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vendredi, 30 octobre 2020

La sanctification nécessaire et vitale du dimanche

Le samedi 13 mai 2017, à 3h27 du matin, la couronne de la Vierge de Lyon était dérobée au musée de Fourvière. Quelques heures plus tard, à Fatima, le pape François canonisait. Francisco Marto et sa sœur Jacinta, les deux petits voyants bergers, devant une foule estimée à 500 000 personnes  Et le lendemain dimanche, faisant fi des recommandations de Notre Dame de La Salette de sanctifier le dimanche en s’abstenant de travailler, vêtu d’un costume bleu nuit, Emmanuel Macron entrait en fonction à l’Elysée un dimanche 14 mai, devenant le premier président de la Ve République à enfreindre le souhait formulé par la Vierge à la Salette de ne jamais travailler, précisément, le jour du Seigneur. [1]

« Les Dimanches et les autres jours de fête de précepte, les fidèles sont tenus par l’obligation de participer à la Sainte Messe et de s’abstenir des œuvres serviles », tel est le premier commandement de l’Église.

 Nous fûmes quelques-uns à penser que cette étrange coïncidence serait de mauvaise augure pour la ville de Lyon comme pour la nation tout entière.

Quelque trois ans et demi plus tard, ce même président confine le pays pour la seconde fois, alors qu’un attentat islamiste tue 3 fidèles dans la basilique de Notre-Dame de l’Assomption. Sur des arguments hygiénistes éculés, il suspend une seconde fois la liberté de culte durant tout le mois de novembre et l’entrée en Avent, après avoir fusillé les célébrations de Pâques et de l’Ascension... L’année précédente, la cathédrale Notre Dame de Paris avait mystérieusement pris feu, précisément le jour d’entrée dans la semaine Sainte. Voilà qui fait beaucoup, non ?

Entre temps, le maire de Lyon et le primat des Gaules en fonction en 2017 ont l’un et l’autre été humiliés publiquement, l’un à l’occasion d’une série de procès et des campagnes de presse retentissantes qui les accompagnèrent, l’autre en raison d’un score électoral ridiculement bas devant un politicien totalement inconnu. 

Cette année, en temps de présumée épidémie, ce nouveau maire n’a pas honoré le vœu de ses lointains prédécesseurs du XVIIIe siècle, formulé lui aussi à l'occasion d'une épidémie, d’offrir à la Vierge en remerciement pour sa protection un cierge et trois écus d’or. Il a préféré allé inaugurer une mosquée…  Parmi les mesures COVID 19 figure l’annulation de la fête des Lumières, et celles des célébrations et processions qui vont de pair… Jusqu'où ira cette dégringolade conjointe de la foi et de la raison ? 

Un peu d'histoire : En 1882-1883, alors que se perpétuaient les lois répressives de la République contre l’Eglise catholique, lois visant à imposer l’enseignement laïc et la séparation de l’Eglise et de l’Etat qu'on préparait dans les esprits, Anne-Marie Coste, une jeune ouvrière lyonnaise reçut plusieurs apparitions confidentielles de la Vierge, que l’épiscopat lyonnais de l’époque étouffa. Lors de ces apparitions, la Sainte Mère de Dieu communiqua un chapelet et exigea que fussent portées des médailles, en réparation de la profanation des dimanches. Cette dévotion fut pratiquée une quinzaine d’année parmi les canuts catholiques de la Croix-Rousse, avant d’être interdite par l’épiscopat lyonnais au moment du Ralliement de 1892.

La récitation de ce chapelet à Notre-Dame de Fourvière, dont la Couronne a été dérobée le jour de l’investiture d’un funeste président, se présente ainsi :

1 Credo

1 Notre Père

Puis 9 fois Un Pater, un Ave Maria, un Gloria Patri, entrecoupées à chaque fois de l’invocation : « Mère Abandonnée, priez pour nous ! Mère affligée par des cœurs ingrats, priez pour nous ».

