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lundi, 06 juillet 2015

Oxi

Le retour d’un sentiment souverainiste, la réaffirmation d’une culture démocratique propre, certes, quelle bonne nouvelle ! Mais penser que les peuples ne sont capables de retrouver dans un même vote une dignité commune, le sens de leur histoire et de leur culture, qu’en se retrouvant acculés face à un adversaire déterminé (en l’occurrence des créanciers) demeure en même temps assez désolant. Il n’empêche. Si les Grecs avaient voté Oui, ils auraient été politiquement vassalisés pour au moins 50 ans… Et ce que Hollande appelle « un saut dans l’inconnu » incarne, dans la soupe technocratique dont ce bonhomme constitue l’un des morceaux les plus indigestes, un heureux sursaut, un sain réveil, un retour du politique fort réjouissant. De ce point de vue, le rassemblement et les cortèges de la place Syntagma d’hier soir feront date.

Yanis Varoufakis y a parlé de guérir des blessures européennes, tout en affirmant vouloir rester dans l’Europe, tandis que son homologue allemand, Sigmar Gabriel, jouait déjà la carte du contribuable bavarois contre l’électeur grec en n’excluant pas le Grexit. Quand un peuple croit, il surmonte ses difficultés, rajouta dans la foulée Alexis Tsipras, tandis que Martin Schultz lui rappelait que s’il croit être en meilleure position pour négocier, il se trompe car le quotidien des Grecs va empirer de jours en jours…

Il ne faut pas se leurrer. Une soirée électorale n’est qu’une soirée spectaculaire dans un monde où « le vrai n’est qu’un moment du faux » disait jadis Debord. Car derrière ces quelques dirigeants faisant mine de se réjouir de « ce qu’a dit le peuple », se terre le même cruel principe de réalité, celui du crédit, du protocole et de l’usure qui, lui, se fout bien des peuples et ruine les sociétés. Les dirigeants des puissances européennes soumis aux banques savent bien que les peuples ne possèdent pas – sitôt achevés leurs rondes festives et spontanées de sirtaki – d’autres dirigeants qu’eux. De négociations en négociations, ils sont devenus experts en double discours.

Voilà pourquoi cette belle victoire d’OXI me rappelle hélas les résultats de cette soirée du dimanche 29 mai 2005 en France, cet autre Non que deux présidents faisant mine de s’opposer, ont allègrement piétinés, ridiculisant l’un et l’autre le principe même sur lequel repose cependant leur autorité.

Une femme grecque, hier soir, rappelait sur BFM que cet OXI n’était ni une victoire de la gauche ni une victoire de la droite, mais une « victoire des classes moyennes »,  et que le Parthénon, berceau de l’Europe, « était un temple, pas une banque ». Soit. Mais de tout ceci, que pense un Irlandais ? Un Letton ? On dirait que les différents peuples européens vivent dans des moments de la construction européenne différents ; le moment durant lequel ils sont rentrés dans ce fourre-tout économique, à vrai dire. L’Europe vue du Nord ou de l’Est n’a pas la même configuration ni les mêmes mœurs que l’Europe vue de l’Ouest ou du Sud.

Voilà pourquoi la zone euro demeure de moins en moins crédible. Plutôt que de vouloir abolir les diverses sensibilités nationales, il eût donc été plus judicieux de les laisser souveraines, tout en faisant en sorte qu’elles subsistent en paix. De les traiter autrement que comme de grands principes ou des courbes statistiques. Ce dont les pères fondateurs, du rêveur Monnet au pragmatique Delors étaient évidemment incapables...

 

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lundi, 11 avril 2011

Dans la mare aux tétards

Il parait que 45% des Français (on se rassure quand même, c’est un sondage) souhaitent voir le président du FMI entrer à l’Elysée dans un an sur un programme concocté par la fille Delors qui prévoit le prélèvement à la source des impôts et de la CSG. A la source : vous entendez bien. 

Une mesure sur laquelle, comme bon nombre d’autres conneries faites ou agréées par des socialistes (je songe à l’euro, évidemment), il ne sera pas possible de revenir. Les Français détestent-ils à ce point la liberté ? Sont-ils à ce point infantilisés ? Ma vie gérée par d'autres, de A jusqu'à Z.  Confort, confiance et liberté. So-li-da-ri-té !

Là, soit ils sont, comme dirait Obélix, devenus fous, soit l’intox en cours depuis presque un an les a lessivés, soit ils trouvent qu’être plumés, après tout, c’est sympa

C’est grave, docteur ?

Oui.

Ils vont finir par me rendre Sarkozy, sympathique, pour le coup ! 

(PS  Un extrait édifiant du livre de Laure Adler (1995), L'Année des Adieux : 

«Delors parle, parle, mais ne se découvre toujours pas. Mittérrand se tait, mais n'en pense pas moins. Delors lui a dit qu'il n'irait pas. Mitterrand est le seul à le croire. Il comprend alors que la candidature Delors est un leurre, un chiffon rouge agité par certains socialistes aveuglés par l'espoir et assoiffés de pouvoir. Ils font temporairement semblant d'oublier leurs haines, seul ciment entre eux.»   - p 272)

 

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06:03 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : politique, dsk, socialiste, delors, ps, ump | | |