentant obligé de jouer les François en déclarant  que les pauvres sont sa raison d’être, Thévenoud avouant sa phobie administrative, Valls aboyant que Marine Le Pen est aux portes du pouvoir, ces socialistes, je ne peux plus les voir, les entendre, les supporter. Leurs discours sur la France, la dignité, je bouche les oreilles, ferme les écoutilles, ils n’ont rien à voir ni à faire, ni avec la France, ni avec la dignité,tout ça devient obscène.

J’entendais Fabrice Lucchini l’autre soir à la télé dire que pour affronter le monde tel qu’il est, la France n’avait plus besoin de ces guignols, mais qu’elle devait revenir là d’où elle parle, de ses écrivains. Et le comédien de citer Flaubert, La Fontaine, Céline, bien sûr… A quoi je rajouterai Chateaubriand, Bloy, Bernanos et Péguy. Et les poètes, de Ronsard à Bonnefoy, et les dramaturges, de Rotrou à Jarry. A quoi bon dresser des listes. Le problème de Hollande, disait-il, c’est qu’il ne lit pas, ni romans ni poésie. Il n’a, et c’est le fond du problème, aucune capacité à représenter la culture française.(1) Ou alors comme une culture morte, vide et conceptuelle, à quoi il donne le nom de République. Ce n’est pas mon pays.

Oui, pour aimer la France, il faut beaucoup de littérature. Ce n’est pas nouveau et n’est pas De Gaulle qui veut. L’époque n’est ni classique ni romantique, comment la décrire ? Les gestionnaires techniciens en costumes ou en tailleurs bleus et gris qui déambulent sur nos écrans, le sourire figé, ne sont que les ombres de la non-France, de la non-vie, de la mort.

 

Cela ne m’empêchera nullement de rire et d’être heureux. De rire d’eux, contre eux et sans eux. D’être heureux malgré eux, et malgré la tristesse profonde que je ressens pour mon pays si mal traité, si mal compris et si mal gouverné.

(1) Et Valls n'est pas mieux. Sans doute même pire. 

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Balzac, La Comédie humaine, ed FURNE -  

 

jeudi, 28 août 2014

Une révolte des honnêtes gens est-elle encore possible ?

« Il faut savoir quitter la scène quand on ne sait pas jouer plus longtemps la comédie ». La phrase de Montebourg,  lors de la passation de pouvoir avec Macron, a fait le tour des réseaux sociaux. Résonne  du Aznavour, là-dedans  («  il faut savoir quitter la table lorsque l’amour est desservi »). Du Macbeth, également. Le baroque en moins. Car si, dans Shakespeare, «la vie n’est qu’un théâtre pour un pauvre comédien qui se pavane une heure durant sur la scène », on ne parle ici que de politique. Et dans la zone euro, la politique, ça se bornera, tant que cela tiendra, a de la communication.

Montebourg ne saurait donc plus jouer la comédie ? Allons, allons… le deuxième verbe savoir a une toute autre connotation que le premier. Je l’entends comme « quand on n’a plus le cœur de jouer la comédie ». Reconnaissons à Montebourg, qui est un filou, un sens de la langue de moins en moins partagé dans la classe politique.  Il n’a plus le cœur de jouer la comédie. Il ne le sent plus, comme disent les élèves. Il va placer sa mise sur un autre tapis.

Valls, lui, a encore le cœur de la jouer, la comédie. Et il la joue fort bien à en croire la standing ovation qu’il est allé chercher au MEDEF. Ce type est étonnant : lorsqu’il se tait, il a un regard torve, le facies crispé. Ouvrir la bouche et se mettre et égrener des éléments de langage, ça le détend même si (contagion hollandaise), on sent l’énergie s’amoindrir et donner dans le poum poum peu éloquent de temps en temps. Standing ovation du patronat français, donc, dont le trésorier n’aura pas loué pour rien la moquette de son université d’été.  

