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mardi, 09 juin 2020

Les idolatres

Ce sont les mêmes, les mêmes, toujours qui incitaient, après le Bataclan, leurs fidèles à porter gerbes et couronnes pour honorer la dérision d’une simple allégorie républicaine, transformant en un sanctuaire/dépotoir nauséeux une célèbre place de Paris ; les mêmes qui vous invitaient chaque soir, pendant qu’ils vous tenaient à leur merci devant leurs litanies des morts il y a peu, à « communier » dans le vide, en applaudissant à heure fixe à vos fenêtres et balcons ; les mêmes qui maintenant souhaitent que vous vous agenouilliez en repentance devant le vide, toujours, le vide de l’absence, le vide de l’homme, le vide de l’Idole, leur vide…

Ne tombons pas dans leur piège : nous vivons de la présence réelle. La question n’est pas de savoir s’il faut ou non s ‘agenouiller, la question est de savoir devant qui nous devons nous agenouiller. Car s’agenouiller, c’est rester debout, non sur ses pieds, mais sur ses genoux, tout en se faisant plus petit devant ce qu’on reconnait plus grand que soi : le sacrifice du Christ sur la Croix, par exemple. Le Fils s’est agenouillé devant le Père et le Père devant le Fils…

C’est pourquoi ces agenouillements de repentance ne sont pas incongrus, scandaleux : ils sont blasphématoires. Ils sont comme ces « #prayfor » dont les réseaux sociaux furent inondés : ils ne disent pas quel dieu ils idolâtrent. Mais nous qui savons qu’ils ne sont que des caricatures,  nous ne nous agenouillerons que devant Dieu.

On aurait tort de les prendre pour des imbéciles, ils ne sont pas tombés de la dernière averse. Ce sont des spécialistes de l’ingénierie sociale, des experts de la propagande, des professionnels de la société du spectacle. Ils ont du pognon. Ils sont bien organisés. Ils tiennent les médias. Le nombre de morts immolés à leurs causes prétendument pacifiques depuis deux siècles dépasse ce que nous pouvons imaginer. Sans compter le cortège abominable des enfants avortés par leur volonté, des embryons congelés par leurs soins.

Avant de vous initier à leurs rites incantatoires, ils vous ont appris à déserter la véritable liturgie, à ne plus aimer vos églises, à ne plus vous agenouiller devant l’autel du Père ni la Croix du Fils, à ne plus pleurer en compagnie du Christ – seul vrai Dieu et vrai Homme, et à préférer leurs manifestes aux saintes Écritures.  Ils occupent vos journaux, vos écrans, vos esprits. Ils sont la contrefaçon en guerre contre l’original, le mensonge contre la vérité, l’absence contre la présence, la mort contre la vie

Toujours, il y a toujours eu Caïn et Abel, Ismaël et Isaac, Pharaon et Moïse, le Sanhédrin et Jésus-Christ, Ève et Marie, la terre et le Ciel… Rien de bien neuf, sinon que nous entrons dans une phase finale. Nous en connaissons la fin, grâce au divin Jean de Patmos, nous savons l’heureuse issue :Après la pantomime des gueux, le châtiment de Babylone. Après les rondes idolâtres, le règne du Sacré-Cœur : Alors je l’avoue, j’ai parfois presque envie de leur dire : «Ce que vous faites, faites le vite »…  

