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dimanche, 12 juin 2016

Le foot ce n'est pas ça

A priori, rien de grand mal à aimer taper entre copains dans un ballon dominical. Quand on se sait du village voisin, mais qu’on jargonne la même langue, appartient à la même Eglise, lit les mêmes bouquins, c’est même un passe-temps agréable et instructif :  on y apprend la compétition intraitable, le dépassement de soi salutaire, le respect de l’adversaire, de ses coéquipiers, sans oublier celui de l’arbitre, comme disent les adeptes de ce bon monsieur Coubertin. Au pire, le tout s’achève au soir en Guerre des boutons et laisse ensuite quelques inoffensives traces à la Clochemerle, rien que des bons souvenirs.

Que des pseudo-élites mondialisées se saisissent subrepticement du passe-temps pour en faire un enjeu éducatif, puis politique, et de là un business international, un produit industriel et médiatique, enfin, distribué sur la planète entière, on change de disque et de ritournelle. Le terme demeure, certes. Foot... Mais voilà que d'étranges danseurs ont envahi la piste. Des organisations brassant des milliards, en cheville avec des loges maçonniques brassant des programmes politiciens, des partis politiques chargés de les mettre en œuvre, des états couchés devant les grands groupes financiers qui s’occupent des divertissements des peuples. Ce n'est même plus le règne du Sol Invictus latin et de son trop célèbre Panem and circenses. La formule post-moderne est pire, plus sournoise, plus insidieuse et donc plus performante puisqu'elle emprunte les canaux d'internet qui croupissent aux tréfonds des fosses marines et ceux des satellites qui survolent et surviolent notre léthargie 24 heures sur 24 pour s'infiltrer dans le moindre écran. Le Léviathan du foot spectacle croit, s’organise, pompe le fric du contribuable pour faire advenir les stades dont il a besoin, et un temps d’antenne qui s’assimile depuis trente ans à la pire des propagandes, avec une armée d’experts qui vous commente d'un ton de mandarin sorbonnard le moindre coup franc comme si c’était un coup militaire d’envergure, une métaphore audacieuse, un algorithme inédit...

Ce qui est tolérable en temps de prospérité ne l’est plus en temps de crise. Les salaires des Zlatan, Messi, Zidane, les histoires de cul des Ribéry, Benzema et autres idoles en toc de cette micro-société, les entourloupes financières entre copains prennent peu à peu des allures de scandales internationaux. Et puis, ce matraquage. Des écrans en plein centre villes, on se croirait dans 1984.... des gens assis sur l’espace public comme si c'était un espace privé, buvant des bières et gueulant comme des putois orwelliens, des écrans géants pour marteler quoi ?  Une tragédie antique ? Un opéra de Verdi ? Un débat citoyen ? Une messe ? Vous n’y être pas. Des matches, des matches, des matches et encore des matches…

Alors, lorsque survient l’incident, les zélés spécialistes de sport viennent vous expliquer d’un ton juste ce qu'il faut de larmoyant, de ferme et de moralisateur, ce ton qui ressemble à celui des curés défroqués qui nous gouvernent que « le foot, non, ce ne n’est pas ça ». On s’en doutait, remarquez bien ! Curieux éléments de langage, malgré tout que leurs copains, les spécialistes de politique utilisent pour vous dire que la gauche ce n’est pas ça (le vilain libéralisme) ou les spécialistes du phénomène religieux pour vous dire que l’Islam, ce n’est pas ça (le wahhabisme saoudien et le salafisme daèchien). Bref. Ce qu'on voit, ce qu'on comprend, ce n'est jamais ça... Ils ont appris le déni de la Réalité auprès des mêmes experts en communication, tous formatés dans les mêmes écoles, pour insinuer leur parole d'expertise entre moi et ma raison.  Le foot, donc, ce n’est pas ça…  Mais ça quoi ? Et de quel foot parle-t-on ? Quel est ce ça qui sifflent à nos oreilles ?

