mercredi, 11 juin 2014
C'est qui, les populistes ?
Le président aura passé sa semaine les pieds dans les chrysanthèmes et la tête dans les commémorations, la bouche dans les éléments de langage et le ventre dans les dîners d’apparats. C’est ce qui s’appelle gouverner ! On constate paraît-il un frémissement de sa courbe dans les sondages. Il y a donc des gens de gauche pour aimer les pots de fleurs et les lieux communs. Pendant ce temps-là, d’autres gens s’inquiètent de l’avenir de l’UMP. Ils ont du temps à perdre. Car l’UMP, comme le PS, est une machine de guerre et de propagande, faite pour emporter à son tour les prochaines élections. Au pire, elle changera de nom. Mais la République a besoin de sa droite comme de sa gauche : Qu’on se souvienne de l’état du PS il y a cinq ans. Elle survivra.
La grande affaire politicienne dans l’hexagone, c’est donc le énième dérapage de Jean Marie Le Pen. Fournée, tournée, et hop, la machine est lancée. C’est vrai qu’on peut aujourd’hui, comme le font les Femen, se balader seins à l’air dans des églises et fracturer des autels sans soulever plus que ça l’indignation du gotha politique, mais un jeu de mot idiot faisant indirectement allusion à la Shoah à propos de Patrick Bruel, et certains élus se demandent s’il ne faut en appeler à l’arbitrage bruxellois. Est-ce bien raisonnable, tout ça ? Rama Yade, qui n’est pas encore présidente de l’insignifiant parti radical valoisien (qui connut jadis son heure de gloire) en appelle à la démission du vieux Le Pen. Le vieux, qui doit rigoler encore plus de son pavé dans la mare. A quatre-vingt cinq balais, ça entretient, faut dire !
D’Oradour sur Glane, Valls, le cœur battant, évoque des « murs criant dans le silence ». Toujours lyrique, faute d'être éloquent. Et il affirme d’un ton toujours nasillard qu’il« vise tous les fanatismes ». Euh… De quoi parle-t-il ? Des nazillons songent-ils à raser de nouveau des villages en France ? De quels « petits agitateurs vénéneux de la mémoire qui font mal à la France avec des mots perfides » cause-t-il à la tribune officielle ? De Le Pen ? Des imams en caves ? De Zemmour, Soral ou Dieudonné ? Des frères musulmans ? De Poutine ? Pas précis, le Manuel. Tous les fanatismes : Presque inquiétants, ce pluriel et cet indéfini dans lequel tout est enrobé. Français, le mal rôde. Je l’ai déjà déjà dit, je crois ce type plus dingue encore qu’Hollande ou Sarkozy. Il parle d’idéologies de mort « qui sont là, roderaient, embrigaderaient… ». De quelles idéologies de mort parle-t-il, en ce lieu si funèbre ? Du nazisme ? du salafisme ? De l’antisémitisme ? Du satanisme ? Inquiétant, ce petit Manuel. Délirant, avec tous ses amalgames. et son manichéisme primaire. Le mal à l'état pur, ce Valls, à tout mélanger comme ça. Se rend-il compte qu’il est premier ministre, et plus tribun en université d'été ?
En haut lieu on a, semble-t-il, décidé de nous faire vivre dans la division, l’inquiétude, la peur. « Tu es pauvre, fous la paix, planque toi devant ton écran, laisse les Grands diriger tes affaires et passionne toi pour la Coupe du Monde ». Ah les Bleus ! Pendant que les pauvres gens poireautent sur les quais de la SNCF en grève en se nourrissant de produits low-cost pour espérer partir en vacances au bout de l’année, ils s’envoient des selfies dans leur avion réservé. Les Bleus ! Et on prétend qu’ils représentent, eux, millionnaires protégés où qu’ils aillent par des cars de CRS, « le peuple ». Ce même peuple contre lequel on vitupère sans cesse (« populistes ! »), parce qu’il ne vote plus ou vote Le Pen ! On serait populiste quand on s’abstient ou quand on vote front national, mais pas quand on pousse les gens à regarder le foot à la télé en braillant comme des débiles, ou à danser en rond dans la rue, hystériques et peints en tricolores ? Le foot spectacle, ce ne serait donc pas du populisme…de la haute intellectualité, sans doute ?
