samedi, 25 octobre 2014
Changer de nom
Valls veut que le PS rompe avec les vieilles lunes socialistes; Pour cela il propose au parti d'Epinay un changement de nom. Sarkozy promet le même lifting sémantique à l'UMP, dès qu'il se sera emparé de la présidence. Marine Le Pen est sur la même ligne, au grand dam de son père. Curieuse coïncidence, qui témoigne une fois de plus d'un credo politique à bout de souffle dans les faits, et cherchant dans les mots l'improbable renouveau. Avec un parti national et un front socialiste, c'est vrai que l'intrigue se corserait peut-être, le temps furtif d'un quinquennat
Pendant ce temps, le chômage explose, la parlotte remplace la pensée, la controverse médiatique l'action et, en sous-mains, les Puissants rigolent et festoient. Le nouveau conseil d'administration des lobbys européens - celui de la dernière chance, dixit son président - a pris la tête de Bruxelles, comme on dit par métonymie. Brel serait sans doute tout étonné de voir ce qu'est devenu le titre de sa chanson, et combien on ne s'y promène plus guère, "le nez dans les étoiles", comme du temps de sa grand mère en crinoline. Fallait voir Jean-Claude Schulz et Martin Juncker (oui, c'est plus véridique en changeant les noms) s'auto-congratuler : l'un, chef de la Commission, l'autre du Parlement.
En France, Jean-Christophe Hamon et Benoit Cambadelis se jettent des noms d'oiseaux à la figure ; Alain Sarkozy et Nicolas Juppé se guettent à la sortie du bois. Même partie de cache cache entre Martine Valls et Manuel Aubry. Christiane Kosciusko-Morizet et Nathalie Taubira, sur le point de fusionner ! Changer les noms, n'est-ce pas, c'est organiser la révolution sémantique, le grand mensonge.
Entre personnes et personnages, comme au vaudeville quand la distribution est pourrie et le jeu mauvais, on ne sait plus bien qui est qui ni par où s'effrite le scénario. On se demande même ce qu'on fout là, et pourquoi diable on est entré dans ce mauvais théâtre. Pleuvait-il, dehors ? Avions-nous oublié nos clés ? S'ennuyait-on à ce point de soi ?
PS, FN, UMP, les lettres tournent, c'est comme au scrabble. Chaque parti cherche le nom qui lui rapportera le plus grand nombre de points à la prochaine donne. Dupont-Aignan a pris un tour d'avance sur tout le monde en troquant Debout la République pour Debout la France. DBR pour DBF. Vous allez voir que le Front de gauche va devenir le Rassemblement Mélenchon.
C'est l'époque qui veut ça. Le marketing politicien. Cette croyance presque magique dans le pouvoir fédérateur du sigle, dans la vertu de la signalétique, dans le chant du logo, comme une contrefaçon du Réel : la rose et le marteau, le bonnet phrygien de Marianne ou la flamme de Jeanne d'Arc, l'ombre de Jaurès contre celle de De Gaulle, etc, etc.
Entre ici Jean Moulin, Sors de ce corps Philippe Pétain : Tout va, tout vient, les fanions, les slogans sont usés, les symboles vidés de leurs contenus, à bout d'utilité sur la piste. En attendant le grand désastre, le dévoilement du grand chaos sur la grande fresque apocalyptique, ce n'est même plus de lettres ou de noms qu'il faudrait changer, mais d'alphabets : mais pour cela, même les plus jeunes d'entre nous se sentent déjà trop vieux.
Le grand rut de Lénine épuisé, Muzeum Zamoyskich w Kozłówce, Pologne
02:56 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : brel, bruxelles, lénine, changer de nom, sémantique, politique, partis, ps, fn, ump |
mercredi, 11 juin 2014
C'est qui, les populistes ?
Le président aura passé sa semaine les pieds dans les chrysanthèmes et la tête dans les commémorations, la bouche dans les éléments de langage et le ventre dans les dîners d’apparats. C’est ce qui s’appelle gouverner ! On constate paraît-il un frémissement de sa courbe dans les sondages. Il y a donc des gens de gauche pour aimer les pots de fleurs et les lieux communs. Pendant ce temps-là, d’autres gens s’inquiètent de l’avenir de l’UMP. Ils ont du temps à perdre. Car l’UMP, comme le PS, est une machine de guerre et de propagande, faite pour emporter à son tour les prochaines élections. Au pire, elle changera de nom. Mais la République a besoin de sa droite comme de sa gauche : Qu’on se souvienne de l’état du PS il y a cinq ans. Elle survivra.
