Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 24 mai 2016

Le stade et la pompe à essence

« Nous avons besoin de vivre, sinon c'est la peur, et la peur c'est le repli sur soi, c'est une victoire des terroristes » a lâché le premier ministre pour justifier le maintien de l’euro et des fan zones dans les centres villes.

Rien n’est plus étranger à la pensée rationnelle que ce type de proposition binaire faite d’amalgames fortuits, d’implicites malsains et d’oppositions à la petite semaine, à l’image de ce gouvernement perdu.

Nous avons besoin de vivre, c’est un truisme. Pour autant, la vie, est-ce comme le présuppose le catalan fan du Barça et profondément démago qui occupe Matignon, le foot spectacle ? Sinon c’est la peur … Nous sommes, du point de vue de la syntaxe, à peine au niveau du BEPC. Le contraire de la vie serait plutôt la mort, il faudrait donc plutôt dire : « nous avons besoin de vivre, sinon c’est la mort ». Or ce besoin de vivre appelle à la prudence quiconque aime la vie et c’est finalement ce risque de mort – si l’on en croit sa décision de maintenir l’état d’urgence –  que choisit Valls en offrant à qui veut s’en saisir  (sommes-nous ou non en état de guerre ?) des lieux de rassemblements urbains de premier choix où frapper

La peur, que j’appellerais plutôt prudence, est ensuite diaboliquement associée au repli sur soi. Tout d'abord ce que cet idiot nomme le repli sur soi n’est pas forcément mauvais, car il est indispensable à l’intériorisation, l’introspection, la réflexion, la prière, en somme, l’intelligence. Mais bon, dans son amalgame d’aboyeur politicien, on entend ce que Valls veut dire : la culture de masse, le tous ensemble et le pour tous, c’est la seule culture et le solitaire est par nature un pauvre type, un aliéné, un intolérant, un dépressif. En résumé, un réactionnaire, et quand on est à court d'arguments, un fasciste. Un connard qui n'a pas compris que le bonheur est dans l’hystérie collective et l’adhésion à ses valeurs. Et voilà que surgit le méchant loup, le diable, les terroristes…Ne pas aimer le foot, ne pas croire à l’avenir de cette société inculte et violente, c’est implicitement apporter un soutien aux terroristes…

Dans un autre discours, cet idiot aurait tout autant pu dire « c’est une victoire des grévistes »

«Nous avons besoin de vivre [c’est-à-dire rouler en voiture pour aller au stade] sinon c’est la peur, et la peur c’est le repli sur soi [la marche à pieds, le vélo, la trottinette ?], c’est une victoire des grévistes. »

Les éléments de langage ont ceci de caractéristique qu’ils sont interchangeables, toujours. Et peu importe si la syntaxe, la logique, la finesse d’esprit et la langue française se fracassent contre eux, c’est avec eux qu’on gère les masses quand on est socialiste. En même temps, la CGT qui se mord les doigts aujourd'hui les a mis au pouvoir, ceux qui lui tirent dessus à présent, a-t-elle oublié ses consignes de votes pour l’idiot de l’Elysée ? Moi, non...Les éléments de langage sont tels des pictogrammes ou des pancartes, ils disent où il faut aller pour être socialistes et européens, au stade et à la pompe à essence, comme ils vous diront à quel bureau de vote…

Le plus drôle, dans la sordide fable de ce temps sans relief ni intérêt, c’est que soixante ans de pompe à essence ont si bien enrichi les wahhabites et les salafistes du triste désert qu’ils contrôlent aujourd’hui à la fois le stade, la pompe à essence et les poseurs de bombes…

4568435.jpg

11:23 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cgt, grévistes, fan zone, euro, valls, loi travail | | |

vendredi, 20 juin 2014

Notre pays ne peut avancer sans la culture

J’ai appris quelque chose en écoutant  le talentueux  orateur Manuel Valls - qui, plus que Hollande encore, ressemble à un pot d’échappement en panne quand il ouvre la bouche (popopom popopom popopom) -,  c’est que la culture, ça sert à faire avancer un pays. Ce n’est pas ce qui le relie à la dimension la plus sacrée de la civilisation des hommes, ce qui fonde son identité acquise dans le substrat des siècles et lui garantit une mémoire, non. Pas non plus ce qui instaure en son territoire une réelle urbanité, en rendant les mœurs qu’on y pratique honnêtes et délicieuses, non !

