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mercredi, 16 décembre 2015

Je suis romain

C’est à l’aversion de Charles Maurras pour Clémenceau, alors président du Conseil, qu’on doit toute l'intelligence de ce texte, « Je suis romain ». Clémenceau, qui venait de faire passer la loi sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat, avait lancé son tonitruant et scolaire : « Serons-nous la France de Rome ou celle de la Révolution ? »  Le chef de l’Action Française y répliqua en soulignant la romanité intrinsèque au seul véritable nationalisme historique de la France.

L’actuel Premier Ministre – ou du moins ses conseillers en communication – puise, on le sait, sa rhétorique souvent binaire chez ce moustachu Clémenceau. Or je l’imaginais tout à l’heure vociférant à l’Assemblée, à la suite d'un énième attentat qui aurait conduit le pays à des débats inimaginables quelques décennies auparavant : « Serons-nous la France de l’Islam ou celle de la Révolution ? »

Une boutade ? A peine… Et je me demandais quel Maurras aurait alors le front suffisamment spirituel et la volonté suffisamment inflexible pour se lever et défendre notre vieille souche catholique face à ces deux Terreurs, par nos temps post modernes, brandies, et de jeter à la face des Bartolone et autres barbares démocratiques qui occupent le Palais Bourbon ce qu’il jeta alors à celle de Clémenceau :

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samedi, 04 juillet 2015

De la ruine des sociétés

Juillet, nous y revoilà. Dans une ambiance caniculaire, au gré d'un faux suspens entretenu sur l'avenir de l'Europe pour le plus grand plaisir des spéculateurs et au cœur d'un climat délétère où j'entends certains se demander si ce qui s'est passé sur une plage en Tunisie ne pourrait se passer sur une plage de la Côte d'Azur, on s'apprête à suivre le Tour de France qui prend le relais des tournois de tennis, pour maintenir une illusion de cohérence dans une société en ruines. J'en profite pour laisser la parole à une réflexion d'Emmanuel Favier dans ce billet invité.

 

L’organisme humain fonctionne ainsi que la population cellulaire, qui est entièrement renouvelée tous les trois ans. Ceci n’est pas dire que les nouvelles cellules sont différentes de celles qui leur ont fait place. Elles sont les mêmes et elles sont d’autres, mais non sous le même rapport. Elles sont nouvelles en ce que les anciennes cellules sont mortes et d’autres ont été portée à existence par le procédé de multiplication cellulaire. Elles sont cependant les mêmes quant à leur essence, c’est-à-dire qu’elles se multiplient selon leur espèce propre : les cellules du cœur produisent d’autres cellules du cœur, celles du foie produisent d’autres cellules du foie, etc. Ainsi, si l’on applique ce principe à un corps de doctrine, il lui convient, pour vivre et  répondre continuellement aux nouvelles données politiques et sociales du moment, il lui convient, disais-je, de se renouveler.

 

Que ce soit dans les manuels d’histoire dispensés par l’Éducation nationale comme dans les milieux dits contre-révolutionnaires, on parle de 1789 comme une sorte de premier instant d’un big-bang politique, comme un an zéro d’une nouvelle ère. Certains y voient la naissance de la France, d’autres sa mort. Or, faire naître ou mourir notre pays en 1789 me paraissent deux idées aussi fausses l’une que l’autre, répondant au même jeu dialectique qui prétend dénier, oblitérer, une partie de l’histoire de France. Est-ce un principe basé sur le réel ?

 

De l’histoire de France tout doit être assumé ; « assumer, » ce qui n’est pas dire «approuver», «applaudir.» Assumer, «prendre sur soi, à soi», embrasser l’Histoire de France, c’est-à-dire un foisonnement bimillénaires de faits tour à tour glorieux et douloureux. Voilà la tâche du chercheur honnête, impartial, de celui qui n’est pas prisonnier d’un système de pensée, d’une sorte de convention mentale par laquelle il devrait ignorer certaines pages de cette histoire.

Pour cet historien, ce sont les principes les plus hauts qui doivent guider son jugement : le bon, le bien, le beau, le vrai, qui ne riment pas toujours avec « Français ». Ainsi que le disait le Pape Grégoire IX, la France n’est grande que soumise au Christ. Comme le corps assume une nourriture sans en rien rejeter d’abord, puis la consume en en expulsant les toxines et en n’en gardant que ce qui participe à sa régénération, de même il faut assumer notre Histoire et n’en retenir que ces leçons de vie qui peuvent participer à la construction d’un avenir.