S’il y a un lieu où le discours se borne a de la communication, c’est bien le MEDEF. Anne Méaux en sait quelque chose, dont l’agence de communication Image 7 assure la communication d’un bon tiers des patrons du MEDEF. C’est elle aussi qui, un jour, déclara que De Gaulle remontant les Champs lors de la Libération de Paris, dont le pingouin commémora sous la flotte l’anniversaire l’autre soir, ce fut la première opération de communication du monde moderne.

Une scène de théâtre, donc. Je ne suis pas certain, toutefois, qu’à l’heure où l’on annonce une nouvelle progression du chômage, montrer les entrées et sorties de l’Elysée de toute la bande des comiques, dignes au mieux de Gala, soit une bonne communication.  Avec le nombre de chômeurs, on revient soudain au Réel, celui dont la communication politique n’a qu’une mission : trouver un sens, une orientation qui le fassent oublier.

Quand on a bien compris cela, on n’attend plus rien, en effet, des gestionnaires de la zone. C’est un sentiment de plus en plus partagé. La preuve ?  A peine nommé, ce gouvernement est déjà majoritairement impopulaire. Alors ? allons-nous assister à une insurrection des honnêtes gens ? Cela aurait de l’allure, les petites gens d’Orwell, renversant la scène et tous les clowns qui s’engraissent dessus, au nom de la fameuse common decency.  Mais c’est hélas fort improbable. Car il leur manque un levier.

Cela m’a toujours étonné, le fait que les leçons d’Henriette de Mortsauf (1) à Félix de Vandenesse et celles de Vautrin (2) à Eugène de Rastignac puis Lucien de Rubempré soient si proches l’une de l’autre dans leurs conclusion : une comtesse et un forçat ! Un pédéraste et une sainte !

Tous deux constatent que l’ambition est la passion humaine  la plus puissante, qu’elle en est même « la loi générale » déclare Henriette de Mortsauf. La nécessité étant donc de grimper dans la société, il faut que l’échelle sur laquelle on s’appuie soit stable. Voilà pourquoi, concluent-ils tous deux, la société a besoin d’ordre, et pourquoi l’ambitieux aime l’ordre social, qu’il soit finalement ministre ou forçat : non qu’il l’estime, mais il en a, tout simplement, besoin.  Voilà aussi pourquoi l’ambitieux hait tant le révolutionnaire : l’ambitieux n’est jamais un révolté, mais un conquérant. L’ambitieux est, par nature, un réactionnaire.

Ajoutons à cela que, pour beaucoup, la Révolution a cessé d’être un idéal depuis les expériences malheureuses de 1830 et 1848. Ne parlons pas de 1870 et 1917. La Révolution s’est révélée comme une autre façon d’exprimer son ambition. Et, pour ses leaders, une autre façon, plus radicale, de grimper – telle fut la grande leçon de l’URSS. Sans parler des millions de morts. Telle est aussi celle du socialisme français, dans sa version prosaïquement et tièdement embourgeoisé. C’est pourquoi Hollande ne peut être, du Bourget jusqu’à maintenant, qu’un comique qui sonne creux.

On m’objectera que les honnêtes gens, les braves gens ne sont ni des Rubempré ni des Rastignac, ni des Valls ni des Montebourg, ni des Hollande ni des Vautrin. Je demande à voir ; car, comme diraient La Bruyère, ils sont hommes…

 

Ce qui est certain, c’est que c’est l’Europe, et pour tout dire l’Allemagne, qui « tient » l’ordre social et économique en France en ce moment, dès lors que l’exécutif français a décidé de rester dans l’euro. Ce sont les Allemands qui tiennent l’échelle. C’est ce qui explique les scores populaires du Front National : pas de Révolution en France sans récupération totale de la souveraineté populaire, voilà ce que sentent instinctivement les pauvres, et c’est une évidence à la fois historique et politique. L’échec de Mélenchon ou celui de Besancenot tient essentiellement à cela : Croire encore à la possibilité d’une Révolution supranationale, ou même à l’échelle d’une Europe qui, depuis la chute du Mur, est entièrement manufacturée par l’OTAN.