La grande affaire politicienne dans l’hexagone, c’est donc le énième dérapage de Jean Marie Le Pen. Fournée, tournée, et hop, la machine est lancée. C’est vrai qu’on peut aujourd’hui, comme le font les Femen, se balader seins à l’air dans des églises et fracturer des autels sans soulever plus que ça l’indignation du gotha politique, mais un jeu de mot idiot faisant indirectement allusion à la Shoah à propos de Patrick Bruel, et certains élus se demandent s’il ne faut en appeler à l’arbitrage bruxellois. Est-ce bien raisonnable, tout ça ? Rama Yade, qui n’est pas encore présidente de l’insignifiant parti radical valoisien (qui connut jadis son heure de gloire) en appelle à la démission du vieux Le Pen. Le vieux, qui doit rigoler encore plus de son pavé dans la mare. A quatre-vingt cinq balais, ça entretient, faut dire !
D’Oradour sur Glane, Valls, le cœur battant, évoque des « murs criant dans le silence ». Toujours lyrique, faute d'être éloquent. Et il affirme d’un ton toujours nasillard qu’il« vise tous les fanatismes ». Euh… De quoi parle-t-il ? Des nazillons songent-ils à raser de nouveau des villages en France ? De quels « petits agitateurs vénéneux de la mémoire qui font mal à la France avec des mots perfides » cause-t-il à la tribune officielle ? De Le Pen ? Des imams en caves ? De Zemmour, Soral ou Dieudonné ? Des frères musulmans ? De Poutine ? Pas précis, le Manuel. Tous les fanatismes : Presque inquiétants, ce pluriel et cet indéfini dans lequel tout est enrobé. Français, le mal rôde. Je l’ai déjà déjà dit, je crois ce type plus dingue encore qu’Hollande ou Sarkozy. Il parle d’idéologies de mort « qui sont là, roderaient, embrigaderaient… ». De quelles idéologies de mort parle-t-il, en ce lieu si funèbre ? Du nazisme ? du salafisme ? De l’antisémitisme ? Du satanisme ? Inquiétant, ce petit Manuel. Délirant, avec tous ses amalgames. et son manichéisme primaire. Le mal à l'état pur, ce Valls, à tout mélanger comme ça. Se rend-il compte qu’il est premier ministre, et plus tribun en université d'été ?
En haut lieu on a, semble-t-il, décidé de nous faire vivre dans la division, l’inquiétude, la peur. « Tu es pauvre, fous la paix, planque toi devant ton écran, laisse les Grands diriger tes affaires et passionne toi pour la Coupe du Monde ». Ah les Bleus ! Pendant que les pauvres gens poireautent sur les quais de la SNCF en grève en se nourrissant de produits low-cost pour espérer partir en vacances au bout de l’année, ils s’envoient des selfies dans leur avion réservé. Les Bleus ! Et on prétend qu’ils représentent, eux, millionnaires protégés où qu’ils aillent par des cars de CRS, « le peuple ». Ce même peuple contre lequel on vitupère sans cesse (« populistes ! »), parce qu’il ne vote plus ou vote Le Pen ! On serait populiste quand on s’abstient ou quand on vote front national, mais pas quand on pousse les gens à regarder le foot à la télé en braillant comme des débiles, ou à danser en rond dans la rue, hystériques et peints en tricolores ? Le foot spectacle, ce ne serait donc pas du populisme…de la haute intellectualité, sans doute ?
Le foot, cache misère et cache impopularité
C’est quoi, c’est qui les populistes, Messieurs ? Non, je ne reconnais plus mon pays, ni dans ces discours gouvernementaux aussi cons-venus que cons-fus, ni dans cette bataille de petits chefs, de gauche à droite, qui pataugent dans la mare du moralisme républicain, ni dans cette déliquescence sociale, ni dans ce vide intellectuel qui fait d’une mauvaise boutade une affaire d’Etat. France, qu'as-tu fait de ton baptême, demanda un jour fort légitimement Jean Paul II. Mais on pourrait paraphraser le saint pape de multiples façons : France, qu'as-tu fait de ton industrie ? France, qu'as-tu fait de ta littérature ? France, qu'as-tu fait de ton peuple ? de tes élites ? de tes artistes ? Et surtout – mais ce serait véritablement ouvrir une boite de Pandore, France, qu'as-tu fait de ta raison ?
