samedi, 25 octobre 2014
Changer de nom
Valls veut que le PS rompe avec les vieilles lunes socialistes; Pour cela il propose au parti d'Epinay un changement de nom. Sarkozy promet le même lifting sémantique à l'UMP, dès qu'il se sera emparé de la présidence. Marine Le Pen est sur la même ligne, au grand dam de son père. Curieuse coïncidence, qui témoigne une fois de plus d'un credo politique à bout de souffle dans les faits, et cherchant dans les mots l'improbable renouveau. Avec un parti national et un front socialiste, c'est vrai que l'intrigue se corserait peut-être, le temps furtif d'un quinquennat
Pendant ce temps, le chômage explose, la parlotte remplace la pensée, la controverse médiatique l'action et, en sous-mains, les Puissants rigolent et festoient. Le nouveau conseil d'administration des lobbys européens - celui de la dernière chance, dixit son président - a pris la tête de Bruxelles, comme on dit par métonymie. Brel serait sans doute tout étonné de voir ce qu'est devenu le titre de sa chanson, et combien on ne s'y promène plus guère, "le nez dans les étoiles", comme du temps de sa grand mère en crinoline. Fallait voir Jean-Claude Schulz et Martin Juncker (oui, c'est plus véridique en changeant les noms) s'auto-congratuler : l'un, chef de la Commission, l'autre du Parlement.
En France, Jean-Christophe Hamon et Benoit Cambadelis se jettent des noms d'oiseaux à la figure ; Alain Sarkozy et Nicolas Juppé se guettent à la sortie du bois. Même partie de cache cache entre Martine Valls et Manuel Aubry. Christiane Kosciusko-Morizet et Nathalie Taubira, sur le point de fusionner ! Changer les noms, n'est-ce pas, c'est organiser la révolution sémantique, le grand mensonge.
Entre personnes et personnages, comme au vaudeville quand la distribution est pourrie et le jeu mauvais, on ne sait plus bien qui est qui ni par où s'effrite le scénario. On se demande même ce qu'on fout là, et pourquoi diable on est entré dans ce mauvais théâtre. Pleuvait-il, dehors ? Avions-nous oublié nos clés ? S'ennuyait-on à ce point de soi ?
PS, FN, UMP, les lettres tournent, c'est comme au scrabble. Chaque parti cherche le nom qui lui rapportera le plus grand nombre de points à la prochaine donne. Dupont-Aignan a pris un tour d'avance sur tout le monde en troquant Debout la République pour Debout la France. DBR pour DBF. Vous allez voir que le Front de gauche va devenir le Rassemblement Mélenchon.
C'est l'époque qui veut ça. Le marketing politicien. Cette croyance presque magique dans le pouvoir fédérateur du sigle, dans la vertu de la signalétique, dans le chant du logo, comme une contrefaçon du Réel : la rose et le marteau, le bonnet phrygien de Marianne ou la flamme de Jeanne d'Arc, l'ombre de Jaurès contre celle de De Gaulle, etc, etc.
Entre ici Jean Moulin, Sors de ce corps Philippe Pétain : Tout va, tout vient, les fanions, les slogans sont usés, les symboles vidés de leurs contenus, à bout d'utilité sur la piste. En attendant le grand désastre, le dévoilement du grand chaos sur la grande fresque apocalyptique, ce n'est même plus de lettres ou de noms qu'il faudrait changer, mais d'alphabets : mais pour cela, même les plus jeunes d'entre nous se sentent déjà trop vieux.
Le grand rut de Lénine épuisé, Muzeum Zamoyskich w Kozłówce, Pologne
02:56 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : brel, bruxelles, lénine, changer de nom, sémantique, politique, partis, ps, fn, ump |
Commentaires
Vous avez raison de souligner la consomption du verbe, il ne fait plus chair...Les jeux d'apparences se font chers....La comédie du pouvoir a pour prix l'achat des consciences grâce aux privilèges et passe droits pour "élites" aux petits pieds. Elles maintiennent sur la masse un gantelet étranglant et l'abandonne aux maux...pauvres mots!
Écrit par : patrick.verroust | samedi, 25 octobre 2014
Et vous Solko, vous changez le titre d'une œuvre vue dans un musée polonais ? :)
Écrit par : Michèle | samedi, 25 octobre 2014
J'ignore son nom, pour dire la vérité. Je l'ai photographiée, (pas très bonne, la photo, d'ailleurs) sans relever son nom.
Écrit par : solko | samedi, 25 octobre 2014
Archétype du tableau de propagande, que l'on trouve un peu partout tant il a été copié, multiplié, etc… chacun se présentant, cela va sans dire, comme le VRAI.
Il représente le monstre Lénine créant l'Internationale alors q'il n'était pas présent ce jour là !
Le vrai créateur reçu, pour salaire, une balle dans la tête.
Le hasard de l'illustration, Solko, ne pouvait mieux tomber !!!
L'ignominie à l'état pur.
Changer de nom, de visage, de tout…
Bref, la gauche.
Écrit par : tamet de bayle | samedi, 25 octobre 2014
Bon, je vole doncà votre secours car j'en connais le titre :
Le Marchand de tapis
Écrit par : Bertrand | dimanche, 26 octobre 2014
ou
Vente à la criée du lot 49
Écrit par : Michèle | lundi, 27 octobre 2014
C'est cela : La politique est une vente à l'encan...
Une vente de croutes à l'encan...
Écrit par : solko | lundi, 27 octobre 2014
Un de mes amis familier de la Russie me confirme qu'il existe bel et bien une centaine d'exemplaires de ce tableau de toutes les impostures…
Quelques uns se promènent entre Saint Petersbourg et Moscou. Jusqu'à la Tretiakov !
Dans les réserves, bien sûr ! Faut pas exagérer.
Les ex-pays satellites sont, quant à eux, infestés de ces croutes.
Dans l'attente d'un conservateur un peu moins gaucho - Eh oui ! même dans ces pays, les vieux bonzes s'accrochent à la culture, à ses pompes et à ses mannes - qui aura le courage de les décrocher.
Écrit par : tamet de bayle | lundi, 27 octobre 2014
ou
Une réunion Tupperware bien arrosée
Écrit par : Michèle | lundi, 27 octobre 2014
Ah, pour moi, le titre, c'est "Qui est le vainqueur du Bingo ?" :-)
Écrit par : Sophie K. | mercredi, 29 octobre 2014
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