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samedi, 14 mars 2020

Présence réelle

Présence réelle

On saura dans les mois à venir si le coronavirus est ou non aussi dangereux et menaçant que l’état maçonnique le laisse entendre. En revanche, on n’en finira pas de mesurer les effets des mesures prises pour endiguer la prétendue l’épidémie, et qui toutes ont pour point commun, à des degrés divers, de s’attaquer à la Présence Réelle.
On pense de prime abord à ces recommandations venues du gouvernement d’éviter les poignées de mains chaleureuses et les joviales embrassades au nom d’un hygiénisme qui se veut bienveillant. Norvégisons les pays trop latins, mes amis, et mettons au placard nos comportements trop affectueux, car la méfiance doit être de mise entre nous autres, catholiques.
Là n’est pas le pire, car au fond, chacun reste maître ou non d’entrer dans ce jeu.
Plus inquiétante est la fermeture des écoles : les professeurs ont déjà reçu des avis des recteurs les invitant à recevoir à distance « des formations » afin de « former » eux-mêmes, à distance bien sûr, leurs élèves potentiellement contagieux. Grâce au coronavirus, l’Education Nationale va pouvoir, durant le temps qu’elle le juge nécessaire, expérimenter grandeur nature le tout numérique qu’elle rêve d’imposer aux enseignants depuis déjà deux décennies et installer partout des e-classes dont on peut être certain qu’elle survivront à la prétendue pandémie. Le moment venu, on pourra même présenter la dématérialisation de l’école comme la solution efficace contre toute contamination virale et intellectuellement incorrecte : quelle aubaine ! Des profs asservis et des élèves conditionnés par les mêmes logiciels, le programme, tout le programme, rien que le programme…
Plus grave, la confusion jetée dans l’Eglise du Christ elle-même. Car au-delà des contraintes que l’Etat maçonnique fait peser sur les diocèses en interdisant les rassemblements de plus de 100 personnes (faut-il interdire ou au contraire démultiplier les messes ?) c’est là encore la foi en la Mémoire de Dieu et en sa Présence Réelle dans l’hostie qui est attaquée par des arguments hygiénistes dévoyés : En 1901 déjà, sainte Gemma Galgani écrivait à un jeune garçon sur le point de communier pour la première fois : « J’en frémis rien que d’y penser : Il y a des Chrétiens, tu entends Mariano, des chrétiens qui ne croient plus en l’Eucharistie. Horrible crime envers la bonté de Dieu ! Prie pour eux et promets également de ne jamais te laisser Vaincre par le respect humain et, par ta prière et ton bon exemple, de faire en sorte de porter tout le monde à croire et avoir la foi… ». (Gemma Galgani, Lettres, Téqui, p 773)
Lorsque des fidèles déjà vacillants auront bien associé dans leur pratique la réception du Corps du Christ à ce putride hygiénisme républicain, que restera-t-il de leur foi ? C’est là encore à la présence réelle qu’on s’attaque, non plus dans le champ social ou naturel, mais dans celui du Surnaturel dans lequel, Dieu merci, la Vérité et la Fidélité sont préservées par le Verbe de Dieu dès lors qu’on se confie à Lui. Il n’empêche. Le mal sévit dans les esprits.
Alors qui s’attaque ainsi à la Présence Réelle ? Qui le président hologrammique qui prit la parole l’autre soir protège-t-il réellement ? Suffit de jeter un œil sur les lois que son gouvernement fait passer en douce pour le deviner : car l’un des effets du coronavirus est bien de faire oublier les recherches sur les embryons qui se déroulent pendant ce temps dans les laboratoires bunkérisés, à l’abri des crises économiques et des déflagrations atomiques, où s’inventent les naissances de l’Homme à l’image de l’homme qu’ils ont programmées. Le clonage humain est le stade ultime de leur attaque contre Dieu Ici, plus de présence réelle ni de père, ni de mère, ni de Dieu : ici règne l’absence réelle. Ici nous atteignons le comble de la désolation, le comble de l’abomination.
Comment lutter ? Je ne vois que la prière, l’oraison, et la défense de ce qui reste de l’Eglise du Christ dans sa terrible éclipse qu’annonça la Vierge de La Salette. Nous arrivons au temps de l’épreuve, celle durant laquelle, comme le dit Jean, « il faut de la sagesse » (Ap.13-18). Demandons-là, tendons vers le Père notre coupe pour la recueillir. Une chose est sûre : l’Esprit qui en est détenteur ne se trouve ni dans les décisions politiques ni dans les choix de vie dictés par l’idéologie.
C’est pourquoi Jean dit aussi : « Si quelqu’un est destiné à la captivité, il va en captivité. Si quelqu’un tue par l’épée, il doit être tué par l’épée. C’est en cela que réside la patience et la foi de saints ; » (Ap 13,10)
Nous devons être fidèles et patients et laisser agir Dieu. Ceux qui luttent contre la présence réelle se condamnent d’eux-mêmes à la seconde mort. Ceux qui demeurent en elle voient leurs noms inscrits dans le Livre de la Vie. C’est aussi simple que cela : ce combat doit avoir lieu, il est inéluctable, afin que chacun soit jugé selon ses œuvres. De quelque laboratoire, de quelque gouvernement, de quelque chauve-souris qu’il provienne, ce coronavirus est une bénédiction agréée par « celui qui juge avec justice » (Ap. 19, 11). Face à lui, comme les élus de l’Apocalypse nous n’avons qu’à chanter : « Saint, saint saint le Seigneur Dieu qui était, qui est, qui vient ».Car il n’appartient à aucun d’entre nous de juger qui doit être condamné, qui doit être épargné. Une seule chose est sure : nous devons nous tenir présents à l’autel devant notre Dieu, si nous avons réellement soif de notre salut et si nous concerne celui de nos frères…

