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jeudi, 26 novembre 2015

Être français

Il fallait s’y attendre : après « les attentats », le tricolore et l’hymne national reprennent du poil de la bête, surtout chez ceux qui depuis des années se revendiquent citoyens du monde et vous traiteraient presque de fasciste si vous affichez une préférence trop marquée pour votre propre pays, sa langue, sa culture, sa religion. Mark Zuckerberg, qui n’est pourtant guère français, a initié ce mouvement avec son filtre tricolore que des milliers voire des millions de gens ont adopté sur le coup de l’émotion. Brandir le drapeau français aujourd’hui, c’est donc un peu comme brandir en 2001 le drapeau américain, c’est s’afficher solidaire d’on ne sait trop quelle indignation mondialisée contre des « terroristes » qu'on craint de nommer, et se revendiquer de la plus élémentaire humanité.

Ce raccourci permit à Hollande, habitué des phrases qui ne veulent rien dire en apparence mais relèvent toujours de la même propagande simpliste pour un monde globalisé, d’affirmer ceci à la tribune de l’ONU : « s’attaquer à la France, c’est s’attaquer au monde ». Élément de langage parmi tant d’autres, remake étrange cependant d’une phrase similaire datée de janvier : «S’attaquer aux Juifs, c’est s’attaquer à la République. » Pour ce type qui tient lieu de président, les Français seraient-ils au monde ce que les Juifs sont à la République ? Appelons cela une minorité symbolique ?

Une phrase de Juppé, sur son blog provincial a attiré mon attention. Nul n’ignore plus que le septuagénaire brigue la succession de Hollande. «  Rien n’interdit de travailler en même temps à la réconciliation des Syriens, qui passera par un changement d’équipe à Damas. », explique-t-il, après avoir laissé entendre que se débarrasser de Daech serait un jeu d’enfant. Un changement d’équipe à Damas ?  Réconcilier les Syriens d'un coup de baguette magique ? Ou de Déclaration des droits de l'homme ? Élisons-nous les membres du conseil d’administration de la vaste entreprise mondiale ou, plus prosaïquement, un simple gouvernant français ? Qu’est-ce que la France pour lui, sinon un strapontin lui permettant de prendre place au G 20 et de jouer sa partition personnelle dans les réunions internationales de ces prochaines années ?

Juppé, fan de coaching à l’américaine appelle dorénavant équipe un gouvernement et  parle fort diplomatiquement d’un président étranger (Bachar-el Assad) comme d’un joueur de foot qu’il faudrait remplacer avant le commencement d’une nouvelle mi-temps. Qu’ils aient nom Sarkozy, Hollande, Valls ou Juppé, l’hubris de ces gens se révèle sans limites. Et, malgré tout le respect que je dois à « un homme d’état de dimension internationale » comme des gens de gauche qui étaient prêts à aller voter pour lui à la primaire des Républicains le bramaient un peu partout, j’ai l’impression de mieux connaître la Syrie que lui. Ces gens sont décidément des fous dont on se demande s’ils sont encore connectés à la réalité du pays, c'est-à-dire, excusez-moi l’expression, s’ils sont encore français ?

Être français… Récemment, j’ai trouvé ce titre sur la page d’actualités de Google, qu’en un autre temps on aurait cru tiré d’un cadavre exquis surréaliste : « une famille syrienne porte plainte contre un jihadiste français qui a tué leur enfant» Jihadiste français, cela relève pour moi de l’oxymore, voire de l’insulte. L’oreille s’habitue pourtant à entendre un tel non-sens, pas seulement la nôtre, mais celle de tous les apatrides de ce monde globalisé dans lequel les Obama, Merkel, Hollande, Cameron et autres Juncker rêvent de laisser le souvenir de leur nom, au prix de contorsions aussi inouïes que scandaleuses. Être français, dans leur monde, cela ne veut plus rien dire, et je me sens dorénavant presque un étranger lorsque j'assure à mes étudiants qu’on ne saurait se revendiquer de la France quand on n’a lu ni La Fontaine, ni Chateaubriand, ni Flaubert, ni même Homère ni surtout par ces temps troubles la Bible, les quatre évangiles compris, bien entendu…

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en sortant de l'école... (ce à quoi Prévert n'avait pas pensé)

Lire ICI & ICI les billets de Ph Nauher et Bertrand Redonnet sur le sujet