Souvenons-nous des avertissements de la Salette de ne pas profaner les dimanche, et devant le peu de raison et la foi mal placée de ceux qui nous dirigent, gardons au cœur et à l’esprit les dévotions qui nous sont nécessaires pour ne pas succomber à la tentation du plus insidieux conseil de Satan : nous défier du Pain de Vie qui ne serait qu'un symbole. Gardons par ailleurs en mémoire que le dimanche est la clef de voûte de tout l’édifice religieux et social : « Pas une vérité dogmatique, pas une loi morale, pas une pratique utile qui ne soit liée à la Sanctification du Dimanche », écrivit Mgr Pie au siècle précédent. Ne cédons pas à l’obscurantisme hygiéniste et continuons d’exiger non seulement l’ouverture des églises, mais la célébration ininterrompue des messes dominicales en leurs enceintes. 

[1] Les cérémonies d’investiture de Charles de Gaulle se déroulèrent les jeudi 8 janvier 1959 et 1966, celle de Pompidou le jeudi 20 juin 1969, celle de Giscard d’Estaing le lundi 27 mai 1974, celles de Mitterrand les jeudi 21 mai 1981 et samedi 21 mai 1988, celles de Chirac le mercredi 17 mai 1995 et le vendredi 17 mai 2002, celle de Sarkozy le mercredi 16 mai 2007, celle de Hollande le mardi 15 mai 2012.

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La Couronne dérobée.

16:04 Publié dans Des nuits et des jours..., Là où la paix réside | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : catholicisme, vierge marie, dimanche | | |

lundi, 26 novembre 2018

D'un dimanche, l'autre.

L’année liturgique épuisera lentement ses forces dernières durant cette semaine, jusqu’à la saint André, le pêcheur du lac de Tibériade, devenu l’apôtre de la Croix que nous fêterons vendredi ; puis tout doucement, derrière les voiles obscurs de l’actualité et du spectacle divertissants, s’en lèvera une nouvelle, à l’orée du dimanche qui vient : une prochaine qui déroulera ensuite ses heures et ses pages tandis que la France et le monde risqueront de s’enfoncer selon toute vraisemblance dans le chaos du non-repentir, de semaines en semaines et de mois en mois.

Cette année qui point à l’horizon, accordez Seigneur qu’elle se révèle riche en conversions de toute sorte et nous maintienne tous dans la grâce sanctifiante dont nous avons tant besoin pour demeurer debout sur le sol si meurtri de cette terre. Accordez que l’Église militante le soit véritablement, que le pape soit vraiment pape et les fidèles vraiment fidèles, rangés au service du Dieu des Armées Célestes et d’aucun autre, à travers nos pérégrinations parmi la trompeuse réalité de cette société contemporaine où tout est inversé ; protégez nous contre les embûches et les malices de Satan, plus que jamais avide de dévorer nos âmes, au moyen de l’acédie comme de l’orgueil, du mensonge ou de la luxure; car ils demeurent nombreux les voiles qui dérobent à notre vue la beauté sans taches et la sagesse sans fin de Jésus Christ ; faites que le démon soit défait, cet esprit vivace et faux qui ignore la force du repentir, dédaigne les attributs vivants de la sainte Trinité, demeure aveuglément étranger aux vertus de la Croix, et sans cesse inspire des projets faussement nobles à une humanité dressée contre le véritable Dieu, dont « le visage est comme le soleil quand il luit dans sa force » (Apocalypse, I,16) ; que la justesse de notre parole s’accorde à l’humilité de nos actes devant Lui qui est Père, Fils et Saint Esprit.

Puisse cette année liturgique dont l’ordonnance constitue sur cette terre déréglée la grande école de l’Imitation de Jésus-Christ et le rempart contre le péché nous maintenir à l’écart des mauvaises philosophies et des vaines tromperies dont nos écrans, nos lois et nos fictions débordent, et dont l’apôtre Paul rappelle qu’elles « relèvent d’une tradition toute humaine, des éléments du monde et non du Christ. (Colossiens, 2,8). Cette année, qui s’annonce, puisse-t-elle enfin, à nos prières et par le mérite du Christ à jamais souffrant découvrir nos noms inscrits sur le Livre de Vie. Amen.