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12:31 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : coronavirus, franc-maçonnerie, apocalypse | | |

mardi, 26 janvier 2016

Manifestation (9)

Jérôme baissa les yeux. Trop répétitif, trop vain, trop stérile, le spectacle du monde. Près de 150 000 manifestants dans les rues, selon le journal : comment, face à cette dictature mondiale, pouvait-il encore se trouver des gens pour penser sérieusement qu’une manifestation… Des fonctionnaires, des chauffeurs de taxis… Jadis, il avait participé à un mouvement contre un Premier ministre soucieux déjà d’aligner le pays à cet ordre mondial honni. Juppé 1995 : Jérôme se revoyait gare d’Austerlitz, haranguant des cheminots pour rejoindre le cortège des profs de son lycée en grève…

A plus de soixante-dix ans, ce vieux politicard habitué de la fondation Bilderberg caracolait en tête des sondages assénés par des medias le présentant comme la solution politique aux problèmes du temps, lui qui depuis plus de quarante ans avait formé l’une des pierres angulaires de ce régime de technocrates ! Et toute la bonne conscience de la gauche s’apprêtait à le pousser aux primaires de la droite... C’était risible et terrifiant, ridicule et glaçant.  

La France poursuivrait donc inexorablement sa descente dans l’enfer de ce qu’on nommait la post-modernité, sans trop savoir ce que cela signifiait. Sentiment d’être après – mais après quoi ? L’opulence des Trente Glorieuses, l’insouciance de soixante-huit, les chimères de la croissance, les vacarmes de l’Histoire… Après ?  Après eux, après toute une génération vieillissante, le déluge… Un pluie d’eau, de neige, de feu, d’événements de plus en plus imprévus, de propagande de plus en plus éhontée, et pour ramasser la mise, quelle puissance dans l’ombre ?

Y aurait-il encore longtemps un après après cet après ? Quelle manifestation issue de quel démiurge médiatico-démocratique emporterait le morceau ?  « Il en sortira pour séduire les nations qui sont aux quatre coins de la terre Gog et Magog, et les rassembler pour le combat en nombre égal à celui du sable de la mer », avait écrit saint Jean. Gog, Magog, selon qu’on lût la Torah ou le Coran, le web bruissait de rumeurs apocalyptiques contradictoires à  leur sujet, prophéties qui croisaient à la fois la propagande des états modernes et les faits brandis par l'actualité dans une sorte de délitement du monde des plus alarmants. Mais Polycarpe, l’évêque de Smyrne qui insuffla à Lyon la tradition johannique ne rapporte-t-il pas que lorsqu’on demandait au vieil évangéliste aimé du Christ de raconter ce qu’il avait vécu de plus beau avec le Seigneur, il répétait simplement comme si l’essentiel résidait à jamais  là : « Mes enfants, aimez vous les uns les autres comme je vous ai aimés »…?