Quand ce jeu a été instrumentalisé en compétition internationale pour servir d’église, de langue et de culture à un projet politique qui s’ingénie depuis, par ailleurs, à saborder les églises, réduire les langues à de la parole onomatopéique et raser les cultures à force de les mêler dans un melting-pot aussi incompréhensible qu’indigeste, je ne sais si ses odieux promoteurs avaient pensé que le foot n’étant ni une religion, ni une langue, ni une culture, leur entreprise serait voué à l’échec un jour ou l’autre. Sans doute ont-ils pensé qu'ils avaient le temps de faire fortune avant. Vouloir, à la façon du Grand Ridicule de l’Elysée, faire du foot une religion, une langue, une culture quand il n’est rien de tout ça, c’est lester un simple sport de trop d’enjeux, tel un sac de toile lesté de trop de kilos. C'est comme le mensonge électoral, cela finit par craquer. Le foot n’étant qu’une activité sportive, il est donc normal que le jeu de dupes que fut sa récupération politicienne s’achève au pire en scènes de guérillas urbaine, au mieux en un divertissement pitoyable encadré par des colonnes de CRS, un comble pour ce qu’on nous vend tel un symbole de l’art de faire la fête chez nous !!!….

La faute n'en revient pas à ces hooligans avinés qui se sont laissés prendre au piège de ce montage grossier et qui gâchent la fête, non... Pas plus qu'à ces cégétistes irresponsables qui défendent leur bout de gras face aux promesses du monde de demain. Des pauvres types incultes, si vous voulez, mais certes pas, comme le braillent les médias, des responsables… Les responsables sont à chercher du côté du pouvoir mis en place depuis un quart de siècle, c'est à dire de ces trois là : je laisse à chacun le soin de penser lequel est le pire, pour ma part, mes lecteurs connaissent mon opinion, même si je n'en blanchis aucun.

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98, funeste date pour la France ; les responsables sont aussi à chercher de ce côté là

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Encore que ces cinq-là ne soient que la face visible d'un putride iceberg. Ils tireront leurs épingles du jeu en tout bien tout honneur, évidemment, se recasant qui au Conseil Constitutionnel, qui à la direction de la FIFA. Comme par hasard, c’est dans les centre villes, hors stade – non loin des fan-zones (quel curieux non pour une place publique, n’est-ce pas ?) que ça se passe dorénavant. Là où les gens - tous les gens, y compris ceux qui n'aiment pas le foot, et qui peut-être n'aiment pas non plus la politique et les medias, sont, vivent, travaillent et discutent ensemble. Le diable sait user de la raison quand il s’agit de ruser et ce coup là a été suffisamment bien monté pour faire oublier ça et ça :

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Avec le temps, il saura bien faire oublier ça : 

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Car l'homme, ainsi livré à lui-même par le libéralisme de marché et de mœurs, ce n'est évidemment pas ça...

15:06 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : platini, zidane, heysel, foot, euro, chirac, 98, euro2016, marseille, vélodrome, stade des lumières | | |

jeudi, 05 juin 2014

Brazil protests

Depuis que la France, pays des Lumières, des Droits de l’homme, et blablabla, s’est retrouvée en 1998 zidanisée en quelques directs de TF1 bien troussés, on n’entendit guère de voix autorisées vraiment protester sur son sol contre le foot spectacle institutionnalisé et toutes les dérives qui vont de pair ; au contraire : de Zidane en Zlatan, le mal est allé croissant, comme en témoigne cette trentaine d’élus  de la République – de ce qui en reste –qui  viennent de fonder une équipe de foot  parlementaire. Issus des rangs de la droite comme de la gauche, entraînés par l’inusable Guy Roux, ils ont nom  François Baroin, Bruno Le Roux, Marie-Arlette Carlotti, Christophe Cavard, Luc Chatel, Barbara Pompili, Razzy Hammadi, Eric Woerth et autres guignols… Claude Bartolone, qui m’a toujours fait penser à l’idiot utile qu’on invite pour occuper le siège du bout de table quand on a mal compté le nombre d’invités à la première communion du petit, a émis pour l’occasion une pensée profonde : « Il faut populariser ce besoin de jouer ensemble dans cette assemblée et respecter l'adversaire. »

A Sao Paulo, pendant ce temps, 9700 employés du métro ont décidé d’entamer une grève illimitée. La ville doit accueillir le match d’ouverture du Mondial (Brésil-Croatie) dans une semaine.  « S’il y a de l’argent pour le stade, pourquoi n’y en a-t-il pas pour les transports publics? », a lancé le président du syndicat des employés du métro. Des grèves sectorielles sont prévues durant les matchs. Même les profs ont parait-il donné de la voix contre la FIFA. C'est dire ! Bref, les protestations que les classes moyennes françaises prétendument éclairées de 1998 n’ont pas même su esquisser, celles, brésiliennes de 2014, parviendront-elles à les faire entendre ? En tout cas, elles ne pourront visiblement guère compter sur l'élite politique de l'hexagone pour soutenir leurs revendications, c'est bien le moins qu'on puisse dire...

