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mercredi, 16 décembre 2015

Je suis romain

C’est à l’aversion de Charles Maurras pour Clémenceau, alors président du Conseil, qu’on doit toute l'intelligence de ce texte, « Je suis romain ». Clémenceau, qui venait de faire passer la loi sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat, avait lancé son tonitruant et scolaire : « Serons-nous la France de Rome ou celle de la Révolution ? »  Le chef de l’Action Française y répliqua en soulignant la romanité intrinsèque au seul véritable nationalisme historique de la France.

L’actuel Premier Ministre – ou du moins ses conseillers en communication – puise, on le sait, sa rhétorique souvent binaire chez ce moustachu Clémenceau. Or je l’imaginais tout à l’heure vociférant à l’Assemblée, à la suite d'un énième attentat qui aurait conduit le pays à des débats inimaginables quelques décennies auparavant : « Serons-nous la France de l’Islam ou celle de la Révolution ? »

Une boutade ? A peine… Et je me demandais quel Maurras aurait alors le front suffisamment spirituel et la volonté suffisamment inflexible pour se lever et défendre notre vieille souche catholique face à ces deux Terreurs, par nos temps post modernes, brandies, et de jeter à la face des Bartolone et autres barbares démocratiques qui occupent le Palais Bourbon ce qu’il jeta alors à celle de Clémenceau :

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dimanche, 01 février 2015

Contrefaçons

Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale, s’est écrié l’autre jour : « il y a une religion suprême, c’est la République. »  Curieuse façon d’opposer à l’Islam, qui est une religion d’état  (Cf. l’article III de la Constitution du Maroc), une autre religion d’état. Curieuse façon d’opposer, à un intégrisme, un autre intégrisme. Il serait si simple de rappeler, comme certains tentent de le faire, l’arbitraire de tous ces débats sur la représentation du signe que personnellement,en France du moins, je croyais réglés depuis longtemps. C’était ignorer les effets de l’acculturation scolaire à l’œuvre depuis plusieurs décennies (1), et de la régression intellectuelle qui s’ensuit, sur lesquelles les imams de tous crins cultivent leurs ouailles.

Non, la République n’est pas la religion suprême, pas davantage qu’elle n’est une religion tout court. La République est un régime politique, discutable, contestable, au même titre que n’importe quel autre, que n’importe quelle doctrine, que n’importe quelle religion, que n'importe quoi d'autre, en fait. Les faux Candide que sont les Peillon, Cazeneuve, Valls, Belkacem et autres Bartolone, qui s'en font les prêcheurs absolus, se rendent-ils compte qu’en judiciarisant certains mots et en en sanctuarisant d'autres, ils sont en passe de devenir les fossoyeurs ineptes et ridicules de l'arbitraire du signe et de la liberté d'expression qu'ils prétendent défendre ? Bien sûr. Au même titre que n'importe quels roués ayatollahs. Il y aurait –disent-ils - une certaine éthique à mener de tels combats et à prêcher de telles valeurs en temps de crise, dans une société où la laïcité serait en question. Mais faire de la laïcité une religion au prix d'un révisionnisme historique qui demanderait un développement hors de propos ici, cela relève de l'imposture. Si la laïcité doit devenir une religion, elle ne peut être que mimétique, et, face à toutes les autres,ne figurer qu'une religion de contrefaçon, un peu comme ces faux sacs imités des grandes marques, avec ses incantations vainement magiques, ses rassemblements faussement unitaires, ses discours intrinsèquement liés à la double contrainte. En témoigne l’enseignement moral et civique que Grenelle sort en toute hâte de ses cartons comme réponse à l’urgence du moment, et qui n’est qu’une resucée du projet Peillon. Les référentiels ne contiennent autre chose qu’une liste d’infinitifs pieusement récités hors de tout contexte et sans la moindre référence bibliographique, une sorte de formatage du citoyen de la zone, sans passé, lieu ni culture autre que verbeuse à laquelle s’arrimer. Serait plus judicieux, mais moins efficace en terme de propagande électorale, d'initier les élèves à la linguistique en les faisant réfléchir à ce que parler veut dire. La litanie des valeurs hollandaise s’assimile à du marketing républicain, rien d’autre. Et l'on veut faire advenir avec ça des citoyens éclairés ? Les imams, entre nous, n’ont pas fini de se marrer…

Il n'empêche.Nos curés laïques ont trouvé dans les morts tragiques de janvier les martyrs de leur endoctrinement à cette laïcité de combat dont le rôle est multiple :

- Faire oublier, dans un premier temps, la responsabilité du gouvernement qui, par son laxisme élevé en morale d’ État, n’a pas su nous prémunir contre les attentats de janvier, ni ceux de Noël (que tout le monde a déjà oublié), ni ceux qui sans doute sont à venir.