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Saint Polycarpe

jeudi, 06 août 2015

Roland, la Bête, le spectacle et Riga

C’est désormais partout les mêmes publicités, les mêmes événements, les mêmes débats, les mêmes résultats sportifs. Il suffit pour s’en rendre pleinement compte, armé de sa télécommande, de zapper sur un bouquet d’une chaîne du monde à une autre, d’Ouest en Est, de Sud en Nord, pour retrouver les mêmes couleurs, les mêmes génériques, les mêmes vêtements, les mêmes cadrages. Langues et visages varient, certes, mais ce sont bien les mêmes sourires figés, les mêmes regards vides, les mêmes expressions, les mêmes préoccupations, les mêmes infos et les mêmes produits. Glaçant.

Partout, également, ce même rapport marchand au passé, ce rapport distancié et « qui s’est éloigné dans une représentation » (1). En Europe, chaque capitale de région ne propose pas moins de dix ou quinze musées, et les cars de touristes vont de l’un à l’autre, selon la loi du Tour. Ainsi, quelle ne fut pas ma surprise, tout récemment, de découvrir au bord de la mer Baltique, en plein centre de Riga la statue du chevalier Roland, neveu de Charlemagne, dont j’appris par cœur jadis la première strophe de sa magnifique chanson de geste:

CARLES li reis, nostre emperere magnes,
Set anz tuz pleins ad estet en Espaigne :
Tresqu’en la mer cunquist la tere altaigne.
N’i ad castel ki devant lui remaigne ;
5Mur ne citet n’i est remés a fraindre,
Fors Sarraguce, ki est en une muntaigne.
Li reis Marsilie la tient, ki Deu nen aimet.
Mahumet sert e Apollin recleimet :
Nes poet guarder que mals ne l’i ateignet
(2)

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Statue du chevalier Roland, Riga

Riga en soi est une ville charmante qui, comme chaque capitale, possède son réseau de rues piétonnes, de parcs ombragés et de tramways rapides, ses rues pavées et ses places historiques, ses restaurants typiques, ses bâtiments post modernes et ses églises médiévales, ses bars de nuit et sa dégustation de produits locaux qu’elle vend selon les mêmes protocoles, son « plus grand marché d’Europe » et ses façades Art Nouveau réalisées par le père d’Eisenstein. Je ne dis pas que cela ne vaut pas le détour, d’autant plus que Riga se trouve à quelque 180 euros et 3 heures de vol de Paris, une broutille. Les amateurs de beauté balte y apprécieront le port limité du pantalon, la ligne encore svelte et les cheveux longs de la plupart des femmes de là-bas, qui semblent ne pas avoir subi le dressage idéologique de celles de la pauvre Dulce France de Roland. Il n’empêche.

« Toutes les nations, écrivit jadis saint Jean, ont été égarées par ses enchantements » (2)  Il parle des enchantements de la Bête dont la fureur s’est abattue sur le monde pour faire la guerre à l’Agneau. De là à conclure que la Bête de l’Apocalypse évoquée par l’Apôtre Jean, c’est le spectacle lui-même comme organisation capitaliste de l’économie mondialisée, asservissant les êtres à la standardisation la plus satanique, c’est évidemment rapide,  mais cela peut se révéler une juste intuition. En tout cas, rester vivant, à Riga comme ailleurs, c’est se tenir sauf des effets du spectacle comme de ceux de la Bête et, plus largement, des faux prophètes que son règne intransigeant voit partout proliférer pour la plus grande joie des marchands.

1. Parole célèbre de Guy Debord

2. Charles, le roi, notre empereur le Grand, sept ans tout pleins est resté en Espagne : jusqu’à la mer il a conquis la terre hautaine. Plus un château qui devant lui résiste, plus une muraille à forcer, plus une cité, hormis Saragosse, qui est dans une montagne. Le roi Marsile la tient, qui n’aime pas Dieu. C’est Mahomet qu’il sert, c’est Apollin qu’il prie. Il ne peut pas s’en empêcher : le malheur l’atteindra.