Le foot, cache misère et cache impopularité
C’est quoi, c’est qui les populistes, Messieurs ? Non, je ne reconnais plus mon pays, ni dans ces discours gouvernementaux aussi cons-venus que cons-fus, ni dans cette bataille de petits chefs, de gauche à droite, qui pataugent dans la mare du moralisme républicain, ni dans cette déliquescence sociale, ni dans ce vide intellectuel qui fait d’une mauvaise boutade une affaire d’Etat. France, qu'as-tu fait de ton baptême, demanda un jour fort légitimement Jean Paul II. Mais on pourrait paraphraser le saint pape de multiples façons : France, qu'as-tu fait de ton industrie ? France, qu'as-tu fait de ta littérature ? France, qu'as-tu fait de ton peuple ? de tes élites ? de tes artistes ? Et surtout – mais ce serait véritablement ouvrir une boite de Pandore, France, qu'as-tu fait de ta raison ?
07:14 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : le pen, front national, valls, ump, ps, politique, coupe du monde, femen, rama yade |
jeudi, 17 avril 2014
Fossoyeurs du mensonge
Trois mots sur le pingouin arrogant et son petit roquet parvenu, qui ne se sent désormais plus pisser en parlant de la France, sur l’abruti, également, qui a vendu l’Hôtel-Dieu au groupe Eiffage et qui vient d’être réélu président du Grand Lyon.
Il y a une sorte de péché socialiste depuis Mitterrand. Pour être réélu et mener à terme son coup d'Etat permanent, ce satané monarque républicain fit une politique de droite et nous précipita tous dans l'euro. Mais une politique de droite ne peut être conduite que sous un étendard de droite ; c'est le bon sens près de chez vous qui vous le dit : d'où la Bérézina de ce faux PS en 2002.
Dérober le pouvoir aux gens de droite pour faire leur politique, c'est s'avouer pire encore que ces derniers ne sont. De simples arrivistes, même pas dotés d'un charme balzacien. Ce que fait ce qu'on appelle pompeusement le couple exécutif. Le seul mérite que je leur reconnaisse, c'est qu'ils vont peut-être finir par débarrasser le pays du parti d'Epinay dont les restes flatulents empoisonnent encore un peu nos provinces. Il faudra alors leur élever une statue : ils auront été les fossoyeurs de leur propre mensonge. Car la messe est dite et leur socialisme est foutu.
06:46 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : valls, hollande, politique, socialisme, france, europe, collomb, eiffage |
mardi, 08 avril 2014
Redressement, abousement
Le seul pari que fait Manuel Valls est au fond celui que sa rhétorique du redressement trouve encore des oreilles où tomber. Depuis des décennies, nous entendons parler de redressement à chaque déclaration de politique générale d’un nouveau premier ministre. C’est déjà étonnant quand on change de majorité, mais ça l’est encore plus quand on passe de la majorité à la majorité comme c’est le cas dans la comédie qui se joue en ce moment. L’entrant (l’intrus ?) déclare donc trouver le pays dans un état déplorable, « Trop de souffrance, pas assez d’espérance », voilà donc d’après Valls l’héritage de Ayrault, ce qu’aurait pu lire Copé ou Fillon.
J’aurai donc passé ma vie dans un pays qui sera allé de redressement en redressement tout en ne cessant de s’abouser au fil des premiers ministres : en ce sens, Valls est déjà vieux, et l’énergie qu’on feint ça et là de lui trouver, dont certains même vont jusqu’à s’inquiéter comme ils s’inquiétaient de l’impétuosité de Sarkozy, n’est qu’un artifice. Après s’être trainée sur le ventre durant de longs mois, la politique de Hollande va continuer à le faire durant de longs autres : on remarque que ce catalan plein de ferveur pour la France, qui se fit applaudir pour avoir, « le cœur battant » demandé un jour la nationalité française, n’a pas dit un mot sur la signature imminente du traité transatlantique donnant à des multinationales le droit de traduire en justice des Etats qui n’appliqueraient pas leur politique. En guise de redressement, nous aurons un total abousement !
