mardi, 01 avril 2014
Dans le vide mais jusqu'où?
C’est incroyable comme ce type qui vient subitement parler à 20 heures, assigner « trois objectifs » et, à un pacte « de responsabilité » en adjoindre un autre « de solidarité », n’est plus crédible, et semble appartenir à un autre temps, un ordre déjà décomposé, un temps fini. Comme s’il sonnait le glas de sa propre présidence, d’un ton morne et haché, récité sans joie, comme s’il était déjà politiquement mort, et le combat qu’il veut mener avec lui, combat somnambulique d’apothicaire. Je ne rêve pas, il ânonne « Je Je », comme jadis il jetait son « Moi Moi » à la gueule du téléspectateur. Mais comment peut-il imaginer qu’on croit encore en son Je ? « Il aime être le seul qui ne prend aucune décision », dit de lui un proche. Terrible. Comment a-t-on pu élire un con pareil à un tel poste ? « L’électorat de droite te hait, une partie de la gauche te déteste », lui aurait dit un autre proche. Terrible. Il est certain que ce type est carbonisé.
Les Verts se sont barrés du gouvernement pour sauver leurs scores aux Européennes, et c’est vrai qu’ils peuvent espérer passer en 3ème position, même devant le PS, s’ils ne grimpent pas sur la barque de « l’équipe resserrée, cohérente, soudée », déjà en plein naufrage. Les gens de gauche, les Besancenot, les Mélenchon sont effarés : « A un désastre électoral, Hollande répond par un suicide politique », dit ce dernier. David Assouline, en bon petit apparatchik, parle « de la gravité et de la sincérité » de Hollande. Je l’ai connu, ce type, lorsqu’il était à Jussieu, militant dans les coordinations lycéennes en 1986, déjà beau parleur dans des haut-parleurs, déjà programmé pour une carrière de sénateur. Et Fillon, rusé, matois, expérimenté aussi sans doute, souhaite bonne chance à Valls, entrevoyant déjà l’échec dans quelques mois. « Manuel de survie, Vals mène la danse, Ayrault valse », la presse française n’a rien à en dire, parce qu’il n’y a rien à en dire, sinon quelques pirouettes verbales elles aussi convenues, usées, avant les échanges de fauteuils et les chaises tournantes. C’est l’état de ce pays, où il n’y a plus que la bonne bourgeoisie de Paris, Lille ou Lyon pour souhaiter poursuivre le malentendu avec ce PS quand le reste du pays vote FN, UMP, ou s’abstient. Une sorte de société inversée, finalement, et qui tourne toute seule, dans le vide, mais jusqu’où ? Et derrière ce vide, ce blabla sidérant,, quelle dissolution sans fin pour le pays ?
Trente ans en 93
00:02 | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : valls, remaniement, politique, élections, france, rigolade, échec |
Commentaires
Comme vous, j'ai ressenti à quel point il n'est plus crédible, s'il l'a jamais été. J'étais effarée. C'est à pleurer.
Écrit par : Michèle | mardi, 01 avril 2014
Tiens vous pensez comme la gauche de la gauche maintenant, Solko?!
Vous n'avez pas écrit de billet pour vous réjouir des bons scores du front national? et de la "raclée" donnée au PS ?
Vous n'êtes pas très logique ! Ne disiez vous pas qu'une bonne raclée administrée à Hollande vous ferait un plaisir sans nom?
Parce qu' Ayrault ou Valls ou Trucmuche, quelle importance?
Vous auriez aimé qui comme premier ministre?!!!!!!
Écrit par : Sophie | mardi, 01 avril 2014
S'il y a bien quelqu'un qui émet les doutes les plus sérieux sur la capacité de ce bonhomme à gouverner le pays, et ce depuis le soir de son élection, c'est bien moi, au contraire ! L'imposture de cet homme ne fait que sauter aux yeux de plus en plus de monde : ce vote exprime les dégâts qu'il a faits dans la société depuis deux ans,s'y lit l'ampleur de son désaveu. Quant à la gauche de la gauche, je n'ai pas l'impression de parler comme elle : Mélenchon et les communistes l'ont voulu, Bayrou également, ils l'ont eu, leur pingouin. Moi je n'ai jamais voté pour lui et mon effarement devant l'incompétence de cette clique aux affaires- si effarement il y a - ne tient pas du dépit.