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Le cycle de l'année liturgique dans l'Eglise catholique

08:21 Publié dans Là où la paix réside | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : année liturgique, catholicisme, christ | | |

mardi, 15 mai 2018

La sainte messe

Je ressens pour le rite extraordinaire de la messe un amour que je ne ressens plus du tout pour l'ordinaire. J'essaie d'en comprendre la raison :

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Certes, il y a la beauté de la liturgie : le grégorien, la richesse du latin, les habits des prêtres... Cependant, même tournée vers Dieu, la messe ne se peut borner à une dimension uniquement spectaculaire. Certes, il y a le recueillement des fidèles qui est beaucoup plus grand (silence, agenouillements...). Mais rien ne m'empêche de me recueillir dans l'autre rite, et si personne ne s'agenouille, de m'agenouiller, et si les gens chuchotent, de faire silence moi-même... Certes, il y a le respect plus grand qui entoure la distribution de l'hostie : à genoux, dans la bouche. Dans l'autre rite règne la décision de chacun, à genoux, debout, dans la main, dans la bouche... Cela finit par ne ressembler à plus grand chose lorsque chacun fait ce qu'il veut - ou ce qu'il croit vouloir.  Certes il y a la dimension historique de la chose : la messe traditionnelle a traversé le temps, c'est celle que donnaient le Curé d'Ars, Bossuet, Ignace de Loyola. La sainte messe, en vérité, dont parlent et Chateaubriand, et Jeanne d'Arc et saint  Louis, comme un beau vaisseau flottant à travers et sur les siècles pour porter le sacrifice du Christ jusqu'à nous. Cela a, de toute évidence, une autre allure que la messe soixante-huitarde lue dans toutes les langues un peu partout. 

Certes... Mais je cherche encore. La messe en latin est invariable, alignée sur un missel qui est un réservoire d'intelligence et de culture catholiques, codifiée par des gestes - élévations, génuflexions  - aussi précis que les notes sur une partition de musique : le prêtre du XXIe siècle ne peut y donner libre cours à sa fantaisie, le laïc non plus : La sainte messe est autoritaire, au contraire de l'autre qui cède beaucoup la place à l'arbitraire du moment et du lieu. La sainte messe est universelle, ce qui la rend évidemment plus juste, plus catholique, oserai-je le dire, que la messe moderne. Tout en étant autoritaire comme le Père, la sainte messe est humble, comme le Fils. Certes...

Et j'en arrive enfin à ce que je cherche : La présence du dieu trinitaire y est plus respectée, et donc plus sensible : le Père a un autel, un maître autel, sur lequel le sacrifice du Fils est consenti. Le Saint Esprit qui procède des deux s'y déploie. La communion des saints, qui tous ne connurent qu'elle, s'y exprime pleinement. 

Il ne s'agit pas de dénigrer un rite contre un autre, ni même d'en opposer un à un autre. On ne vole pas aux mêmes altitudes, c'est tout : le dieu trine vivant doit Lui-même y être pour quelque chose. Et cela doit se dire, se savoir et se partager. Fidèles, demandez à vos évêques et à vos prêtres la sainte messe dans vos paroisses...

17:46 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : messe, catholicisme, religion, grégorien, latin | | |