Célestin Nanteuil - La descente de la Courtille à Belleville, jour de carnaval
Il me prend souvent le cœur de rêver à ce que serait l’alliance des deux fronts, celui dit de gauche et celui dit national, contre ce projet, qui signera pour un temps indéterminé (s’il aboutit) la fin de la souveraineté politique. Et je dis bien de rêver, comme du temps où le légitimiste Chateaubriand et le républicain Carrel se rendaient tour à tour mutuellement visite, dans les geôles de Louis Philippe. Mais n’est-ce pas pourtant cette union insolite qui fut à l’origine des 54,68% de Français qui rejetèrent (en vain) le traité constitutionnel de 2005 et dont une sorte de remake risque- on l’espère- de se produire dans le silence des urnes, lors des élections européennes à venir ? Des députés anti-européens, pour ne pas dire frontistes d’un extrême ou de l’autre, pour signifier en grand nombre à la Commission Européenne et à la BCE ce qu’elle mérite d’entendre : que Valls - comme l’italien Renzi - qu’on nous présente comme l’avenir est déjà terriblement vieux, presque autant que ceux qui s'apprêtent à museler le monde et sa jeunesse et son avenir, au nom de la solidarité, au nom de la responsabilité et, pendant qu'ils y sont, au nom de la liberté.
20:26 Publié dans Aventures post-mortem de la langue française, Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (32) | Tags : valls, politique, france, nanteuil |
mardi, 01 avril 2014
Dans le vide mais jusqu'où?
C’est incroyable comme ce type qui vient subitement parler à 20 heures, assigner « trois objectifs » et, à un pacte « de responsabilité » en adjoindre un autre « de solidarité », n’est plus crédible, et semble appartenir à un autre temps, un ordre déjà décomposé, un temps fini. Comme s’il sonnait le glas de sa propre présidence, d’un ton morne et haché, récité sans joie, comme s’il était déjà politiquement mort, et le combat qu’il veut mener avec lui, combat somnambulique d’apothicaire. Je ne rêve pas, il ânonne « Je Je », comme jadis il jetait son « Moi Moi » à la gueule du téléspectateur. Mais comment peut-il imaginer qu’on croit encore en son Je ? « Il aime être le seul qui ne prend aucune décision », dit de lui un proche. Terrible. Comment a-t-on pu élire un con pareil à un tel poste ? « L’électorat de droite te hait, une partie de la gauche te déteste », lui aurait dit un autre proche. Terrible. Il est certain que ce type est carbonisé.
Les Verts se sont barrés du gouvernement pour sauver leurs scores aux Européennes, et c’est vrai qu’ils peuvent espérer passer en 3ème position, même devant le PS, s’ils ne grimpent pas sur la barque de « l’équipe resserrée, cohérente, soudée », déjà en plein naufrage. Les gens de gauche, les Besancenot, les Mélenchon sont effarés : « A un désastre électoral, Hollande répond par un suicide politique », dit ce dernier. David Assouline, en bon petit apparatchik, parle « de la gravité et de la sincérité » de Hollande. Je l’ai connu, ce type, lorsqu’il était à Jussieu, militant dans les coordinations lycéennes en 1986, déjà beau parleur dans des haut-parleurs, déjà programmé pour une carrière de sénateur. Et Fillon, rusé, matois, expérimenté aussi sans doute, souhaite bonne chance à Valls, entrevoyant déjà l’échec dans quelques mois. « Manuel de survie, Vals mène la danse, Ayrault valse », la presse française n’a rien à en dire, parce qu’il n’y a rien à en dire, sinon quelques pirouettes verbales elles aussi convenues, usées, avant les échanges de fauteuils et les chaises tournantes. C’est l’état de ce pays, où il n’y a plus que la bonne bourgeoisie de Paris, Lille ou Lyon pour souhaiter poursuivre le malentendu avec ce PS quand le reste du pays vote FN, UMP, ou s’abstient. Une sorte de société inversée, finalement, et qui tourne toute seule, dans le vide, mais jusqu’où ? Et derrière ce vide, ce blabla sidérant,, quelle dissolution sans fin pour le pays ?