 

Il me semble donc plus juste de dire que la Révolution de 1789 exécuta un corps social déjà affaibli et malade. En effet, toute maladie qui parvient à pénétrer un corps profite d’une baisse des défenses immunitaires.

Depuis, sa décomposition n’a pas cessé, et nous arrivons sans doute aujourd’hui au terme de ce lent mais fatal processus.

 

Chez le vivant l’âme est le principe vital, maintenant l’unité du tout. Quand la mort survient, le corps, privé de son principe unitif, va alors tendre à trouver un nouvel équilibre par la dissolution du tout dans ses parties, c’est-à-dire par la décomposition, au terme de laquelle le corps ne sera plus que poussière.

Mais ce n’est pas tant du pourrissement du corps humain dont je veux m’occuper ici que de celui des sociétés.

 

La mort est, comme dit ci-dessus, la dissolution du tout dans ses parties. Or c’est bien de la Révolution de 1789 que sont nés les partis ; lesquels, en réalité, ne sont pas la résultante d’un corps en vie (peut-être un cadavre, juste après la mort, peut encore présenter certains aspects propres aux vivants : la couleur, la chaleur… ou peut-être certaines personnes confondent-elles le grouillement des vers avec la vie corporelle ?), mais bien d’un cadavre en décomposition. On pourrait classer ces partis en deux catégories, ou plutôt en un dégradé commençant à l’extrême-gauche : parti de ceux qui souhaitent précipiter l’anéantissement de la dépouille par la promotion de tout ce qui peut favoriser sa dissolution ; et l’extrême-droite, parti de ceux qui, au contraire, veulent arrêter net ce processus en plongeant les précieux restes dans le formol, ou, du moins, réduire la pestilence résultant de la décomposition du corps social.

 

De là, deux remarques.

 

Premièrement. L’ordre ancien — s’il le faut décrire en quelques mots, — basé sur la loi naturelle tendait, en général, au bien commun qui consiste, selon la formule populaire à «rendre les gens heureux» (d’un véritable bonheur, i.e., de permettre à l’homme de tendre vers sa fin et dans l’ordre naturel, et dans l’ordre surnaturel). Ainsi, l’unique recherche du bien commun, d’abord sur un plan matériel (rôle de l’État), puis dans l’ordre spirituel (rôle de l’Église), est, ou devrait être l’unique but d’une société. C’est la fin que lui a assigné la nature. Le bien commun est la forme substantielle (c’est-à-dire le principe vital) d’une société. Ce bien commun transcende toutes idéologies, tous partis. Le bien commun tend à l’unité, à la santé, à la sainteté. Le bien commun est à une société ce que l’âme est au corps. En réalité, ce bien commun est multiforme : il prend parfois les apparences du socialisme, parfois ceux du libéralisme, d’autres fois il arbore les couleurs du patriotisme, du nationalisme.

 

Les idéologies, au contraire, indiquent elles-mêmes par leurs suffixations en ismes l’absolutisation qu’elles font d’un des différents aspects du bien commun, au mépris des autres : libéral-isme, national-isme, commun-isme. Seule une vraie société sait jouer de tous ces éléments harmonieusement ; ces éléments qui n’ont, en fait, de cohérence, de «raison d’être» —tout simplement— que dans une poursuite véritable du bien commun.

 

Deuxièmement. Les nationalismes, fascismes, conservatismes sont des idéologies. Ils ne sont donc pas aptes, —ne se le proposant par pour but, et étant, de toute façon, la résultante mortifère de la décomposition de l’ordre ancien— de réformer et surtout de re-former une société véritable. Ne s’agissant que d’arrêter ou de ralentir le processus irréfragable de décomposition, ces idéologies dispersent en vain les volontés, les forces, les intelligences, cherchant à conserver un cadavre voué à finir en poussière.

 

Enfin, concernant le conservatisme.

Comme dit saint Augustin, deux amours ont fait deux cités : l’amour de soi poussé jusqu’au mépris de Dieu constitue la cité des impies ; l’amour de Dieu poussé jusqu’au mépris de soi constitue la cité des justes.