07:14 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : le pen, front national, valls, ump, ps, politique, coupe du monde, femen, rama yade |
mardi, 04 décembre 2012
R.UMP prime minister ...
On savait déjà que le patronyme d’Ayrault (airo), était l’homonyme de pénis en arabe.
On apprend aujourd’hui que RUMP, le nom du sous-rassemblement de Fillon, signifie croupe en anglais.
A l’assemblée, entre l’ancien premier ministre et le nouveau, la nouvelle majorité et l’ancienne, cela promet.
17:26 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : ump, rump, fillon, ayrault, politique, satire |
samedi, 04 février 2012
Vote utile et double contrainte
Les effets de l'injonction paradoxale dans l’interaction humaine ont été décrits par Paul Watzlawick dans le chapitre 6 de Une logique de la communication, titré « La communication paradoxale ». C’est là que s’élabore la fameuse théorie de la double contrainte, popularisée par le Collège invisible de Palo Alto.
Il y explique que la double contrainte se manifeste dès lors que dans une relation intense entre un destinateur et un destinataire, un message est émis de telle sorte que :
- Il affirme quelque chose
- Il affirme quelque chose sur sa propre affirmation
- Ces deux affirmations s’excluent
Pour que la double contrainte soit portée à un effet maximal, il faut que le récepteur du message soit placé dans l’impossibilité de sortir du cadre fixé par le message, soit par une métacommunication critique, soit par le repli. De sorte que celui qui se risque à dénoncer la double contrainte soit sanctionné en passant pour une sorte de méchant ou de fou.
Ce qu'affirme l'image et ce qu'affirme la légende s'excluent mutuellement.
En appliquant cette analyse à la campagne éléctorale qui se met en place, on s’amusera ici à débusquer la façon dont cette stratégie est bien présente à plusieurs niveaux dans les messages qui sont proposés aux électeurs par les différents candidats.
On commencera par un message particulièrement pervers envoyé par les deux principaux, ceux qui sont censés – au nom d’une sorte de droit de cuissage républicain- se trouver de droit au second tour : celui du vote utile.
La notion de vote utile est utilisée à gauche comme à droite en référence au résultat prétendument tragique du 21 avril 2002 et à la propagande médiatique qui a suivi pour le dramatiser dans l’opinion publique
Elle joue sur cette notion de double contrainte parce qu’elle enferme dans une sorte de culpabilité les électeurs peu convaincus par la capacité des candidats officiels de l’UMP ou du PS à représenter qui la droite, qui la gauche (1), et enclins à utiliser le premier tour pour le faire savoir, dans le discours d’une apparente stratégie qui les conduiraient in fine à plébisciter par deux fois le candidat qui n’est pas à l’origine celui de leur choix, à l’inscrire définitivement dans la connotation « de droite » ou « de gauche » censée être la sienne, et à le plébisciter de la scandaleuse façon dont le fut Jacques Chirac, dont le score en vérité dérisoire fut digne d’un Napoléon III de la Cinquième République.
L’électeur se trouve dans ce cas de figure contraint de voter pour un candidat officiel non pas parce le message de son programme le convainc (il affirmerait quelque chose), mais parce on lui dit qu’il est utile par défaut qu’il s’en contente. (affirmation sur la première affirmation créant l’injonction paradoxale).
Contraint de voter pour un candidat qui n’est pas vraiment le sien au premier tour et pour « le moins pire » au second, l’électeur se trouve ainsi enfermé dans un ultimatum électoral qui n’a, si on regarde de près le processus, plus grand chose de démocratique, mais dont la propagande médiatique lui dira qu’il participé à « la Victoire » ou à « l’Histoire » en étant un « bon citoyen ».
Deux seules façons de s’échapper de cette double contrainte aliénante, soit métacommuniquer, soit fuir : dénoncer publiquement l’imposture ou ne pas voter. Dans les deux cas en effet, les sectateurs zélés qui défendent « le parti » ne manqueront pas de lui dire qu’il est soit un « méchant », soit un « fou »
(1) Signifiés il faut bien le reconnaitre de plus en plus abscons
13:06 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : politique, ps, ump, palo alto, double contrainte, vote utile |
mercredi, 13 avril 2011
J'ai raté ma vie
De l’extrême bord de l’échiquier politique à l’autre, les agences de communication turbinent en ce moment à plein régime pour déterminer quels seront les grands thèmes porteurs de la prochaine campagne présidentielle.
