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lundi, 12 février 2018

Psaumes de Carême

Les sept psaumes de la pénitence

Dans le premier (psaume 6), le psalmiste place Dieu devant un fait accompli : « Nul dans la mort ne se souvient de vous : qui publiera vos louanges dans le sépulcre? » : si Dieu désire être loué, il doit par conséquent sauver le psalmiste de son péché et effacer son iniquité de son vivant, car ensuite il sera trop tard.

Dans le deuxième (psaume 31) il se félicite d‘avoir confessé au Seigneur son péché et loue Dieu pour la force que procure l’intelligence de son pardon, dans un tressaillement d‘allégresse.

Il déduit ensuite (psaume 37) la mortalité de son corps de la contemplation des traces que le péché y a laissées : « Mes reins sont remplis d'illusions : et il n'y a plus rien de sain dans ma chair ». C’est un quasi cadavre qui chante, que tout le monde a fui et à qui ne demeure aucun secours.

« Mon péché est toujours devant moi », déclare-t’il ensuite (psaume 50), avant s'affiner sa confession : c’est contre Dieu seul que nous péchons finalement. Il implore la miséricorde afin de pouvoir à son tour soulager le prochain et convertir les impies. Le temps des holocaustes étant passé, il offre un cœur contrit et humilié à leur place.

 Devenu « semblable au pélican des déserts, et au hibou des lieux solitaires », conscient de la faible durée de son existence, le psalmiste est saisi de vertige devant le flot tumultueux des générations (psaume 101). Il déplore la captivité du peuple de Dieu dans Babylone et il s’offre à l'Éternel.

Vient alors le De profondis (psaume 129) tel un chant d'espérance : plus sûrement qu’un veilleur attend l’aube, il attend, lui, le Seigneur

Le célèbre psaume 142 clôt la séquence : le psalmiste affirme qu’il ne peut rien, seul contre l’ennemi. Cette fois ci, ce n’est pas le pardon de ses fautes qu’il implore, mais le secours dans le combat, la connaissance de ce que Dieu désire : « Enseignez-moi à faire votre volonté, parce vous êtes mon Dieu. »

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Jérusalem, statue du roi David, devant le Cénacle

00:55 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : david, psaumes, pénitence, carême | | |

samedi, 04 juillet 2015

De la ruine des sociétés

Juillet, nous y revoilà. Dans une ambiance caniculaire, au gré d'un faux suspens entretenu sur l'avenir de l'Europe pour le plus grand plaisir des spéculateurs et au cœur d'un climat délétère où j'entends certains se demander si ce qui s'est passé sur une plage en Tunisie ne pourrait se passer sur une plage de la Côte d'Azur, on s'apprête à suivre le Tour de France qui prend le relais des tournois de tennis, pour maintenir une illusion de cohérence dans une société en ruines. J'en profite pour laisser la parole à une réflexion d'Emmanuel Favier dans ce billet invité.

 

L’organisme humain fonctionne ainsi que la population cellulaire, qui est entièrement renouvelée tous les trois ans. Ceci n’est pas dire que les nouvelles cellules sont différentes de celles qui leur ont fait place. Elles sont les mêmes et elles sont d’autres, mais non sous le même rapport. Elles sont nouvelles en ce que les anciennes cellules sont mortes et d’autres ont été portée à existence par le procédé de multiplication cellulaire. Elles sont cependant les mêmes quant à leur essence, c’est-à-dire qu’elles se multiplient selon leur espèce propre : les cellules du cœur produisent d’autres cellules du cœur, celles du foie produisent d’autres cellules du foie, etc. Ainsi, si l’on applique ce principe à un corps de doctrine, il lui convient, pour vivre et  répondre continuellement aux nouvelles données politiques et sociales du moment, il lui convient, disais-je, de se renouveler.

 

Que ce soit dans les manuels d’histoire dispensés par l’Éducation nationale comme dans les milieux dits contre-révolutionnaires, on parle de 1789 comme une sorte de premier instant d’un big-bang politique, comme un an zéro d’une nouvelle ère. Certains y voient la naissance de la France, d’autres sa mort. Or, faire naître ou mourir notre pays en 1789 me paraissent deux idées aussi fausses l’une que l’autre, répondant au même jeu dialectique qui prétend dénier, oblitérer, une partie de l’histoire de France. Est-ce un principe basé sur le réel ?

 

De l’histoire de France tout doit être assumé ; « assumer, » ce qui n’est pas dire «approuver», «applaudir.» Assumer, «prendre sur soi, à soi», embrasser l’Histoire de France, c’est-à-dire un foisonnement bimillénaires de faits tour à tour glorieux et douloureux. Voilà la tâche du chercheur honnête, impartial, de celui qui n’est pas prisonnier d’un système de pensée, d’une sorte de convention mentale par laquelle il devrait ignorer certaines pages de cette histoire.