Un peu comme l’essence, une voiture, voyez la culture, pour Valls, ça sert à faire avancer le pays. Pour aller où ? Il se garde bien de le dire, évidemment. Si je décode cet énoncé hautement intellectuel, cela signifie que dans le modèle médiatico-politicien que la gauche nous impose, la culture n’est qu’un outil de propagande particulièrement efficace auprès des classes moyennes pour le modèle sociétal et européen devant lequel cette même gauche est corps et âme vassalisée au nom d’intérêts dont elle ne parle jamais.  Modèle imité et importé des contenus culturels américains,  qu’il faut promouvoir encore un peu plus dans le pays exsangue et vidé de sa propre culture et de ses propres valeurs qu’est devenu la France. Un parc touristique pour Chinois, Russes et/ou Arabes riches et désœuvrés, comme Houellebecq le signifia fort bien il y a peu dans La Carte et le Territoire. Pendant que les Français les plus riches vont, eux, s'initier à d'autres cultures, du fin fond du Tibet aux safaris africains, en passant par les îles toujours bleues et couvertes de sable fin.

Avec sa rhétorique sans grande originalité – mais qui a fait ses preuves – Valls, en bon  petit soldat de cette acculturation française programmée depuis l’après-guerre poursuit sa feuille de route (comme on dit aujourd’hui) : derrière les éléments de langage convenus, on comprend qu’en matière culturelle, la seule visée de la gauche au pouvoir, aujourd’hui, c’est :

- de faire un maximum d’économies,

- d’imposer le plus possible et de manière le plus uniforme sa police de la pensée,

- de limiter le plus possible l’hémorragie d’électeurs.

- Le tout en ayant l’air de faire de la Résistance (ah, leur bréviaire !) du haut de sa petite exception culturelle fantasmée dans le Grand Ordre des choses. Je collabore en résistant, voilà l'exception culturelle dans toute sa glire hélas !

Peut-on, dès lors, regretter que, dans ce tissu de lieux communs, la seule annonce susceptible d’intéresser Denis Gravouil, le secrétaire général de la CGT-Spectacle porte sur l’engagement de l’Etat à  financer le différé d’indemnisation des intermittents jusqu’à l’automne ? Nous sommes décidément à mille lieues des beaux idéaux à la Vilar. Denis Gravouil s’en contrefout de la qualité des contenus culturels, il a ses ouailles à satisfaire, et eux aussi se battent pour leur porte-monnaie. Il a donc immédiatement opposé une fin de non recevoir au gouvernement : On le comprend, puisque le seul but de Valls est de sauver sa saison festivalière, comme la FIFA a (semble-t-il) sauvé sa coupe du monde.

On se prendrait à rêver que -dans un sursaut de dignité à la fois morale et politique, tous ces intermittents bazardent non seulement Avignon, mais tout le sale boulot que la gauche leur aura fait faire dans ce pays, à coups de drastiques et draquiennes subventions… mais rien de tout cela n’arrivera, nous le savons bien. Le plus cyniquement du monde, Valls se paye même le luxe dans un ultime rictus de faire une allusion à la France, patrie des Beaux Arts et des Belles Lettres, sachant bien que la bouillie culturelle qu'il incarne finira bien par la détruire. La fête de la musique et son cortège de vomi approche. ( ICI quelques actes isolés de résistance...) Le mieux, c’est encore, à l’écart du boucan, du vacarme et du vide, de se tirer et d’ouvrir ce qu’on appelle un bon livre, on en écrivit jadis des bibliothèques entières, il s'en compose par ci par là encore quelques-uns...

 

avignon,politique,france,société,houellebecq,littérautre,valls,culture,gauche,denis gravouil,CGT,intermittents,

Manet, Le fifre

 

 

mardi, 05 mars 2013

Déni de l'histoire

Impression confuse que le pays s’enfonce dans le déni de l’Histoire. Le président normal, le président qui dort, tente une synthèse mièvrement théâtrale de Mitterrand/Chirac (mariage pour tous/ salon de l’agriculture) tout en faisant comme si Sarkozy n’avait jamais existé (« tu ne le reverras plus »). Piètre acteur, sordide tacticien, il voudrait revenir à 2007, effacer l’affront, la blessure, ignorer le chômage et la crise, les lachetés européennes, les compromissions de tout poil, rassembler le personnel politique et les goûts d’alors, momies ranimées, Ségolène comprise. S’étonne de tomber si vite et si bas dans les sondages. Péché d’aveuglement.

La CGT, après avoir appelé à voter pour lui, manifeste contre lui. Tout rentre dans l’ordre des défilés carnavalesques et dans le sommeil des contestations convenues. Chacun son rôle dans la farce, Thibault et Parisot compris. 

Pendant ce temps-là, il se passe des choses graves à Athènes, à Rome, à Lisbonne, à Madrid.

On attend les élections des députés européens de 2014 avec curiosité.