Trente ans en 93
00:02 | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : valls, remaniement, politique, élections, france, rigolade, échec |
vendredi, 10 janvier 2014
La république ridiculisée
Ça vous angoisse pas, vous, de vivre dans un pays où la justice est si lente pour n’importe quel pékin moyen ayant à régler des affaires graves, et dont la plus haute juridiction administrative peut se réunir sur convocation d’un ministre de l’Intérieur, pour annuler au pied levé une décision de justice prise l’après-midi par un tribunal administratif, concernant un simple spectacle, joué de surcroît depuis 10 mois dans un théâtre parisien sans le moindre trouble à l'ordre public ? Moi si.
Bravo donc à Dieudonné, de forcer ce pouvoir à révéler son visage si stupidement autoritaire et ridiculement confus. Car en France la liberté de parole doit exister dans les théâtres, le sacré étant réservé aux lieux de culte. Il n’y a pas de culte de la République à avoir. La République n'est pas sacrée.
En revanche, synagogues, temples et églises doivent être protégées comme des espaces réservés au sacré. Il serait inadmissible de tenir des propos déplacés contre les Juifs dans une synagogue, comme il serait inadmissible de le faire dans une église contre des chrétiens ou contre des musulmans dans une mosquée. Pourtant on ne voit pas le ministre aller au Conseil d'Etat pour interdire les Femen, qui ne se contentent pas de parler dans les théâtres ou de parler dans des magazines, mais profanent des autels.
Deux poids deux mesures, à tous les niveaux. Ça suffit vraiment . Ce coup de force est un coup de force anti-français, contre la tradition de la séparation de l'Eglise et de l'Etat (l'Etat se prend pour une église) et contre celle de la libre parole.
Les confusions entre le mot et la chose, le profane et le sacré me faisaient déjà réagir contre la démence et l'irréalité de ce pouvoir socialiste. Mais l’instrumentalisation de la justice par ce petit Fouché en culotte courte devient insupportable. Valls prétend que la République a gagné : non, elle est ridiculisée dorénavant non seulement par son président, mais aussi par ses ministres de la Justice et de l’Intérieur.
11:04 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : valls, dieudonné, politique, liberté, culture, france, conseil d'état |
dimanche, 29 décembre 2013
Dieu donna des Bons et des Méchants
Bon alors, comme c’est bientôt la fin de l’année, parlons peu et parlons bien : avec les déclarations tonitruantes du Ministre de l’Intérieur, les choses s’éclaircissent : pour le PS, il y a donc les bons Noirs et les mauvais Noirs, les bons Arabes et les mauvais Arabes.
Prenez Fadela Amara, par exemple, ou Rachida Dati : des mauvaises Arabes forcément, pour avoir frayé avec la droite sarkoziste, pensez, rien moins – on s’en souvient – que le maréchal Pétain ! Sans compter les Arabes inconscients, comme cette Samia Ghali qui fit la gueule à Jean PhilippeHarlem Désir et Jean Marc Ayrault, mais qu’on garda le cul serré, parce qu’elle ramènera des voix dans l’escarcelle de Menucci. Pour être Garde des Sceaux de la République en sortant d’un trou de banlieue comme Rachida, pensez-donc !: au pire une traitre, au mieux une vénale. Tel n’est cependant pas le cas de Christiane Taubira, également Garde des Sceaux, mais grande marieuse de Gays devant l’Eternel. Une grande dame et une bonne Noire, ça ! Une Simone bis, comme on a un François bis, qui aura bien œuvré pour la civilisation, dites voir !
Un bon Arabe, c’est bien entendu Djamel, qui joue le résistant dans la Marche des Beurs, bon p-tit gars, ça. Ne parlons pas de Zizou, qui rime avec bisou. Pas comme cet Anelka, un renégat qui balance une quenelle en plein championnat anglais, une quenelle à Dieudonné, les forces de l’esprit de saint François nous gardent ! Anelka, vilain Arabe. Quant à Dieudonné, il n’est même plus Noir, il est Satan en personne, faut le brûler vif sur l’autel de la République : soupçonner certains Juifs d’être racistes, non mais quel culot ! Il se croit où ? Il se prend pour qui ? Parlons pas de Farida Belghoul, qui copine avec Alain Soral ! Graine de bûcher, qui dénonce la théorie des genres à l’école de papa Peillon… Comme les temps ont changé depuis la marche des Beurs !