Un ordre social et économique dépendant de l'Allemagne : les Français, peuple historiquement autonome, supporteront-ils longtemps ce joug ?

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Vautrin et Rastignac dans la cour de la pension Vauquer

 

'1 - Balzac, Le Lys dans la Vallée

 2 - Balzac, Le Père Goriot, Illusions perdues

lundi, 25 août 2014

49,3

Les gens friands de politique spectacle étaient servi, hier soir : un ministre démissionnaire (ou démissionné) sur la première chaîne, un autre sur la deuxième. En toile de fond, Angela Merkel, souhaitant ironiquement bonne chance « au président français », comme si elle s’adressait avec condescendance à un subalterne. Subalterne, ce président l’est dans l’âme, et il est clair que c’est désormais Valls qui se retrouve aux commandes du pays.

Ce dernier a fait ses classes à Matignon, sous Rocard, lequel gouverna à coups de 49,3 (1) la majorité relative que lui avait laissée à l’Assemblée les louvoiements du vieux Mitterrand. Naviguer à vue d’un projet de loi à l’autre, Valls qui, sans jeu de mots, porte bien son nom, saura donc faire : Avec ses 42 conseillers (dont le fils de Michel Rocard, un certain Loïc,récemment embauché) il négociera le soutien tantôt des uns, tantôt des autres (du parti de gauche aux centristes, sans compter les radicaux et les sans étiquette). Comme en ces temps-là, on parlera de crise de régime et de décomposition politique. De VIe République. Pourtant, paradoxalement, c’est De Gaulle et son 49,3 qui sauveront Hollande comme, jadis, Mitterrand. 

On touche là à la raison profonde de ma détestation du socialisme : car ces gens-là sont en fait fascinés par cette toute puissance qu’ils critiquent. Le coup d’état permanent, qu’ils contestent lorsqu’ils sont dans l’opposition, ils s’en emparent avec une onctuosité d’évêque dès qu’ils le peuvent. Tout ce qu’ils ont reproché à la droite de Sarkozy  (on se souvient du Merkozy), ils l’appliquent sans état d’âme dès qu’ils sont en place, se gargarisant de titres, d'honneurs et de commémorations. Hollande est de ce point de vue socialiste jusqu’au dernier poil de son cul, qui ne cesse de sanctifier le Général depuis plusieurs mois. Or, je me demande (2) ce que le Général penserait de cet ectoplasme, franchement...

La leçon que j’en tire est celle que j’avais déjà tirée lorsque je l’ai vu rappliquer, il y a trois ans : Les hommes ne changent pas. Il est donc vain d’espérer le changement, du moins un changement réel,  tant qu'on garde les mêmes hommes. Penser que Ségolène Royal, perdante d'une élection présidentielle, puis battue aux législatives, parce qu'elle est l'ex-du président et la mère de ses enfants, est encore aux commandes ! La campagne de Hollande axée sur le changement était bel et bien une imposture. 

Ainsi, nous revoici plongé dans la déliquescence politique qui régnait à la fin du XXème siècle, avec, au pouvoir, les dirigeants qui firent leur classe en ce temps-là. Du 49,3, il y en aura, et avec tous les arguments des commentateurs sur la nécessité de gouverner, même à rebours de ses promesses. Et au diable les idéaux. Il ne manque plus que quelques suicides louches, pour égaler sur le mode politico-burlesque l’heureux temps des Grossouvre et Bérégovoy.

(1) Michel Rocard fut le champion toutes catégories du 49,3, qui en a usé à 28 reprises entre 1988 et 1991. 

(2) Non, j'ai lu les  Mémoires de de Gaulle, je crois savoir...

 

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Loïc Rocard, fils de Michel, conseiller de Valls

 

21:32 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : 49, 3, valls, matignon, rocard, montebourg, hamon, remaniement, gouvernement, france, politique | | |

vendredi, 20 juin 2014

Notre pays ne peut avancer sans la culture

J’ai appris quelque chose en écoutant  le talentueux  orateur Manuel Valls - qui, plus que Hollande encore, ressemble à un pot d’échappement en panne quand il ouvre la bouche (popopom popopom popopom) -,  c’est que la culture, ça sert à faire avancer un pays. Ce n’est pas ce qui le relie à la dimension la plus sacrée de la civilisation des hommes, ce qui fonde son identité acquise dans le substrat des siècles et lui garantit une mémoire, non. Pas non plus ce qui instaure en son territoire une réelle urbanité, en rendant les mœurs qu’on y pratique honnêtes et délicieuses, non !