Pour cet historien, ce sont les principes les plus hauts qui doivent guider son jugement : le bon, le bien, le beau, le vrai, qui ne riment pas toujours avec « Français ». Ainsi que le disait le Pape Grégoire IX, la France n’est grande que soumise au Christ. Comme le corps assume une nourriture sans en rien rejeter d’abord, puis la consume en en expulsant les toxines et en n’en gardant que ce qui participe à sa régénération, de même il faut assumer notre Histoire et n’en retenir que ces leçons de vie qui peuvent participer à la construction d’un avenir.

 

Il me semble donc plus juste de dire que la Révolution de 1789 exécuta un corps social déjà affaibli et malade. En effet, toute maladie qui parvient à pénétrer un corps profite d’une baisse des défenses immunitaires.

Depuis, sa décomposition n’a pas cessé, et nous arrivons sans doute aujourd’hui au terme de ce lent mais fatal processus.

 

Chez le vivant l’âme est le principe vital, maintenant l’unité du tout. Quand la mort survient, le corps, privé de son principe unitif, va alors tendre à trouver un nouvel équilibre par la dissolution du tout dans ses parties, c’est-à-dire par la décomposition, au terme de laquelle le corps ne sera plus que poussière.

Mais ce n’est pas tant du pourrissement du corps humain dont je veux m’occuper ici que de celui des sociétés.

 

La mort est, comme dit ci-dessus, la dissolution du tout dans ses parties. Or c’est bien de la Révolution de 1789 que sont nés les partis ; lesquels, en réalité, ne sont pas la résultante d’un corps en vie (peut-être un cadavre, juste après la mort, peut encore présenter certains aspects propres aux vivants : la couleur, la chaleur… ou peut-être certaines personnes confondent-elles le grouillement des vers avec la vie corporelle ?), mais bien d’un cadavre en décomposition. On pourrait classer ces partis en deux catégories, ou plutôt en un dégradé commençant à l’extrême-gauche : parti de ceux qui souhaitent précipiter l’anéantissement de la dépouille par la promotion de tout ce qui peut favoriser sa dissolution ; et l’extrême-droite, parti de ceux qui, au contraire, veulent arrêter net ce processus en plongeant les précieux restes dans le formol, ou, du moins, réduire la pestilence résultant de la décomposition du corps social.

 

De là, deux remarques.

 

Premièrement. L’ordre ancien — s’il le faut décrire en quelques mots, — basé sur la loi naturelle tendait, en général, au bien commun qui consiste, selon la formule populaire à «rendre les gens heureux» (d’un véritable bonheur, i.e., de permettre à l’homme de tendre vers sa fin et dans l’ordre naturel, et dans l’ordre surnaturel). Ainsi, l’unique recherche du bien commun, d’abord sur un plan matériel (rôle de l’État), puis dans l’ordre spirituel (rôle de l’Église), est, ou devrait être l’unique but d’une société. C’est la fin que lui a assigné la nature. Le bien commun est la forme substantielle (c’est-à-dire le principe vital) d’une société. Ce bien commun transcende toutes idéologies, tous partis. Le bien commun tend à l’unité, à la santé, à la sainteté. Le bien commun est à une société ce que l’âme est au corps. En réalité, ce bien commun est multiforme : il prend parfois les apparences du socialisme, parfois ceux du libéralisme, d’autres fois il arbore les couleurs du patriotisme, du nationalisme.

 

Les idéologies, au contraire, indiquent elles-mêmes par leurs suffixations en ismes l’absolutisation qu’elles font d’un des différents aspects du bien commun, au mépris des autres : libéral-isme, national-isme, commun-isme. Seule une vraie société sait jouer de tous ces éléments harmonieusement ; ces éléments qui n’ont, en fait, de cohérence, de «raison d’être» —tout simplement— que dans une poursuite véritable du bien commun.

 

Deuxièmement. Les nationalismes, fascismes, conservatismes sont des idéologies. Ils ne sont donc pas aptes, —ne se le proposant par pour but, et étant, de toute façon, la résultante mortifère de la décomposition de l’ordre ancien— de réformer et surtout de re-former une société véritable. Ne s’agissant que d’arrêter ou de ralentir le processus irréfragable de décomposition, ces idéologies dispersent en vain les volontés, les forces, les intelligences, cherchant à conserver un cadavre voué à finir en poussière.

 

Enfin, concernant le conservatisme.

Comme dit saint Augustin, deux amours ont fait deux cités : l’amour de soi poussé jusqu’au mépris de Dieu constitue la cité des impies ; l’amour de Dieu poussé jusqu’au mépris de soi constitue la cité des justes.