Finalement c’est vrai, les gens du PS ne sont pas racistes : pour eux les Arabes et les Noirs sont, en effet, tout comme les Blancs : les bons sont à gauche, et les mauvais à droite. Pas aux extrêmes, surtout pas. Comme cela, tout est simple et lisible. Comme les petites culottes de Martine dans son armoire bien rangée.
Je raconte tout ça avant de m’endormir, parce que le coup du SOS vilains vilains, du no pasaran, on me l’a déjà fait y'a lurette, vous savez, la petite main. Ah, la trouvaille ! Drucker, Mourousi, BHL sur les plateaux, s’encanaillant avec des potes. Ah les potes, mes aïeux ! Les potes ! C’était d’un socialisant, ça ! Bon, à dire vrai, la main jaune, je ne l’ai jamais portée, pas davantage que (vous savez) le ruban. Non que j’ai eu quelque chose contre, à l’époque, mais rien pour non plus. Moi des potes, arabes, noirs ou blancs…. Comme dirait Phèdre « Mon mal vient de plus loin… ». Mais ce n'est pas le sujet, on fera son Montaigne une autre fois.
Et puis, je ne lisais plus les pages courriers de ce torchon de Libé (les seules marrantes) depuis déjà quelques années déjà : à l’époque, j’étais plongé dans du plus nourrissant : la Princesse de Clèves, justement, la Nouvelle Héloïse et la quatrième partie des Mémoires de Chateaubriand, ce qui est quand même plus instructif, hein ! Encore que. Pour Monsieur Peillon, pas sûr, à lire son brûlot. Bref, j’étais ailleurs des petits tripatouillages communicationnels du PS et des conseillers élyséens pour faire réélire Tonton. C’est le jour que Béré (vous vous souvenez, Berégovoy, le dernier métallo du PS), est mort que j’ai compris le coup de la petite main. Fin du romanesque. Comment un parti social était devenu sociétal, en sortant le papa Le Pen de son chapeau. Alors, on ne m’y reprendra plus : Missié Valls, toi écouter, y’a des délinquants plus dangereux en France que Dieudonné, et parfois même jusqu’au gouvernement, Cahuzac, tiens, par exemple, dont avec tout ce tintamarre on n’entend plus parler. Mââme Taubira, toi écouter aussi, pour faire régner un peu de justice dans ce pauvre pays, faut commencer par bien faire la différence entre les mots et les choses, les pauvres et les riches, plutôt que d’aller jouer les divas discriminées à la Mutualité avec ton pote Bergé et ta copine Valérie.
Ne parlons pas, pour conclure, des chiffres du chômage. Parce que là, oui, toute blague à part, ça sent vraiment le Sapin.
10:16 | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : taubira, valls, dat, ;dieudonné, racisme, antiracisme, amara, peillon, politiqie, polémique, socialisme, samia ghali, menucci, debbouze |
vendredi, 27 décembre 2013
Les socialistes et la pensée magique
« Les Français ont besoin de mesures qui frappent l’imagination, où ils se disent : là, c’est du concret et ça va marcher». La formule (appréciez la syntaxe) est de Brice Teinturier, directeur très médiatisé de l’institut IPSOS. Elle résonne comme un aveu du double échec de la communication présidentielle : incapable de frapper l’imaginaire (il faut dire que la normalité… bref), elle l’est aussi à agir sur le concret (le fameux changement…).
Énonçant le mal, elle suggère peut-être un remède ; pour agir sur le Réel, il faudrait que le politique soit capable de renouer avec la tradition des grands spectacles. Mais le spectaculaire, depuis qu’il a envahi le champ du social pour devenir sociétal, s’est lui aussi dégradé et connait globalement la même crise que le politique, auquel il est lié.