mercredi, 19 avril 2017

De la supériorité de l'Islam sur la religion catholique

Si j'avais à soutenir le droit que nous avons de considérer que l’Islam est nettement supérieur au Christianisme, voici ce que je dirais :
Une preuve que les Chrétiens n'ont pas le sens commun, c'est qu'ils croient que Dieu a engendré leur Christ, quand la sourate du parfait dogme explique que Dieu le suprême refuge n’a jamais engendré.
On ne peut d’ailleurs se mettre dans l’esprit que l’ange Gabriel, qui dicta cette 112eme sourate au Prophète, ait aussi annoncé sept siècles plus tôt la maternité divine de Marie. Il mentit nécessairement la première fois.
Il est impossible que Dieu, qui est un être très sage, ait lui-même voulu que son Fils unique prît forme parmi une race de pécheurs, à moins d’imaginer que Dieu fût fou !
Comment Dieu l’Unique pourrait-il être Père, Fils et Saint-Esprit tout en demeurant Un ? Cette distorsion curieuse, qui présuppose que Dieu est avant tout Amour, lui est en réalité parfaitement étrangère
L’ère des Prophètes s’étant, aux dires des Chrétiens, achevée au profit de celle des Saints depuis la venue de leur Christ, il est tout naturel que le Prophète ne soit pas lui-même un saint.
La vocation au martyre serait réservée à une élite d'Élus trop restreinte, si elle dépendait vraiment de la Grâce de Dieu. Mieux vaut s’y entraîner soi-même par les armes en décidant soi-même d’en devenir un à la force du poignet.
Il est naturel de penser que mourir d’une fièvre douloureuse à Médine à 63 ans équivaut à mourir sur la croix à 33, puisque Dieu est Dieu et que mourir équivaut toujours à mourir.
Il est impossible que nous supposions que ces Chrétiens-là soient de vrais croyants ; parce que, si nous les supposions tels, on commencerait à croire que nous ne sommes pas nousmêmes de vrais Musulmans.
De petits esprits exagèrent trop l'injustice que l'on fait aux Chrétiens d’Orient. Car, si elle était telle qu'ils le disent, ne serait-il pas venu dans la tête des puissances occidentales, qui font entre elles tant de conventions démocratiques, d'écouter le Pape et d'en faire une générale en faveur de la miséricorde et de la pitié ?

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20:16 Publié dans Là où la paix réside | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : islam, montesquieu, catholicisme | | |

mardi, 12 avril 2016

Agé de tant de baptêmes

Flotte dans toute la prose de Chateaubriand une rêverie intrinsèquement catholique et romaine qui trouve son point d’orgue dans cette citation des Mémoires où il est question de Milton : « Ce fut un événement mémorable, lorsque le XVIIe siècle députa son plus grand poète protestant et son plus sérieux génie pour visiter, en 1638, la grande Rome catholique. Adossée à la croix, tenant dans ses mains ses deux Testaments, ayant derrière elle les générations coupables sorties de l’Eden, et devant elle les générations rachetées descendues du Jardin des Oliviers, elle disait à l’hérétique né d’hier : Que veux-tu à ta vieille mère ? »

Celles et ceux qui apprécient le mémorialiste reconnaîtront tout de suite l’ironie avec laquelle il emploie le verbe « députer » pour personnifier un XVIIe siècle déjà bien coupable à ses yeux, comme aurait dit Philinte, ainsi que les déterminants possessifs « son ». Quand il voyage, François René est toujours sur les traces de quelqu’un, le Tasse à Ferrare, Byron à Venise, Milton à Rome, dont il doit en quelque sorte éprouver la majesté et finalement défier la grandeur pour mieux la relativiser. Députa, donc. Le mot choit du bout des lèvres, ou plutôt d’un coin de l’esprit, tout vif. On l’entend crisser sous la plume, comme pour déjà banaliser en creux ce voyage de l'auteur du Paradise Lost  qui, si grand poète et si sérieux génie fût-il, ne peut que l’être trois notes et trois nuances en-dessous de François-René que personne, jamais, n’aura jamais ainsi « député ».  A ce verbe, se faisant l’écho d’un dédain plus affirmé, répond « né d’hier » à la fin de l’extrait. Milton, l’ainé, se retrouve en raison de son protestantisme hérétique le cadet, en quelque sorte… le cadet de Chateaubriand qui parait soudain,âgé de tant de baptêmes, aussi vieux que Rome.

