dimanche, 19 octobre 2014
Nos commissaires européens
Avec ses commissaires nommés pour cinq ans, un par Etat-Membre, l’Europe s’est donc dotée d’un nouveau « gouvernement ». Un commissaire par état-membre. Amen, et so be it ! C’est, nous expliquent les politologues du Vingt heures, une sorte de parité nationale, comme il existe ailleurs une parité des sexes (des genres ? On ne sait plus trop comment parler, désormais, en démocratie) La statistique, qui est l’ennemie du hasard, gouverne le vieux continent en lieu et place de la raison, c'est à dire en tyran imbécile.
J’ignore si vous connaissez le nom du maltais qui s’empare du dossier des affaires maritimes et de la pêche dans cette brillante commission. Pas plus que vous ne saviez le nom de la commissaire grecque qui s’en occupait précédemment. Malte, Grèce… On sent là comme un déterminisme.
J’ai appris, en jetant le nez dans la liste de tous ces pingouins, qu’il en existe un (une, plus exactement) en charge de la Justice, des Consommateurs et de l’Egalité des genres. On ne sait trop ce que ces notions font ensemble. Celle dont elle a pris le fauteuil, comme à l’Académie Française (sauf qu’ici on ne meurt pas quand on s’en va, c’est dommage !) s’occupait de la Justice, des droits fondamentaux et de la citoyenneté. Si les repères sémantiques ont une efficacité, c’est bien de déplacer les curseurs : dans cette démocratie européenne, le droit fondamental est la consommation, et la citoyenneté l’égalité des genres. Voilà qui promet des jours heureux.
Dans la répartition des sièges de vice-président(e)s, la distribution des emplois (on disait caractères au siècle classique) vise à la parité sans y parvenir, en raison diront les cartésiens du chiffre impair : Quatre hommes (un Estonien, un Letton, un Hollandais, un Finlandais) et trois femmes (une Polonaise, une Bulgare, une Italienne). Le tout chapeauté, comme chacun le sait, par un Luxembourgeois.
Tout ce petit monde - bien que fort éloigné de la sainteté - s'apprête à rentrer en fonction le 1er novembre qui vient. Vu de loin, le troupeau de commissaires photographié sur une pelouse ressemble plus au Conseil d’Administration d’une petite entreprise qu’à un Gouvernement. D’ailleurs, c’est exactement ce que c’est, un Conseil d’Administration, nommé pour cinq ans pour gérer les affaires des lobbies industriels et financiers, des loges, des groupes de presse et des partis. Voilà ce que les europhiles nomment impunément l’Europe. Une contre-façon, rien de plus. Un abus sémantique, comme beaucoup d'autres. Après, quand on est français, italien, grec, polonais, lituanien, et j’en passe, héritiers d'une belle culture et d'une longue histoire, comment diable ne pas se sentir à nouveau - et avant tout- nationaliste ?
Europe : le bonheur est dans les prés
21:57 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : vĕra jourova, jean-claude-juncker, europe, commission européenne, nationalisme |
Commentaires
En latin médiéval, "commisarius" désignait l'exécuteur testamentaire.
Hé bien, je trouve qu'ils ne pouvaient pas être mieux nommés, ces saltimbanques-là.
Écrit par : Bertrand | lundi, 20 octobre 2014
Excellent, Bertrand ! :D
(Quand je pense que "ministre" veut dire "serviteur"...)
Écrit par : Sophie K. | lundi, 20 octobre 2014
Ministre : du latin minister opposé à magister.
Écrit par : tamet de bayle | mardi, 21 octobre 2014
Les commentaires sont fermés.