Un premier ministre ? C'est le régime socialiste qui est rejeté, cette façon de gouverner le pays comme si c'était un parti, de se croire soi "du bon côté de la république" simplement parce qu'on se dit de gauche, de mentir sans cesse et égrenant son bréviaire : je crois qu'il n'y a pas de pire ennemi du PS que le PS. C'est ce que j'avais compris dans les années 90, et ça saute aux yeux de nouveau. La branlée des municipales, ce n'est rien à côté de ce qui vient...
PS : Je viens d'entendre Valls dire qu'il porte des valeurs qui peuvent "submerger un peuple"....
Je crois que tous les politiques sont des cinglés. De dangereux cinglés.
PS 2 : Imaginez, si Marine Le Pen disait ça...
Écrit par : solko | mardi, 01 avril 2014
" [...] de se croire soi "du bon côté de la république" simplement parce qu'on se dit de gauche, de mentir sans cesse et égrenant son bréviaire".
C'est exactement ça... Comme cette ridicule histoire de "Front républicain" qui est, heureusement, en train de disparaître. Qu'est-ce qu'être républicain ? Et si le FN ne l'est pas, pourquoi le ministre de la Justice ne saisit-il pas le Conseil d'Etat pour l'interdire ? Enfin, est-ce que la République est inséparable de la Démocratie ? Il suffit de regarder vers l'Iran, la Chine, ou la Corée du Nord pour se convaincre du contraire.
Etre national a bien plus de sens, puisque la Nation est bien plus vieille que la République décadente et anti-démocratique dans laquelle nous vivons.
http://www.lefigaro.fr/vox/histoire/2014/03/20/31005-20140320ARTFIG00138-etre-republicain-qu-est-ce-que-ca-veut-dire.php
Écrit par : Jérémie S. | mardi, 01 avril 2014
Sophie, j'aime vos interventions pleines d'humour malgré la gravité de ce qui est en question.
Et je ne sais pas vous Sophie, mais personnellement je suis en accord profond avec la réponse que vous fait Solko.
J'ai voté pour Hollande au second tour pensant que c'était la moins pire des alternatives. Je suis une imbécile.
Hollande sait qu'il peut continuer son imposture, les socialistes et leurs amis libéraux nous vendent cher depuis longtemps des accords européens qui mettent les peuples et les Etats à genoux.
Et il y a eu une accélération le 13 février 2013, que seul le Front de gauche (qui n'est pas un parti mais une coalition de trois partis) a dénoncé. Le FN aussi peut-être mais je ne lis pas leur presse (ce qui est certainement un tort, faire l'autruche n'empêche rien).
Le 13 février 2013, M. Barroso, le président de la Commission européenne, M. Obama, le président des Etats-Unis et M. Van Rompuy, le président du Conseil européen, ont signé une déclaration commune annonçant le lancement de négociations en vue d'intensifier les relations commerciales et les investissements entre l'Europe et les Etats-Unis.
Au Parlement européen, seul le Front de gauche, c'est-à-dire les communistes, la gauche unitaire et le parti de gauche s'oppose(nt). Ainsi que les petits partis indépendants et le FN.
Écrit par : Michèle | mardi, 01 avril 2014
Cher Solko, vous vous targuez souvent d'avoir détecté dès mai 2012, et même avant, l'impéritie du bonhomme et cela sonne sous votre plume comme une espèce d'hommage à votre clairvoyance avant tout le monde. Ne prenez surtout pas en mauvaise part ce que je vous dis là, car mon propos n'est nullement polémique. Loin de là...
Sarkozy me révulsait comme vous révulse aujourd'hui Hollande, mais je ne me suis jamais fait une once d'illusion sur ce type qui avait déjà maintes fois donné les preuves de sa duplicité (notamment congrès de Versailles après référendum sur l'Europe) et qui aujourd'hui tient le guidon... C'est d'ailleurs, peut-être, la raison pour laquelle je ne suis pas très en colère contre lui, sinon pour son nauséabond suivisme dans le drame ukrainien.
