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lundi, 25 août 2014

49,3

Les gens friands de politique spectacle étaient servi, hier soir : un ministre démissionnaire (ou démissionné) sur la première chaîne, un autre sur la deuxième. En toile de fond, Angela Merkel, souhaitant ironiquement bonne chance « au président français », comme si elle s’adressait avec condescendance à un subalterne. Subalterne, ce président l’est dans l’âme, et il est clair que c’est désormais Valls qui se retrouve aux commandes du pays.

Ce dernier a fait ses classes à Matignon, sous Rocard, lequel gouverna à coups de 49,3 (1) la majorité relative que lui avait laissée à l’Assemblée les louvoiements du vieux Mitterrand. Naviguer à vue d’un projet de loi à l’autre, Valls qui, sans jeu de mots, porte bien son nom, saura donc faire : Avec ses 42 conseillers (dont le fils de Michel Rocard, un certain Loïc,récemment embauché) il négociera le soutien tantôt des uns, tantôt des autres (du parti de gauche aux centristes, sans compter les radicaux et les sans étiquette). Comme en ces temps-là, on parlera de crise de régime et de décomposition politique. De VIe République. Pourtant, paradoxalement, c’est De Gaulle et son 49,3 qui sauveront Hollande comme, jadis, Mitterrand. 

On touche là à la raison profonde de ma détestation du socialisme : car ces gens-là sont en fait fascinés par cette toute puissance qu’ils critiquent. Le coup d’état permanent, qu’ils contestent lorsqu’ils sont dans l’opposition, ils s’en emparent avec une onctuosité d’évêque dès qu’ils le peuvent. Tout ce qu’ils ont reproché à la droite de Sarkozy  (on se souvient du Merkozy), ils l’appliquent sans état d’âme dès qu’ils sont en place, se gargarisant de titres, d'honneurs et de commémorations. Hollande est de ce point de vue socialiste jusqu’au dernier poil de son cul, qui ne cesse de sanctifier le Général depuis plusieurs mois. Or, je me demande (2) ce que le Général penserait de cet ectoplasme, franchement...

La leçon que j’en tire est celle que j’avais déjà tirée lorsque je l’ai vu rappliquer, il y a trois ans : Les hommes ne changent pas. Il est donc vain d’espérer le changement, du moins un changement réel,  tant qu'on garde les mêmes hommes. Penser que Ségolène Royal, perdante d'une élection présidentielle, puis battue aux législatives, parce qu'elle est l'ex-du président et la mère de ses enfants, est encore aux commandes ! La campagne de Hollande axée sur le changement était bel et bien une imposture. 

Ainsi, nous revoici plongé dans la déliquescence politique qui régnait à la fin du XXème siècle, avec, au pouvoir, les dirigeants qui firent leur classe en ce temps-là. Du 49,3, il y en aura, et avec tous les arguments des commentateurs sur la nécessité de gouverner, même à rebours de ses promesses. Et au diable les idéaux. Il ne manque plus que quelques suicides louches, pour égaler sur le mode politico-burlesque l’heureux temps des Grossouvre et Bérégovoy.

(1) Michel Rocard fut le champion toutes catégories du 49,3, qui en a usé à 28 reprises entre 1988 et 1991. 

(2) Non, j'ai lu les  Mémoires de de Gaulle, je crois savoir...

 

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Loïc Rocard, fils de Michel, conseiller de Valls

 

21:32 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : 49, 3, valls, matignon, rocard, montebourg, hamon, remaniement, gouvernement, france, politique | | |