Une prosopopée hardie fait de la « grande Rome catholique » une sorte de poste de douane entre-deux mondes, avec un « derrière » et un « devant », des générations perdues d’un côté, rachetées de l’autre. On croit voir se dresser, face aux figures suggérées d’Adam chassé hors de l’Eden et du Christ méditant à Gethsémani, celle de Constantin jetant le paganisme dans les eaux du Tibre du pont de Milvius. Et Milton soudain paraît bien seul. Et Milton paraît bien jeune. Et Milton paraît bien petit. Rétréci dans le sein même de l'histoire avec un H majuscule. C’est le génie de Chateaubriand de parler ainsi à travers et à partir de l’histoire, d’épouser d’un trait de plume sa grandeur. « Les grands artistes, nous dit-il, à leur grande époque, menaient une toute autre vie que celle qu’ils mènent aujourd’hui : attachés aux voûtes du Vatican, aux parois de Saint-Pierre, aux murs de la Farnésine, ils travaillaient à leurs chefs d’œuvre suspendus avec eux dans les airs. Raphaël marchait environné de ses élèves, escorté des cardinaux et des princes, comme une sénateur de l’ancienne Rome suivi de ses devanciers et de ses clients. (…) Ces fameux artistes passaient leurs journées dans les aventures et les fêtes ; ils défendaient la ville et les châteaux ; ils élevaient des églises et recevaient de grands coups d’épée, séduisaient des femmes, se refugiaient dans des cloitres, étaient absous par des papes et sauvés par des princes » (2)

Comme Chateaubriand voyait en creux Michel Ange accroché à son échafaudage de la Sixtine en train de tracer les plis du manteau de Dieu, je crois le voir lui dans son exil d’après 1830, à Prague ou ailleurs, en train de défendre les châteaux de son vieux roi et d’élever l’ultime église où il avait déjà prévu de descendre, « un crucifix à la main ».

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Raphaël, Baptême de Constantin, Chambre de Constantin, Vatican

(1) Mémoires, 3°Partie, 2°époque, livre huitième, ch. 7

(2) Mémoires, 3°Partie, 2°époque, livre huitième, ch. 6

22:21 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : chateaubriand, milton, mémoires, paradise lost, rome, constantin, catholicisme, littérature | | |

dimanche, 03 avril 2016

Résurrection 3

La célébration des mystères de Pâques – au premier chef celui de la Résurrection – se clôt aujourd’hui  (Pâques closes), avec ce dimanche in Albis (en aube blanche) durant lequel les néophytes (baptisés de Pâques) déposent leurs vêtements blancs. C’est le dimanche de Quasi modo (même façon), d’après les premiers mots de l’introït de la messe du jour dans le rite extraordinaire (en latin), prononcé par Pierre juste avant son commentaire sur cette fameuse pierre angulaire qu’est devenu le Christ depuis sa Résurrection : « pierre d’angle & pierre vivante » de l’Eglise à bâtir pour ceux qui ont vu, cru, senti, touché du doigt le fait  que le Christ est bien le Verbe fait chair, rédempteur et vainqueur de la mort, « pierre d’achoppement » pour contre laquelle viendra trébucher l'esprit de tous ceux qui ne croient pas : « Quasi modo géniti infántes, allelúia : rationabiles, sine dolo lac concupíscite, allelúia, allelúia allelúia » (Comme des enfants nouveau-nés, alléluia ; désirez ardemment le lait spirituel, alléluia, alléluia, alléluia.- Premier épître de Pierre,2-2).

