mercredi, 11 juin 2014
C'est qui, les populistes ?
Le président aura passé sa semaine les pieds dans les chrysanthèmes et la tête dans les commémorations, la bouche dans les éléments de langage et le ventre dans les dîners d’apparats. C’est ce qui s’appelle gouverner ! On constate paraît-il un frémissement de sa courbe dans les sondages. Il y a donc des gens de gauche pour aimer les pots de fleurs et les lieux communs. Pendant ce temps-là, d’autres gens s’inquiètent de l’avenir de l’UMP. Ils ont du temps à perdre. Car l’UMP, comme le PS, est une machine de guerre et de propagande, faite pour emporter à son tour les prochaines élections. Au pire, elle changera de nom. Mais la République a besoin de sa droite comme de sa gauche : Qu’on se souvienne de l’état du PS il y a cinq ans. Elle survivra.
La grande affaire politicienne dans l’hexagone, c’est donc le énième dérapage de Jean Marie Le Pen. Fournée, tournée, et hop, la machine est lancée. C’est vrai qu’on peut aujourd’hui, comme le font les Femen, se balader seins à l’air dans des églises et fracturer des autels sans soulever plus que ça l’indignation du gotha politique, mais un jeu de mot idiot faisant indirectement allusion à la Shoah à propos de Patrick Bruel, et certains élus se demandent s’il ne faut en appeler à l’arbitrage bruxellois. Est-ce bien raisonnable, tout ça ? Rama Yade, qui n’est pas encore présidente de l’insignifiant parti radical valoisien (qui connut jadis son heure de gloire) en appelle à la démission du vieux Le Pen. Le vieux, qui doit rigoler encore plus de son pavé dans la mare. A quatre-vingt cinq balais, ça entretient, faut dire !
D’Oradour sur Glane, Valls, le cœur battant, évoque des « murs criant dans le silence ». Toujours lyrique, faute d'être éloquent. Et il affirme d’un ton toujours nasillard qu’il« vise tous les fanatismes ». Euh… De quoi parle-t-il ? Des nazillons songent-ils à raser de nouveau des villages en France ? De quels « petits agitateurs vénéneux de la mémoire qui font mal à la France avec des mots perfides » cause-t-il à la tribune officielle ? De Le Pen ? Des imams en caves ? De Zemmour, Soral ou Dieudonné ? Des frères musulmans ? De Poutine ? Pas précis, le Manuel. Tous les fanatismes : Presque inquiétants, ce pluriel et cet indéfini dans lequel tout est enrobé. Français, le mal rôde. Je l’ai déjà déjà dit, je crois ce type plus dingue encore qu’Hollande ou Sarkozy. Il parle d’idéologies de mort « qui sont là, roderaient, embrigaderaient… ». De quelles idéologies de mort parle-t-il, en ce lieu si funèbre ? Du nazisme ? du salafisme ? De l’antisémitisme ? Du satanisme ? Inquiétant, ce petit Manuel. Délirant, avec tous ses amalgames. et son manichéisme primaire. Le mal à l'état pur, ce Valls, à tout mélanger comme ça. Se rend-il compte qu’il est premier ministre, et plus tribun en université d'été ?
En haut lieu on a, semble-t-il, décidé de nous faire vivre dans la division, l’inquiétude, la peur. « Tu es pauvre, fous la paix, planque toi devant ton écran, laisse les Grands diriger tes affaires et passionne toi pour la Coupe du Monde ». Ah les Bleus ! Pendant que les pauvres gens poireautent sur les quais de la SNCF en grève en se nourrissant de produits low-cost pour espérer partir en vacances au bout de l’année, ils s’envoient des selfies dans leur avion réservé. Les Bleus ! Et on prétend qu’ils représentent, eux, millionnaires protégés où qu’ils aillent par des cars de CRS, « le peuple ». Ce même peuple contre lequel on vitupère sans cesse (« populistes ! »), parce qu’il ne vote plus ou vote Le Pen ! On serait populiste quand on s’abstient ou quand on vote front national, mais pas quand on pousse les gens à regarder le foot à la télé en braillant comme des débiles, ou à danser en rond dans la rue, hystériques et peints en tricolores ? Le foot spectacle, ce ne serait donc pas du populisme…de la haute intellectualité, sans doute ?
Le foot, cache misère et cache impopularité
C’est quoi, c’est qui les populistes, Messieurs ? Non, je ne reconnais plus mon pays, ni dans ces discours gouvernementaux aussi cons-venus que cons-fus, ni dans cette bataille de petits chefs, de gauche à droite, qui pataugent dans la mare du moralisme républicain, ni dans cette déliquescence sociale, ni dans ce vide intellectuel qui fait d’une mauvaise boutade une affaire d’Etat. France, qu'as-tu fait de ton baptême, demanda un jour fort légitimement Jean Paul II. Mais on pourrait paraphraser le saint pape de multiples façons : France, qu'as-tu fait de ton industrie ? France, qu'as-tu fait de ta littérature ? France, qu'as-tu fait de ton peuple ? de tes élites ? de tes artistes ? Et surtout – mais ce serait véritablement ouvrir une boite de Pandore, France, qu'as-tu fait de ta raison ?
07:14 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : le pen, front national, valls, ump, ps, politique, coupe du monde, femen, rama yade |
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