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mercredi, 23 mars 2011

Le printemps contaminé

« Ça grimpe de plus en plus », grésille niaisement une souris météorologique à la jupe rose et au col orangé sur une chaîne infos. Elle a l’air bien satisfaite. C’est le printemps !  « Que caches-tu sous ta jupe, Margot ma voisine ?», aurait rajouté jadis la romance populaire. Mais cette image numérique n'est pas ma voisine, l'illusion grimpe de plus en plus. Voici qu'à présent un rat à lunettes sentencieuses nous explique  que l’horloge interne de l’être humain a besoin de trois semaines pour se réhabituer à la douce chaleur qui vient. Boudiou. La lumière, la rétine, le cervelet, bref… Exposez-vous progressivement pour vous préparer à l’été. Exposer ? Où ça ? 
Sortir une chaise-longue et prendre un bain de soleil dans son jardin (quand on a encore les moyens d’en avoir un), sur sa terrasse (quand on a encore les moyens d’en avoir une), – eh oui, les souris et les rats miévreux de la télé ont toujours cette tendance à oublier que le seule question qui tourneboule l’esprit des gens sensés reste quand même, printemps, été, automne comme hiver, la question économique – S'exposer, c'est être libre, car la peau, c'est l'organe de la liberté, voilà l’idéologie qu’on propose aux citoyens des florissantes démocraties. Mais ce besoin de tout scientifiser, techniciser, chez des êtres qui se prétendent par ailleurs si joliment éclairés, glissons... La niaiserie a fait tant d’émules que c’est, murmuraient nos grand-pères avant d'aller se pieuter, peine perdue

Pendant ce temps-là, Dominique de Villepin, qui se croit toujours Premier Ministre, explique que confier la gouvernance de l’opération Aube tralala à l’OTAN serait une erreur. M’énerve, ce mec. Pas pour ce qu’il dit spécialement (si peu d’intérêt…). Mais cette prétention d’ex à la mèche grise. Boulimique et intoxiqué, le grand dadais passé aux rayons, l'ex parfaitement ravalé, ce Villepin. S’y verrait bien à nouveau, sans doute. Addicted. Comme tant d’autres, me direz-vous, à tant de trucs dont on a tué la valeur, le politique, par exemple. Bon moyen de passer le lundi, et tous les autres jours de la semaine, au soleil... Nous autres, pendant ce temps. 

Tant d’autres, hélas ! Ex du même acabit…Martine Aubry, bourgeoise hautaine et cassante, expliquant à l'écran sans la moindre conscience de son propre et profond ridicule que « Claude Guéant est jeune en politique… ». L'idiote ! Me souviendrait toujours de sa tête, simiesque et impériale, cette moue médiatique, lorsqu'elle a filé un pièce de 2 euros aux bohémiens de la rue Victor Fort ! Le socialisme … Péguy avait bien raison. Mais comment comprendre vraiment Péguy, dans la fournaise et les volutes putrides de tout ce show
Glissons à nouveau.
Revenons plutôt à la lumière qui frappe tout à coup la rétine, et donc le cervelet, et bla bla bla… Ce qui vient du Japon risque-t-il de contrarier l’exposition au Sun des chairs occidentales ? Grosse angoisse des Bronzés, pour leur capital santé et celle de leurs rejetons Du côté du lait, des épinards, des salades, de la tyroïde, ah, ah, ah ! La précieuse tyroïde... Est-ce avec ce bidule que les cons pensent ? Tout ça me rappelle Argan et son poumon vous-je... La tyroïde, vous dis-je, quand ce n'est pas l'Alzeimer galopant : Voilà, à l’heure actuelle, où nous en sommes… Et ce putain de printemps qui vient. Au secours ! 

François Hollande, s’il obtient sa majorité dans les cantons corréziens, se verrait bien à l’Elysée. Comme Paris (disait Henri IV) vaut bien une messe, l'Elysée, après tout,  vaudrait bien un régime...  Tout prêt à embrayer le pas au footing de Nicolas.  Une photo présidentielle devant des carottes rapées et du jus de pamplemousse bio, ça changerait des livres et des drapeaux sentencieux, surtout quand on ne sait plus bien lire La Princesse de Clèves  ni parler le français de Bossuet, n'est-il pas ?Il faudrait quand même qu'on m'explique en quoi l'ancien rond François est mieux que le toujours sec Nicolas.

Hollande, Villepin, Bayrou, Aubry, et tous les autres, qui devant le risque Le Pen en sont encore à s’inquièter à voix haute et à vertu effarouchée des risques de contamination de l’électorat : le dernier carré des clowns électoraux. Leur fameux front républicain. Eux ? La République ! Se rendent-ils bien compte, naïfs ou péremptoires,  de ce qu’ils affirment ? Ont-ils lu les chiffres de l'abstentionSe rendent-ils bien compte de ce qu'ils disent, de ce qu'ils sont ? 

Nucléaire, Kadhafi, irradiés, bombardés, OTAN, forces de frappe, crise, bourses, tsunami, sont les fleurs des champs que pétrissent leurs bouches. Niveau 7, 8, 9... A quand  le 10 ? 