Durant ce dimanche on célèbre la Résurrection du Christ à travers la lecture de saint Jean célébrant l’apparition du Ressuscité à la troupe des onze apôtres, et principalement à Thomas l’incrédule (20, 19-31), scène pérennisée par Le Caravage dans la fameuse toile conservée à Potsdam. D'incrédule, il devint fidèle, reconnaissant Dominus meus et Deus meus « Thomas a entendu Madeleine, et il a dédaigné son témoignage ; il a entendu Pierre, et il a décliné son autorité ; il a entendu ses autres frères et les disciples d’Emmaüs, et rien de tout cela ne l’a dépris de sa raison personnelle. La parole d’autrui qui, lorsqu’elle est grave et désintéressée, produit la certitude dans un esprit sensé, n’a plus cette efficacité chez beaucoup de gens, dès qu’elle a pour objet d’attester le surnaturel. C’est là une profonde plaie de notre nature lésée par le péché. », écrira à ce sujet dom Guéranger dans son Année Liturgique. Mais l'accès au surnaturel, surtout dans une société aussi absurdement rationnelle que la nôtre, peut-il prendre la forme d'un acte collectif ?  Oui, rappellera-t-on, si l'on considère ce que devrait-être une messe idéale. Non, dira-t-on, si l'on considère que la spécificité de cet accès à rebours des sens trompeurs, son individualité propre détermine les contours et la teneur de la foi de chacun. En ce sens, et c'est là pure merveille, le christianisme, fondé sur la seule Résurrection du Christ, n'est pas une religion de groupe ou de masse, mais de communauté.

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Ce dimanche est aussi Fête de la Miséricorde depuis la canonisation de sœur Faustine par Jean Paul II, laquelle rapporte dans son Petit Journal l’apparition du Christ lui disant [698] ces paroles : « Ma fille, parle au monde entier de Mon inconcevable miséricorde. Je désire que la Sainte Miséricorde soit le recours et le refuge pour toutes les âmes, et surtout pour les pauvres pécheurs. En ce jour les écluses de Ma miséricorde sont ouvertes. Je déverse tout un océan de grâces sur les âmes, qui s’approcheront de la source de Ma miséricorde. Toute âme qui s’approchera de la confession et de la Sainte Communion recevra le pardon complet de ses fautes et la remise de leur punition. En ce jour sont ouvertes toutes les sources divines par lesquelles s’écoule la grâce. Qu’aucune âme n’ait peur de s’approcher de Moi, même si ses péchés sont comme l ‘écarlate. Ma miséricorde est si grande que, pendant toute l’éternité, aucun esprit, ni humain ni angélique ne saurait approfondir tout ce qui est sorti des profondeurs de Ma miséricorde. Chaque âme en relation avec Moi, méditera Mon amour et Ma miséricorde durant toute l’éternité. La fête de la Miséricorde est issue de mes entrailles.  Je désire qu’elle soit fêtée solennellement le premier dimanche après Pâques. Le genre humain ne trouvera pas la paix tant qu’il ne se tournera pas vers la source de Ma Miséricorde. »

Faustine évoque ailleurs ces âmes indifférentes et froides « dont la froideur cadavérique emplit de répulsion et blessent le plus douloureusement » le Christ. C’est, affirme-t-elle, à cause d’elles qu’il pria : « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de Moi ! ». Leur « ultime planche de salut » est de recourir à sa Miséricorde » car elles ne pourront retrouver « la flamme de la vie », dit Faustine, que dans « le brasier même de son amour » (1)

Dans son homélie du 30 avril 2000 instituant cette fête, Jean Paul II avait insisté sur la nécessité particulière de miséricorde à l'égard de la génération de Faustine : « La Divine Providence a voulu que la vie de cette humble fille de la Pologne soit totalement liée à l'histoire du vingtième siècle, le siècle que nous venons de quitter. C'est, en effet, entre la Première et la Seconde Guerre mondiale que le Christ lui a confié son message de miséricorde. Ceux qui se souviennent, qui furent témoins et qui prirent part aux événements de ces années et des atroces souffrances qui en découlèrent pour des millions d'hommes, savent bien combien le message de la miséricorde était nécessaire (…) Comme les Apôtres autrefois, il est toutefois nécessaire que l'humanité d'aujourd'hui accueille elle aussi dans le cénacle de l'histoire le Christ ressuscité, qui montre les blessures de sa crucifixion et répète : Paix à vous ! Il faut que l'humanité se laisse atteindre et imprégner par l'Esprit que le Christ ressuscité lui donne. C'est l'Esprit qui guérit les blessures du cœur, abat les barrières qui nous éloignent de Dieu et qui nous divisent entre nous, restitue la joie de l'amour du Père et celle de l'unité fraternelle. »