3. Apocalypse, XVIII,23

00:06 Publié dans Sur le vif | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : riga, saint-jean, apocalypse, la bête, patmos, communication, capitalisme, propagande | | |

mercredi, 22 juillet 2015

Des dirigeants qui n'en sont plus

Curieuse, cette impression diffuse : le cas Tsipras est particulièrement  significatif, car peu de dirigeants auront dû aussi vite avaler leur chapeau pour se soumettre à des contingences purement économiques au rebours de leur « programme politique ». Mais la gestion du gouvernement français face à la crise des éleveurs, des buralistes ou des chauffeurs de taxis révèle les mêmes carences politiques. Gouverner, c’est servir le dogme officiel  (euro, libéralisme, mondialisation) en masquant ses intentions derrière un discours bien rôdé (droits de l’homme, foi dans les nouvelles technologies, égalitarisme) et la prétention de représenter le peuple, tout en brandissant le mal absolu quand c’est nécessaire (lutte contre le terrorisme, lutte contre la xénophobie, lutte contre les extrêmes et, de façon globale, «  contre la haine » …) Tout ceci, bien sûr, ce n’est pas gouverner au sens propre. C’est appliquer un programme, servir un dogme, soumettre les peuples. Être le vassal d’une puissance invisible mais bien présente, comme aurait dit Adam Smith.

La faiblesse des dirigeants politiques, leur manque d’envergure, d’autorité, leur capacité à passer d’un discours à l’autre au gré des situations, on la retrouve d’ailleurs un peu partout, parmi les citoyens ordinaires que nous sommes : chez les profs, chez les artistes, chez les philosophes, chez les commerciaux, chez les patrons, chez les journalistes, chez les prêtres, même, on trouve de moins en moins de convictions personnelles… Mais chacun, au sein de sa chapelle, se plie au réel tel que le définit la structure où il se trouve au sortir de sa formation. Il est d’ailleurs remarquable sur ce point que même l’Eglise ait fini par accepter le libéralisme et adopter l’esprit démocratique, en faisant de la liberté de conscience un de ses dogmes. Et, tout autant que l’école, elle a vidé son enseignement de tout contenu exigeant susceptible de créer de véritables contradicteurs du système dominant. Ces dirigeants, ces profs, ces artistes, ces journalistes, ces prêtres qui n’en sont plus, donc, [ ou qui, plutôt, sont tous interchangeables], révèlent le symptôme dérangeant d’une perte d’autorité autant que d’originalité manifeste, qui va de pair avec un argument marketing : la sacralisation de l’individu isolé et assisté, consommateur creux et électeur docile que l’homme qui a des droits est tenu d’être. Combien de temps une telle agonie de l’âme, autant individuelle que collective, peut-elle durer ?

On a le sentiment que la Bête dont parle Jean dans l’Apocalypse est bien là, installée dans nos murs, non pas sous la forme ostensiblement effrayante qu’on aurait pu imaginer, mais sous celle [plus terrible encore] d’une réduction de l’homme à la bête qui ne raisonne plus et dont la foi est soumise au système. On a le sentiment que ces dirigeants qui n’en sont pas ont bel et bien reçu « un pouvoir de roi pour une heure avec la bête » (Apocalypse, 17-12) qui les oblige à « mettre au service de la bête leur puissance et leur autorité » (Apocalypse, 17-13). Ils ne feront, prophétise Jean, que « se battre contre l’Agneau », se « souiller avec la Bête, jusqu’à ce que la Bête soit vaincue, « parce que ses marchands étaient les grands de la terre, parce que toutes les nations ont été égaré par ses enchantements. » (Apocalypse, 18-23). Et c’est, rajoute Jean, dans cette ville « qu’on a trouvé le sang des prophètes et des saints et de tous ceux qui ont été égorgés sur la terre » (Apocalypse, 18-24) ;

Saisissante vision, après laquelle le doux visionnaire de Patmos nous invite à « tressaillir d’allégresse », car les noces de l’Agneau approchent, et avec elles un règne autrement efficace et souhaitable (1) : celui de l’alpha et de l’oméga, du commencement et de la fin, en la personne divine et glorieuse du Christ en majesté.