A demain, si vous le voulez bien...

samedi, 19 mars 2011

La catastrophe, c'est nous

Nous. Pas forcément les riches ou les pauvres, ceux d’ici ou ceux d’ailleurs, les ceci ou les cela, les mêmes qui seraient mieux que les autres, et les autres qui seraient meilleurs que les mêmes,  non, non, nous, nous, tous. Nous : Cet ensemble dément de 7 milliards de personnes, ce nombre obtenu par la grâce des excédents du capitalisme, et dépendant de lui, que ça leur plaise ou non, ces gens jaillis sur la planète, peuples devenus masse comme en terrain désormais dompté, assiégé, nous les prédateurs.

La catastrophe ce n’est pas l’eau, la terre, le feu, non, c’est bel et bien nous, ce nombre pour qui il fallut construire des autoroutes, des gratte-ciel, des cargos, des avions, des supermarchés et des centrales atomiques,  des couche-culotte aux cercueils par milliards, pour qui il fallut tout démultiplier partout, nombre fondu en cette désorganisation économique toute puissante, cette machine administrative sans borne, quittant, oui, ayant quitté « la maison natale », terre, la conscience de cette maison, nous, la catastrophe que nous sommes devenus, qui ne voulons plus mourir jamais à coup sûr mais consommer : « détruire, dit le Petit Robert, détruire par l’usage ». 

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08:36 Publié dans Aventures post-mortem de la langue française | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : société, politique, japon, actualité | | |

vendredi, 18 mars 2011

Vingt et unième siècle

Le dix-neuvième siècle a commencé en 1815 à Waterloo.  Le vingtième en 1914 à Sarajevo. 

Il se peut bien que le vingt et unième commence en ce moment sous nos yeux aussi horrifiés qu'impuissants, quelque part sur la côte du Japon.

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© (Yuriko Nakao/Reuters)

 

 

12:06 Publié dans Des nouvelles et des romans | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : japon, nucléaire, tokyo, catastrophe | | |

mercredi, 16 mars 2011

Liquidateurs

Le mot existe (dit le Robert) depuis 1791.  Il désigne la personne chargée de procéder à une liquidation, principalement judiciaire. Il a fallu la catastrophe de Tchernobyl pour que le mot se charge d’une connotation nouvelle, tragique.  Une page entière sur WIKIPEDIA.  Depuis 1986, on n’en parlait plus.

Liquidateurs. Drôle de terme. Drôle de situation.

De nouveau, ils entrent en fonction. Des purs produits, pour le coup, de nos sociétés. Liquider Tchernobyl, comme on liquide une société en faillite. Aujourd’hui Fukushima. Liquider l’imprévoyance, le péril. L’angoisse des autres, la peur du monde, la panique des Bourses.  Sauver le nucléaire civil et tout ce qui va avec, les 80% d’électricité française entre autre, protéger les vies humaines, certes, et puis les équilibres géopolitiques. Héros sacrifiés, martyrs anonymes, épiques comme Homère lui-même ne l’aurait jamais imaginé. Le nombre, autour d'eux, notre grand nombre, des milliards, et puis leur solitude, la solitude, au centre des regards du monde entier et dans l’ombre absolue. 

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Liquidateurs de Tchernobyl, 1986

 

 

00:03 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : fukushima, liquidateurs, japon, catastrophe, nucléaire | | |

vendredi, 11 mars 2011

D'un tsunami, l'autre

Aujourd’hui toutes les télés du monde ont emmené le chaland des grandes surfaces au Japon. Et c’était fort étrange à observer, cette vague géante multipliée  par  des murs d’écran plats empilés, dévastant en boucle voitures, avions et bâtiments, éventrant routes et ponts, parmi le confort douillet des rayons des grandes surfaces. On s’arrêtait, surpris, on regardait, sceptiques, ces intérieurs semblables aux nôtres dans lesquels ordinateurs, bureaux, dossiers s’effondraient. Et puis on traversait, indifférents ou occupés à d’autres choses.

Les vendeurs évoquaient le rendu de la couleur, sur tel ou tel autre. Emotions.

Une reconstitution du Réel qui, pourtant, ici, n’avalait rien du tout. Nos pas, feutrès sur la moquette. Des images qui n’intimidaient personne. La queue, aux caisses. Un Réel qui n’avait guère plus de poids qu’un film catastrophe, un dessin animé. Lointaine et domptée, la nature vue d’ici : un simple mur d'images.

Je quittais le magasin, songeant à ce qui resterait debout de nos vieux centre villes européens s’il prenait envie à ce Réel-là, d’une amplitude de 8,9, de nous rendre un jour visite. Je pensais à ces Japonais qui «se sont bien préparés », « ont fait bien des progrès depuis Kobé »,  imaginant tous ceux qui m’entouraient au milieu de grabats séculaires, la pierre, la poussière et le sang. 

A la droite socialiste comme à la droite sarkoziste, après le « tsunami Marine » (on sourit, n’est-ce pas), ce mur d’images qui se répand dans tous les foyers fait soudainement du bien. A tous les politiciens dont la cravate soudainement s'était mise à suer, c’est comme un grand vent frais venu du pays du soleil levant, qui permet de déplacer le regard courroucé de monsieur tout le monde loin des tactiques électorales. Le regard courroucé de monsieur Tout-le-Monde va redevenir compatissant. Peut-être même que monsieur Tout-le-Monde va verser son obole, une fois de plus.

Il sera toujours temps de retourner solliciter ses suffrages un peu plus tard. 

 

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18:14 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : tsunami, séisme, japon, tremblement de terre | | |