Ainsi instituée, cette Fête paraît commandée par la dureté, le caractère criminel et inhumain du monde moderne. Sa juxtaposition avec l'antique dimanche in albis contredit-elle le cycle éternel de la liturgie ou y inscrit-elle de manière justifiée les prières du monde contemporain ?  Quelle place la liturgie sacrée peut-elle réserver à l'histoire des hommes, sans risquer la corruption ? Le salut est-il le même pour tous les hommes, quels que soient les caractéristiques et les signes de chaque temps, ou est-il aussi déterminé par les vicissitudes de l'Histoire ? Le débat traverse les théologiens depuis plusieurs décennies, dans une Eglise où cohabitent depuis Benoit XVI la forme ordinaire ( depuis Vatican II en langue vernaculaire, le prêtre face au peuple) et la forme extraordinaire (en latin, dos tourné au peuple) du rite romain ? Ce dimanche aux multiples accents, qui célèbre cependant le même mystère, en est une vivante incarnation.

 

(1) Cf le Neuvième Jour du Chapelet à la Miséricorde Divine de sœur Faustine

samedi, 09 janvier 2016

Le trop œcuménique François

Mais de quelle religion François est-il le pape ?


 

17:27 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pape françois, œcuménisme, religion, bouddhisme, islam, catholicisme, bible, thora, vatican, vatican ii | | |

mercredi, 16 décembre 2015

Je suis romain

C’est à l’aversion de Charles Maurras pour Clémenceau, alors président du Conseil, qu’on doit toute l'intelligence de ce texte, « Je suis romain ». Clémenceau, qui venait de faire passer la loi sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat, avait lancé son tonitruant et scolaire : « Serons-nous la France de Rome ou celle de la Révolution ? »  Le chef de l’Action Française y répliqua en soulignant la romanité intrinsèque au seul véritable nationalisme historique de la France.

L’actuel Premier Ministre – ou du moins ses conseillers en communication – puise, on le sait, sa rhétorique souvent binaire chez ce moustachu Clémenceau. Or je l’imaginais tout à l’heure vociférant à l’Assemblée, à la suite d'un énième attentat qui aurait conduit le pays à des débats inimaginables quelques décennies auparavant : « Serons-nous la France de l’Islam ou celle de la Révolution ? »

Une boutade ? A peine… Et je me demandais quel Maurras aurait alors le front suffisamment spirituel et la volonté suffisamment inflexible pour se lever et défendre notre vieille souche catholique face à ces deux Terreurs, par nos temps post modernes, brandies, et de jeter à la face des Bartolone et autres barbares démocratiques qui occupent le Palais Bourbon ce qu’il jeta alors à celle de Clémenceau :

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mercredi, 09 décembre 2015

Porte sainte et sainte procession

Rome était hier au cœur du monde. Place saint-Pierre, tout d’abord, lorsque le pape François, l’air grave, ouvrit l’année sainte du Jubilé de la Miséricorde. Place d’Espagne, ensuite, devant la colonne fleurie de l’Immaculée Conception, lorsqu’il assista aux Litanies de la Sainte Vierge et prit le temps de bénir les nombreux malades rassemblés là. Il va comme le monde, le pape : Sa démarche est de plus en plus lourde. Il est objectivement de plus en plus las. Son sourire recèle quelque chose d'indéfiniment triste.

Non loin de François, Benoit, pape émérite, image frêle et saisissante de la vulnérabilité de la vieillesse, venu pénétrer la basilique saint Pierre à sa suite par la porte sainte tout juste ouverte. Deux papes, deux silhouettes, un peu comme les deux formes du rite, l’ordinaire et l’extraordinaire, témoins de l’époque schizophrénique qui fracture l’histoire commune dans laquelle nous voici plongés tous, quels que soient nos idées, nos goûts, nos besoins et nos désirs. Divisés devant l’Incarnation.

