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mardi, 29 décembre 2015

Brel

Pitre : le premier regard lucide posé sur une certaine gauche française




Peintre : dans le son déchiré d'un accordéon rance...


Poète . la revanche d'un belge sur Baudelaire


vendredi, 27 novembre 2015

Toujours préférer l'intention sans arrière-pensées de l'original





 

13:33 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : brel, barbara, perlimpinpin, quand on n'a que l'amour | | |

samedi, 25 octobre 2014

Changer de nom

Valls veut que le PS rompe avec les vieilles lunes socialistes; Pour cela il propose au parti d'Epinay un changement de nom. Sarkozy promet le même lifting sémantique à l'UMP, dès qu'il se sera emparé de la présidence. Marine Le Pen est sur la même ligne, au grand dam de son père. Curieuse coïncidence, qui témoigne une fois de plus d'un credo politique à bout de souffle dans les faits, et cherchant dans les mots l'improbable renouveau. Avec un parti national et un front socialiste, c'est vrai que l'intrigue se corserait peut-être, le temps furtif d'un quinquennat 

Pendant ce temps, le chômage explose, la parlotte remplace la pensée, la controverse médiatique l'action et, en sous-mains, les Puissants rigolent et festoient. Le nouveau conseil d'administration des lobbys européens - celui de la dernière chance, dixit son président - a pris la tête de Bruxelles, comme on dit par métonymie. Brel serait sans doute tout étonné de voir ce qu'est devenu le titre de sa chanson, et combien on ne s'y promène plus guère, "le nez dans les étoiles", comme du temps de sa grand mère en crinoline. Fallait voir Jean-Claude Schulz et Martin Juncker (oui, c'est plus véridique en changeant les noms) s'auto-congratuler : l'un, chef de la Commission, l'autre du Parlement. 

En France, Jean-Christophe Hamon et Benoit Cambadelis se jettent des noms d'oiseaux à la figure ; Alain Sarkozy et Nicolas Juppé se guettent à la sortie du bois. Même partie de cache cache entre Martine Valls et Manuel Aubry. Christiane Kosciusko-Morizet et Nathalie Taubira, sur le point de fusionner ! Changer les noms, n'est-ce pas, c'est organiser la révolution sémantique, le grand mensonge.

Entre personnes et personnages, comme au vaudeville quand la distribution est pourrie et le jeu mauvais, on ne sait plus bien qui est qui ni par où s'effrite le scénario. On se demande même ce qu'on fout là, et pourquoi diable on est entré dans ce mauvais théâtre. Pleuvait-il, dehors ? Avions-nous oublié nos clés ? S'ennuyait-on à ce point de soi ?

PS, FN, UMP, les lettres tournent, c'est comme au scrabble. Chaque parti cherche le nom qui lui rapportera le plus grand nombre de points à la prochaine donne. Dupont-Aignan a pris un tour d'avance sur tout le monde en troquant Debout la République pour Debout la France. DBR pour DBF. Vous allez voir que le Front de gauche va devenir le Rassemblement Mélenchon. 

C'est l'époque qui veut ça. Le marketing politicien. Cette croyance presque magique dans le pouvoir fédérateur du sigle, dans la vertu de la signalétique, dans le chant du logo, comme une contrefaçon du Réel : la rose et le marteau, le bonnet phrygien de Marianne ou la flamme de Jeanne d'Arc, l'ombre de Jaurès contre celle de De Gaulle, etc, etc.

Entre ici Jean Moulin, Sors de ce corps Philippe Pétain : Tout va, tout vient, les fanions, les slogans sont usés, les symboles vidés de leurs contenus, à bout d'utilité sur la piste. En attendant le grand désastre, le dévoilement du grand chaos sur la grande fresque apocalyptique, ce n'est même plus de lettres ou de noms qu'il faudrait changer, mais d'alphabets : mais pour cela, même les plus jeunes d'entre nous se sentent déjà trop vieux.

 

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Le grand rut de Lénine épuisé, Muzeum Zamoyskich w Kozłówce, Pologne

 

 

02:56 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : brel, bruxelles, lénine, changer de nom, sémantique, politique, partis, ps, fn, ump | | |

mercredi, 09 octobre 2013

S'il pleut à la Saint-Denis, la rivière sort neuf fois de son lit.