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TAPISSERIE D'ANGERS, la Bête de l'Apocalypse

 

(1)        C’est le premier souhait du Notre Père, « Que ton règne vienne »…

vendredi, 05 décembre 2014

La dé-fête de la lumière

En ce début décembre, comme chaque année, les Lyonnais véritablement sensés ferment leurs volets, tirent leurs tentures et se terrent chez eux en maudissant leur maire. (1) A grands frais bat au-dehors la fête maçonnique dite des Lumières, laquelle par sa démesure, sa techno, son ingérence dans la moindre petite place et la plus humble impasse tente de rivaliser avec le lumignon de la tradition posé sur le rebord de la fenêtre en hommage à la Vierge. (2)

Lorsque j’ai vu arriver les ouvriers hier après midi, qui ont installé des baffles et les projos sur cette malheureuse place C... devenue ( comme beaucoup de sites urbains) à peu de frais une sorte de salle municipale gratos où déployer au fil de l’an et à bon compte les festivités les plus débilitantes, j’ai pris mon téléphone. Un employé courtois m’a indiqué dans quel service des festivités je pouvais manifester mon courroux et ma réprobation face à cette mainmise de cette fête prétendument traditionnelle sur le quotidien des gens comme vous et moi, l’irrespect de la municipalité à l’égard de ses administrés, et la propagande pour un type de manifestation artistique pour le moins discutable qui entérine la défaite de la véritable lumière, celle de l’intelligence et de l’esprit. L'événement prend tout en charge, même ses détracteurs, et dirige les pas de chaque quidam vers le service de neutralisation intellectuelle qui lui convient...

 

A cette heure, et pour encore quatre longues soirées, une musique techno-gothique aussi grave et satanique qu’assourdissante retentit dans tous les immeubles et les cours intérieures de la place, tandis que des rayons multicolores la balaie en tous sens avant de venir mourir dans les salons des riverains, qu’un nouveau-né y dorme, qu’un vieillard y agonise ou qu'un type normal tente de se reposer de sa journée de travail. Les promeneurs somnambuliques et passifs jusqu'à l'insomnie ont commencé à errer par les rues, consommateurs hébétés de je ne sais quelle quelle émotion esthétique. Vu de haut et de loin, ça ressemble à une vision de l’Enfer bruegélien, les derniers pas avant l’Apocalypse

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Le commerce est juteux, l'abrutissement des foules bien avancé, le triomphe de la techno-lumière et du techno-son bien implantés dans les esprits passifs, et l'entreprise de marée noire, grâce à la propagande massive, trouve sans doute aujourd'hui plus de défenseurs que de détracteurs puisque, comme chaque année, on attend paraît-il des millions de touristes, venus assister à l'agonie de la vieille ville qui sous ses toits se cabre et se replie. De Lyon, ces pauvres gens ne connaîtront donc que cette image quelconque, uniforme et abrutissante, aussi éloignée dans le temps que l'électricité l'est de la lumière du couchant qui donna son nom à la ville (Lux, lucis), aussi éloignée de toute vraie ferveur que toutes ces projections lumineuses sans aucun intérêt le sont de Pothin, Bonaventure et Nizier, de qui les églises qu'ils visitent portent pourtant la dédicace...

1 : Gérard Collomb, dans le genre "j'ai rien dans le cigare et je veux le dire à la terre entière" :

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2: Entre autre délire et propagande, j'ai entendu une journaliste affirmer sur BFM tout à l'heure que cette fête avait une origine médiévale....

mardi, 22 juillet 2014

Il pleut des humains

La mort sur les écrans, comme une réalité falsifiée. Ce témoignage effrayant d’une ukrainienne, témoin du crash du MH17, et qui ailleurs, dans un autre texte, serait d’une redoutable poésie, d’une redoutable beauté, d’une redoutable efficacité : « il pleuvait des humains ». Invraisemblables, inconcevables, et pourtant frappant l’être pour dire une réalité bouleversant jusqu’aux entrailles, ces quelques mots s’échappaient des lèvres de cette femme simple, comme ils auraient chu de celles de saint  Jean de Patmos. Autour de ces dépouilles recueillies dans des sacs en plastique et amassées dans un wagon réfrigéré, les Dirigeants du désastre jouent leur partie d’intimidation : et voilà des anonymes devenus otages de cette diabolique partie d’échec entre des puissances politiques dont on ne peut, ni d’un côté ni de l’autre, imaginer toute la corruption. Et du coup, ils semblent aussi, les Obama, les Hollande, les Poutine, faire partie de cette chute, entrer dans le ballet de cette déchéance, entraînant avec eux tout le reste, tous les autres, il pleut, oui, il pleut des humains. Partout.

