Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mercredi, 13 janvier 2016

Manifestation (6)

VI

« Ne vous modelez pas sur le temps présent » : l’exhortation de saint Paul aux Romains ne pouvait mieux résumer ce besoin de mise à l’écart qu'il ressentait par rapport aux fous furieux qui dirigeaient le pays.  La légèreté avec laquelle la « laïcité à la française » traitait le fait religieux depuis quelques mois le laissait en effet pantois. Un tel aveuglement pouvait-il être involontaire ?

Un président qui, le même jour  (le 11 janvier 2015), dresse le panégyrique de la République pour finir la soirée dans une synagogue et qui, un an plus tard, après avoir dénoncé les méfaits d’un état islamique radical, va boire le thé dans une mosquée tout en se prétendant « père de la nation » (le 11 janvier 2016), courant les religions comme autant de marchés électoraux, c'était non seulement inconséquent, stupide, mais surtout dangereux au plus haut point. Car ce président irresponsable engageait non seulement sa parole, mais celle aussi du pays ; sa sécurité, mais aussi celle du peuple qu’il représentait si mal depuis quatre ans sur la scène internationale. Il serait temps de le démissionner Seigneur, songea Jérôme, en poussant la poste de son modeste appartement.

Il préférait, et de loin, la posture lucide de son prédécesseur qui, dans son discours du Latran avait déclaré en décembre 2007 que « l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur ». Sarkozy, lui, avait au moins compris en quoi le républicanisme ne peut être une religion. On peut reprocher beaucoup de choses à la droite française, mais pas au moins cette posture clownesque de curé laïc, adoptée par les Cazeneuve, Taubira, Valls, Belkacem, et autre Tartuffe inconditionnels du vivre ensemble. Il ne leur manquait à tous, décidément, qu'un nez de clown pour ressembler à Bozo, pensa-t-il en se servant un verre de muscadet. Méritaient-ils sa fureur ? Non pas... Mais ils étaient dangereux. Fous dangereux. Là était tout le problème. Et lui, que pouvait-il, sinon subir, subir et subir ?  « La mort des pauvres est la fin d’une corvée », écrivait Louis Guilloux dans Les Batailles Perdues.

C’était certes un vœu pieu de désirer que toutes les religions cohabitent, mais il aurait fallu pour cela une théologie plus sérieuse que la ribambelle de lieux communs, érigés en loges, que leur servaient matin, midi et soir les médias à la botte du régime. Il aurait fallu plus de culture véritable que n’en avaient ces pitres formatés par les grandes écoles, plus de réelle ouverture à l’autre que ces discours de façade rédigés par des communicants, plus de courage, enfin, que n’en avaient ces girouettes qui passent d’un discours à un autre comme on change de préservatifs. Car non, marmonnait Jérôme en vidant son muscadet, la vie des pauvres ne peut être une corvée.

Saint Paul, évidemment parlait d’or lorsqu’il invitait les Romains à ne pas se modeler au temps présent, mais à se laisser transformer par le renouvellement de l’intelligence afin de discerner la volonté de Dieu : « ce qui, disait-il, est bon, agréable et parfait ». Au fond, c'est tout le Régime qui était corrompu, qui prétendait assurer la protection et la sécurité en faisant régner l'arbitraire et la terreur, rien de neuf sous le soleil, de Pilate à Hollande...

« Les Lumières, professait jadis Kant, c’est la sortie de l’homme de sa propre minorité, dont il est lui-même responsable ». Version décalquée et dégradée de ce que Christ le Doux avait inauguré en inventant l’homme libre : « «Le salut, c’est la sortie de l’homme de son propre péché, dont il est lui-même responsable. » De toute évidence, l'athéisme post-moderne niait l’une et l’autre proposition : l’homme devait demeurer dans sa propre minorité et dans son péché à la fois. Plus d'issue par la verticalité, et plus non plus par l'horizontalité : La preuve ? Tout ce que le locataire autiste de l'Élysée trouvait à proposer face au « malaise de la jeunesse » était … Un livret de citoyenneté ! Le collège à vie, autrement dit, et le droit d'élire tous les cinq ans son délégué... Mais il est vrai que ce président-là n'avait pour seul charisme que celui d'un principal de collège.