Aujourd’hui, saint-Denis, c'est  la Journée mondiale de la Poste. J’ai appris à cette occasion que la poste royale avait été fondée par Louis XI le 9 juin 1464, par l’édit de Luxies. Des échanges de courriers, néanmoins, on en trouvait déjà dans le livre de Néhémie  (ch 2 – 7,8,9) : « Et le roi me donna ces lettres car la main favorable de mon Dieu était sur moi ». Des échanges de courriers, mais pas de poste !

La carrière de chevaucheurs, au Moyen Age, devait être fort agréable. On s’imagine volontiers, parcourant des forets, de relais en relais, durant des lieues, je veux dire de vraies forêts comme il s’en rencontre dans les romans de chevalerie. Un peu comme les premiers aviateurs du courrier postal, ces personnages porteurs de nouvelles étaient tout puissants, il paraît même qu’en cas de retard, ils pouvaient réquisitionner les chevaux des particuliers.

Les postillons portaient de jolies bottes. Des bottes faites de bois et de cuir, qui pesaient environ trois kilos et remontaient jusques aux genoux pour les protéger en cas de chute. A cause de la distance entre les relais, le populaire les surnomma les bottes de sept lieues.

Pendant très longtemps, la distribution du courrier se fit d’une ville à l’autre, mais rien n’était prévu à l’intérieur d’une même ville. C’est Louis XIV qui ordonna un service de distribution dans Paris intra-muros, ce qui généra l’invention de la boite aux lettres et du même coup du facteur à tricorne, employé de la petite poste de Paris.

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Dans un autre registre, on célèbre aussi aujourd’hui la naissance de Lennon et la mort du Che. Incroyable, tout ce qu’on apprend d’un seul clic sur une page wikipedia.  Lennon et le Che, deux icônes de la société warholienne, qui firent vendre au moins autant de posters que Le Chat Noir de Toulouse Lautrec et la photo de Rimbaud en communiant réunis. C’est aussi l’anniversaire de la mort de Brel. Et je pense à chaque fois à ce bel hommage que Barbara lui rendit dans Gauguin, d'une voix déjà fort éraillée par la maladie qui allait à son tour l'emporter. Gauguin, cette chanson à tiroirs tout en aimante nostalgie, comme beaucoup d’autres de la dame en noir. Il pleut et les Marquises sont devenues grises...




05:07 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : saint-denis, louisxi, john lennon, barbara, brel | | |

jeudi, 03 janvier 2013

Amor mundi

Le monde tel que je l’ai appris

Celui que j’ai découvert

Ce qui m’est demeuré occulté, caché

Enfoui dans le prochain, diffus dans le lointain

Sa marche, la marche du monde ...

 

La double dilution dont il est victime

Et qui m’égare infiniment.

Ce grand écart entre la routine la plus confortable, et l’inouï à venir ...

Sais-tu, l’inouï ?

Non, nul ne l’a entendu venir, à commencer par ses plus fidèles guetteurs.

Ce grand écart entre le nu et l’habillé, tout autant ...

« Le mal n’est jamais radical, il est seulement extrême », déclarait Arendt en quittant le procès d'Eichmann. « Seul le bien a de la profondeur. Et peut être radical. »

C’était un autre temps

On parlait de race sans frémir, de nation sans honte, de religion sans ironie et l'argent relevait encore du méprisable

Alors l’amour du monde cheminait par ces parfois sentiers

Parfois labyrinthes

Cheminements de la pensée

 

Aimable n’est donc plus la question, mais bien plutôt ce qui demeure du monde dans ses copies

L’écran, la multitude

Les écrans ont envahi le monde et même le cabaret de Fellini s’est retrouvé englouti

Même son bordel et celui de Brel aussi avec tous les marins qui lèvent le nez au ciel

Pas seulement les feuillets d’Hannah

Et les carnets d'Heidegger

Mais la gouaille aussi

de Fréhel et d'Arletty

Et l'extrême délicatesse de Messiaen

 

Pour l'instant (hélas !), la différence entre les sociétés de restriction et celles de consommation

Ne réside qu'en un certain plaisir ou déplaisir qu'on y prend à faire

La queue



dimanche, 03 juillet 2011

Franz

Franz, premier film écrit et réalisé par Jacques Brel. Un inoubliable moment du septième art, gravé sur la pellicule, un superbe pied de nez de deux dilettantes à un art que la technicité, le marketing et le stéréotype n'ont pas encore décomposé. 