Ailleurs, c’est à Gaza. Des obus trouent le sommeil de gamins pour les déchiqueter dans leurs lits, des quartiers entiers sont rasés, et ces mêmes dirigeants croient qu’il suffit de témoigner de leur émotion pour que tout rentre dans l’ordre, que la chair n’aura pas de mémoire, et qu’ils n’auront de compte à rendre à rien ni à personne, tant leurs électeurs sont effectivement amnésiques. Mais les Netanyahu et les Mahmoud Abbas et les Khaled Mechaal aussi font partie de ces hommes qui tombent, regarde les ces dirigeants, et cette pluie, et ce gouffre dans lequel ils entraînent leurs peuples, au fil de cette guerre qu’ils se refilent comme une boule de poison, de générations en générations.

On parle des morts sans plus se rendre compte de ce qu’on en dit. Un journaliste expliquant tout à l’heure la raison pour laquelle deux ministres français se sont déplacés dans l’Aube suite à l’accident d’un minibus et la mort de quatre enfants et deux adultes  [c’est vrai, après tout, ce ne sont pas des soldats qui sont morts, et la responsabilité de l’Etat n’est nullement engagée : que venaient-ils foutre là, les ministres, sinon pleuvoir eux aussi comme tous les autres ? ], le journaliste donc, déclara : avec quatre enfants, le curseur est placé très haut et les ministres devaient se déplacer… Et le journaliste aussi se mit à pleuvoir, et il chut sans fin lui aussi parmi tous les autres dans ce vide de tout qu’il répandait autour de lui-même, car à force de dire n’importe quoi, on devient n’importe quoi.

 

Il pleut des humains, et nous ne savons plus nous-mêmes, entraînés par l’orage, si nous faisons partie de cette averse ou si seulement nous en recevons l’horreur et la peine sur le front.  Et au cœur de cette tornade glacée, nous nous disons chacun, le cœur anxieux (à moins d’être un idiot achevé) : comment ne pas tomber ? Il pleut des humains, oui madame, comme cela est bien dit. Et cette pluie anesthésie en nous tout itinéraire tracé, tant nous nous sentons fine goutte, et impuissante et qu’un rien évaporerait même si c’est vrai que nos cœurs avant d’être de furieux grêlons furent eau de source, eau non falsifiée, et que de toutes ses forces il s'en souvient.

23:17 Publié dans Des poèmes | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : littérature, mh17, gaza, aube, saint jean, patmos, apocalypse | | |

samedi, 22 décembre 2012

Fins du monde et faux-prophètes

Le 21 décembre fut donc, comme on s’en doutait, à la fois une blague, un produit marketing, un contre-sens, une aberration, tout ce qu'on voudra, mais également un épisode banal de notre vie ordinaire. Car il est commun, depuis notamment le passage au XXIème siècle, la fièvre du 11 septembre américain, la prise de conscience du réchauffement climatique par tout un chacun, la médiatisation incessante des catastrophes naturelles, d’affirmer que nous vivrions en des temps apocalyptiques. Si tel est le cas, on me permettra ici d’observer que l’une des caractéristiques les plus notoires de ce temps, tel qu’il est annoncé dans la Bible, est qu’il est celui où fleurissent les faux-prophètes. Considéré sous cet angle (celui de l'existence des faux prophètes), qu’ils soient contrefaçons de Jésus Christ, de Krishna, de Kabir, de Bouddha, de Lao Tseu ou de toutes autres figures, religieuse, historique, voire politique, nos jours, nos mois, nos ans s'appesantiraient bien, vu le pullulement de faux-prophètes et de copies de faux-prophètes, en temps d’Apocalypse (1)

Au centre du dispositif des faux-prophètes, on trouve toujours la même revendication rhétorique : celle d’une expérience personnelle de Dieu, expérience qui s’affirme à la fois d’une grande simplicité dans sa forme mais d’une extrême complexité dans sa réalisation. Dans le discours des faux-prophètes, Dieu se niche, se love et s’impose  à la fois telle une évidence qu’on tutoie tous les jours, presque un pote, et une promesse toujours différée dans le temps, liée à un effort à faire, une pratique à conduire, un engagement à tenir, un horizon jamais atteint.