15:58 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : cgt, thibault, france, politique, europe | | |

lundi, 21 février 2011

A nos Zemmours

Le polémiste a pour lui l’Antiquité. Si on l’a vu en tous siècles, depuis, déchaîner les esprits, c’est qu’il est associé autant à l’exercice de la liberté qu’à la passion du verbe. Du siècle d’Agrippa d’Aubigné à celui de Louis de Montalte, la France classique a trouvé en la polémique l’occasion de greffer en son vocable renaissant toutes les rodomontades et toutes les finesses de la rhétorique gréco-latine. Tout l’art de l’affrontement et de la recherche de l'autre. La Révolution la vit refleurir comme jamais avec le Père Duchesne, le plus célèbre marchand de fourneaux de son temps, et avec les plus grands orateurs de la Convention. Et comme il y eut Hébert, il y eut face à lui Rivarol. La polémique devint question de style.

On cite toujours LE fameux Napoléon le Petit de Hugo face à Napoléon III. Mais combien plus cinglante (et sans doute plus efficace), fut la sécheresse de ce simple Philippe de Chateaubriand face à Louis-Philippe. « Lorsque, dans le silence de l’abjection, l’on n’entend plus retentir que la chaîne de l’esclave et la voix du délateur ; lorsque tout tremble devant le tyran et qu’il est aussi dangereux d’encourir sa faveur que de mériter sa disgrâce, l’historien paraît, chargé de la vengeance des peuples. C’est en vain que Néron prospère, Tacite est déjà né dans l’Empire ; il croit, inconnu, auprès des cendres de Germanicus et, déjà, l’intègre Providence a livré a un enfant obscur la gloire du maître du monde » (1)

Les polémistes de la Restauration,  puis ceux de la Monarchie de Juillet, les Constant, Courier, Carrel, Lamennais, Proudhon ont érigé la satire politique au rang d’institution à la fois littéraire et nationale. Le verbe haut et le plaisir de la joute.

Les vrais polémistes sont tous des dandys de la pensée. Les vrais polémistes ont toujours attiré les foudres des médiocres.

Dans sa préface de Belluaires et Porchers, Léon Bloy parle ainsi des campagnes montées contre sa plume et se moque des lyncheurs : « Nul n’ignore désormais que je suis un envieux, un paresseux, un traître, un mendiant ingrat, un scatologue, un insulteur de fronts olympiens, un assassin disponible, un raté sans pardon. » La peau du pamphlétaire : le XXème siècle, qui a promu l’information comme modèle de pensée l’aura en partie eue.  Malgré tous les efforts de Saussure et de ses descendants pour rappeler que le signe linguistique est arbitraire, on ne badine plus avec les mots. De nombreux pamphlétaires l’ont compris à leurs dépens, spécialement à la droite de l’échiquier : je pense à Daudet, à Céline et à Béraud, solitaires qui n’ont jamais tué personne, mais dont on n'a pas été loin de penser qu’ils étaient des assassins plus dangereux que les exécuteurs de l’aube, que les états-majors des armées ou que certains idéologues convaincus ou manoeuvriers, qui couvrirent de leur prudent silence toutes sortes de crimes.

Je ne suis pas spécialement un fan de Zemmour ni d’ailleurs de Naulleau : ni l’un ni l’autre ne me semblent des polémistes hors pair, n’en déplaise à Laurent Ruquier qui parle de ses deux Eric comme s’il tenait entre les mains deux bâtons de dynamite. Simplement, comment faire plus ridicule, plus veule, plus pisse-froid, que ces associations utilisant la justice pour obtenir gain de cause ?  Abominable procédure, détestable recours que celui du plaideur. Il faudrait que ces gens relisent Racine et sa comédie. Et vraiment, s’il était besoin de le dire, avec leurs termes hyperboliques (haine raciale, diable ! et pourquoi pas génocide à soi tout seul ?), le Mrap, SOS Racisme, la Licra, l’EJF, J’accuse (rien que ça !…) : autant d’associations qui me rappellent des associations de consommateurs plus que des lieux de bien ou de  mal pensance. Il paraît même que certaines se mettent à porter plainte contre des « comités de soutien » (suivre ce LIEN). Et qu'un syndicat (suivre ce LIEN) demande son exclusion de France Télévision ... 

Parce que la pensée, c’est autre chose que la plainte, ces associations se sont ridiculisées comme l’auraient fait des vieilles prudes de Molière, et, en compagnie de ce syndicat qui joue les Tartuffe de service, elles donnent, in fine, raison à celui qu’elles condamnent, si ce n’est sur le fond, du moins sur la forme. 

(1) Chateaubriand, Mémoires d'Outre Tombe, 4ème partie

 

éric zemmour,polémique,littérature,procès,plaideurs,plaidoiries

 

 

 

19:43 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : eric zemmour, procès, cgt, polémique, littérature, plaideurs, plaidoiries | | |