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© PAULO ITO/FLICKR Peinture murale de l'artiste de rue brésilien Paulo Ito, réalisée en mai 2014 à Sao Paulo

09:31 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : zidane, zlatan, guy roux, brazil protests, baroin, bartolone, brésil, mondial, 2014, football, fifa, sao paulo | | |

mardi, 23 octobre 2012

Le foot, les Beaux Arts et les Lettres

Le footballeur Ibrahimovic est  aussi un écrivain. Si si. Il est en lice pour le prix August, l’équivalent suédois du Goncourt, qui sera remis le 28 novembre prochain. Fort à parier que cette annonce est un coup de com destiné à lancer la traduction française du bouquin pondu en collaboration avec le journaliste David Lagercrantz, et sobrement titré Moi Zlatan Ibrahimovic (un million d’exemplaires écoulés en Suède), et qu’il sera retiré avant des listes finales. N’empêche. De ses patrons qataris au prix mirobolant de son transfert au PSG, l’énergumène surgi des banlieues nordiques possède, dirait Barthes, « tous les signes de la post-modernité ». A ce titre, qui dira vraiment si cette chose hybride est un pauvre immigré qui a réussi ou  un membre de l’élite qui a grandi dans les cités,  un footballeur qui écrit ou un écrivain qui joue au foot.  Originaire de Bosnie Herzégovine par son père, de Croatie par sa mère, de Suède par sa nationalité, du Qatar par sa fiche de paye, du PSG par son club, en Ibrahimovic s’infusent tant de sèmes comme autant de trophées qu’il force notre respect et mérite bien de l’académie.

 

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Cela fait penser au coup de boule de Zidane sur Materazzi en 2006, décliné en « œuvre d’art » par le plasticien Adel Abdessemed, et installé jusqu’au 7 janvier devant le Centre Pompidou.  Le machin, intitulé Coup de tête (et non Coup de boule), trône sur le parvis de l’art contemporain, et non dedans. Tout ça tient du fils de prolo pas encore tout à fait admis dans  dans la bonne société, et qui dit zut au lieu de merde. Coup de tête, donc. Pourquoi pas Intellect, ou Esprit ? Cela viendra à son heure, n’en doutons pas, quand l’inénarrable Zizou sera entraîneur national.

Philippe Alain Michaud, le très ironique commissaire de l’exposition, explique que la sculpture est « une ode à la défaite » et que « Le regard de Zidane vers le sol nous rappelle celui d'Adam, chassé du paradis ». Plutôt qu’à la tradition judéo-chrétienne, c’est davantage à l’impérialisme de la Rome antique qu’il faudrait assimiler ces figures de bronze de cinq mètres à l'esthétique échappé d’on ne sait quel de ces pompeux trophées remis dans les fédérations de province, esthétique emblèmatique des temps plus-que-merdiques que nous vivons.

Dans le même goût, la récente toile d’Albert Groenheyde, assimilant la gloire sportive à un martyr avec la pose et le visage de ce très christique Usain Bolt dans la pure tradition du street-art en papier glacé affectionné par les aficionados du mélange des genres et du métissage culturel : Le foot comme langage artistique universel et l’art comme réceptacle du significatif rien de neuf sous le soleil qu’il a à dire. 

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mardi, 07 décembre 2010

Falsification

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Il paraît qu’Eric Cantona a retiré en cash une partie des sommes accumulées grâce à ses contrats publicitaires avec Bic, L’Oréal, Renault et Nike.  Le site d’information Wansquare annonce qu’il aurait fait virer 750 000 euros – soit un montant tout juste inférieur à la première tranche de l’ISF – de la très sélecte banque Léonardo vers un compte courant plus populo, ouvert à son nom au Crédit Agricole. Il appelle ça « faire la révolution ».

On apprend pendant ce temps que Zidane, la « personnalité préférée des Français » a touché 15 millions d’euros de la famille princière du Qatar pour son coup de pouce apporté à l’obtention de l’organisation du Mondial 2022. 

 

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12:00 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : eric cantona, qatar, mondial, zidane, politique, football | | |