Alors, pour frapper l’imaginaire on s’en prend aux signes et aux mots. On a déjà eu Taubira, qui se déclarait sans rire « exclue de l’humanité » en plein JT pour avoir été traitée de « singe » par une gamine de douze ans et raillée par le journal Minute en mal de coup de pub. On a dorénavant Valls qui s'en prend à la quenelle (un geste) et veut interdire les spectacles d'un humoriste sérieusement rebelle à l'ordre établi, Dieudonné. Garde des Sceaux et Ministre de l’intérieur, faut-il le rappeler ? Minute et le théâtre de la Main d’Or menaceraient selon eux la République : de quoi se tordre! De quoi, aussi, donner envie à la France entière de s’y abonner sur l’heure. Car la censure n’a jamais été bonne conseillère, celle qui joue à Simone Weil et celui qui joue à Clémenceau devraient s’en souvenir. Tous deux au Grand Orient, mais qu’est-ce qu’on leur apprend donc dans les loges ! La censure n’est qu’une forme de la pensée magique qui consiste à croire qu’en supprimant le mot, on viendra à bout de la chose. Absurdité parfaite et terrorisme de studios télé.
L’autre forme de pensée magique est l’incantation. Le curé Ayrault en est devenu le grand spécialiste : l’incantation est une autre forme de déni du réel : je n’ôte pas le mot, je le répète à l’infini, comme s’il avait pouvoir de faire advenir la chose. « Est-ce que oui ou non la situation de l’emploi va s’améliorer ? Nous sommes convaincus que Oui » ; dit-il en battant des ailes. Et voilà. Le premier manitou a parlé.
Taubira, Valls, Ayrault : frappent-ils l’imaginaire en entrant en guerre contre des mots ou contre des signes ? Pas vraiment, sinon pour révéler un peu plus leur vanité. Leur niaiserie, aussi. Mais ils font parler d’eux, ils occupent le terrain, à mille lieux, certes des préoccupations concrètes des gens. Car ces trois-là ne sont ni de pauvres discriminés, ni de malheureux exclus : ils ont tous les pouvoirs et disposent de tous les privilèges que la République peut conférer à des ministres, faut-il aussi le rappeler ?
La grandeur de leur ridicule impressionne. Et nous manquons d’un Molière pour le mettre en scène. Car frapper l’imaginaire des gens, c’était jadis le boulot des metteurs en scène, des romanciers, des peintres et des compositeurs : Molière et Lully, Balzac et Delacroix, Wagner et Verdi, qui en même temps que l'art, avaient aussi la manière. Les artistes du show-business d'à présent n'ont plus ni l'une ni l'autre. Quel communicant saura sauver le pingouin et sa piteuse tribu ? Pour ma part, depuis son élection, je ne lui vois aucun avenir, et les faits ne font que confirmer cette impression troublante de totale désincarnation inhérente au personnage et à ses sbires.
16:30 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : taubira, valls, ayrault, quenelle, chômage, dieudonné, ipsos, brice teinturier, minute, théâtre de la main d'or |
vendredi, 15 novembre 2013
Des bien-pensants au XXIe siècle
Nous sommes loin, à présent, de La grande peur des bien-pensants, tant l’univers intellectuel du pays s’est dégradé. Pas facile, dès lors, de parler de bien-pensants, car cela nous ramène à la Libre parole de Drumont, et au magnifique essai que lui consacre Bernanos en 1931. Bernanos, comme d'autres, a été étrillé par tous les points de vue binaires et outrageusement simplifiés de la propagande officielle, passé sous les fourches caudines de BHL et de sa très puante Idéologie française qui lui valut les remontrances de son maître, Raymond Aron, mais lança sa carrière de bien-pensant alors même que le grand simulacre mitterrandien qui devait aboutir à Maastricht se mettait en place dans la carnavalesque et pluvieuse fête de la Bastille de mai 81.