Patrick Buisson, avec le pari électoraliste dans lequel il entraîne Sarkozy, tient le haut de l’affiche. Buisson se verrait bien en anti-Jacques Pilhan, l’ancien situationniste qui mit sur pied le plan marketing de Mitterrand, alors au plus bas dans les sondages, en inventant la petite main jaune de SOS racisme et tout ce qui fit la génération Mitterrand. Mais c’est loin d’être joué.
En face, les rengaines du PS sur la France qui souffre et le changement sentent un peu le replâtrage. On espère un vent d’outre Atlantique pour remplumer tout ça. Rama Yade et son positionnement bien senti sur la jeunesse n’a pas de mal à faire mouche. Sauf qu’entre Borloo et Hervé Morin, elle demeure un peu seulette sur cette thématique chez les centenaires valoisiens.
Il y a cependant fort à parier que l’actualité récente, tant africaine que japonaise, nécessite une reconfiguration de ces diverses stratégies déjà éculées. Aussi risque-t-on, d’ici l’automne, de voir surgir avec le Beaujolais Nouveau de nouveaux beaux jaseurs : sans doute la future légitimité du candidat Hulot se jouera-t-elle de ce côté-là de la partition.
Il est cependant on ne peut plus vrai que tendre l’oreille à tout ça risque d’être un peu vain. Je ne sais pas à combien se facture un plan de communication politique. Si j’en avais un à proposer pour séduire les électeurs de mai 2012, je le fourguerais volontiers à un des ces messieurs dames, avant de partir pour de bon en vacances en un coin de la planète pas trop déglingué. Mais je n’ai jamais été assez bon, c'est-à-dire assez cynique, pour tenter ce genre d’aventure.
A mon poignet ne pend donc ni menottes, ni Rolex.
J’ai raté ma vie.
Jacques Pilhan et François Mitterrand, au temps de la petite main jaune
00:00 Publié dans Lieux communs | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : politique, ps, ump, nicolas hulot, france, europe, actualité |
lundi, 11 avril 2011
Dans la mare aux tétards
Il parait que 45% des Français (on se rassure quand même, c’est un sondage) souhaitent voir le président du FMI entrer à l’Elysée dans un an sur un programme concocté par la fille Delors qui prévoit le prélèvement à la source des impôts et de la CSG. A la source : vous entendez bien.
Une mesure sur laquelle, comme bon nombre d’autres conneries faites ou agréées par des socialistes (je songe à l’euro, évidemment), il ne sera pas possible de revenir. Les Français détestent-ils à ce point la liberté ? Sont-ils à ce point infantilisés ? Ma vie gérée par d'autres, de A jusqu'à Z. Confort, confiance et liberté. So-li-da-ri-té !
Là, soit ils sont, comme dirait Obélix, devenus fous, soit l’intox en cours depuis presque un an les a lessivés, soit ils trouvent qu’être plumés, après tout, c’est sympa…
C’est grave, docteur ?
Oui.
Ils vont finir par me rendre Sarkozy, sympathique, pour le coup !
(PS Un extrait édifiant du livre de Laure Adler (1995), L'Année des Adieux :
«Delors parle, parle, mais ne se découvre toujours pas. Mittérrand se tait, mais n'en pense pas moins. Delors lui a dit qu'il n'irait pas. Mitterrand est le seul à le croire. Il comprend alors que la candidature Delors est un leurre, un chiffon rouge agité par certains socialistes aveuglés par l'espoir et assoiffés de pouvoir. Ils font temporairement semblant d'oublier leurs haines, seul ciment entre eux.» - p 272)
06:03 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : politique, dsk, socialiste, delors, ps, ump |
lundi, 28 mars 2011
La politique du rire.
Les cantonales, c’est les dernières élections à papa, vraiment, celles de la France profonde, des cafés de la poste, des pissotières et des notables. On y fait durant quelques heures comme si rien n’existait au monde, à part l’hexagone et le département. Hier soir, c’est donc la « gauche » qui a emporté le pompon de ces élections d’opérette, à cause du Jura qui « a basculé » de son côté. Historique, disent-ils. Et tout le monde de gloser sur 2012. « Ce soir, tout commence », affirme l'Aubry… Un espoir qui nous viendrait de Hollande Corrèze ?