-(A SUIVRE)

france,christianisme,louis guilloux,islam,religion,république,laïcité,saint paul,épitre aux romains,bible,littérature

CONVERSION DE PAUL

 

samedi, 09 janvier 2016

Le trop œcuménique François

Mais de quelle religion François est-il le pape ?


 

17:27 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pape françois, œcuménisme, religion, bouddhisme, islam, catholicisme, bible, thora, vatican, vatican ii | | |

jeudi, 26 novembre 2015

Être français

Il fallait s’y attendre : après « les attentats », le tricolore et l’hymne national reprennent du poil de la bête, surtout chez ceux qui depuis des années se revendiquent citoyens du monde et vous traiteraient presque de fasciste si vous affichez une préférence trop marquée pour votre propre pays, sa langue, sa culture, sa religion. Mark Zuckerberg, qui n’est pourtant guère français, a initié ce mouvement avec son filtre tricolore que des milliers voire des millions de gens ont adopté sur le coup de l’émotion. Brandir le drapeau français aujourd’hui, c’est donc un peu comme brandir en 2001 le drapeau américain, c’est s’afficher solidaire d’on ne sait trop quelle indignation mondialisée contre des « terroristes » qu'on craint de nommer, et se revendiquer de la plus élémentaire humanité.

Ce raccourci permit à Hollande, habitué des phrases qui ne veulent rien dire en apparence mais relèvent toujours de la même propagande simpliste pour un monde globalisé, d’affirmer ceci à la tribune de l’ONU : « s’attaquer à la France, c’est s’attaquer au monde ». Élément de langage parmi tant d’autres, remake étrange cependant d’une phrase similaire datée de janvier : «S’attaquer aux Juifs, c’est s’attaquer à la République. » Pour ce type qui tient lieu de président, les Français seraient-ils au monde ce que les Juifs sont à la République ? Appelons cela une minorité symbolique ?

Une phrase de Juppé, sur son blog provincial a attiré mon attention. Nul n’ignore plus que le septuagénaire brigue la succession de Hollande. «  Rien n’interdit de travailler en même temps à la réconciliation des Syriens, qui passera par un changement d’équipe à Damas. », explique-t-il, après avoir laissé entendre que se débarrasser de Daech serait un jeu d’enfant. Un changement d’équipe à Damas ?  Réconcilier les Syriens d'un coup de baguette magique ? Ou de Déclaration des droits de l'homme ? Élisons-nous les membres du conseil d’administration de la vaste entreprise mondiale ou, plus prosaïquement, un simple gouvernant français ? Qu’est-ce que la France pour lui, sinon un strapontin lui permettant de prendre place au G 20 et de jouer sa partition personnelle dans les réunions internationales de ces prochaines années ?

Juppé, fan de coaching à l’américaine appelle dorénavant équipe un gouvernement et  parle fort diplomatiquement d’un président étranger (Bachar-el Assad) comme d’un joueur de foot qu’il faudrait remplacer avant le commencement d’une nouvelle mi-temps. Qu’ils aient nom Sarkozy, Hollande, Valls ou Juppé, l’hubris de ces gens se révèle sans limites. Et, malgré tout le respect que je dois à « un homme d’état de dimension internationale » comme des gens de gauche qui étaient prêts à aller voter pour lui à la primaire des Républicains le bramaient un peu partout, j’ai l’impression de mieux connaître la Syrie que lui. Ces gens sont décidément des fous dont on se demande s’ils sont encore connectés à la réalité du pays, c'est-à-dire, excusez-moi l’expression, s’ils sont encore français ?

Être français… Récemment, j’ai trouvé ce titre sur la page d’actualités de Google, qu’en un autre temps on aurait cru tiré d’un cadavre exquis surréaliste : « une famille syrienne porte plainte contre un jihadiste français qui a tué leur enfant» Jihadiste français, cela relève pour moi de l’oxymore, voire de l’insulte. L’oreille s’habitue pourtant à entendre un tel non-sens, pas seulement la nôtre, mais celle de tous les apatrides de ce monde globalisé dans lequel les Obama, Merkel, Hollande, Cameron et autres Juncker rêvent de laisser le souvenir de leur nom, au prix de contorsions aussi inouïes que scandaleuses. Être français, dans leur monde, cela ne veut plus rien dire, et je me sens dorénavant presque un étranger lorsque j'assure à mes étudiants qu’on ne saurait se revendiquer de la France quand on n’a lu ni La Fontaine, ni Chateaubriand, ni Flaubert, ni même Homère ni surtout par ces temps troubles la Bible, les quatre évangiles compris, bien entendu…