Ces deux cités sont essentiellement différentes. L’une est un Être vivant, l’autre un corps mort. Cependant, de cette haine millénaire entre les deux cités, quelques résolutions ont été prises par les impies afin de donner un cachet de pérennité à leur œuvre. Quand, au lieu de la chair et du sang il ne restera du cadavre social qu’un squelette et des tissus secs, il leur faudra l’embaumer. C’est là qu’interviendront les conservatismes. Après avoir tout dissous dans le magma de l’indifférentisme, du subjectivisme, il conviendra de revenir sur certains aspects extrêmes des législations précédentes qui avaient en fait pour but la destruction de la société. On remettra en valeur l’Ordre ancien comme en Angleterre on met en valeur les ruines des Abbayes détruites par la Réforme : une pelouse bien verte, tondue régulièrement, d’où surgissent quelques pierres empilées les unes sur les autres, consolant les nostalgiques qui diront que, finalement, tout n’est pas perdu.

 E.F.

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[L’Amérique pratique le sacrifice perpétuel de la société à l’individu, et le voudrait répandre partout, c’est la déification de l’homme, c’est le modèle le plus achevé des idées anti-ecclésiastiques, ecclesia, qui signifie société, réunion, pour constituer une véritable anti-société.]

 

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David, Serment du Jeu de paume

dimanche, 19 octobre 2014

Nos commissaires européens

Avec ses commissaires nommés pour cinq ans, un par Etat-Membre, l’Europe s’est donc dotée d’un nouveau « gouvernement ». Un commissaire par état-membre. Amen, et so be it ! C’est, nous expliquent les politologues du Vingt heures, une sorte de parité nationale, comme il existe ailleurs une parité des sexes  (des genres ? On ne sait plus trop comment parler, désormais, en démocratie) La statistique, qui est l’ennemie du hasard, gouverne le vieux continent en lieu et place de la raison, c'est à dire en tyran imbécile.

J’ignore si vous connaissez le nom du maltais qui s’empare du dossier des affaires maritimes et de la pêche dans cette brillante commission.  Pas plus que vous ne saviez le nom de la commissaire grecque qui s’en occupait précédemment. Malte, Grèce… On sent là comme un déterminisme.

J’ai appris, en jetant le nez dans la liste de tous ces pingouins, qu’il en existe un (une, plus exactement) en charge de la Justice, des Consommateurs et de l’Egalité des genres. On ne sait trop ce que ces notions font ensemble. Celle dont elle a pris le fauteuil, comme à l’Académie Française (sauf qu’ici on ne meurt pas quand on s’en va, c’est dommage !) s’occupait de la Justice, des droits fondamentaux et de la citoyenneté. Si les repères sémantiques ont une efficacité, c’est bien de déplacer les curseurs : dans cette démocratie européenne, le droit fondamental est la consommation, et la citoyenneté l’égalité des genres. Voilà qui promet des jours heureux.

Dans la répartition des sièges de vice-président(e)s, la distribution des emplois  (on disait caractères au siècle classique) vise à la parité sans y parvenir, en raison diront les cartésiens du chiffre impair : Quatre hommes (un Estonien, un Letton, un Hollandais, un Finlandais) et trois femmes (une Polonaise, une Bulgare, une Italienne). Le tout chapeauté, comme chacun le sait, par un Luxembourgeois.

 

Tout ce petit monde - bien que fort éloigné de la sainteté -  s'apprête à rentrer en fonction le 1er novembre qui vient. Vu de loin, le troupeau de commissaires photographié sur une pelouse ressemble plus au Conseil d’Administration d’une petite entreprise qu’à un Gouvernement. D’ailleurs, c’est exactement ce que c’est, un Conseil d’Administration, nommé pour cinq ans pour gérer les affaires des lobbies industriels et financiers, des loges, des groupes de presse et des partis. Voilà ce que les europhiles nomment impunément l’Europe. Une contre-façon, rien de plus. Un abus sémantique, comme beaucoup d'autres. Après, quand on est français, italien, grec, polonais, lituanien, et j’en passe, héritiers d'une belle culture et d'une longue histoire, comment diable ne pas se sentir à nouveau - et avant tout- nationaliste ? 

 

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Europe : le bonheur est dans les prés

21:57 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : vĕra jourova, jean-claude-juncker, europe, commission européenne, nationalisme | | |