Sauf que le canton, c’est pas le monde.
La sortie du nucléaire, la répartition des richesses, la réforme des retraites, l’euro de monsieur Trichet, les immigrés de Lampedusa et d'ailleurs, les minarets et les burqas, la baignoire remplie d’eau chaude du patron du FMI n’ont pas fini de diviser ces braves gens et de rappeler que les mêmes clivages sont tout prêts de séparer la gauche comme la droite ; d’autant plus que le centre voudra lui aussi jouer sa partition, tous les Morin, les Borloo, les Villepin, les Bayrou risquent de s’entredéchirer pour s’asseoir sur le même siège. Ne pas oublier non plus que juste après la présidentielle, suivront les législatives : Marine Le Pen n’a pas fini de récolter des voix.
Au fond, ce qui est médiocre, ce n’est ni la gauche ni la droite ni le centre, mais bien les hommes et les femmes de cette génération politique en âge de « régner », enfants du mitterrandisme et du chiraquisme, des cohabitations, de la communication, de la Bourse, du nucléaire, des attentats made in Eurodif. Dans un monde où l’on paiera l’électricité et l’essence de plus en plus cher, il faudra face à eux continuer à apprendre pour survivre à trouver d’autres énergies, à commencer par celle du rire.
00:03 | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : politique, ps, ump, cantonales, élections |
mercredi, 23 mars 2011
Le printemps contaminé
« Ça grimpe de plus en plus », grésille niaisement une souris météorologique à la jupe rose et au col orangé sur une chaîne infos. Elle a l’air bien satisfaite. C’est le printemps ! « Que caches-tu sous ta jupe, Margot ma voisine ?», aurait rajouté jadis la romance populaire. Mais cette image numérique n'est pas ma voisine, l'illusion grimpe de plus en plus. Voici qu'à présent un rat à lunettes sentencieuses nous explique que l’horloge interne de l’être humain a besoin de trois semaines pour se réhabituer à la douce chaleur qui vient. Boudiou. La lumière, la rétine, le cervelet, bref… Exposez-vous progressivement pour vous préparer à l’été. Exposer ? Où ça ?
Sortir une chaise-longue et prendre un bain de soleil dans son jardin (quand on a encore les moyens d’en avoir un), sur sa terrasse (quand on a encore les moyens d’en avoir une), – eh oui, les souris et les rats miévreux de la télé ont toujours cette tendance à oublier que le seule question qui tourneboule l’esprit des gens sensés reste quand même, printemps, été, automne comme hiver, la question économique – S'exposer, c'est être libre, car la peau, c'est l'organe de la liberté, voilà l’idéologie qu’on propose aux citoyens des florissantes démocraties. Mais ce besoin de tout scientifiser, techniciser, chez des êtres qui se prétendent par ailleurs si joliment éclairés, glissons... La niaiserie a fait tant d’émules que c’est, murmuraient nos grand-pères avant d'aller se pieuter, peine perdue.
Pendant ce temps-là, Dominique de Villepin, qui se croit toujours Premier Ministre, explique que confier la gouvernance de l’opération Aube tralala à l’OTAN serait une erreur. M’énerve, ce mec. Pas pour ce qu’il dit spécialement (si peu d’intérêt…). Mais cette prétention d’ex à la mèche grise. Boulimique et intoxiqué, le grand dadais passé aux rayons, l'ex parfaitement ravalé, ce Villepin. S’y verrait bien à nouveau, sans doute. Addicted. Comme tant d’autres, me direz-vous, à tant de trucs dont on a tué la valeur, le politique, par exemple. Bon moyen de passer le lundi, et tous les autres jours de la semaine, au soleil... Nous autres, pendant ce temps.
Tant d’autres, hélas ! Ex du même acabit…Martine Aubry, bourgeoise hautaine et cassante, expliquant à l'écran sans la moindre conscience de son propre et profond ridicule que « Claude Guéant est jeune en politique… ». L'idiote ! Me souviendrait toujours de sa tête, simiesque et impériale, cette moue médiatique, lorsqu'elle a filé un pièce de 2 euros aux bohémiens de la rue Victor Fort ! Le socialisme … Péguy avait bien raison. Mais comment comprendre vraiment Péguy, dans la fournaise et les volutes putrides de tout ce show ?