« Un mystère qui va au-delà de toutes les capacités de la raison » a dit François en évoquant l’Immaculée Conception. Au-delà de toutes les capacités de la folie également, suis-je tenté de rajouter. Car le catholicisme a fait de la longue histoire du péché des hommes et de sa rémission la colonne vertébrale de toute sa théologie. Une UNIQUE histoire que porta Marie, et qui nous plonge au cœur de son originalité, à l’endroit même où toutes les autres religions apparaissent bien fades et bien simplistes, avec le simple bonheur des individus pour but ou la seule paix du monde pour credo. « Dieu n’est pas Dieu de morts, mais de vivants », asséna le Christ au comble de son propre mystère, à propos de la Résurrection (Matthieu, XII, 32). 

Il y a ainsi dans le catholicisme et sa théologie du Péché & du Salut comme le fondement même de l’espèce humaine et de sa destinée, une trajectoire à la fois singulière et universelle, historique et éternelle, qui fait de lui à mes yeux non pas une religion parmi d’autres, mais au-delà même de toute religion, la seule Vérité qui fût acceptable à la fois par notre raison et par notre folie, parce qu’elle nous transporte bien au-delà des objectifs mesquins du politique ou du sociétal dans lesquels s’engluent irrémédiablement le pacifisme béat ou la violence intrinsèques à toutes les autres. Le Christ et le mystère de sa Venue demeurent à travers notre foi de Son temps et du nôtre, tel est aussi le mystère de l’Avent et celui de la miséricorde : telle est aussi la symbolique du franchissement de cette porte. Le bonheur, la paix viennent de surcroît...

immaculée conception,8 décembre,jubilé de la miséricorde,pape françois,rome,place saint pierre,place d'espagne,catholicisme,miséricorde,procession,lyonL'Immaculée Conception est une fête aussi dans la capitale des Gaules, que l'actualité récente a rendue à sa dimension religieuse. Il faut bien avouer que l
a façade de la primatiale Saint-Jean n’est jamais si belle que lorsqu’elle n’est livrée qu’à l'éclat de sa seule pierre, comme ce fut le cas hier soir, en l’absence de la folie technologique qui la recouvre de pied en cap chaque 8 décembre depuis une quinzaine d’années. Loin des Lumières, Lyon a donc retrouvé ses Illuminations, sa propre fête. Et les Lyonnais que j’ai croisés avaient l’air heureux de déambuler en grappes sur le pavé, de boire du vin chaud en discutant entre amis, sans se voir infligés la foule des touristes béats devant des façades platement colorées, ni surtout cette sinistre musique d'accompagnement de ces piétinements oppressants. Une fête enfin redimensionnée à sa juste échelle, en phase surtout avec la tradition mariale qui est à son origine.

Du coup, j'ai pu sortir de chez moi, ce que j'évitais de faire depuis pas mal d'années. Beaucoup de monde pour la procession jusqu’à Fourvière, sous la présidence du cardinal Barbarin. Derrière la bannière Merci Marie, la montée du Chemin-Neuf et la rue de l’Antiquaille étaient emplies de flambeaux et de chants, de pèlerins méditant en marchant les Mystères joyeux du rosaire. Trop habitué à les réciter seul, ces mystères, ou dans des églises presque désertes, je me suis senti agréablement surpris d'être soudain entouré de tant de monde reprenant même en latin le Gloria Patri. Une présence discrète de policiers et de militaires, jusque sur le parvis de Fourvière. L'air du temps, auquel tout le monde s'habitue. 

Puis une messe en l'église saint-Georges selon la forme extraordinaire du rite romain, comme on dit, c'est-à-dire en latin et en grégorien. Vers vingt-deux heures, un pavé humide et des badauds tranquilles et détendus, un 8 décembre comme je n'en avais plus connu depuis longtemps...