La bien-pensance, dans les milieux bobos , qu’ils soient tendance NKM ou tendance Hidalgo, c’est une posture de circonstance, qu'on adopte au fil des conversations, une sorte de convenance sociale qui n'est jamais non plus dénuée de religiosité. Voyez Edwy Plenel . C'est pourquoi n'importe quoi peut devenir de la bien-pensance, dès lors que la conviction s'estompe et que la nécessité intellectuelle du combat est remplacée par le consumérisme de salon ou l'opportunisme du journaleux. On n'est donc - au moins pour la pose - pas très loin de Flaubert et de ses idées reçues, de Bloy et de ses lieux communs. Relisons, à propos de cette bien-pensance, ce qu’a écrit Bernanos dans la conclusion de son essai de 1931 :
« C’est bien plus profond qu’il faut chercher le germe vénéneux. Car la guerre des démocraties, la guerre des peuples, la guerre universelle a voulu son langage universel, lui aussi œcuménique. Pour le constituer, elle a pillé le spirituel comme le reste, fait débiter par tronçons à la vitesse maxima des rotatives une sorte de métaphysique à la fois puérile et roublarde, dont les mots les plus vénérables, Droit, Justice, Patrie, Humanité, Progrès, sortaient marqués d’un signe et d’un matricule, comme des bestiaux – au point que nous les vîmes servir depuis, avec une égale docilité, les convoitises américaines et le pacifisme hypocrite des banques »
« La dépossession progressive des Etats au profit des fortunes anonymes de l’Industrie et de la Banque, cet avènement triomphal de l’argent, qui renverse l’ordre des valeurs humaines et met en péril l’essentiel de notre civilisation s’est accompli sous les yeux d’hommes qui ont gravement hoché la tête, ou parlé d’autre chose »
Si aujourd’hui la gauche, bien plus que la droite, est saisie en flagrant délit de bien pensance, et se découvre nue et gangrenée par elle, c’est parce qu’elle a accepté l’ordre économique de l’Europe, l’affaiblissement de l’Etat, le sacre de la finance et du FMI, qu’elle a consolidé de ses propres mains la nouvelle économie qu'à présent elle dénonce dans toutes les instances où elle a été au pouvoir, tout en souhaitant se garder je ne sais quelle âme risible pour se préserver de je ne sais quel fascisme.
Elle a, comme la droite sarkoziste qu’elle vénère et vomit à la fois, renié le vote des Français de 2005. Elle s’est assise sur la légitimité populaire. Elle l’a conspuée.Tous ses discours pseudo-moraux sur la justice comme sur l’antiracisme, sur la démocratie comme sur l’honnêteté de ses élus (on n’a même plus besoin de citer les affaires pour les voir s’enfoncer dans le marais des sondages), sonnent dès lors creux, faux. Autrement dit, atrocement bien-pensants. Un chapelet de vœux pieux qui ne tolère même plus l’humour et serait à deux doigt de légitimer la censure, sous le règne du valeureux Valls et de l’hystérique Taubira.
Ramenées à une proportion inédite de 15%, les côtes de popularité du sordide pingouin et de tous ses ministres brailleurs ne sont que le reflet de l’ineptie de ce discours insupportable et faux. Et de son impact sur une population relativement éduquée, exaspérée de s'entendre dire que son principal problème est d'être homophobe, xénophobe et raciste, tout en étant taxée à tous les étages de l'impôt.
Alors cette population les attend au coin de l'isoloir.En vain, me direz-vous, car l’Etat médiatico-policier triomphera toujours.Hélas, je le crois aussi.
Mais c’est bien l’ironie de toute cette mascarade, que le seul vote qui puisse sauver la démocratie aux yeux de gens dont on ne s’attendait pas qu’il en fût un jour ainsi, soit celui dont la réputation est d’être le moins démocratique ! France, patrie des droits de l'homme, ha ! ha ! voilà où mènent, après trente ans de langue de bois, trente autres années de bien-pensance. Je n'ai jamais songé que l'avenir était effrayant. Mais il est en effet, plus que jamais, obscur.
09:53 Publié dans Aventures post-mortem de la langue française | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : bien-pensants, plenel, bernanos, drumont, valls, taubira, le pen, maastricht, europe, hidalgo, nkm, littérature, politique |
mercredi, 06 novembre 2013
Tranche de vie en France hollandaise
Je ne m’inquiète pas pour le sort de cette désormais grande bourgeoise de Taubira, politicienne rouée autant que rompue aux coups. Elle a été nommée par le pingouin pour jouer le chiffon rouge et exciter les militants les plus radicaux du FN dont la montée, croit le pingouin, devrait lui assurer une risible réélection digne de celle de Chirac en 2002. Cet homme est un expert dans les mauvais remake, il a sa revanche de petit acteur de seconde zone à prendre, c'est terrible ! Je ne m’inquiète pas parce que la Christiane fait le job, tout simplement, comme le Manuel à l'autre coin de la cheminée, et ma foi assez joliment. Faut dire aussi que le job est bien payé. Sauf que le coup de l’antiracisme, on nous l’a déjà fait, et ça ne prend plus.