1971 : Sur les plages de la mer du Nord, dans une pension de famille peuplée de gens médiocres, comme il s'en raconte au plat pays chez ces gens-là, Brel interprète "Léon", Barbara "Léonie". Elle n'est pas franchement comédienne, lui tout juste metteur en scène; elle a cependant accepté : goût du risque, amitié, inconscience ? L'air du temps, de l'époque le permettait. Et c'est une belle aventure. Et c'est une belle amitié. Regardez comme ils sont beaux, tous deux :


Jacques Brel Barbara Extrait de Franz 4 par lightning49

A sa sortie, le film a fait un bide. Total, et sans doute justifié. La critique n'aime pas les impromptus. Et le public n'a que modérément le goût de l'aventure. Le huis-clos respirait trop le théâtre filmé, la chanson racontée. Franz, film hybride, qui disait à une époque friande d'autres horizons les turpitudes de Léon et de Léonie demeura sans lendemain.

Je me souviens l'avoir vu plusieurs fois à l'époque, comme on repasse en boucle une chanson, comme on s'imbibe à petits feux d'un décor inattendu, dans la salle d'un petit cinéma de Tournon qui ne le laissa qu'une semaine à l'affiche. Barbara n'a jamais regretté. 

« Je signe Léonie, tu sauras qui je suis »: c'est ainsi qu'elle conclut la chanson Gauguin, dédiée au Grand Jacques, bien des années après sa mort. Elle aussi est morte à présent. Nous les regrettons souvent. Vif est donc le plaisir de les retrouver, en images et en chansons.



Barbara: clip Gauguin par ouah93

 

09:32 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : franz, brel, barbara, chanson française | | |

mardi, 31 août 2010

Giono : la contagion du mal

Au début du Roi sans divertissement, le capitaine Langlois est un homme naïf.  Entendons par là qu’il croit bêtement que peut exister une justice humaine susceptible de condamner les méchants pour le bonheur des bons.  Au début du roman, Langlois n'est qu'un cow-boy.

Lorsqu’il arrive dans le village où Bergues vient de disparaître tout juste après Marie Chazottes en ce premier hiver en compagnie de six gendarmes, il croit tellement à cette justice qu'il souhaite même la rendre : ayant fait chou blanc, il doit cependant quitter le village en mai 44. Et la vie reprend son cours durant l’été. L’été est une saison sans crimes. C'est une saison banale.

Langlois reviendra donc « dès le début de l’hiver suivant ». Cette fois-ci, il est seul. A-t-il déjà compris que le terrible mobile de l’assassin est l’ennui, le terrible ennui de l’hiver ? C’est bien possible. Il a mûri. Il s’installe chez Saucisse où il attend patiemment le prochain crime, tout en discutant avec la vieille lorette de la « marche du monde ». Une parenthèse ici : l’action se passe-t-elle comme la chronique le prétend en 1844 ou comme les nombreuses distorsions laissées par Giono le suggèrent en 1944 ? Car d'un siècle à l'autre, de la Sylvie de Nerval à sa brodeuse à lui, il a marché le monde : deux guerres mondiales, rien de moins ! Et pour quel gain ?  

En tout cas le personnage Langlois va comprendre au dix-neuvième siècle ce que Giono aura, lui, compris au vingtième siècle face à certaines cours de justice de prétendus résistants, une leçon qu’on peut appeler la contagion du mal : dans le roman, le justicier quelque peu désenchanté réserve en effet l’une de ses premières visites au curé de Lalley, pour lui assurer qu’en ce 24 décembre 44, le village et ses habitants ne risquent rien puisque le sacrifice divin sera « un divertissement suffisant ». C’est la première occurrence de ce terme intriguant, emprunté à Pascal, et sur lequel le titre déjà attire notre attention. Une autre indication dans cette scène entre Langlois et le curé, cette remarque allusive à propos de l’assassin : « ce n’est peut-être pas un  monstre… »

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19:06 Publié dans Des Auteurs | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : littérature, giono, brel, un roi sans divertissement | | |