Mark Zuckerberg,drapeau français,marseillasie,hymne national,onu,juppé,daech,damas,syrie,bachar-el-assad,bible,évangile

en sortant de l'école... (ce à quoi Prévert n'avait pas pensé)

Lire ICI & ICI les billets de Ph Nauher et Bertrand Redonnet sur le sujet

mardi, 26 mai 2015

Que sacrifions-nous ? (2)

Tout en surveillant une épreuve de BTS dans un bâtiment en préfabriqué dont même la Bulgarie des Soviets rougirait, je me plongeais dans les livres de Samuel que je n’avais pas relus depuis  des décennies. L’histoire de Samuel, celles de Saül et de David, celle enfin de son fils Salomon sont traversées par un même souffle narratif, un magnifique lyrisme historique dont le cœur poétique, l’établissement de la royauté d’Israël par Yahvé Sabaot, irradie pleinement chaque péripétie, comme en témoigne une phrase comme celle-ci : « Remplis ta corne d’huile et va. Je t’envoie chez Isaï de Bethléem, car j’ai vu parmi ses fils le roi que veux ». La cithare de David ainsi me berçait, me faisant oublier l’indigne servitude des candidats qui m’entouraient et ma propre servitude plus indigne encore parmi eux, dans ce lieu à mi chemin entre le hangar, l’entrepôt et la salle d’examen, en quoi se résumaient à mon sens toute la tristesse et la duplicité de cette rouée et veule République. Le souffle épique des guerres de David, le murmure si spécifiquement doux de ses prières m’emportaient, tandis que les heures s’écoulaient. Au début du livre des Rois (2,2) David mourant dit à son fils Salomon : « Je m’en vais par le chemin de tout le monde ». « De toute la terre », traduit Augustin Crampon. Ou encore «  de tous les hommes ». L’Ecclésiaste prolongera l'hymne en soufflant un peu plus tard dans ces pages sublimes: Vanité, vanité, tout est vanité et poussière au vent…

A quoi en effet  sommes-nous tous en train de perdre notre vie ? Que sacrifions-nous ?  A la source de toute chose, bonne ou mauvaise, David voyait Dieu. Dieu le comblant de grâce ou le laissant se morfondre dans le péché. Je me disais qu’assurément, ni lui ni Salomon ne comprendraient les mots, les gestes des créatures qui m’entouraient, ni à quoi la société des hommes exigeait qu'ils appliquassent leur attention. Assurément, ces rois antiques ne comprendraient rien à notre goût pour les droits de l’homme, notre science, notre technologie, les prétendues valeurs de notre infirme raison. Nada. De cela nous pouvons être sûrs, et pour certains d’entre nous, fiers jusqu’à la plus glaçante des terreurs. Mais nous ? Que comprenons-nous encore de leur parole ? de leur foi ? Gavés d’idioties contemporaines, nous irons pourtant à notre tour « par le chemin de tout le monde ». Qu’aurons-nous sacrifié à nos médiatiques idoles, aux stupides politiciens qui s'engraissent à nos frais ? Le meilleur de nous-mêmes, j’en ai bien peur,  notre foi, notre espérance, notre charité, dans les débats stériles des démocraties modernes où tout est si diaboliquement inversé, dans la lutte pour la survie existentielle de chacun, dans l’affirmation hautaine de nos vaines opinions ?

« Distinguez ma cause du milieu d’une nation infidèle, de l’homme injuste et fourbe, délivrez moi » : c’est ce que chantait David, une supplique du dehors et du dedans, c’est ce que le prêtre chante au bas de l’autel avant le saint sacrifice, et c’était comme un baume de pur grâce répandu dans la précarité significative de ces bâtiments en préfabriqués où s'édifient les servitudes de demain…

Jgr1TsDwgrQ7WfmEGz8JpA1hO4g.jpg

David, église Notre Dame à Boulogne sur Mer

10:54 Publié dans Là où la paix réside | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bible, david, salomon, saül, france, culture, éducation, république | | |