- masquer, dans un deuxième, leur véritable et concerté naufrage, tant économique avec des chiffres du chômage qui ne cessent et ne cesseront sans doute encore de grimper, que sociétal avec les distensions savamment entretenues au sein de la société pour favoriser les clans  (on dit communautés en novlangue médiatique) et mieux gouverner l'électeur.

- Contrer, enfin, l’inexorable progression de l’ennemi politique, – au premier rang desquels Le Front National : les cortèges du 11 janvier et « l’esprit » (2) qui se serait abattu sur les foules ne sont rien d’autre qu’une répétition générale de ceux qu’on ne manquera pas de rassembler au soir du premier tour de 2017, lorsque Marine Le Pen arrivera en tête, en raison même de toute cette politique désastreuse. Tout cela pue sa propagande à plein nez, la gauche gouvernementale et méprisant le peuple qu'elle prétend représenter, un remake mitterrandien dans toute sa splendeur.(3)

Et c'est ce Clergé trompeur, mondialisé et collecteur d'impôts, oublieux de sa longue histoire, fossoyeur de sa propre culture, initiateur du dogme unique et organisateur de spectacles mondialisés qui prétend triompher du terrorisme islamiste ? Avec ses rites mortifères, ses prêtres austères et bien payés, ses processions et ses slogans de contrefaçons, c'est peu probable. L'Occident aurait plutôt intérêt à en revenir à la vraie laïcité dont l'origine est, faut-il ici le rappeler, toute chrétienne. Car pendant ce temps, le diable en rit encore. Et c’est ainsi, rajouterait Vialatte, qu’Allah est grand !

 

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spécimen en chaire 

 (1) Me souviens avoir fort inutilement écrit alors L'École vendue... Par ceux-là même qui aujourd'hui prétendent la racheter...

 (2) Esprit pas très saint car dans l'argumentaire simpliste de l'actuel locataire de l'Élysée (voir video ci-dessous), la référence aux forces de l'esprit, je ne vous quitte pas et autres galimatias mitterrandôlatre est très prégnante

(3) Preuve, s'il en était besoin, de ce tripatouillage politicien, la manière dont tous les médias annoncent les résultats de la législative du Doubs de ce soir comme "le premier grand test électoral après les attentats parisiens". Triste à mourir pour les victimes qu'on commémore à grands frais par ailleurs


jeudi, 05 juin 2014

Brazil protests

Depuis que la France, pays des Lumières, des Droits de l’homme, et blablabla, s’est retrouvée en 1998 zidanisée en quelques directs de TF1 bien troussés, on n’entendit guère de voix autorisées vraiment protester sur son sol contre le foot spectacle institutionnalisé et toutes les dérives qui vont de pair ; au contraire : de Zidane en Zlatan, le mal est allé croissant, comme en témoigne cette trentaine d’élus  de la République – de ce qui en reste –qui  viennent de fonder une équipe de foot  parlementaire. Issus des rangs de la droite comme de la gauche, entraînés par l’inusable Guy Roux, ils ont nom  François Baroin, Bruno Le Roux, Marie-Arlette Carlotti, Christophe Cavard, Luc Chatel, Barbara Pompili, Razzy Hammadi, Eric Woerth et autres guignols… Claude Bartolone, qui m’a toujours fait penser à l’idiot utile qu’on invite pour occuper le siège du bout de table quand on a mal compté le nombre d’invités à la première communion du petit, a émis pour l’occasion une pensée profonde : « Il faut populariser ce besoin de jouer ensemble dans cette assemblée et respecter l'adversaire. »

A Sao Paulo, pendant ce temps, 9700 employés du métro ont décidé d’entamer une grève illimitée. La ville doit accueillir le match d’ouverture du Mondial (Brésil-Croatie) dans une semaine.  « S’il y a de l’argent pour le stade, pourquoi n’y en a-t-il pas pour les transports publics? », a lancé le président du syndicat des employés du métro. Des grèves sectorielles sont prévues durant les matchs. Même les profs ont parait-il donné de la voix contre la FIFA. C'est dire ! Bref, les protestations que les classes moyennes françaises prétendument éclairées de 1998 n’ont pas même su esquisser, celles, brésiliennes de 2014, parviendront-elles à les faire entendre ? En tout cas, elles ne pourront visiblement guère compter sur l'élite politique de l'hexagone pour soutenir leurs revendications, c'est bien le moins qu'on puisse dire...

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© PAULO ITO/FLICKR Peinture murale de l'artiste de rue brésilien Paulo Ito, réalisée en mai 2014 à Sao Paulo

09:31 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : zidane, zlatan, guy roux, brazil protests, baroin, bartolone, brésil, mondial, 2014, football, fifa, sao paulo | | |