Ces deux cités sont essentiellement différentes. L’une est un Être vivant, l’autre un corps mort. Cependant, de cette haine millénaire entre les deux cités, quelques résolutions ont été prises par les impies afin de donner un cachet de pérennité à leur œuvre. Quand, au lieu de la chair et du sang il ne restera du cadavre social qu’un squelette et des tissus secs, il leur faudra l’embaumer. C’est là qu’interviendront les conservatismes. Après avoir tout dissous dans le magma de l’indifférentisme, du subjectivisme, il conviendra de revenir sur certains aspects extrêmes des législations précédentes qui avaient en fait pour but la destruction de la société. On remettra en valeur l’Ordre ancien comme en Angleterre on met en valeur les ruines des Abbayes détruites par la Réforme : une pelouse bien verte, tondue régulièrement, d’où surgissent quelques pierres empilées les unes sur les autres, consolant les nostalgiques qui diront que, finalement, tout n’est pas perdu.

 E.F.

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[L’Amérique pratique le sacrifice perpétuel de la société à l’individu, et le voudrait répandre partout, c’est la déification de l’homme, c’est le modèle le plus achevé des idées anti-ecclésiastiques, ecclesia, qui signifie société, réunion, pour constituer une véritable anti-société.]

 

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David, Serment du Jeu de paume

mardi, 26 mai 2015

Que sacrifions-nous ? (2)

Tout en surveillant une épreuve de BTS dans un bâtiment en préfabriqué dont même la Bulgarie des Soviets rougirait, je me plongeais dans les livres de Samuel que je n’avais pas relus depuis  des décennies. L’histoire de Samuel, celles de Saül et de David, celle enfin de son fils Salomon sont traversées par un même souffle narratif, un magnifique lyrisme historique dont le cœur poétique, l’établissement de la royauté d’Israël par Yahvé Sabaot, irradie pleinement chaque péripétie, comme en témoigne une phrase comme celle-ci : « Remplis ta corne d’huile et va. Je t’envoie chez Isaï de Bethléem, car j’ai vu parmi ses fils le roi que veux ». La cithare de David ainsi me berçait, me faisant oublier l’indigne servitude des candidats qui m’entouraient et ma propre servitude plus indigne encore parmi eux, dans ce lieu à mi chemin entre le hangar, l’entrepôt et la salle d’examen, en quoi se résumaient à mon sens toute la tristesse et la duplicité de cette rouée et veule République. Le souffle épique des guerres de David, le murmure si spécifiquement doux de ses prières m’emportaient, tandis que les heures s’écoulaient. Au début du livre des Rois (2,2) David mourant dit à son fils Salomon : « Je m’en vais par le chemin de tout le monde ». « De toute la terre », traduit Augustin Crampon. Ou encore «  de tous les hommes ». L’Ecclésiaste prolongera l'hymne en soufflant un peu plus tard dans ces pages sublimes: Vanité, vanité, tout est vanité et poussière au vent…

A quoi en effet  sommes-nous tous en train de perdre notre vie ? Que sacrifions-nous ?  A la source de toute chose, bonne ou mauvaise, David voyait Dieu. Dieu le comblant de grâce ou le laissant se morfondre dans le péché. Je me disais qu’assurément, ni lui ni Salomon ne comprendraient les mots, les gestes des créatures qui m’entouraient, ni à quoi la société des hommes exigeait qu'ils appliquassent leur attention. Assurément, ces rois antiques ne comprendraient rien à notre goût pour les droits de l’homme, notre science, notre technologie, les prétendues valeurs de notre infirme raison. Nada. De cela nous pouvons être sûrs, et pour certains d’entre nous, fiers jusqu’à la plus glaçante des terreurs. Mais nous ? Que comprenons-nous encore de leur parole ? de leur foi ? Gavés d’idioties contemporaines, nous irons pourtant à notre tour « par le chemin de tout le monde ». Qu’aurons-nous sacrifié à nos médiatiques idoles, aux stupides politiciens qui s'engraissent à nos frais ? Le meilleur de nous-mêmes, j’en ai bien peur,  notre foi, notre espérance, notre charité, dans les débats stériles des démocraties modernes où tout est si diaboliquement inversé, dans la lutte pour la survie existentielle de chacun, dans l’affirmation hautaine de nos vaines opinions ?

« Distinguez ma cause du milieu d’une nation infidèle, de l’homme injuste et fourbe, délivrez moi » : c’est ce que chantait David, une supplique du dehors et du dedans, c’est ce que le prêtre chante au bas de l’autel avant le saint sacrifice, et c’était comme un baume de pur grâce répandu dans la précarité significative de ces bâtiments en préfabriqués où s'édifient les servitudes de demain…

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David, église Notre Dame à Boulogne sur Mer

10:54 Publié dans Là où la paix réside | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bible, david, salomon, saül, france, culture, éducation, république | | |