Un peu comme l’essence, une voiture, voyez la culture, pour Valls, ça sert à faire avancer le pays. Pour aller où ? Il se garde bien de le dire, évidemment. Si je décode cet énoncé hautement intellectuel, cela signifie que dans le modèle médiatico-politicien que la gauche nous impose, la culture n’est qu’un outil de propagande particulièrement efficace auprès des classes moyennes pour le modèle sociétal et européen devant lequel cette même gauche est corps et âme vassalisée au nom d’intérêts dont elle ne parle jamais.  Modèle imité et importé des contenus culturels américains,  qu’il faut promouvoir encore un peu plus dans le pays exsangue et vidé de sa propre culture et de ses propres valeurs qu’est devenu la France. Un parc touristique pour Chinois, Russes et/ou Arabes riches et désœuvrés, comme Houellebecq le signifia fort bien il y a peu dans La Carte et le Territoire. Pendant que les Français les plus riches vont, eux, s'initier à d'autres cultures, du fin fond du Tibet aux safaris africains, en passant par les îles toujours bleues et couvertes de sable fin.

Avec sa rhétorique sans grande originalité – mais qui a fait ses preuves – Valls, en bon  petit soldat de cette acculturation française programmée depuis l’après-guerre poursuit sa feuille de route (comme on dit aujourd’hui) : derrière les éléments de langage convenus, on comprend qu’en matière culturelle, la seule visée de la gauche au pouvoir, aujourd’hui, c’est :

- de faire un maximum d’économies,

- d’imposer le plus possible et de manière le plus uniforme sa police de la pensée,

- de limiter le plus possible l’hémorragie d’électeurs.

- Le tout en ayant l’air de faire de la Résistance (ah, leur bréviaire !) du haut de sa petite exception culturelle fantasmée dans le Grand Ordre des choses. Je collabore en résistant, voilà l'exception culturelle dans toute sa glire hélas !

Peut-on, dès lors, regretter que, dans ce tissu de lieux communs, la seule annonce susceptible d’intéresser Denis Gravouil, le secrétaire général de la CGT-Spectacle porte sur l’engagement de l’Etat à  financer le différé d’indemnisation des intermittents jusqu’à l’automne ? Nous sommes décidément à mille lieues des beaux idéaux à la Vilar. Denis Gravouil s’en contrefout de la qualité des contenus culturels, il a ses ouailles à satisfaire, et eux aussi se battent pour leur porte-monnaie. Il a donc immédiatement opposé une fin de non recevoir au gouvernement : On le comprend, puisque le seul but de Valls est de sauver sa saison festivalière, comme la FIFA a (semble-t-il) sauvé sa coupe du monde.

On se prendrait à rêver que -dans un sursaut de dignité à la fois morale et politique, tous ces intermittents bazardent non seulement Avignon, mais tout le sale boulot que la gauche leur aura fait faire dans ce pays, à coups de drastiques et draquiennes subventions… mais rien de tout cela n’arrivera, nous le savons bien. Le plus cyniquement du monde, Valls se paye même le luxe dans un ultime rictus de faire une allusion à la France, patrie des Beaux Arts et des Belles Lettres, sachant bien que la bouillie culturelle qu'il incarne finira bien par la détruire. La fête de la musique et son cortège de vomi approche. ( ICI quelques actes isolés de résistance...) Le mieux, c’est encore, à l’écart du boucan, du vacarme et du vide, de se tirer et d’ouvrir ce qu’on appelle un bon livre, on en écrivit jadis des bibliothèques entières, il s'en compose par ci par là encore quelques-uns...

 

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Manet, Le fifre