Glissons à nouveau.
Revenons plutôt à la lumière qui frappe tout à coup la rétine, et donc le cervelet, et bla bla bla… Ce qui vient du Japon risque-t-il de contrarier l’exposition au Sun des chairs occidentales ? Grosse angoisse des Bronzés, pour leur capital santé et celle de leurs rejetons… Du côté du lait, des épinards, des salades, de la tyroïde, ah, ah, ah ! La précieuse tyroïde... Est-ce avec ce bidule que les cons pensent ? Tout ça me rappelle Argan et son poumon vous-je... La tyroïde, vous dis-je, quand ce n'est pas l'Alzeimer galopant : Voilà, à l’heure actuelle, où nous en sommes… Et ce putain de printemps qui vient. Au secours !
François Hollande, s’il obtient sa majorité dans les cantons corréziens, se verrait bien à l’Elysée. Comme Paris (disait Henri IV) vaut bien une messe, l'Elysée, après tout, vaudrait bien un régime... Tout prêt à embrayer le pas au footing de Nicolas. Une photo présidentielle devant des carottes rapées et du jus de pamplemousse bio, ça changerait des livres et des drapeaux sentencieux, surtout quand on ne sait plus bien lire La Princesse de Clèves ni parler le français de Bossuet, n'est-il pas ?Il faudrait quand même qu'on m'explique en quoi l'ancien rond François est mieux que le toujours sec Nicolas.
Hollande, Villepin, Bayrou, Aubry, et tous les autres, qui devant le risque Le Pen en sont encore à s’inquièter à voix haute et à vertu effarouchée des risques de contamination de l’électorat : le dernier carré des clowns électoraux. Leur fameux front républicain. Eux ? La République ! Se rendent-ils bien compte, naïfs ou péremptoires, de ce qu’ils affirment ? Ont-ils lu les chiffres de l'abstention ? Se rendent-ils bien compte de ce qu'ils disent, de ce qu'ils sont ?
Nucléaire, Kadhafi, irradiés, bombardés, OTAN, forces de frappe, crise, bourses, tsunami, sont les fleurs des champs que pétrissent leurs bouches. Niveau 7, 8, 9... A quand le 10 ?
A demain, si vous le voulez bien...
12:04 Publié dans Aventures post-mortem de la langue française | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : japon, politique, littérature, le pen, kadhafi, nucléaire, françois hollande, ps, ump |
samedi, 05 mars 2011
Marine en tête
Tous ont Marine en tête. Les journalistes, tout d’abord, pour qui vendre du papier demeure l’enjeu quotidien.
Ceux du Parisien comme les autres.
Les politiciens, ensuite : La fille Delors « pointe la responsabilité de Sarkozy », qui « fait peur aux Français ». On reconnaît là son côté fausse mère poule. Hamon parle de la « propagation d’un incendie ». Son côté étudiant hyperbolique. Mélenchon parle de « guignolisation de la politique » Ferait bien de laisser Guignol tranquille, ce guignol là. Laurent Fabius explique qu’il y a « une sorte de rejet qui se cristallise sur l’extrême-droite.» Son côté doctorant insatiable. J'en passe et des meilleures. Dis moi comment tu causes et je te dirai qui tu es.
A l’UMP comme au PS, au lieu de se poser vraiment la question du pourquoi,(1) on va commencer à entamer le grand air du vote utile. Si vous ne pensez pas à elle (vous avez sans doute d'autres chats à fouetter) , eux, ils y pensent. Pour vous.
Et que dit l’intéressée ?
Pas grand chose.
Elle compte les points et savoure l’héritage.
Je serais à sa place, je me marrerais.
Tous l’ont en tête. Et font d’elle l’incontournable de la prochaine élection.
(1) avoir laissé, à gauche comme à droite, les "élites" mondialisées (de la politique, du show-business, de l'économie, du sport) organiser en réseaux la vie publique et accumuler des fortunes gigantesques tout en se riant (le mot est faible) des petits, avoir instrumentalisé de façon éhontée la notion de racisme tout en vivant dans des beaux quartiers, avoir laissé se dégrader le service public - à gauche comme à droite -, se poser constamment en moralisateur impuissant, tout cela me semble être les erreurs les plus criantes des politiciens des partis de l'alternance.
19:27 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : politique, sondage, marine le pen, ps, ump, aubry |