Ça ne prend plus d’ailleurs auprès de beaucoup de gens, fort heureusement. Je m’inquiète davantage pour l’état de la société placée aux commandes des manœuvres politiciennes du pingouin et de ses sbires sans scrupules. Pour preuve, cet incident : nous rentrions dans l’autobus, deux profs, assez fatigués d’une journée de cours, comme d’autres travaillant dans divers secteurs, claqués aussi. Soudain, une bande de jeunes arabes assis au fond fout le bordel, parle fort, lance de la musique, donne des coups dans une banquette, interpelle tout le monde. Une femme un peu plus âgée (vingt-cinq ans) leur demande d’arrêter. Ils ont l’air de se connaître, encore que ça ne soit pas sûr. Début d’une altercation qui demeure uniquement verbale, même s’il me semble voir voler un chewing-gum qu’on lui colle dans les cheveux.
C’est de la bonne racaille. Des pros. Ils viennent de se lever, partent en virée dans les bus la nuit tombée. En forme, quinze à vingt ans, coupe mi-nazis, mi gigolos, même air d’ailleurs de petits jouisseurs vides. Pratiquants sans doute de sports de combat dans des salles de sport bien équipées, avec l’argent de l’économie parallèle des cités. Tout le monde se sent bien con, sa journée dans les pattes. Personne n’a envie d’intervenir, heureusement la femme est partie, et l’incident semble clos.
Entre eux, ils commencent à se traiter, comme ils disent, l'air con, s’envoyer des coups sur la tête mutuellement, tant que ce n’est qu'entre eux se dit tout le monde... Soudain, le bus est à l’arrêt, voilà qu'ils s’en prennent à la porte, la secouent, en se crachant dessus les uns les autres, en poussant des cris. La porte ne ferme plus. Mollards dégoulinant sur la vitre. Tous s’en vont, il y a dégradation de matériel, ça craint. Des animaux.
Pas de flics à l’horizon. Quand bien même il y en aurait, que risquent-ils ? Deux d'entre eux réinvestissent le bus. Un homme, excédé, leur dit ce qu’il pense. Les injures fusent. Bientôt les autres rappliquent, le temps que le chauffeur ferme le bus. On traite l'homme qui est intervenu de bâtard, il réagit, le ton monte. Les têtes se couvrent de cagoules. Tout ça se réglera dehors.
Nous sommes deux à rentrer du lycée, nos cartables à la main. Nous descendons au même arrêt que l'homme. Il y a un tunnel pour piétons. Désert. Il l’emprunte en courant devant nous. La nuit est tombée. La racaille contourne le tunnel par la route pour le coincer à l'autre bout. Le mec a le temps de rentrer dans un café, les autres n’ont pas le temps de le rejoindre. Qu’aurions-nous pu faire, à deux, seuls, s’ils l’avaient tabassé à sept devant nous ? Tout ça se passe à Lyon, ville jadis civilisée.
Et pendant ce temps là, l’Assemblée des Impuissants continue à prendre des airs de vieille fille outragée ! Pauvre Christiane, traitée de singe par une dangereuse tête de liste du FN ! Elle a déjà le soutien de Leonora Miano, le récent prix Fémina. Mais que tout ce beau gratin se souvienne qu'on ne changera pas aussi facilement les gens qui vivent loin des paillettes : Christiane a fait du bon boulot et ça marche. Marine a gagné 20% d’électeurs dans le bus, ce soir, au bas mot. Le pingouin cependant devrait faire attention. Machiavel volait à une autre hauteur que ses cheveux teints et ses bésicles de travers. Sa stratégie nulle, ses manœuvres bas de gamme, risquent bien non pas de lui assurer une réélection, mais de lui coûter la fin anticipée de ce lamentable quinquennat en cours. C'est ce que je finis par espérer. Et ce ne sont pas les incantations des deux B qui changeront grand-chose à la valse des faux-culs....
20:31 Publié dans Aventures post-mortem de la langue française | Lien permanent | Commentaires (39) | Tags : léonora miano, valls, taubira, sécurité, le pen, france, socialisme, politique, actualité |