Tous les faux-prophètes ont ainsi en commun de laisser penser que non seulement la réalisation de cette expérience personnelle, mais aussi que toute réussite individuelle, qu’elle soit d’ordre affective, sociale, morale, dépend soit d’eux-mêmes, soit d’une implication dans un service financier ou une participation politique pour l’organisation qu’ils incarnent avec plus ou moins de bonheur. Bref : c’est l’équilibre même de toute la psyché d’une personne qui se retrouve enchaîné aux conditions même d’un discours visant à l’enfermer dans une constante réévaluation de l’effort –matériel, financier ou spirituel – qu’il doit engager pour encore progresser.

Depuis l’effondrement de l’Ancien régime, le politique qui a besoin de convaincre pour gouverner a aussi à sa manière produit pas mal de discours reposant sur ce même dispositif : qu’est-ce que le Grand Soi promis par l'évangélisme social et ses multiples opportunistes, sinon cette expérience personnelle sans cesse désirée/différée (et plus désirée même dès lors qu’elle est à jamais différée), projetée au mieux sur du collectif, au pire sur du tribal  ?

L’implication qu’on demande au militant n’est dès lors pas loin de ressembler à celle qu’on exige du sectateur : lui aussi, d’une certaine façon, aliène une part de la vision qu’il a de lui-même à la bonne santé de son parti. Le militant, comme le sectateur, se contente de peu quant à la réalisation par le parti des objectifs initiaux, et possède, pour justififier le parti, la même mauvaise foi que le sectateur face à son église. On sait cela depuis longtemps, pourtant la machin bien huilée tourne et retourne, et les mêmes scénarii s'écrivent.

L’expérience a montré qu’il est aussi difficile de quitter une secte qu’un parti – même si les implications ne touchent pas les mêmes idéaux. Comme le démontre le Rousseau des Rêveries, en indélicatesse avec le fanatisme de la franc-maçonnerie de son temps, il n’y a décidément que l’homme seul qui soit bon. Non qu’il ne soit pas lui aussi endoctriné, car il semble que nous ne puissions nous passer de doctrines, mais pour la raison du moins que même s’il se trompe, il ne trompe que lui-même (2).

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Tobormory, dessin publicitaire de Floc'h pour une exposition féline (une case du Rendez-vous de Sevenoaks)  

(1) Les évangélistes américains sont un exemple parmi tant d’autres. Comme il y existe un top cent d’à peu près tout et n’importe quoi, il existe un top cent des faux prophètes prospérant en leur rang : La première place  est occupée par Joel Osteen, pasteur officiel de Lakewood Church au Texas, qui n’est que le premier d’une longue liste de prédicateurs aux dents aussi blanches que longues. La mega église de Osteen se targue d’une fréquentation hebdomadaire de 43 5000. Ses prêches sont diffusés intégralement par CNBC.  

(2) Rousseau, Les Rêveries du promeneur solitaire. Dans la troisième promenade, Rousseau affirme « car je craignais de me tromper sur toute chose », et c’est peut-être dans cette inadaptation permanente à l’adhésion au dogme que réside la beauté de sa pensée.

mardi, 02 mars 2010

Fin d'hiver

Voici ces journées de mars, dans les matins desquelles l’hiver s’engouffre et n’avance qu’à reculons : un peu comme un été hésitant à se jeter dans le futur automne, il sait ce qu’il peut espérer, lui, du printemps.

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Vieillards de l'Apocalypse, troisième voussure, église St-Pierre, XIIe siècle, Aulnay de Saintonge

09:04 Publié dans Des nuits et des jours... | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : aulnay de saintonge, apocalypse, vieillards | | |