C'est un nul qui représente à lui seul, plus que les autres parce qu'il est au pinacle républicain, toute la nullité et la veulerie du débat politique et toute la faillite, amorcée depuis plus de 40 ans, de l'espérance citoyenne. C'est cela, à mon sens, qu'il faut voir, dire et dénoncer sans relâche, plutôt que les attaques ad hominem - dont je me rends moi-même souvent coupable - qui, si elles satisfont le besoin de colère, hélas, ne font rien avancer d'un pouce.
Mais je le répète même si cela n'est pas le problème : je fais souvent ainsi. C'est comme ça. Dire que Hollande est un con revient à dire que le soleil se lève à l'est et se couche à l'ouest. Oui, c'est un con, mais la terre est peuplée de cons et de salopards.Le malheur vient du fait que c'est le plus souvent parmi eux que se recrutent les représentants du peuple.
Cherchez le hiatus, vous le trouverez tout de suite !
Qu'attendre de plus ? Le peuple français vit dans le confort intellectuel du dégoût de ses dirigeants. Quand un peuple, comme le peuple ukrainien, en plus du dégoût doit prendre les fusils pour tâcher de sortir de la boue, là, la question de savoir qui est personnellement un con ne se pose pas. La question est : qui socialement est un salopard. Quand les Français se poseront cette question-là, croyez-moi, Solko, le débat prendra une autre ampleur, qualitativement et quantitativement.
Bien à Vous
Écrit par : Bertrand | mercredi, 02 avril 2014
Non le dégoût des dirigeants n'est pas un confort intellectuel. Même si, je vous l'accorde, cela n'a rien à voir avec la guerre civile, c'est le prélude à une crise de régime qui parait inéluctable au lendemain des européennes face à une telle surdité et une telle enculade. Je suis très pessimiste sur l'avenir du pays. Je n'ai que peu de temps en ce moment, je regarde de très loin tout ça, mais je suis inquiet, Et je ne sais que faire pour débarrasser le pays de ces gens. C'est l'impuissance. .ll y a un moment où même les débats ne servent plus à rien.
Écrit par : solko | mercredi, 02 avril 2014
Oui, plus envie de causer de ces gens, j'ai aussi ce syndrome depuis quelques mois. Un gros découragement, quoi.
Écrit par : Sophie K. | jeudi, 03 avril 2014
Sentiment d'une telle pantomime. QU'on se fout de la gueule du peuple, de la république et de la nation pour reprendre leurs termes. Il va y avoir une grosse sanction.
Écrit par : solko | jeudi, 03 avril 2014
Peut-être me suis-je mal exprimé. Je voulais dire que le dégoût des dirigeants reste depuis des lustres dans la sphère cérébrale et n'a dès lors aucune incidence sur la pérennité de ces dirigeants, toujours les mêmes depuis 40 ans sous des étiquettes publicitaires différentes.
Je ne dis pas que ce dégout est une posture confortable. Je dis qu'il en reste à ce stade inefficient... D'où les débats interminables qui, c'est vrai, ne se nourrissent plus que d'eux mêmes et sont, eux aussi, frappés de stérilité.
Écrit par : Bertrand | jeudi, 03 avril 2014
Ah ça, inefficient, vous l'avez dit !
j'ai entendu l'autre jour un journaleux dire que depuis que le gouvernement avait octroyé la sécurité sociale au peuple, il avait aussi anéanti toute velléité de révolution en son sein...
On peut entendre ça de multiples manières.
En tout cas, nous vivons ici sur le mode du disque rayé, et personne ne sait si ça va durer encore longtemps.
Écrit par : solko | jeudi, 03 avril 2014
Cela aussi frise la déprime : la nullité des commentateurs et autres éditorialistes.
"Nous vivons ici sur le mode du disque rayé," splendide allégorie !
Il serait peut-être temps que le peuple cesse d'écouter les violons (!)
En Pologne, le disque est plus récent, moins usé, mais il a tellement été piraté sur celui qui tourne à l'ouest qu'il ne tardera pas à jouer exactement la même musique qui fait grincer les dents.
Une oreille attentive entend déjà les premiers crissements.
Écrit par : Bertrand | vendredi, 04 avril 2014
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